Un fiacre vint chercher Mero et Mandarine au crépuscule, ses roues glissant doucement sur les pavés humides de la capitale. Deux chevaux noirs, majestueux et luisants sous les lanternes vacillantes, tiraient le carrosse dans une rue paisible, leurs sabots claquant en un rythme régulier qui semblait accompagner le battement de leurs cœurs encore vibrants du vol en montgolfière. L’air frais de la nuit naissante s’infiltrait par les fenêtres entrouvertes, mêlant une odeur de bois humide et de fleurs fanées à la chaleur persistante de leur journée exceptionnelle. Enlacés sur la banquette de velours, ils restaient plongés dans le halo de leurs aventures aériennes, leurs doigts entrelacés comme pour retenir un peu plus longtemps la magie suspendue dans les airs.
Le fiacre s’arrêta devant l’appartement de Mero avec une lenteur presque solennelle, les chevaux soufflant des volutes blanches dans l’obscurité grandissante. Mero descendit le premier, tendant une main à Mandarine, qui le suivit avec une grâce instinctive, ses pas légers frôlant le sol comme si elle flottait encore. La porte de l’appartement, massive et ornée de ferrures délicates, se dressait devant eux, et Mero sentit une boule se former dans sa gorge. L’attente touchait à sa fin – demain, elle partirait, et ce soir serait leur dernier refuge avant l’adieu. Dans l’entrée, sur une table de bois poli soigneusement dressée, reposait une petite boîte, un écrin discret qui renfermait un ultime cadeau pour Mandarine, un présent chargé d’une émotion qu’il avait mis des jours à façonner.
Il guida Mandarine à l’intérieur, refermant la porte derrière eux avec une douceur qui trahissait son désir de préserver cet instant. L’appartement s’ouvrit sur une atmosphère feutrée, la lumière tamisée des lampes à huile jetant des reflets dorés sur les murs tapissés de soie crème. Une odeur subtile de cire et de bois ancien flottait dans l’air, mêlée d’une touche florale – des roses blanches dans un vase sur la cheminée, un détail que Leila avait dû ajouter avant leur retour. Sans un mot, Mero se dirigea vers la table, ses pas résonnant légèrement sur le parquet ciré. Il posa ses mains sur la boîte, un emballage simple mais raffiné, ses doigts effleurant le ruban de satin rouge qui l’entourait. Son regard, empreint d’une tendresse infinie, croisa celui de Mandarine, qui l’observait avec une curiosité muette.
Lorsqu’il souleva le couvercle, un scintillement jaillit, presque surnaturel, illuminant la pièce d’un éclat discret mais saisissant. Le pendentif reposait dans un écrin de velours noir, sa chaîne d’or pur captant la lumière comme une rivière de feu doux. Deux diamants s’y entrelacèrent – un rouge ardent, profond comme une braise vive, et un vert éclatant, frais comme une forêt après la pluie. Ces pierres, d’une rareté exceptionnelle, extraites des entrailles de la cordillère de Tempelune après des années de labeur, semblaient vibrer d’une vie propre, reflétant chaque étincelle ambiante. Mero contempla le bijou un instant, son cœur battant au rythme de sa beauté et de ce qu’il représentait. C’était un pendentif « Toi et Moi », un classique peut-être, mais d’une exécution si parfaite qu’il transcendait le cliché – un symbole tangible de leur amour, rare et indomptable.
Il prit une inspiration, sa voix douce et vibrante d’émotion brisant le silence. « Ce pendentif, Mandarine, c’est nous – toi et moi. Les diamants rouges, c’est la passion qui brûle en moi pour toi, un feu que tu as allumé sans même le savoir. Les verts, c’est la promesse d’une vie ensemble, une prospérité, un renouveau que je veux bâtir avec toi. Je sais que ça peut sembler banal, mais ces pierres… elles sont aussi uniques que ce qu’on partage. » Mandarine s’approcha, ses yeux s’écarquillant d’émerveillement, captivés par l’éclat du bijou. Elle tendit une main tremblante, effleurant les diamants comme si elle craignait de briser leur magie, et un silence chargé s’installa, leurs respirations se mêlant dans l’air tiède.
Flashback : il revit leur première rencontre, cette boutique poussiéreuse sur l’île des pirates où elle l’avait attiré avec un sourire malicieux, ses lèvres soufflant un baiser énigmatique. Les ruelles sombres, les mains brutales qui l’avaient saisi, et elle, murmurant dans une langue inconnue, ses yeux brillant d’une possessivité qu’il n’avait pas comprise alors. « J’ai un petit prince pour moi toute seule, » avait-elle dit, sa caresse douce masquant une emprise qui l’avait terrifié. Mais ici, dans cet appartement baigné de lumière, ce souvenir prenait une teinte nouvelle – ce qui avait été une capture devenait une conquête mutuelle, un amour qu’il n’avait pas vu venir.
