Elle se réveilla nue sur la couchette qu’elle était parvenue – par une extraordinaire coordination de ses mains – à déplier. La climatisation avait été poussée à son maximum, les centrales des niveaux inférieurs surchauffaient furieusement la zone, et elle avait oublié – dans sa grande ivresse – l’état lamentable de ses finances. Au moins avait-elle seulement mal au crâne et ne nageait-elle pas dans des draps souillés de sueur.
Ses yeux s’habituèrent à la quasi-pénombre tout juste rompue par la petite diode rouge qui lui indiquait que l’heure, à la Surface, était à la nuit noire et que cette nuit s’éternisait depuis assez longtemps pour mourir d’ici une heure. Le réveil indiquait six heures quarante. Une heure qui ici ne voulait rien dire, mais qui était en réalité essentielle afin que tous les travailleurs de la Cité puissent se lever ensemble, exception faite de ceux qui rentraient chez eux, exténués par le service du soir.
Elle frappa dans l’interrupteur et la lumière fusa du seul et chétif néon éclairant tout l’appartement. C’était véritablement un appartement avec ses deux pièces, chambre et bureau dans la cuisine, salle d’eau séparée. Pas si mal et vraiment pas cher, même pour la zone. Tout était similaire à ses souvenirs, sinon un peu plus dérangé. Sa veste avait été jetée à l’envers sur la table qui lui servait de bureau, recouvrant l’ordinateur qui n’avait pas songé un seul instant à protester contre ce manque manifeste de tendresse. Il avait connu de meilleurs jours et en connaîtrait de pires, mais Suranis était loin de ces considérations là. L’essentiel pour le moment était de se lever et le sol tangua sous ses pieds lorsqu’elle le foula. Le contact du linoléum la ramena à la douce réalité – aux effluves nauséabondes de moisissure depuis que l’aération était morte – de son appartement. Sa crasse, chez elle. Elle ouvrit un paquet de barres alimentaires Bakers SmartBuy, tout ce qu’il fallait pour la journée réuni en une stèle au délicieux goût de carton. La barre fondit instantanément dans sa bouche. Elle se permettait encore d’en acheter de temps à autre et de ne pas toujours faire la queue pour manger dans les cafétérias communes, mais elle ne pourrait encore se le permettre longtemps. C’était soit ça, soit se passer du troquet d’Hörnt. Le choix serait vite fait s'il venait à se poser.
Elle sauta dans la douche – de cela elle ne ferait pas l’impasse - et s’habilla d’un simple t-shirt. La chose faite, elle se rendit jusqu’à son ordinateur, le débarrassa de sa veste avant de l’allumer. Le chétif ventilateur s’emballa dans la seconde pour signaler le grand âge de l’appareil. Ces machines avaient une longévité extraordinaire, elles étaient en service et refourguées depuis des générations alors que le secret de leur fonctionnement demeurait aussi mystérieux que le travail des sorciers-informaticiens. L’ordinateur mit cinq bonnes minutes avant de totalement booter. Sur l’écran, les icônes scintillèrent et lui lancèrent des appels de phare. Un raccourci en particulier, celui qu’elle avait créé pour le mél, lui susurra gentiment que ses dernières factures étaient arrivées. « Ouvre mes messages » commanda-t-elle. Sa voix était éraillée, mais elle n’avait pas les moyens de s’offrir un de ces connecteurs cérébraux qui permettaient de juste penser aux méls pour qu’ils soient transférés directement dans le cerveau, triés et aussitôt supprimés.
Une longue liste s’ouvrit face à elle. Du nouveau relevé bancaire – 978 körptes, elle en utilisait 80 par mois de folie – aux messages anxiogènes du gouvernement de la Cité : « Du mal à boucler vos fins de mois ? Le déclassement n’est pas une fatalité, rapprochez-vous de votre chargé local des affaires sociales », direction la poubelle sans même y jeter un coup d’œil. Elle passerait directement au niveau des taudis, elle n’avait pas galéré pendant six ans pour accepter la charité des biens-pensants. Suranis supprima ainsi méthodiquement chaque nouveau message, elle n’avait ni les moyens ni l’envie de s’offrir tout ce qu’on lui proposait. Elle ne voulait pas rencontrer l’âme-sœur dans le bloc voisin et de toute façon, pour ce dernier point, elle était particulièrement mal barrée. La timidité est une gangrène, heureusement qu’elle était du genre futé et qu’on lui laissait rédiger des rapports sur ordinateur… A la glorieuse époque où elle était encore quelque chose.
