Soyons honnêtes. Entre mammifères civilisés, nous pouvons dialoguer ouvertement : l’humain, homo sapiens, ne valait pas tout ce tapage.
Ils étaient allés jusqu’à faire une nouvelle différenciation en se renommant homo novus, l’homme des étoiles. Ce schisme n’était bien sûr qu’une mascarade. De la poudre aux yeux pour prendre leurs distances avec ces grotesques ancêtres nés sur Terre.
Attardons-nous un peu sur l’anatomie : une peau flasque, absence de griffes pour se défendre, pas assez de poils pour se tenir chaud ou retenir ses odeurs, vision troublée par le sucre et les écrans lumineux…
Risible !
Mais il y a encore plus pathétique qu’un humain adulte en la personne de sa progéniture. Avez-vous gardé un bébé sapiens dans les bras ? J’ai vu des mélanomes mutants plus utiles que ces choses bruyantes et baveuses.
Puis il y a les enfants : plus nobles, plus courageux et plus honnêtes. Une intéressante phase intermédiaire porteuse d’espoir. Mais il faut, hélas, éviter de se laisser attendrir. Et cela m’avait été confirmé lors de notre courte étape sur Cérès18, le dix-huitième port de la planète naine de la ceinture principale.
L’odeur de poudre et d’acier chaud flottait dans l’air. Malheureusement, cette nuit-là, elle n’avait rien d’agréable.
« Notons tout de même que nous sommes confrontés à une problématique d’ordre moral, m’annonça Ali en rechargeant calmement le magasin de son Desert Eagle aux reflets irisés.
— Crois-tu que ce soit le moment ? » lui avais-je répondu en lui donnant la dernière munition, aussi grosse que ma patte.
Une nouvelle rafale de ZeG-2 passa à quelques centimètres du scalp de mon humaine, réduisant en charpie le couvercle du caisson en tôle qui nous abritait.
« Ça reste un gosse…
— Un enfant qui a refroidi une demi-douzaine de personnes en cinq jours avant de leur grignoter les viscères », insistai-je.
Nous l’avions délogé de la décharge avoisinante puis poursuivi à travers le port de marchandise.
« À cet âge-là, on regarde les Wuzzles ou La Bande à Picsou ! »
Ma partenaire fronça des sourcils puis jeta un coup d’œil à travers l’impact de balle le plus proche.
À en croire son témoignage, le tireur était à quelques mètres, derrière les fourches d’un véhicule de manutention. Il profitait de l’obscurité dispensée par la nuit artificielle maintenue sur les stations habitables telles que Cérès.
« Mais que fait la cavalerie ? » hurlai-je quand je l’entendis armer de nouveau sa mitrailleuse.
L’enfant avait quitté sa couverture. Il se tenait maintenant debout sur la cabine, le pied sur le gyrophare orange, seule lueur dans cette nuit improvisée.
Un frisson me parcourut l’échine. Sa peau et ses dents oscillaient entre le kaki et le marron. De la mousse et des champignons avaient poussé sur ses épaules avant de se perdre dans ses simulacres de cheveux. Une apparence qui témoignait d’une vie entière dans les égouts. Et pourtant il savait manier une arme à feu à la perfection.
« Tu vois ces conjecteurs en aluminium là-bas ? » me demanda Ali, en clipsant son chargeur.
Du menton, elle désigna un ensemble de pièces détachées destinées à l’immense compacteur dont l’ombre menaçante se dessinait au loin.
« Cours-y aussi vite que tu peux.
— Serais-tu en train de préparer la même astuce que sur Neosterdam ? souhaiterais-tu définitivement ma mort ? »
L’enfant hurla à s’en déchirer les bronches. Son cri n’avait rien d’humain. On aurait dit le crissement d’une lame sur de la pierre. J’étais tétanisé.
Mon corps finit par m’obéir quand ma sapiens me donna un coup de pied aux fesses.