« Je n’ai jamais tenu quelque chose d’aussi précieux, » murmura-t-elle finally, sa voix un souffle délicat teinté d’une émotion brute. Ses mots glissèrent dans l’air comme une caresse, et Mero sentit un sourire naître sur ses lèvres, un mélange de joie et de vulnérabilité. Il prit ses mains dans les siennes, leurs doigts s’entrelçant avec une chaleur familière. « Tu mérites le monde, Mandarine, dit-il, sa voix tremblante d’une sincérité désarmante. Depuis que tu es entrée dans ma vie, tu as tout illuminé – je ferai tout pour te le rendre. »
Elle leva les yeux vers lui, et dans ce regard, il vit une mer d’émotions – gratitude, amour, une pointe de tristesse face à l’adieu imminent. Sans un mot, elle déposa un baiser léger sur sa main, un geste si tendre qu’il sembla sceller une promesse silencieuse. Puis, avec une délicatesse presque révérencieuse, elle saisit le pendentif et l’attacha autour de son cou. Le bijou se posa contre sa peau comme une étoile tombée du ciel, ses diamants rouge et vert scintillant contre sa clavicule, une fusion éclatante de leurs âmes.
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Mero resta fasciné, hypnotisé par la scène – la façon dont le pendentif semblait fait pour elle, un éclat qui rehaussait sa beauté indomptable. « Je ne veux jamais qu’il quitte ton cou, » murmura-t-il, sa voix à peine audible, comme une prière. Mandarine le fixa, une lueur ferme dans les yeux, et répondit avec une certitude douce mais inébranlable : « Il ne quittera jamais mon cou. » Leurs regards se lièrent dans une communion muette, un instant si pur qu’il sembla défier le temps lui-même.
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Ils s’enlacèrent alors, leurs corps se cherchant avec une intensité qui effaçait les heures à venir. La chambre devint leur sanctuaire, les murs de soie et de bois s’effaçant pour ne laisser que leur présence. Mero sentit la chaleur de Mandarine contre lui, son souffle doux contre son cou, et il caressa ses cheveux noirs, leurs mèches glissant entre ses doigts comme une cascade d’obsidienne. La nuit s’écoula dans cette intimité absolue, un refuge contre l’inévitable séparation qui se profilait. Ils s’endormirent enlacés, leurs respirations se mêlant en une harmonie silencieuse, comme si leurs âmes refusaient de se détacher.
Flashback : il revit le jardin de l’île, la robe de mariée qu’elle portait, ses yeux froids et triomphants alors qu’elle le revendiquait. « Tu es à moi maintenant, » avait-elle dit, et il avait lutté, invoquant son âge, maître Antonin, un sursis arraché dans la panique. Mais ici, dans cette étreinte douce, ce souvenir s’adoucissait – ce qui avait été une contrainte devenait une vérité qu’il chérissait. Il l’aimait, non pas malgré leur passé, mais à cause de lui, un amour forgé dans les tempêtes et les défis.
L’ironie ne lui échappait pas. Autrefois, il avait redouté ce lien imposé, cette fille audacieuse qui avait bouleversé sa vie. Il revoyait le toit de l’auberge, ses pas furtifs sous les étoiles, son dernier baiser avant son départ – « Tu reviendras, n’est-ce pas ? » avait-elle demandé, et il n’avait su répondre. Mais maintenant, blotti contre elle, il ne pouvait imaginer une vie sans elle. Ce qui avait commencé comme une captivité s’était mué en une passion réciproque, un amour possessif et tendre qui avait balayé ses craintes comme le vent chasse les nuages.
Le matin se leva, une lumière douce filtrant à travers les rideaux de lin, caressant les contours de la pièce avec une tendresse presque irréelle. Mero s’éveilla dans un demi-sommeil, ses pensées flottant entre rêve et réalité, le poids de Mandarine contre lui ancrant chaque sensation. Elle dormait encore, son visage paisible adoucissant les lignes de cette force qu’il admirait tant. Il resta immobile, savourant ce calme avant la tempête, sachant que ces moments étaient comptés.