La glorieuse époque où… Elle s’arrêta net. Un message venait de la captiver. Il émanait d’un collectif des étages inférieurs, le genre d’endroit où être une femme est une chose encore plus compliquée que ce qu’elle est déjà dans les hautes strates, parce que oui, il était possible d’être dans une pire situation que celle d’une bourgeoise cloîtrée dans le sacro-saint domicile familial. Le collectif revenait sur la disparition, il y a des années de cela, d’une certaine Pavla Karanth dans les niveaux classés X – c’est-à-dire tous ceux désertés par l’autorité gouvernementale. Ils ne savaient pas grand-chose à son sujet, sinon le souvenir d’un père inquiet qui s’était précipité chez eux en ne voyant pas sa gamine rentrer d’un cours d’instruments folkloriques. Elle avait sur ce point, tout du type des jeunes gens d’en bas. L’accès à une éducation de qualité était difficile, mais même avec on se retrouvait confronté à des personnes ayant un réseau bien plus densément peuplé que celui dont on pourrait, ne serait-ce, que rêver et qui prenaient le pas. La seule manière viable d’espérer s’en sortir, c’était de le faire par les arts. Les bienheureux citoyens étaient ravis d’écouter de la musique pauvre, d’admirer des sculptures rachitiques, des tableaux chétifs et de lire des textes épurés… Parce que la pauvreté à ça de beau qu’elle ne laisse que les bras et l’esprit créatif en état de marche pour se tirer vers le haut.
Le mél continuait bien plus longtemps que la seule présentation de Pavla en pointant la possibilité que la personne tuée par Pertem puisse être cette même fille. Le collectif se basait pour cela sur la photographie qui avait circulé sur les programmations communes, celle diffusée par « cet.te ou ces inconnu.e.s hacker.s » comme l’écrivait l’auteur du mél. Après avoir vu le visage de sa fille sur grand écran, le père les avait joints et suppliés de lui rendre justice. Il ne voulait pas croire à ce visage livide, celui qu’il n’avait pas réussi à oublier. Alors le collectif avait répondu présent, répondant que dans ces cas-là ses membres se contentaient d’ordinaire de placarder des avis de recherche dans deux ou trois secteurs distincts, ce qui demandait un temps plus que considérable, mais que cette fois-ci, la chose serait différente. Habituellement, le collectif recherchait des personnes disparues supposément vivantes, il ne cherchait pas à savoir pourquoi les recherches avaient été stoppées et ne s'intéressait nullement aux personnes mortes, mais Pavla était spéciale, potentiellement trop médiatique pour être traitée comme les autres. Puis, cela aidant, le paternel avait agité la grosse enveloppe - du moins à son échelle - et en conséquence, les membres du collectif n'avaient pas rechigné à s'emparer de l'affaire.
Ils étaient tombé sur le profil de Suranis Rhéon et le peu d’argent dont ils disposaient (elle supposa qu'une partie de celui-ci avait été accaparée pour couvrir les "frais de fonctionnement" du collectif) demeurait bien plus que suffisant pour se payer les services de Suranis. Ils insistaient sur ce point sans avoir l'air conscient de l'humiliation d'un tel constat. De l'argent, soit, mais la détective avait décidé de ne plus se remettre en selle contre vents et marées, pas ainsi, plus contre le discours officiel. Elle referma le mél, oubliant l’espace d’un instant qu’en acceptant elle pourrait doubler son espérance de vie rien qu’avec l’avance et même l’assurer pour les trois prochaines années à venir. Sans compter la publicité qu’elle retirerait d’une si prestigieuse affaire… Et puis, l’attrait pour l’affaire en elle-même. Oui, pourquoi Hilda Gëstor et pas Pavla Karanth ?
Pourquoi Suranis ? songea-t-elle. Et pourquoi pas. Tu es au fond du gouffre, tu n’as pas vraiment d’autre choix que d’accepter ce qu’on te propose alors arrête de faire ta fine bouche et vis encore un peu, veux-tu ?