Je me souviendrai toujours des fragments de plombs et les morceaux de béton, soutirés à chaque impact, me picorer les pattes ; ces craquements chaque fois que les projectiles passèrent le mur du son avant de se perdre au-dessus de mon scalp ; et le nuage de poussière qui me brûla les yeux et la gorge.
Mon héroïque diversion eut cependant l’effet escompté. Notre cible était à mi-chargeur quand Ali répliqua : une première balle lui arracha l’oreille gauche et une seconde vint lui percuter l’épaule.
Il tomba enfin au sol, au milieu de ses propres douilles de plastique fondu. Sa tête avait violemment heurté le revêtement et il resta inconscient jusqu’à l’arrivée de la police de Cérès18 au petit matin.
Toujours sous le coup de l’adrénaline, qui avait failli abîmer mon petit cœur sensible de mammifère quadrupède, la parole me revint une fois en sécurité dans le bureau du commissaire local :
« Ali ? Je crois que j’ai manqué de me faire dessus. »
Elle me gratta entre les deux oreilles. J’en tremblais encore et avais du mal à tenir mon thé à la menthe entre mes pattes. Mais quand le fonctionnaire entra, mes membres retrouvèrent leur force oubliée. Il s’agissait de faire bonne figure pour renégocier l’accord que nous avions passé avec la police locale.
« Nous avons un problème », dit-il en se laissant tomber dans son fauteuil, pulvérisant un nuage de poussière dans les airs.
Ses paupières mauves coulantes, sa moustache noire hirsute et son uniforme beige tout froissé m’indiquèrent que le Commissaire Al-Dhedi n’avait pas dormi de la nuit.
Les doigts du fonctionnaire de police pianotèrent quelques secondes sur un clavier invisible, activant les diodes de son implant temporal. Il tourna ensuite l’écran courbé de sa station informatique dans notre direction.
Sur celui-ci se chargea une vidéo de télésurveillance. On y voyait notre précédente cible, cet enfant au regard sauvage, assassiner un Marine à coup de crosse, avant de lui dévorer ce qui lui restait de tête.
« C’est l’avenue des brothels, longeant le port de l’ancienne base militaire jusqu’au dépotoir, dit-il en coupant le flux audiovisuel d’un mouvement de main.
— C18 est définitivement un petit village de caractère aux coutumes folkloriques », le taquinai-je.
Un grognement me fit comprendre qu’il n’était pas d’humeur à écouter mes plaisanteries. En vérité, Al-Dhedi n’était jamais vraiment d’humeur à quoi que ce soit. Particulièrement en notre présence. C’était un grincheux décoré au panthéon des ronchons.
« Un septième homicide à son actif et alors ? en conclut Ali en jouant avec la manivelle de l’énorme taille crayon.
— Et pour notre accord ? » insistai-je.
Al-Dhedi leva les yeux au plafond avant de pointer le bas de l’écran d’un doigt boudiné qui ne portait plus d’alliance.
« Cette vidéo a été filmée il y a moins de deux heures. Vous étiez dans l’ambulance et votre oiseau attaché dans un fourgon blindé, son bras dans une caisse à part ! »
Étrange. Pourtant, l’enfant sur le vidéoclip ressemblait bizarrement à notre psychotique en culotte absorbante : même carrure squelettique, même épiderme recouvert de moisissures et même tendance anthropophage.
« À croire qu'ils sont jumeaux. Nous ne pouvons rien dire avec certitude étant donné qu’ils n’ont pas de FID, dis-je en voyant le policier se gratter nerveusement le sien.
— Du coup, si on l’attrape aussi… on aura droit à une prime cette fois ? »
À la question de ma sapiens, le visage du Commissaire Al-Dhedi devint alors vermeil. Sur l’échelle de la patience, nous descendions à un fonctionnaire de niveau 4. Et cela ne finissait jamais bien pour nos oreilles.
