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KITTY KITTY // FRENCH ORIGINAL
#12 LE CARNAVAL DES PENDUS (1/2)

#12 LE CARNAVAL DES PENDUS (1/2)

Les confins du système extérieur avaient attiré les exclus du reste de Solaris, les ambitieux en quête de fortune et les familles endettées fuyant vers une vie meilleure. Ces nouvelles colonies installées sur les satellites naturels de Saturne, Uranus et Neptune jouissaient d’une certaine autonomie vis-à-vis du pouvoir central des planètes médianes.

La sécession de certaines lunes et la guerre qui en résulta provoquèrent aussi un afflux massif de troupes de la Marine pour protéger le commerce grandissant. En sens inverse, les cargos et destroyers de la Compagnie des Indes Galactiques acheminaient minerais et gaz rares jusqu’au titanesque hub lunaire de Valetudo.

L’autoroute céleste quittait Jupiter pour cette dernière destination. C’était la partie la plus récente, la plus sauvage et la plus longue. Mais la voie des mondes extérieurs était aussi l’une des plus actives du système.

Ainsi, outre les stations-service et autres ports flottants immobiles accueillant les voyageurs épuisés se distinguaient les étranges fly-in. À la grande différence des paquebots comme le Danaë, le principal attrait de ces centres nomades dispensant divertissements et débauche était la surprise de leur rencontre aléatoire au gré de la large autoroute.

Le Gandahar était l’un d’eux. Si vous vous demandez quel sommet peut atteindre la tristesse humaine, imaginez un strip club en drive-in. Vous trouviez là le Gandahar.

Dame Belladone, la tenante et capitaine du vaisseau, était cependant une âme charmante ; comme tout l’équipage. Ils nous avaient accueilli les bras ouverts après que nous les ayons débarrassés de quelques forcenés mis à prix. Depuis, nous naviguions ensemble vers la trajectoire d’un convoi de supercargos de la C.I.G.

« Full House par les Rois », s’exclama le massif Yunro aux épaules de kevlar tout en abattant son jeu sur le tapis vert.

Le reste de la table retenait son souffle. À travers la fumée de cigarette, tous regardaient maintenant Ali. Cette dernière s’était construit des remparts de billets, d’armes à feu et autres bibelots clinquants. Seul son front dépassait encore des gains de la soirée.

« Quatre mêmes Dames, dit-elle candidement en passant ses cartes au-dessus son gobelet XXXXL de soda, donjon de sa forteresse.

— Tu te fous de ma gueule ou quoi ? enragea le cyborg avant de se tourner vers ses compères. Elle se fout de ma gueule, non ?

— Y’a pas une heure elle était en boxer, prête à gager sa boule de poils grincheuse, et maintenant… » soupira Tibo le Bigleux avec ses micromoniteurs à la place des yeux.

Assis sur les vêtements pariés par mon humaine quand les jetons se firent rares, je rassemblai les cartes pliées par la frustration des mécaniciens du Gandahar.

« Tu as une chance de cocue, boucles d’or », beugla Yunro en quittant la table.

Le timonier avait raison. Ma sapiens n’y connaissait absolument rien aux jeux de cartes. Sans moi, elle aurait jeté des mains entières sous prétexte qu’elle ne collectionnait que les cartes de cœur.

Deux danseuses nekos de l’établissement, Ayrelle et sa conjointe Sylvaine, passèrent peu après la porte du local de pause. Peau humide et serviettes autour de la taille, elles avaient quitté la salle d’eau pour enquêter sur la source d’un tel tapage.

« On joue à quoi maintenant ? » demanda ma partenaire en calant son jackpot sous les élastiques de ses sous-vêtements.

Ayrelle s’approcha de mon humaine par-derrière, glissant lentement sa main sur un sein de ma sapiens.

« Oh Ali… j’ai entendu dire que vous nous abandonnez demain matin », annonça l’enjôleuse danseuse, le menton sur l’épaule de mon associée.

