La nouvelle était tombée : Zéphyr avait été arrêté dans un vaisseau colonial en partance d’Umbriel. Il allait être déporté sur Callisto, au quartier général de la Marine dans le système extérieur.
Les Naines devaient attendre. Notre devions aller sur Uranus. Le réacteur post-nucléaire du Kitty alternait les cycles à la vitesse de l’éclair, car il n’y avait pas de temps à perdre.
De plus, l’identité du chasseur de primes responsable de l’arrestation fut un grand choc en soi. Il s’agissait de Nigel Hemingwest. Ce dépôt de cuve était toujours vivant. Impossible !
Avec sa surface de glace aux sombres reflets bleutés, Umbriel était enfin en vue après un long voyage. Sous ma direction, l’ordinateur de contrôle mit le cap sur la plus importante base d’extraction de tholin, au cœur du cratère de Wunda.
Le Kitty survolait les soupapes de décharge enflammées. Une brune brume vomie par des cheminées encrassait petit à petit les vitres du cockpit. Au-dessous, les rejets de radiolyse se déposaient en couche épaisse sur les bunkers résidentiels entourant la raffinerie ; kraken aux mille tentacules d’acier.
« J’ai menti à l’aiguilleur en lui affirmant que l’Alliance nous envoyait en renfort pour escorter Zéphyr, dis-je à Ali après avoir éteint la radio. Sa réponse ne présage rien de bon pour nous… »
Depuis son fauteuil, ma partenaire contemplait la lune souillée par les industries. Cette mélasse avait encrassé les essuie-glaces au point où ils étaient presque inutilisables. Nous allions devoir nous poser grâce aux instruments.
« Que veux-tu dire ? demanda-t-elle en me dévisageant de nouveau.
— Il a accepté bien sûr, répliquai-je. Mais de ce que j’ai cru comprendre, nous ne sommes pas la seule assistance.
— Merde ! jura Ali, les doigts ancrés dans son harnais de sécurité alors que nous amorcions notre descente. Il ne sera pas facile d’approcher Zéphyr. »
La situation était extrêmement délicate : libérer le maître voleur à la force des poings allait bien évidemment à l’encontre de notre métier. Un tel acte de trahison aurait comme conséquence d’être exclu de l’Alliance avec une prime ahurissante sur nos têtes. Néanmoins, Zéphyr était plus qu’un ami pour mon humaine. Le laisser entre les griffes de Nigel Hemingwest était une torture.
Ainsi, nous n’avions de plan que la procédure habituelle à bord du Kitty : se rendre sur place puis aviser. La meilleure tactique quand nous n’en avions aucune ; soit notre seule et unique stratégie.
L’Hirondelle avait été autorisée à rejoindre un hangar surplombé par les bruyants vapocraqueurs produisant le benzène. Derrière les herses de titane du hall, le Buzzard-XVII d’Hemingwest faisait déjà rugir ses turbines. Le chasseur de primes était sur le point de quitter Umbriel. Nous atterrîmes alors à quelques mètres de son cockpit en forme de bec de vautour, forçant son pilote à sortir sur le tarmac.
« Mais ce n’est pas possible ! Vous n’avez rien d’autre à foutre que de venir me casser les tubes sur Uranus ? » cilla Hemingwest en se laissant glisser sur le sol dans cette faible gravité.
Sa gorge et son nez refaits à neuf, les techies et les chirurgiens qui s’étaient penchés sur son cas n’avaient pourtant pas réussi à lui redonner sa voix nasillarde d’autrefois.
Ali, qui avait sauté du sas avant même le déploiement du train d’atterrissage, répliqua sans ajouter une once de provocation ou de mépris :
« Nous sommes venus voir Zéphyr. »
Affichant un sourire grimaçant, Hemingwest accepta. Celui-ci était heureux d’exhiber sa prise, mais aussi notre ami, aux yeux des techniciens et des droïdes de maintenance qui avaient commencé à s’agglutiner autour de nous.