Elle rouvrit le mél, un numéro était glissé en bas, lui demandant de joindre au plus tôt le bénévole chargé de l’affaire. Garth Ostär, un nom quelconque, mais au moins avait-il un matricule d’identification : IE789CBP ; pas un reclus, elle serait payée. Elle composa le numéro, mais personne ne répondit instantanément et elle eut un petit soupir de soulagement. Elle resta l’oreille penchée sur le téléphone une minute, puis une seconde jusqu’à que quelqu’un se décida à décrocher le combiné. Elle aurait préféré que ça ne soit pas le cas, elle détestait avoir à appeler des inconnus. Heureusement pour elle, le petit écran pour la visio resta noir et la voix était claire bien qu’anecdotique :
— Allô, qui est à l’appareil ?
— Bonjour, vous êtes bien Garth Ostär ? Je suis Suranis Rhéon. Je viens de consulter un mél que vous m’avez envoyé récemment, celui concernant Pavla Karanth.
Elle fut accueillie par un silence glacial. Après quelques secondes vides et le bruit des feuillets d'un dossier qu'on épluchait, Ostär lui répondit en trébuchant sur ses mots.
— Ah, oui, Madame Rhéon ! Heureux que le mél vous ait trouvé.
— Vous ne voulez pas m'éclairer ? J’ai bien compris qu’il concernait cette Pavla, mais en quoi requerrez vous mes services ? Le meurtre de Gëstor a déjà été élucidé, comme vous le savez déjà et ne fait pas mention de cette femme.
— Gëstor… Vous…
— C’est ce qu’on attend de nous, le coupa Suranis redoutant confusément qu’elle puisse être écoutée.
De la paranoïa sans raison d'être. Elle n’était qu’une enquêtrice privée minable et n’excellant à rien d’autre que retrouver de mauvais payeurs – tout ça via le réseau informatique. Le Conseil des Pilotes ne pouvait surveiller tous ses citoyens.
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— Vous n’y croyez pas ! s’emporta Ostär.
— Non, pas vraiment, mais c’est le discours officiel.
— C’est vrai, mais nous ne comptions pas vous demandez d’enquêter sur le meurtre en lui-même. Monsieur le père de Pavla, a bien conscience qu’on ne peut aller à l’encontre du discours officiel. Il est un exilé des bas niveaux et de souvenirs d’aïeux jamais personne n’a réussi à obtenir quoi que ce soit des Pilotes.
— Ah ? fit Suranis soudainement intéressée. Il n’est donc pas question de cela, vous voulez… Mes choix sont limités... Je n'aurais pas accès à l'enquête sur le meurtre de toute façon, mais je dois au moins pouvoir me renseigner sur la disparition de Pavla Karanth... Une partie de la réponse qui n'est pas celle attendue par son père, du moins pas totalement... J'en suis désolée, mais ne devrions-nous pas nous voir en réel afin de discuter plus amplement de cette question ?
Dans un endroit sans micro. Je déteste les micros.
— Non, répondit aussitôt son interlocuteur.
Évidemment, la visio éteinte, même si l’association existait, le nom et le matricule de cet Ostär devaient être empruntés à un mort qui n’avait pas été effacé du système central. Si Suranis n’était pas totalement paranoïaque, visiblement le membre du collectif oui.
— Alors dites-moi tout au téléphone, souffla-t-elle.
— Que voulez-vous que je vous dise ? Le plus surprenant serait d'apprendre comment Pavla Karanth aurait pu atteindre la Surface.
Suranis amena avec elle le combiné jusqu’à son lit encore défait. La climatisation était certes bruyante, mais elle se trouvait ici et ces vieilles reliques téléphoniques avaient la fâcheuse tendance à surchauffer lorsqu’on les utilisait. Beaucoup de choses se perdaient dans la Cité, surtout les savoir-faire.
— Oui, c’est une question qui se pose. Comment aurait-elle pu franchir les barrages du niveau A ? Quel est son cheminement de disparue à réapparue au dernier endroit où elle aurait pu se trouver ? Puis, s'il s'agit vraiment d'elle... Que vient faire Jinn Pertem là-dedans ? C'est la clef de voûte de cette histoire et il ne me semble pas assez important pour faire passer en douce des personnes...