Sa conjointe la rejoignit avant de poursuivre, les doigts enfouis dans le boxer de la chasseuse de primes :

« Pourquoi ne pas engager une activité plus intéressante que de plumer les mécanos ? »

Ce quatuor de mains baladeuses ne cherchait pas que les billets.

Ce fut donc après une bien trop courte session de repos pour Ali que nous dîmes adieu au Gandahar. Dame Belladone fut la dernière à rester auprès de nous. Elle avait accompagné sa peau artificiellement bleutée d’une belle robe pervenche.

« Je suis bien triste de vous voir partir, avoua la patronne. Vous auriez brûlé les planches avec nous. »

Ali refusa de nouveau la proposition déguisée de la tenancière mettant en avant ses maigres talents en relation client. Même comme agent de sécurité, ma partenaire restait beaucoup trop violente et imprévisible.

« Il est vrai que mordre nos visiteurs ne fait pas bonne presse, conclut Dame Belladone. Aussi mérité que ce soit. »

Non sans quelques regrets, le Kitty avait pris le large dans le cosmos depuis deux semaines. Lassé par ce vide qui n’en finissait jamais, j’avais laissé Ali seule dans le cockpit à recharger les piles de son walkman sur l’une des sorties du tableau de bord

« Lee ? On ne serait pas en train de faire demi-tour vers Jupiter ? »

Généralement, ses maladresses dans la cabine se cantonnaient à actionner malencontreusement les mitrailleuses ou bien éblouir des droïdes mécaniciens avec les projecteurs. Mais ce jour-là, je sentis à juste titre l’établissement d’un nouveau record.

« Ordinateur, quelle est notre trajectoire ? » demandai-je en retournant dans le cockpit.

Des lignes lumineuses se dessinèrent sur le moniteur central avant que des coordonnées ne s’affichent : Ali avait fait dévier le Kitty sur une orbite perpendiculaire à l’autoroute vers Saturne.

« Bien joué ! grognai-je en attrapant le manche et les boutons du compensateur, nous voilà à une semaine de la prochaine station-service et nous allons manquer de nutrigel ! Il n'y a personne dans cette orbite !»

Cette cousine trop peu éloignée du Neandertal se défendit de toute bévue. Le seau d’oursons en guimauve, coinçant des touches du clavier mécanique, criait le contraire.

Je me tournai vers elle pour la gronder. Cette partie du système figurait parmi les plus dangereuses sans personne pour nous porter secours.

Mais comme à son habitude, Ali ne m’écoutait pas. Une main de retour dans la boîte de friandises, le regard rivé vers les étoiles, elle fit pivoter ma tête pour que je jette un œil à ce qui avait retenu son attention.

« Personne tu disais ? » lâcha-t-elle sans cacher son sarcasme.

Une station spatiale en forme de coupole glissait vers le Kitty qui amorçait son demi-tour. Celle-ci n’émettait aucune fréquence et sa signature thermique était trop faible pour qu’elle soit habitée.

« Abandonnée, conclus-je. Elle a dû dériver trop loin des lieux de passage après ses moteurs trop fatigués. »

Mais une fois encore, l’humaine ne m’écoutait pas.

« Génial ! s’exclama Ali. Regarde ! C’est un parc d’attractions ! »

En effet, par-delà son dôme de verre, la vieille station abritait des manèges et des montagnes russes.

« On y va ? demanda ma partenaire en se mordant la lèvre d’excitation.

— Nullement ! »

La sagouine ! Elle avait déjà pris le contrôle du manche. L’Hirondelle fonçait droit vers le complexe fête-foraine qui présenta de moins en moins d’attrait à mes yeux au fur et à mesure de notre approche. Végétation devenue sauvage, tentes déchirées, loopings tordus. Le parc en ruine ne brillait plus de ses mille couleurs d’antan.

Ali, elle, semblait encore davantage aux anges.

C’était un miracle que l’ouverture du garage fût toujours fonctionnelle. La rouille et les radiations cosmiques avaient sévèrement attaqué l’extérieur de la station. L’atmosphère, chargée en C02 mais respirable, était cependant rance et moite.

« Ce parc est vraiment fermé depuis une décennie, dis-je en examinant un tas de détritus près d’un ATM.

