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Les cadeaux

Mero se couche après avoir longuement contemplé les étoiles, rêveur. Le ciel nocturne déploie ses constellations comme une promesse silencieuse, mais malgré leur réconfort, le sommeil le fuit obstinément. Il bouge sans cesse, cherchant une position apaisante, mais la quiétude semble toujours hors de portée.

Ses mouvements incessants finissent par troubler Leila, qui partage habituellement son lit avec une patience sans faille. Sans un mot ni un reproche – car elle ne lui en ferait jamais – elle se lève discrètement et rejoint le lit de Maître Antonin. Son geste est empreint d’une douceur attentive, comme si elle voulait lui offrir l’espace dont il semble avoir besoin.

La chambre retombe dans un calme absolu, seulement perturbé par le tumulte des pensées de Mero. L'ombre fugitive de la jeune pirate danse encore dans son esprit, mêlée à l'odeur saline de la mer et au souvenir vif de ce baiser inattendu. Tout cela tourbillonne dans son esprit comme une marée impétueuse.

Il se retourne encore et encore, le poids des événements écrasant sa recherche de sommeil. Loin de trouver le répit, il est assailli par des questions sans réponses, des impressions indéchiffrables. Le souffle paisible de Leila, désormais étouffé par la distance entre eux, lui manque sans qu’il puisse vraiment se l’avouer.

Seul dans cette mer de silence, il entend le murmure lointain des vagues, régulières et presque rassurantes. Pourtant, ce son familier ne parvient pas à apaiser l’inquiétude naissante qui grandit en lui. Tout semble différent cette nuit-là, comme si une page venait de se tourner sans qu’il n’en ait pleinement conscience.

Les paupières lourdes mais l’esprit encore en éveil, il finit par se forcer à fermer les yeux, cherchant désespérément à se réfugier dans le sommeil. Mais même lorsque la fatigue l'emporte enfin, les souvenirs de cette nuit restent suspendus à la surface de ses rêves. L’ombre de la jeune pirate et les mystères à venir dansent toujours dans son esprit, insaisissables et envoûtants.

Le matin s’étire sous une lumière douce, l’air marin frais et vivifiant caressant la peau. Mero marche aux côtés de Maître Antonin sur la grève déserte. La mer scintille sous les premiers rayons du jour, ses vagues venant lécher le sable humide avec une régularité apaisante.

Maître Antonin, le regard aiguisé par des années d’observation, désigne une plante trapue dont les fleurs violettes éclatent sous la rosée.

— Cette plante, explique-t-il, est utilisée par les habitants de l’île pour soigner les blessures et les inflammations cutanées.

Mero écoute attentivement, retenant chaque détail, tandis que son maître déroule un véritable cours de biologie et d’écologie en langue impériale, qu’il commence à bien maîtriser. L’érudit lui parle des subtilités des écosystèmes marins, du rôle des algues, des créatures tapies sous les rochers et des oiseaux planant au-dessus des vagues.

— Chaque élément de la nature est interconnecté, souligne Maître Antonin. Briser cet équilibre, c’est convoquer la colère de la mer : tempêtes, famines, naufrages… Les marins le savent mieux que quiconque.

Son ton devient plus grave.

— Mais l’harmonie, bien que fragile, peut aussi être bénéfique. L’écologie n’est pas seulement une science, Mero. C’est une manière de vivre et de respecter le monde autour de nous.

Mero hoche la tête, absorbant ces paroles empreintes de sagesse. La mer lui semble soudain immense, pleine de mystères, mais aussi porteuse d’opportunités infinies.

Alors qu’ils repartent, Mero ramasse quelques graines de la plante aux propriétés curatives. Elles glissent dans sa poche comme une promesse silencieuse de connaissance.

Le retour vers la ville se fait par des ruelles étroites, bordées de maisons aux façades vieillies par le sel. Les odeurs de poisson frais et de pain chaud flottent dans l’air. Soudain, un garçon d’environ cinq ans surgit de nulle part et tire la manche de Mero.

Sans un mot, l’enfant lui tend une pierre enveloppée dans un tissu élimé, lui adresse un sourire espiègle, puis disparaît aussi vite qu’il est apparu.

Mero déplie le tissu pour examiner la pierre. Elle est lisse, légèrement translucide, parcourue de motifs gravés mystérieux. Les symboles semblent anciens, porteurs d’une signification obscure.

Maître Antonin, qui marchait quelques pas devant, s’arrête en voyant Mero ralentir.

— Qu’est-ce que tu as là ? demande-t-il, intrigué.

Mero lui tend la pierre en racontant brièvement l’incident. L'érudit l’observe avec attention, un pli soucieux barrant son front.

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— Les enfants d’ici sont souvent plus malins qu’on ne le pense, dit-il prudemment. Parfois, leurs cadeaux sont des messages… ou des avertissements. Mais il serait imprudent de trop y prêter attention sans comprendre leurs coutumes.

Il rend la pierre à Mero.

— Garde-la, mais sois vigilant. Ces petits rusés savent parfois plus de choses qu’ils n’en laissent paraître.

Le conseil de Maître Antonin résonne dans l'esprit de Mero, mais ne suffit pas à étouffer sa curiosité grandissante. Pourquoi cet enfant lui a-t-il donné cette pierre ? Que signifient ces symboles gravés ?

Glissant la pierre dans sa poche, Mero suit son maître à travers les ruelles sinueuses, les pensées tournées vers ce mystère inattendu. Une intuition profonde lui murmure que ce simple geste pourrait bien être le point de départ d'une quête encore insoupçonnée. Ils retourne à l’auberge pour le déjeuner.