« Merde alors ! Vous êtes les chasseurs de primes les plus vénaux du système, mugit-il peu avant de saisir son calepin à spirales et son crayon de bois. Mais reprenons les comptes une fois de plus : C32'000 pour l’antenne parabolique, C27'000 pour les véhicules incendiés, C54'000 de dommages aux personnes… »
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Enfers ! Son audiocassette était encore coincée sur cette histoire.
« Je respecterai l’accord que nous avons conclu. Et si vous nous aidez à choper celui-là, je passerai outre la mise en fourrière !
— Comment ? m’insurgeai-je. Récupérer le Kitty faisait partie de l’arrangement de base. Vous ne pouvez pas altérer un contrat de cette façon !
— Notre entente couvrait uniquement votre course-poursuite dans la baie. Une mésaventure qui va coûter une fortune aux contribuables de toutes les stations circulaires de Cérès ! Pas le reste de vos infractions ! »
Des dix-huit ports de la planète et des douze districts de Cérès City, il a fallu que nous tombions de nouveau sur ce pinailleur d’Al-Dhedi.
Fort heureusement, sa crise de nerfs journalière fut subitement interrompue quand on frappa à la porte.
Cette dernière s’ouvrit et entra un homme aux épaules et à la mâchoire carrées, à l’impeccable uniforme bleu d’officier supérieur de la Marine. Avec ses cheveux poivres strictement taillés et ses yeux verts perçants braqués sur nous, le Marine ne semblait guère emballé de nous trouver ici. Ou bien était-ce la position d’Ali, la tête en bas et les jambes sur le dossier de sa chaise à inhaler la colle Cléopâtre à même la cuillère qui ne lui plut pas outre mesure.
« Le budget municipal n’est pas établi pour couvrir les frasques de casse-cous ne se souciant pas des conséquences de leurs actes. » dit l’homme avant même de se présenter.
Le commissaire se leva péniblement pour accueillir ce nouvel arrivant et mettre un nom sur cet autre oiseau du panthéon des officieux :
« Voici le Capitaine Yossef Braun Kamirov. Étant donné que la dernière victime en date est un Marine, la police militaire est désormais impliquée dans l’affaire civile.
— Et vos chiens sauvages ne le sont plus, Commissaire, fit ce Braun Kamirov qui était resté dans le cadre de la porte.
— Navré le commie, mais je ne les retire pas du dossier, trancha cependant son interlocuteur. Ils sont peut-être un peu pyromanes, mais la course-poursuite qu’ils ont orchestrée nous a permis de tirer un trait sur la pègre qui contrôlait ce port de Cérès. À jamais. »
Et toc, l’uniforme. Nous sommes des héros ici.
Ce sacré manipulateur d’Al-Dhedi nous détestait autant qu’il nous admirait. Ce n’était pas un désagréable énergumène. Rester en poste trente ans dans la crique la plus glauque et mal famée de Cérès avait malgré tout laissé de larges séquelles sur son humeur.
Braun fit la grimace et nous jeta un regard mauvais. Juste après avoir réclamé à Al-Dhedi tout le contenu du dossier sur une disquette, il tourna les talons.
Ali aspira bruyamment les dernières gouttes de son soda, raclant le fond de sucre cristallisé avec sa paille.
« Le Commissaire ne pouvait pas nous dire grand-chose, fis-je après la fin de sa symphonie au diabète en ré mineur. Tu penses qu’il s’agit réellement de jumeaux ? Déjà qu’il fut laborieux d’en appréhender un.
— Je ne sais pas, mais si les deux nous étaient tombés dessus sur les docks, nous étions cuits. »
Quand nous arrivâmes enfin sur l’avenue des maisons closes, la police militaire avait bouclé la ruelle où le Marine avait été assassiné. Les drones pentarotor de Braun patrouillaient le secteur qui était vide sous le soleil artificiel.
« J’imagine que c’est mort pour retrouver des témoins », dit ma partenaire en frappant sans succès à la porte d’une maison de plaisir.
Depuis le haut d’une poubelle, je surveillais la scène de crime par-delà les cordons holographiques. Le MP avait déjà tout nettoyé.