— Ah ? Répondit poliment Garth Ostär. Aurions-nous titillé votre intérêt ?
Il est titillé depuis que le procès passe en boucle sur les ondes. Tous mes neurones cognent les uns contre les autres en se demandant ce qu'il s'est passé là-haut... Il faut être idiot ou bien simplement Citoyen pour ne pas s'intéresser à la question.
Elle se mordit la lèvre inférieure en tortillant une boucle de ses cheveux. Parmi les idées stupides qui étaient siennes, celle d'envisager d'accepter cette affaire était l'une des pires.
— Allez savoir... Si je venais à accepter, je devrais d'abord vérifier auprès du père s'il a bien reconnu sa fille. Il est probable qu'il se soit trompé et revienne sur sa demande...
De la friture sur la ligne, Garth tentait vainement de prendre la parole.
— Mais je sais qu'il sera toujours convaincu de l'avoir vu. Si ce n'est pas vraiment elle, ce qui peut être le cas, mon enquête ne lui apportera que déception. Je peux néanmoins essayer de retrouver sa trace et tenter de savoir ce qu'elle est devenue ces dernières temps jusqu'à son hypothétique, et j'insiste sur ce fait, ascension surfacienne. Au moins aura-t-il quelque chose à se mettre sous la dent...
Elle se sentit froide, marqua un temps de pause en hésitant à s'excuser puis se souvint qu'elle ne s'adressait pas au père mais à un tiers qui se foutait totalement de savoir ce qui était advenu de Pavla Karanth.
— Allô ? s'enquit son correspondant.
— Je suis toujours là, la ligne est surchargée, mentit-elle en s'étonnant que ce vieux truc fonctionnait toujours et lui laissait le loisir de peser ses mots. Je disais donc que vous devriez savoir que cette enquête est d'une certaine importance... La rétribution devra suivre et au-delà de mes tarifs habituels pour une recherche de disparu. Surtout si elle concerne réellement l'actualité...
— Ne vous inquiétez pas pour ça Madame Rhéon ! Monsieur Karanth a insisté pour que nous ne contactions que les meilleurs et lors de nos recherches, vous nous êtes vite apparue comme étant un choix idéal.
— Pardon ?
— Oui, Suranis Rhéon... Attendez.
Il feuilleta de nouveau dans le dossier.
— Ah, voilà ! Ancienne inspectrice responsable du démantèlement du réseau Härtfeud. Un sacré pedigree, tout le monde en a entendu parlé.
Les mauvais souvenirs s'enchaînèrent dans un esprit embrumé. La brume se dissipa pour laisser place à la fumée et à Härtfeud, le dernier et unique coup d’éclat de l'inspectrice Rhéon. Quatre années passées à enquêter sur les incendies de l’étage E. On l’avait placé ici afin qu’elle se fasse la main sur une enquête sans importance malgré les douze morts. Douze morts tout juste citoyens. De fil à aiguille elle avait fini par remonter jusqu’à l’origine des incendies : l’agence Härtfeud et ses miliciens qui pratiquaient, à leur façon, le principe de la terre brûlée afin de rebâtir sur les cendres encore fumantes les nouveaux quartiers de la gentrification galopante du secteur. Les E envoyés au F et les plus riches à la recherche d’authenticité prolétaire en route vers ce beau entre-soi des profondeurs avec encore ce qu’il fallait de rusticité.
Évidemment elle ne s’était pas tue et avait mené l’enquête jusqu’au bout malgré les pressions. Cela n’avait pas plu à certaines personnes. Elle avait rejoint la police pour œuvrer au service du Citoyen, faisant fi des rumeurs de corruption en son sein, mais elle s’était leurrée et son emploi s’était envolé pour une histoire de manquement à l’éthique inventée de toute pièce. Aucun de ses dossiers n’avait été trafiqué. Aucun. Et bien que le dossier Härtfeud se soit évaporé, désapprouvé par la hiérarchie, rien de ce qui se trouvait à l’intérieur n'avait été falsifié. Peut-être aurait-elle dû se la fermer plutôt que de faire ce qui lui semblait être son devoir de Citoyenne. Peut-être pas. Il n’empêche qu’Härtfeud n’avait pas résisté aux médias et à leur source anonyme : elle-même.