Après un claquement de doigts, de lourds bruits de pas mécaniques résonnèrent dans la soute de son vaisseau. Deux MK modèle 7 firent ensuite irruption du sas. Ces cyclopes aux couleurs de l’Alliance étaient deux fois plus gros que l’était MarKus. Les colosses d’acier noir descendirent lentement la rampe d’accès en ancrant fermement entre leurs griffes les restes de Zéphyr.
Maintenu par les épaules, il ne demeurait du voleur de données que la tête, le torse et le bras droit. Des membres déchirés pendaient des câbles et des vestiges tordus d’ossature métallique. Ces derniers étaient entremêlés de durites qui répandaient de fines gouttelettes d’huile et de refroidisseur thermique sur le sol.
« Qu’est-ce que tu lui as fait ? bégayai-je, écœuré par un spectacle aussi ignoble.
— Ne va pas faire de sentiments pour un cyborg ! maugréa notre interlocuteur entre deux quintes de toux. Ce n’est pas comme s’il avait senti quelque chose. »
Hemingwest se rapprocha des restes encore en vie de Zéphyr afin de lui caresser la joue. La fausse peau noire du cou de l’androgyne avait été soulevée au niveau de la carotide. Là, un fil rouge reliait le cyborg à un micro-ordinateur situé dans le dos de l’un des MK7.
« Il veut parler du dive, plonger dans un système informatique, intervint Ali. C’est illégal et contraire aux règles de l’Alliance. Et du système. »
Hemingwest pouffa, jouant avec le câble comme s’il s’agissait d’une corde de guitare.
« Le prince des voleurs est un cas de force majeur, rétorqua le bourreau en effleurant les points de contact femelles qui reposaient sous la fausse peau. Et j’ai appris des choses intéressantes. Visiblement, ce bon Zéphyr a pas mal de datas.
— Du genre ? » demanda mon humaine en faisant un pas en avant.
Hemingwest l’imita en se caressant la gorge. Ils n’étaient plus qu’à deux mètres l’un de l’autre.
« Sur toi. Sur lui. Quand j’en aurai fini avec sa conscience, j’aurai de quoi vous envoyer toi et ton raton à Attica pour le reste de l’éternité. Et ensuite, mes frères et moi nous occuperons d’une personne chère à tes yeux. »
De qui voulait-il parler ? Alàn ? Braun ? Rodrigue ?
Ali avait dégainé son calibre .50, désormais pointé en direction du chasseur de primes. Les MK7 avaient répondu à la provocation en braquant leur mitrailleuse au poignet vers nous. Deux petits points rouges dansaient sur le front de ma partenaire, mais ceux-là ne m’amusaient pas du tout.
Le corps de Zéphyr fut alors parcouru d’un spasme. Sa bouche resta fermement immobile, mais nous pûmes entendre sa parole à travers les synthétiseurs des deux robots qui baissèrent leur poing armé.
« Ali, je suis désolé. Je n’aurai pas dû… dit la voix féminine de Zéphyr. Je n’ai que trop creusé. Il sait pour ton passé. Il a fouillé en moi quitte à en détruire des pans entiers de ma conscience !
— Silence ! » cria Hemingwest avant d’ordonner à un MK de faire taire le captif d’un choc magnétique ; au risque de griller les composants qui assuraient la survie du cyborg.
Je n’eus pas le temps de me tourner vers mon humaine. Celle-ci avait vidé son chargeur dans le visage d’Hemingwest, lui faisant passer son nouveau nez à travers son lobe occipital. En un instant, il ne resta rien de sa tête ; juste une gelée sanguinolente flottante dans le hangar.
« Ali ! Qu'est-ce que... Non ! » hurlai-je face à l'irréparable.
Les gardes du corps de l’Alliance voulurent répliquer, mais l’armement de leur mitrailleuse prit la seconde de trop. Les MK7 possédaient l’identique faiblesse aux modèles précédents à savoir leur unique œil à LED. Un jeu d’enfant pour un calibre .50 AE entre de bonnes mains à aussi courte distance.