« Je pense que nous devrions retourner dans la zone des conteneurs, conclus-je. L’autre a peut-être laissé échapper quelque chose pendant les échanges de coup de feu. »
Et nous avions vu juste. Ma sapiens n’avait pas que touché l’épaule du suspect. Dans sa douceur habituelle, elle avait réduit en charpie le bras, le cou et la moitié gauche de la tête de l’enfant. Sans robots pour leur mâcher le travail, les humains de la police scientifique de C18 n’étaient pas des fins limiers, mais mes sens de chat n’étaient pas passés à côté de ce détail majeur.
« Lee, c’est dégueulasse ! Crache ça ! grimaça Ali, la langue pendue. Est-ce un bout d’oreille ?
— Bingo ! »
Mais celle-ci n’était plus qu’un morceau de chair recroquevillé.
« Regarde mieux, lui dis-je en lui bavant l’appendice dans sa main tremblante. Vois-tu ce petit bout qui n’a pas très bon goût ? »
Extrait de sa mince coque protectrice, l’implant ressemblait à une minuscule capsule ellipsoïde. Il était fait d’un métal brillant qui repoussait magnétiquement le sang, l’empêchant de coaguler convenablement.
« J’ai déjà aperçu ça. C’est un dog-tag de la Marine, m’expliqua-t-elle. Ils ont ces petits morceaux d’électronique dans le pavillon de l’oreille et sous le scrotum.
— Merci pour ce surplus d’information.
— C’est comme un FID, mais sans cette barbante sécurisation des données personnelles, poursuivit-elle en le faisant rouler entre ses doigts. Ce qui signifie que c’est traçable. »
Je l’ignorais. Mais désormais, je savais que l’armée était doublement impliquée dans cette histoire. Ce patibulaire Capitaine Braun n’avait pas débarqué dans le commissariat par hasard. Et je ne fus pas surpris de le voir nous attendre à la sortie des docks.
« Qu’avez-vous fait sauter cette fois ? grogna-t-il en désertant l’ombre de sa jeep volante.
— Tiens ! Bonjour Raspoutine ! » se moqua Ali en imitant le salut militaire.
Le descendant des soviets soupira et ne nous importuna pas plus longtemps. Nous pûmes regagner le Kitty, toujours bien ancré dans sa cage de la fourrière adjacente au commissariat.
Là, avec l’aide de l’ordinateur de contrôle, nous étudiâmes l’implant. Toutefois, celui-ci était vierge de toute information. Et qui plus est, l’alliage et le modèle en question n’étaient plus en circulation depuis des décennies. Peu d’hypothèses se bousculaient dans ma tête :
« Peut-être des pupilles ou alors élevés dans un camp militaire ? Il y en a trois autour de nous : sur C9, C13 et C7. »
Sur le moniteur principal, le plan en 3D isométrique mit en surbrillance les bases actives autour de Cérès City. Il y avait aussi le bureau des douanes de Cérès11 et l’usine voisine, mais ces deux bases avaient été fermées depuis des années d’où leur apparence grisée.
« Dire que c’est louche serait un bel euphémisme, m’avoua Ali. Malheureusement avec ce Capitaine « Tête de nœud » dans les pattes, notre marge de manœuvre est grandement réduite. »
Je lui proposai de faire une sieste pour le reste de l’après-midi. Quand Cérès18 passera de nouveau à son cycle nocturne, nous pourrions nous remettre en chasse.
Je fus cependant réveillé quelques minutes plus tard par une curieuse odeur rance de transpiration et de saleté qui voletait dans l’air. Entre deux ronflements de mon humaine, il y eut comme un cliquetis métallique. Par le hublot entrouvert du cockpit fut jetée une grenade qui ricocha contre le panneau de commande.
J’avais hurlé au même moment où Ali m’avait pris dans ses bras. L’explosion secoua le cockpit et cribla de shrapnells la plupart des instruments. Les sièges épais en mousse aux armatures de métal nous avaient sauvés. Aucun de nous deux ne fut dangereusement touché.