Le soleil est haut dans le ciel lorsque Mero et son groupe quittent l’auberge pour une nouvelle aventure. L’odeur salée de la mer se mêle aux effluves des ruelles animées du marché, où le brouhaha des discussions et des transactions se fait entendre. Maître Antonin, toujours aussi observateur, semble particulièrement intrigué par ce marchand de livres dont il a entendu parler. Ses yeux, habituellement graves, brillent d'une lueur d'intérêt.

"Un marchand de livres... Pas le genre qu'on trouve tous les jours dans ce coin, n'est-ce pas ?" remarque-t-il, se tournant vers Mero. "Ici, les livres portent souvent des savoirs anciens, voire interdits. Si ce marchand possède des ouvrages rares ou ésotériques, ce pourrait être une occasion précieuse d'en apprendre davantage."

Leïla, qui marche aux côtés de Mero, semble à la fois distraite et attentive. Bien qu’elle garde un œil sur lui, un sourire léger flotte sur ses lèvres. Les quatre marins, quant à eux, semblent moins intéressés par les livres que par l'idée de se promener à travers les rues étroites, mais ils restent vigilants, prêts à protéger le groupe si le besoin se faisait sentir. L’un d’eux, le plus grand, jette des regards furtifs autour de lui, scrutant les ruelles pour toute menace éventuelle.

Ils avancent à travers les allées bourdonnantes, où les voix se mêlent aux rires et aux négociations. Après quelques détours, ils atteignent une petite boutique en bois, presque dissimulée entre deux autres bâtiments. La vitrine est pleine de livres reliés en cuir, de parchemins roulés et de cartes anciennes. L’odeur du papier vieilli flotte dans l’air, un parfum qui éveille chez Mero un sentiment de curiosité et de mystère.

Maître Antonin pousse doucement la porte de la boutique et entre, Mero le suivant de près. À l’intérieur, une lumière tamisée émane des bougies et des lampes en verre. Derrière le comptoir en bois se tient un vieil homme aux cheveux longs et blancs, portant des lunettes épaisses. Il est plongé dans un livre usé, mais lorsqu'il aperçoit l'arrivée du groupe, il lève les yeux et un sourire énigmatique se dessine sur son visage.

"Ah, des visiteurs." dit-il d’une voix grave. "Tous mes ouvrages sont rares et précieux. Cherchez-vous quelque chose de particulier, ou êtes-vous simplement en quête de savoir supplémentaire ?"

Maître Antonin s’avance, ses yeux scrutant les étagères. "Nous cherchons des ouvrages sur la stratégie navale, peut-être des récits de voyages anciens ou des cartes oubliées," répond-il calmement.

Le marchand acquiesce lentement, son regard devenu plus perçant. "J’ai ce que vous cherchez, peut-être même des choses plus intrigantes encore. Mais sachez qu'il y a toujours un prix à payer pour ces connaissances."

Mero observe les étagères, pleines de livres reliés en cuir somptueux et d’autres plus fragiles, les bords usés par le temps. L’atmosphère de la boutique, bien que paisible, semble imprégnée d’un mystère ancien. Le marchand, d’un clin d’œil, propose un tour guidé de sa collection.

"Que diriez-vous d’un petit tour ?" ajoute-t-il, tout en s'avançant vers une étagère qui semble cacher quelque chose de particulier.

Maître Antonin hoche la tête. "Montrez-nous ce que vous avez."

Mero, tout en suivant, se demande quel genre de secrets ce marchand pourrait détenir. Et peut-être qu’au-delà des livres, il y a quelque chose d'encore plus fascinant à découvrir dans cette petite boutique.

Tout le groupe est absorbé dans sa quête. Maître Antonin discute avec le marchand tandis que Leïla parcourt un livre sur des mythes locaux. Les marins se contentent de feuilleter les livres illustrés, ponctuant leurs gestes de rires et d’exclamations de surprise. Mero, quant à lui, erre dans les rayons, le regard curieux.

C’est alors qu’une petite fille s’approche silencieusement de lui et lui tend une fleur. D’un bleu éclatant, ses pétales sont d’une beauté presque irréelle, comme sculptés dans la nuit. Un sourire malicieux orne le visage de l’enfant avant qu’elle ne disparaisse en courant, aussi discrète qu’elle était apparue. Personne n’a remarqué cet échange.

Mero, tenant la fleur dans sa main, la contemple un instant. La petite fille, en toute simplicité, semble l'avoir choisie pour une raison particulière. Pourquoi lui donner cette fleur ? Et pourquoi cette discrétion, comme si cet acte devait passer inaperçu ?

Dans la boutique, chacun semble absorbé par ses occupations. Maître Antonin, toujours en discussion avec le marchand, et Leïla, plongée dans son livre, ne se sont pas aperçus de l'incident. Les marins, quant à eux, continuent de feuilleter leurs livres d’illustrations, profitant des images, mais laissant échapper quelques éclats de rire.

Mero glisse la fleur dans la poche de son manteau, une étrange sensation le gagnant. Pourquoi cette fleur ? Était-ce un simple geste d’enfant, ou un message déguisé ? Il se sent observé, comme si quelque chose de plus grand se dissimulait derrière ce geste anodin.

Il scrute l’espace autour de lui, mais personne ne semble avoir vu la petite fille ni le geste. La lumière tamisée, les étagères encombrées de livres, et l'atmosphère mystérieuse qui imprègne la boutique renforcent ce sentiment d'énigme. Mero commence à croire que cette rencontre n’était pas aussi innocente qu’elle semblait.

Soudain, il se demande s’il est temps de partir, de revenir à l’auberge et de réfléchir à cette rencontre étrange. Mais avant de partir, il jette un dernier coup d'œil aux rayons, se demandant si la boutique cache un secret qu’il n’est pas encore capable de comprendre.