Insuffisamment retenues par l’apesanteur, les carcasses blindées touchèrent terre au même moment que le corps décapité de Nigel Hemingwest.
Ali, glissant sur le sol, réceptionna cependant les restes du cyborg avant qu’il ne percute lui également le métal froid du hangar.
« Pourquoi ? » interrogea Zéphyr qui avait retrouvé le contrôle de son enveloppe.
Déconnectant sans attendre le fil rouge, Ali répondit :
« Quelle question stupide. Nous n’allions pas te laisser à cette brute qui allait violer ta conscience juste pour se venger de nous. »
J’avais rejoint les deux tourtereaux après m’être débattu avec la gravité :
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« Ta vie vaut bien notre badge.
— Merci », soupira Zéphyr.
Ma partenaire souleva le corps inerte de l’androgyne pour l’emmener à bord du Kitty. Pendant ce temps, je maintenais à distance à coup de feulements le personnel du hangar qui lorgnait déjà les carcasses de MK et le Buzzard. Ils jurèrent de garder le silence en échange des précieuses pièces détachées. Bien évidemment, leur parole ne valait rien, mais nous n’avions pas le choix.
« Ma vision n’est que statique. Je gèle et brûle à la fois, soupira Zéphyr d’une voix très faible. Cet idiot a endommagé mon cartaseur. Je vais mourir.
— Que pouvons-nous faire pour te remettre en état ? demanda Ali pendant que je la devançai pour préparer l’enclenchement du Baltimore.
— Je doute qu’il nous soit possible de trouver un techie compétent autour d’Uranus, répondit son interlocuteur. La seule option envisageable est de rejoindre l’orbite d’Obéron. »
Ma partenaire, de retour dans son fauteuil, le tenait fermement contre sa poitrine pendant le décollage. En quelques secondes, Umbriel ne fut qu’un douloureux souvenir.
« Qu’allons-nous chercher sur la lune noire ? » demandai-je une fois par-dessus la faible atmosphère.
Mon humaine s’était elle aussi détachée. Le corps de Zéphyr maintenu par les harnais, elle était en train de dérouler l’un des câbles de l’ordinateur de contrôle dont nous nous servions habituellement pour son terminal au poignet.
« Il existe à proximité un O.C.E.P. ne possédant aucune signature électromagnétique ni thermique dont je vais vous fournir les dernières coordonnées connues. »
Relié par le câble, Zéphyr transmit ses informations sur l’objet en perdition à l’ordinateur de contrôle. Ce dernier lança ensuite une série de calcul avant d’émettre un message d’alerte. Sur le moniteur principal s’affichait un code d’erreur en capitales rouges.
« C’est un protocole d’avertissement de la Marine, remarquai-je. Où est-ce que tu nous emmènes ? »
La carte d’Uranus IV et de son orbite s’ouvrit sur le terminal monochrome latéral.
« Au Royaume des Fées », répondit Zéphyr avant que sa voix partagée entre sa bouche et les enceintes du Kitty ne se perde en grésillements.
La surface d’Obéron n’était que désolation géologique. Les astéroïdes ainsi que les comètes des premiers âges y avaient creusé d’immenses cratères. Les chasmata déchiraient son enveloppe pourtant clairsemée de villes sous globe. L’astre morne était habité malgré ses nuits aussi longues qu’une décennie.
« Si je devais ouvrir un commerce d’antidépresseurs, j’irais sur Obéron, soupira Ali. Et regardez toutes ces carcasses de vaisseaux ! »
L’orbite d’Obéron était un cimetière. Les tempêtes solaires qui la balayaient entraînaient des conséquences désastreuses.
« Je ne crois pas que c’est ce que Shakespeare avait en tête en écrivant Le Songe d’une nuit d’été, commentai-je. Ce n’est pas le royaume des fées, mais un purgatoire.