This text was taken from Royal Road. Help the author by reading the original version there.

— Comment peux-tu en être aussi sûr ?

— Il y a une brique de lait sans sinistre avis de recherche d’enfant disparu dessus, répondis-je en désignant le récipient de carton sous un tigre en peluche vidé de sa mousse polystyrène.

— C’est l’endroit le plus cool du système ! » cria Ali en franchissant les tourniquets de l’entrée sous l’œil vacant d’un droïde animatronique aux pieds fichés dans la terre.

Je ne partageai pas l’enthousiasme de cette excitée. Malgré l’aspect désolé du parc, nous n’étions pas les seuls. Sur la poussière qui recouvrait le sol, des traces de pas étaient nettement visibles. Les plus récentes appartenaient à un pack de petits automates. D’ailleurs, l’un d’eux ne tarda pas à croiser notre chemin.

« N’est-il pas mignon, Lee ? Il me fait penser à J.A.P.A. »

Le droïde était l’opposé de la grâce. C’était une petite boule de fer grossièrement peinte en rouge avec de minuscules membres squelettiques. Tout autour du joint ventral qui faisait le tour de cette mini-sphère, quelqu’un avait dessiné des dents pointues au marqueur.

« On le ramène ! décida Ali. Je vais en trouver un autre pour toi.

— Tu ferais mieux de le déposer, dis-je. Nous ignorons s’il appartient à quelqu’un. »

Mon humaine fit la moue et voulut reposer le droïde au sol. Mais ce dernier avait refermé ses petits membres métalliques autour de ses doigts. Tentant de se libérer, elle le secoua comme une Magic 8 Ball mais sans succès.

Le robot refusait de lire la bonne aventure, mais s’ouvrit brusquement en deux au niveau de sa jointure. Une longue langue élastique terminée par une seringue hypodermique menaçante se déplia lentement et dansa en l’air comme l’aurait fait un cobra au son de la flûte.

Désemparée, Ali fut ensuite piquée entre les deux yeux. Pétrifié de surprise, je fus moi-même plaqué au sol par trois autres droïdes qui venaient d’apparaître de derrière une poubelle avant de subir le même sort.

Un redoutable mal de tête me réveilla. L’enchaînement des événements avait été un peu confus. Toujours est-il que mon interlocuteur possédait lui aussi le don de conférer la migraine :

« Toc. Toc. Toc !

— Où est Ali ? » m’enquis-je en essayant de me frotter les yeux.

Hélas, j’avais été solidement attaché à un rehausseur pour enfant et suspendu en hauteur face à un établi bâché, au milieu d’une sordide fête foraine.

« T’es nul. Ce n’est pas ça la question ! »

Mon kidnappeur se présenta, mais refusa de m’en dire plus sur mon humaine. Ce Jack était un effrayant personnage portant un vieux costume de cosmonaute européen du début de l’âge spatial. Son visage était masqué par sa visière qui avait été peinte en orange et décorée des traits grotesques d’une citrouille d’Halloween.

« Enfin, bref ! piailla-t-il. Nous papotons. Nous papotons. Et avec ça, l’heure des défis ne cesse de reculer !

— Des défis ? Quels défis ? Où suis-je ? » miaulai-je en essayant de me libérer des liens, conglomérat de nœuds ficelés sans aucune logique.

Mais mon interlocuteur me tapa sur la tête.

« Des questions ! Des questions ! Des questions ! couina-t-il en imitant mon ton paniqué. Survis aux défis et tu auras des réponses !

— Très bien, Jack O’Lantern… Quel est ton défi ? »

La cosmocitrouille applaudit comme un enfant avant d’ôter la bâche qui protégeait les planches d’un stand de tir. Après s’être positionné derrière moi, il descendit ensuite de l’auvent le lourd pistolet à air comprimé rouillé auquel il menotta mes pattes.

« Les cibles vont apparaître, mais elles ne sont qu’un échauffement ! Ne loupe surtout pas le plus gros !

— Pourquoi ? m’énervai-je en essayant de retourner le revolver vers mon geôlier.