— Härtfeud dites-vous… Tout cela a été démonté. Les médias se sont occupé d'incendier l'agence. J’ai… J’aurais dû me taire, j’ai outrepassé mes prérogatives.
— Peut-être, allez savoir ? Au vu de la réponse politique qui a suivi, nous ne pensons pas que vous avez merdé, si vous me permettez l'expression. Elle était bien trop importante pour que l’on puisse douter un seul instant que vous n’aviez pas visé juste. Bref, même si rien n’a été démontré les résultats sont là.
— Oui, je ne suis plus une novice, répondit-elle laconiquement. Puis j'ai mis à la porte des centaines de salariés.
— Peu importe, évacua Ostär. Cela est du passé et a plus tendance à nous plaire que l'inverse... Nous sommes intéressés par votre profil et prêts à mettre la somme qu'il faut pour y accéder. Monsieur Karanth n'a aucune conscience de la valeur des crédits qu'il nous a remit entre les mains. Les économies d'une vie... Avec ça, vous pourriez donner un coup de pied dans la fourmilière une fois de plus.
L'expression fit sourire Suranis. Personne ne connaissait le principe de fourmi, mais tout le monde l'utilisait quand il s'agissait d'imager le fait de foutre le bordel quelque part. Elle espérait ne pas en arriver à cette extrémité et se fit la promesse de s’arrêter avant que tout ne devienne incontrôlable. C’était plus gros que des agents véreux, plus encore que douze morts, juste parce qu’on parlait là de Jinn Pertem et d’une prolétaire. Pourrait-elle réellement arrêter si cela dépassait la simple disparition ? Oui, elle en était persuadé et revint à ses finances qui remonteraient temporairement. Dans le pire des cas, si la situation devenait trop complexe, elle produirait un rapport incomplet et recevrait une somme incomplète. Mieux que rien.
Elle soupira dans le combiné :
— Je n'en ai pas envie et c'est une de mes conditions. Si vous acceptez que je puisse arrêter mon enquête avant qu’elle n’atteigne les mêmes sommets que celle qui a valu ma déchéance, je pourrais me mettre en selle. Je veux dire par-là, et j'insiste, que j'enquêterais sur la disparition et éventuellement les derniers déplacements de la disparue. Elle est peut-être encore en vie. Comment elle s’est retrouvée en haut ou tout ce qui concerne sa mort, si c'est vraiment le cas, je fais l’impasse dessus.
— C’est déjà bien suffisant, s’empressa de répondre Garth Ostär. Concernant les honoraires ?
Ils étaient évoqués dans le mél. Quelles étaient les sommes déjà ? Mille... Un peu plus.
— Les 1400... C'est ça ? hasarda-t-elle.
— Tout à fait.
— Les 1400 d'avance et les 4000 supplémentaires à la résolution me paraissent corrects. Disons même que je vous fais une ristourne à 2000 si je ne trouve rien et si cet accord me permet réellement de fuir une situation dangereuse.
— Tout cela dépend de vous, approuva Ostär, mais sachez que l’on peut pousser le budget, au besoin. Envoyez vos factures à notre bureau et envoyez-nous votre formulaire. Je ne vous demanderais pas des preuves de l'avancement du dossier... Vous avez une bonne réputation et je n'aimerais vous mettre de pression supplémentaire.
"Mais laissez-moi prendre mes précautions" sous-entendait il.
— Bien, j’en suis ravie. On continue notre correspondance par mél si vous le voulez bien ?
Garth Ostär, à l’autre bout de la ligne, acquiesça avant de raccrocher. Le cœur de Suranis palpita dangereusement. Elle craignait que tout cela ne soit trop gros pour elle, mais le pari était pris.
C'est ça ou les taudis, chez-toi ça y ressemble déjà furieusement... Un pied dans la mare, la vase remonte le long de ta jambe et tu t'enlises... Tu n'as pas le choix. Particulièrement depuis que les murs autours d'elle paraissaient étrangement vaseux : le choix ne lui appartenait pas.