— Qu’est-ce qu’un cyborg comme Zéphyr viendrait faire ici ? demanda ma partenaire. C’est du suicide avec toutes ces radiations ! »
Notre destination était en vue aux coordonnées indiquées. Elle n’était cependant détectée par aucun des instruments rendus fous par l’activité électromagnétique. Dissimulé sous un astéroïde métallique en forme de cloche, l’astre mystérieux brillait de mille couleurs. Masse anarchique et pourtant géométrique de géants cristaux oxydés de bismuth, cette configuration minéralogique n’était néanmoins obtenue que par synthèse artificielle.
« C’est magnifique ! s’écria mon humaine avant de se tourner vers Zéphyr qui reprenait lentement conscience. Tu habites ici ?
— Je suis plus exactement né ici, répondit Zéphyr. Cette curieuse formation rocheuse s’appelle Le Royaume des Fées et est le fruit du courtier de données qui a fait de moi ce que je suis. Elle abrite son repère. »
Le bismuth aux reflets arc-en-ciel, pourtant diamagnétique, ne repoussa nullement la structure métallique du Kitty. Au contraire, j’eus l’impression qu’un rayon tracteur était à l’œuvre et nous attirait au centre de l’astre artificiel.
« Et ce data-broker travaille pour la Marine ? » demandai-je en lâchant les manettes du panneau de commande.
J’avais en tête le message d’alerte militaire désormais complété par des signaux d’urgence qui affolaient notre radio.
« Autrefois, oui, répondit Zéphyr de concorde avec l’ordinateur de contrôle qui le maintenait en vie. Il a aussi œuvré pour de très nombreuses corporations spécialisées dans la cybernétique et la manipulation de données.
— J’en ai déjà entendu parler ? demanda mon humaine.
— Non je ne pense pas, il s'appelle Mancéphalius, réagit Zéphyr dont la parole commençait de nouveau à s’éteindre. Une fois sur place… »
Sa voix avait disparu. L’ordinateur de contrôle nous alerta via le moniteur latéral que les fonctions vitales du cyborg étaient au plus mal. Il avait engagé une procédure pour maintenir celui-ci en état de stase pour les prochaines heures.
Le Kitty fut magnétiquement déposé à la surface de l’astre. Peu après, Ali et moi mîmes pied à terre ; tous deux équipés de notre combinaison spatiale. Ma partenaire tenait le corps inerte de notre compagnon dans ses bras. Celui-ci était sous assistance respiratoire à l’aide d’une bouteille d’air comprimé empruntée à la réserve du vaisseau.
« Tu vois une entrée quelque part ? » demandai-je à travers la radio tout en grimpant sur un muret de bismuth irisé.
La surface colorée de l’astre était une succession de pyramides et de ravins dans lesquels nous pouvions nous perdre pendant des heures. Hélas, nous n’avions guère le temps d’explorer plus longuement ce monde minéral aux mille couleurs, car comme nous l’avait indiqué l’ordinateur, le cyborg était entre la vie et la mort.
« Là ! Regarde, une lumière ! » m’annonça ma partenaire en désignant d’un mouvement de tête une étincelle voletant au dessus d'un cube d’or bleuté.
Une étrange luciole voltigeait à quelques centimètres du sol, cherchant furtivement quelque chose à la surface du corps céleste. Nous décidâmes de la suivre. Après quelques minutes de marche et d’escalade, l’étonnant feu follet s’arrêta face à la haute paroi lisse d’un bâtiment rectangulaire constitué du même métal que la falaise adjacente. Celui-ci était presque invisible, perdu dans une illusion d’optique et la configuration anarchique du lieu. La lumière toucha enfin le mur avant de disparaître au travers.
« Tu penses que c’était une fée ? demandai-je.
— Je l’ignore, répondit Ali. Mais nous voilà malheureusement coincés.
— Je ne crois pas. »
Curieux, je tendis la patte avant droite afin de palper cette étrange paroi aux reflets irisés. Elle ne rencontra aucune résistance et passa au travers. Je ne faisais néanmoins pas face à une illusion, car je sentis une froide caresse contre ma combinaison. Lorsque j’introduisis ma tête, ce fut comme nager dans le métal. Je venais de traverser la matière.