— L’apothéose ! cria-t-il en activant un rouage mécanique.

— Quelle apothéose ?

— L’apothéose… » répéta-t-il plus doucement.

Dans un chant de cliquetis, les cibles en étain commencèrent à danser sur les étagères. C’étaient des visages miniatures de Thorandell, le barbare blondinet de Forgotten Quest. Lorsque ma première cible fut touchée, elle se pulvérisa sous l’impact. Je ne tirai pas des plombs de foire, mais de lourdes munitions militaires.

Je ne manquai ensuite aucune mire lors de la première série, mais le jeu se complexifia. Les figures tournaient désormais dans tous les sens à un rythme effréné. À chaque tir raté, Jack riait de plus belle. L’exercice devenait impossible avec la fumée des cartouches.

« Concentre-toi ! Tu as 85 points ! Le plus gros arrive et il en vaut 10 ! cria Jack alors que les mini visages de Thorandell convergeaient vers le centre de la zone de tir. L’apothéose ! »

Les cibles disparurent soudainement. La seconde de silence qui en résulta fut brisée par un nouveau clappement métallique. Quelque chose émergea au centre de l’espace de tir et je pressai la détente par réflexe.

Une goutte de sang gicla sur l’une de mes babines. Jack éclata d’un rire démentiel. J’avais touché le visage de quelqu’un. Un être humain aux cheveux blonds.

« A... Ali ? » bégayai-je alors que l’écran de poudre se dissipait.

Mon cœur s’était arrêté. Mais ce n’était pas mon humaine ; juste un individu avec un ignoble postiche censé le faire ressembler au célèbre barbare de la culture populaire.

« Qu’est-ce là ce défi de dégénéré ! hurlai-je en découvrant le meurtre pourtant réel. Qui était cette personne ? »

J’entendis le pied de nez sonore de mon bourreau à travers son casque. Il refusa encore de répondre. Nous étions loin d’avoir terminé la liste sans fin de ces défis plus glauques et tordus que les précédents. Heureusement, il n’y eut pas d’autres homicides.

Je réussis mon challenge au stand de machines à sous quand sonna une heure inconnue à l’horloge du train fantôme. Jack fit alors grincer les roues du chariot d’hypermarché qui me retenait prisonnier pour m’annoncer qu’il était temps de réaliser un ultime défi.

« Tu as gâché la journée à me demander où était ta maîtresse ! caqueta-t-il en imitant mes supplications passées.

— Et donc ? Où est-elle ? » hurlai-je dès lors qu’il eut épuisé mes dernières réserves de patience.

Heureusement, j’eus enfin ma réponse quelques minutes plus tard quand nous pénétrâmes dans la grange envahie de toiles d’araignées de la mini-ferme. Là, Ali était bâillonnée et ligotée contre le mur du fond. Une anonyme aux cheveux bruns connaissait le même sort à côté d’elle.

« Espèce d’iconoclaste alambiqué ! Libère-la ! » criai-je à Jack qui avait disparu.

Entouré d’un public d’animatroniques, le cosmonaute fou réapparu à un pupitre surplombant la pièce. Jack était affublé d’une perruque poudrée et d’un tricorne à la cocarde rouge-blanc-bleu sur son casque. Il martela son perchoir d’un maillet métallique avant de s’exprimer de manière solennelle avec un accent français très exagéré :

« Le Directoire déclarrrre, au pif, l’une des accusées coupable d’être ennemie du peuple. La peine requise est a fortiori la mort par guillotine tourrrrnante au choix du jury ! »

Le public d’animatroniques applaudit. Ce Robespierre de carnaval sauta ensuite de son pupitre pour venir me rejoindre, un vieux panneau de commande mécanique en main. Puis, il appuya sur un bouton tricolore qui fit s’envoler la paille qui recouvrait le sol. Entre Ali et nous était apparu un labyrinthe de rails en fer qui se terminait en un embranchement dont les deux voies faisaient face aux deux victimes. Enfin, une scie circulaire sortit de terre juste en face de mon museau.