Des servantes entrèrent discrètement, leurs pas feutrés brisant à peine le silence. L’une d’elles prépara un bain dans la pièce attenante, l’odeur de lavande et de vapeur s’élevant doucement, tandis qu’une autre disposait une robe pour Mandarine – un tissu vert profond, un clin d’œil à ses origines marines. Mero les observa avec un pincement au cœur, chaque geste annonçant l’inéluctable départ. Il se leva, laissant Mandarine reposer encore un peu, et s’approcha de la fenêtre. La capitale s’étendait sous un ciel pâle, ses rues s’éveillant dans un murmure lointain, et il sentit une mélancolie douce l’envahir.
Mandarine s’éveilla enfin, ses yeux s’ouvrant lentement pour accueillir la lumière. Un sourire tendre naquit sur ses lèvres lorsqu’elle le vit, et pendant un instant, leurs regards se croisèrent dans un silence chargé – un écho de leur vol, de leur nuit, de tout ce qu’ils avaient partagé. « Bonjour, » murmura-t-elle, sa voix encore rauque de sommeil, et Mero sourit en retour, incapable de répondre autrement. Les servantes s’activèrent autour d’elle, l’aidant à se préparer avec une douceur discrète, et Mandarine se leva, sa grâce naturelle illuminant la pièce comme une flamme dans l’ombre.
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Parée pour affronter le jour, Mandarine revint dans la chambre, la robe verte épousant ses formes avec une élégance sauvage. La lumière se reflétait sur le pendentif à son cou, ses diamants scintillant comme des étoiles captives, et Mero sentit son cœur se serrer. Elle était prête à partir, et pourtant, une lueur de tristesse dansait dans ses yeux, une mélancolie qu’elle masquait sous un sourire ferme. Ils échangèrent peu de mots, chaque phrase teintée de douceur et d’une douleur contenue.
Il s’approcha d’elle, prenant sa main dans la sienne, leurs doigts s’entrelaçant une dernière fois. « Je serai là, à ton retour, » murmura-t-il, sa voix calme mais vibrante d’une sincérité brute. Mandarine hocha la tête, ses yeux brillant d’une promesse muette. « Et moi, je reviendrai pour toi, » répondit-elle, sa voix ferme malgré l’émotion qui la traversait. Ils restèrent ainsi un instant, leurs regards liés dans une communion d’espoir et de tendresse, puis elle se détourna doucement, ses pas lents la guidant vers la porte.
Flashback : il revit le sept-mâts surgissant des flots, son père venant la réclamer. Elle avait gravi la passerelle, une larme roulant sur sa joue, et il avait serré son pendentif, un « au revoir » silencieux gravé dans son cœur. « Ce n’est pas un adieu, » avait-elle dit alors, et il s’y accrochait maintenant comme à une vérité éternelle.
La porte se referma derrière elle avec un cliquetis discret, et Mero resta seul, immobile, le silence s’abattant comme une vague lente. Il s’approcha de la fenêtre, regardant le fiacre s’éloigner dans la rue déserte, emportant Mandarine vers un horizon qu’il ne pouvait suivre. Une douleur sourde l’envahit, mais elle était mêlée d’une gratitude infinie – pour elle, pour ce qu’ils avaient construit, pour cet amour qui défiait les distances.
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Les heures s’écoulèrent dans un calme étrange, la chambre semblant retenir l’écho de sa présence. Mero s’assit sur le lit, ses doigts frôlant la couverture où elle avait dormi, et sortit la dague qu’il lui avait donnée sur l’île – un échange scellé sous les étoiles, un serment qu’il portait encore. Il la posa à côté de la boîte vide du pendentif, deux reliques d’un amour qui refusait de s’éteindre.
Il s’approcha de la table où trônait une plume et un parchemin, et commença à écrire – pas une lettre pour elle, pas encore, mais un récit de leur vol, de cette nuit, de chaque instant qu’il voulait graver avant que le temps ne l’efface. Les mots coulaient, maladroits mais sincères, un refuge contre le vide qui menaçait de l’engloutir. Il décrivit le ciel infini, ses rires dans le vent, l’éclat des diamants contre sa peau, et cette promesse qu’ils s’étaient faite – un retour, un avenir.
La nuit tomba à nouveau, les lampes s’éteignant une à une, et Mero s’allongea, le pendentif de Mandarine dansant dans son esprit. Il savait que la routine reprendrait bientôt, que ses devoirs à l’école impériale le rappelleraient à l’ordre. Mais une part de lui restait avec elle, au-dessus des nuages, dans cette clairière sous les lanternes, dans chaque moment où elle avait transformé sa vie. Ce n’était qu’un au revoir, pas un adieu – une certitude qui le portait, douce et inébranlable, comme le scintillement éternel d’un diamant rare.