« Approche ! » dis-je à Ali une fois de l’autre côté.
Je n’eus aucun retour. La paroi bloquait les liaisons radio. Il m’était impossible de la contacter. Fort heureusement, ma partenaire me rejoignit de son propre chef quelques secondes plus tard.
« C’était bizarre, grimaça-t-elle. J’ai eu l’impression d’être un fantôme pendant un bref instant.
- Who you gonna call, hein ? répondis-je. Mais si tu trouves ça absurde, regarde le reste. »
Nous avions atterri sur une terrasse surplombant les rayons d’une immense ruche de métal et de roche. Des alvéoles cylindriques recouvraient les étagères géantes d’une bibliothèque construite pour des titans. De rayon en rayon voletaient les mêmes lucioles à un rythme effréné. Il y en avait des centaines de millions et pourtant tout paraissait si silencieux.
« Il semble que nous venons de trouver le Royaume des Fées, non ? demandai-je en cherchant un moyen de descendre.
— Je crois que ce sont des données, dit Ali en suivant des yeux une étincelle qui flotta autour de sa tête. J’ai l’impression que nous sommes à l’intérieur d’un immense disque dur. »
L’une de ses consœurs s’approcha de mon museau avant que je ne la chasse d’un coup de patte.
« Comment peux-tu le savoir ?
— Toutes ces bestioles sont des informations. Elles murmurent… C’est incompréhensible, mais elles parlent entre elles. »
Je n’entendais pourtant rien. Peut-être était-ce un don des humains. Toujours est-il que nous n’avions aucun moyen de nous déplacer à travers cette colossale ruche, car il n’y avait aucun escalier ni ascenseur.
« Savez-vous où est Mancéphalius ? » demandai-je candidement à l’une de ses fées qui était de retour sur mon museau.
Elle ne répondit pas.
« On peut se laisser flotter jusqu’en bas, proposa Ali en regardant son moniteur. Nous sommes à 0 G. Il n’y a aucune gravité. »
L’ordinateur indiquait aussi la présence d’une atmosphère respirable. Tout comme moi, mon humaine souleva la visière de verre de son casque. Nous pûmes tous deux inhaler un air non moins chaud que sec. Sous mes coussinets libérés de leurs chaussons, je sentais les pulsations d’un courant électrique qui parcourait le métal tiède.
Déjà transpirante, ma sapiens se rapprocha du rebord en faisant bien attention à ne pas glisser par mégarde. Dans la pénombre de la base des rayons se dessinait un gouffre dans lequel pénétraient quelques téméraires petites fées de lumière.
« Les feux follets te chuchotent de sauter ? » demandai-je avec une pointe de moquerie.
Ali s’élança et je l’imitai. Les lucioles commencèrent à voleter près de nous et particulièrement vers Zéphyr. Certaines d’entre elles se collaient à lui pendant que ma partenaire se débattait pour les faire reculer. Ce fut bientôt un nuage d’étincelles autour d’eux. Pourtant, il n’y avait rien de menaçant dans leur danse.
La descente se poursuivit et nous n’étions plus qu’à trente mètres du gouffre. Mais tout d'un coup, un curieux être de métal humanoïde émergea de la matière.
« Ali ? J’aimerais remonter ! Pouvons-nous remonter ? miaulai-je en m'agrippant à son épaule.
— Impossible, murmura mon humaine. C’est comme si l’abysse nous attirait vers lui. »
Elle avait dégainé son arme, mais face à cet androïde de bismuth sans faiblesse apparente, la lutte s’annonçait inégale.
Les traits du gardien du précipice se convulsèrent pour dessiner un corps et un visage de femme. Ce dernier, dénué de toute émotion visible, se tourna brusquement vers nous alors que nous n’étions plus qu’à dix mètres de lui.
« Tire ! Elle va nous tuer ! » criai-je alors que ce curieux androïde venait de sauter pour nous intercepter.