« Le choix te revient, citoyen ! Dit Jack toujours solennel. Guide l’épée de la Révolution vers la sans-culotte qui mérite le trrrrépas ! »

Outre le bouton tricolore, le boîtier possédait un unique interrupteur basculant sur deux positions : à droite vers un dessin d’enfant représentant ma partenaire avec ses cheveux blonds ; à gauche sur l’inconnue avec ses boucles brunes. Un choix affreux et pourtant déjà pris.

J’actionnai l’interrupteur de façon à sauver mon humaine. La scie circulaire se mit à tourner et à glisser lentement vers le centre de la pièce. Plusieurs LED s’illuminèrent à la jonction des rails. Mais contre toute attente, l’engin de mort prit la direction d’Ali.

« Enfer ! Tu m’as menti, Jack ! »

Le bourreau tapotait frénétiquement son jouet et cassa l’interrupteur en position intermédiaire. Il rit alors de la situation :

« Palsambleu ! Cela devait être l’inverse ! »

La scie avança lentement et rien ne pouvait l’arrêter. Elle continua sa course en direction des hanches de sa victime qui se débattait. Je hurlai ; impuissant.

Les lames d’aciers déchirèrent la chair. Ce fut une pluie d’hémoglobine et de viscères. Peu après, le bassin et les jambes de mon humaine tombèrent au sol et l’engin se figea. Ma pauvre partenaire resta suspendue par les poignets ; à se vider de son sang.

Jack me libéra du chariot. Je fonçai vers ce qui était ma raison de vivre. Arrivé à sa hauteur, je fus pris de sanglots face à l’irréparable. Elle était morte. Il l’avait tué avec son piège diabolique.

Je sursautai. Ma sapiens avait rouvert les yeux. Elle riait à gorge déployée en remuant ses mains.

Dans quelles absurdes péripéties m’étais-je encore perdu ?

Au café magique du château de contes de fées, Jack proposa un biscuit en forme d’animal pour qu’Ali accompagne son thé d’une collation sucrée.

Celle-ci siégeait en bout de table, dans un immense fauteuil pouvant en accueillir cinq comme elle. Coiffée d’une couronne factice, elle n’avait même pas pris le temps de se débarbouiller du faux sang qui avait servi à me piéger.

Nous n’étions pas les seuls. Le défi de la grange terminé, nous avions été rejoints par les habitants du parc et amis de Jack : Arsénique, une grande femme habillée de noir au teint extrêmement pâle et aux membres étirés par la faible gravité ainsi que Le Jumeau, deux frères siamois unis par les joues.

« Voyons, petit chaton ! Ce n’est plus le moment de faire la tête ! dit Arsénique en me faisant passer le plat à biscuits.

— Désolé d’entacher votre partie de thé avec ma mauvaise humeur après une blague si peu futée ! répondis-je. Vous êtes tous fous à lier !

— C’est exact, réagit du plus naturellement du monde Arsénique. Mais d’après les défis, Ali nous surplombe tous !

— Et je ne suis pas encore complètement convaincu que vous ne soyez pas des fantômes ! m'insurgeai-je.

— La vie n’est que destrrrruction ! me rétorqua Jack qui avait repris son accent français. Le cas échéant, nous sommes même plus que vivants !

— Arrête, tu lui fais peur ! le réprimanda Arsénique d’un ton maternelle. Veux-tu un calisson, petit chaton ?

— Laisse ce ronchon, Arsénique ! intervint Ali. Il n’aime pas les manèges et se faire flanquer la frousse par des animatroniques !

— Oui… des animatroniques… » balbutia Jack qui avait ôté ses gants pour mieux saisir les petits LU qui lui résistaient.

Je fis un coussinet d’honneur à ma partenaire. Elle me tira la langue.

« Dites-moi Ali, nous serions-nous rencontrés quelque part ? Votre visage nous semble familier ! marmonna Doc Grimm, le dernier de la bande qui détenait une ressemblance troublante avec ses minuscules robots démons.

— Je pense à juste titre que nous nous serions souvenus de vous ! » répondis-je à sa place.