Encore sonné par la déflagration, je ne fus que témoin du début d’une tentative de poursuite. Ma partenaire avait à peine quitté la soute en bousculant ce pauvre J.A.P.A. qu’elle fut accueillie par plusieurs rafales de mitrailleuse de modeste calibre.
« Fumier ! » l’avais-je entendu crier par-delà l’acouphène.
Des droïdes de maintenance désactivés lui servirent de bouclier pendant qu’elle avançait en direction des immenses réservoirs de liquide de refroidissement. Entre les citernes accrochées au mur du commissariat dansait le petit fantôme de chaleur de notre cible qui se dessinait sur le logiciel de surveillance externe.
J’étais finalement parvenu gauchement aux commandes du Kitty. L’ordinateur retraçait la trajectoire des balles à travers la fumée dissipée par l’explosion d’une seconde grenade. Les lignes magenta parcouraient lentement le fond noir de l’écran au fil des calculs.
« Il est derrière les cuves, me confirma Ali. Évite de l’arroser à la 40. Sinon Al-Dhedi va nous rallonger l’addition…
— Je vais me gêner tiens ! Personne ne lance de bombes dans mon vaisseau ! Et encore moins pendant que je dors à l’intérieur ! »
D’une unique rafale continue, les 40 mm coupèrent net les citernes juste au-dessus de la tête de ce petit psychopathe. Dans la cohue, il prit la fuite sans demander son reste. Le liquide bleu radioactif coulait maintenant à flots dans la fourrière.
« Je l’ai en visuel, cria ma partenaire. Je pars à sa poursuite. »
Un début d’incendie fut immédiatement éteint par un droïde en forme de cône de glace qui venait de passer entre ses jambes.
« Je te suis ! »
Nous traversâmes en second lieu le garage puis le hangar de maintenance du commissariat pour arriver directement sur les docks. Là, il n’y avait désormais qu’à suivre les traces du liquide de refroidissement qui brillait dans la pénombre artificielle. Tant qu’il ne plongeait pas dans un égout ou une bouche d’aération, notre assaillant ne pouvait plus nous échapper.
Pourtant, l’enfant galopait très vite et ne manquait pas de nous mettre en joue dès que l’occasion se présentait. Cette tactique lui permis de prendre une avance confortable même si les dockers de nuit, témoins de la course-poursuite, nous apportaient une aide précieuse. Ceux-ci savaient ce que nous traquions, deux des leurs avaient été les victimes de ces monstres miniatures.
« Il se précipite par-là, hurla l’un d’eux du haut de sa grue. Je le vois se diriger vers le compacteur !
— Ce garnement évite scrupuleusement toute source de la lumière, explicitai-je entre deux bouffées d’air. Soit il est malin, soit nous tenons l’explication du pourquoi ils ne sortent que la nuit. Possiblement les deux ! »
Je devançais Ali de quelques mètres quand je l’entendis tirer. Les balles ricochèrent contre les mâchoires du compacteur et manquèrent de peu les jambes de la cible. S’il tombait dedans, c’était néanmoins fini de lui de la pire façon imaginable.
Véritable équilibriste, le jeune garçon parvint finalement de l’autre côté de la bouche métallique. Déchirant son dos, il s’engouffrait entre les fils de fer barbelé surplombant un rempart d’acier trempé, droit dans la base désaffectée.
« Merde ! Voilà qui complique les choses », grommela Ali, les mains en visière.
Les dockers avaient activé la pleine puissance des plafonniers halogènes de la partie portuaire. La nuit artificielle était terminée pour les riverains et les clients des brothels.
« Certes. Mais cela commence à accabler l’armée et sa possible implication », complétai-je pendant que ma partenaire ajustait une nouvelle tentative de tir.
Le corps de l’enfant s’effondra subitement, comme foudroyé. Une seconde après, nous entendîmes la détonation d’un fusil. Un tir de sniper l’avait fait chuter de l’autre côté du rempart.