Après cette séance, Mero quitta la salle d’assignation avec un sentiment mêlé d’accomplissement et de réflexion. Il se mit à arpenter lentement les couloirs aux murs richement décorés de l’École Impériale de Mor, scrutant attentivement chaque détail des décorations intérieures. Chaque fresque, chaque lustre de cristal, chaque tapis persan semblait raconter une histoire séculaire, celle d’un empire où l’art et la tradition se confondent pour édifier la grandeur d’un monde en perpétuelle évolution. Dans le silence feutré de ces corridors, Mero laissa son esprit vagabonder, prenant mentalement note des ornements et des sculptures qui ponctuaient les espaces communs, témoignant du raffinement et du faste propres à cette institution.
Bientôt, ses pas le conduisirent jusqu’à la vaste salle à manger, destinée au déjeuner. La salle s’ouvrait devant lui comme une scène grandiose, baignée d’une lumière dorée filtrée par de grandes fenêtres ornées de vitraux aux motifs délicats. Les murs, peints dans des tons chauds et chatoyants, complétaient l’atmosphère empreinte de majesté et d’élégance. Les tables, disposées avec soin, étaient dressées avec des nappes de lin immaculé et ornées de centres de table composés de fleurs fraîches et de bougies finement ciselées. Un doux murmure se diffusait dans la pièce : le cliquetis discret des couverts en argent sur la porcelaine fine, ponctué par des conversations feutrées, témoignait d’un moment de quiétude et de raffinement.
Un majordome, dont l’allure impeccable ne laissait aucun doute sur son expérience, s’inclina légèrement en apercevant Mero. Par un geste mesuré, il l’invita à suivre et le conduisit vers une table réservée spécialement pour lui. La table, placée au centre de la salle, offrait une vue dégagée sur l’ensemble de la pièce, et sur la grande baie vitrée qui offrait un panorama sur les jardins impeccablement entretenus de l’école. Un menu en vélin, rédigé dans une calligraphie d’une précision artistique, reposait devant lui. Ce document soigneusement préparé présentait une sélection de plats allant des mets impériaux traditionnels aux créations culinaires plus exotiques, reflétant ainsi la diversité des royaumes qui composaient l’Empire.
Sans perdre un instant, Mero consulta le menu, puis formula sa commande d’une voix calme et posée, empreinte de cette assurance royale qui le caractérisait désormais.
« Je souhaiterais débuter par un apéritif léger : une tapenade d’olives finement assaisonnée, accompagnée d’un cocktail de jus de fruits frais et coloré. Pour l’entrée, je désire un foie gras d’oie, soigneusement préparé, suivi d’un saumon poché aux amandes, agrémenté de pommes duchesse parfaitement dorées. Pour le plateau de fromages, un assortiment varié me conviendrait, et pour clore ce repas, un café intense servi avec de délicats petits gâteaux. »
Le serveur, qui avait observé la commande avec une attention respectueuse, prit soigneusement note avant de s’éclipser en direction de la cuisine. Tandis que Mero attendait, le parfum subtil d’herbes fraîches et d’épices délicates s’élevait dans l’air, apportant avec lui la promesse d’un festin sensoriel.
Peu après, un plateau d’apéritifs fut présenté sur la table. La tapenade, servie avec de fines tranches de pain grillé, se mariait à merveille avec le cocktail de jus de fruits, dont les teintes chatoyantes reflétaient la vitalité et la fraîcheur des vergers impériaux. Chaque bouchée offrait un équilibre subtil entre la richesse de l’olive et la douceur naturelle des fruits.
Le repas se déroula ensuite dans une succession harmonieuse. Le foie gras d’oie, d’une texture fondante et d’une saveur délicate, fut servi avec du pain de campagne légèrement grillé, relevé par une pointe d’acidité apportée par des chutneys savoureux. Puis, le saumon poché aux amandes fit son apparition, chaque tranche se dissolvant dans la bouche avec une légèreté exquise, tandis que les pommes duchesse, à la fois croustillantes à l’extérieur et fondantes à l’intérieur, offraient un contraste de textures parfaitement maîtrisé. L’assortiment de fromages, véritable ode à la diversité des terroirs de l’Empire, présentait des fromages crémeux, affinés, accompagnés de fruits frais et de noix, éveillant les papilles avec une richesse de saveurs nuancée.
Pour conclure ce repas somptueux, un café aromatique fut servi, accompagné de petits gâteaux légers dont la douceur discrète parvenait à équilibrer l’amertume caractéristique de la boisson. Dans cette symphonie de saveurs et de textures, Mero sentit une satisfaction complète envahir ses sens. Chaque plat, chaque ingrédient semblait avoir été pensé pour exalter l’expérience gustative et rappeler l’excellence culinaire propre à l’Empire.
Cependant, au milieu de cette féérie gastronomique, une pensée lui traversa l’esprit. Tandis qu’il savourait mentalement les délices qui lui étaient offerts, il se dit que sa maîtresse d’hôtel, Leila, qui avait toujours veillé sur lui avec une tendresse inébranlable, devait être informée sans tarder de son régime alimentaire. Il craignait qu’en l’absence d’un suivi rigoureux, la tentation des mets somptueux ne le conduise à prendre du poids, compromettant ainsi sa condition physique indispensable à ses entraînements et à ses études intensives. Mero se promit donc de discuter de cette préoccupation avec Leila dès que l’occasion se présenterait, afin de s’assurer que ses besoins nutritionnels seraient respectés avec la rigueur requise par son statut.
Profitant d’un instant de répit, Mero jeta un coup d’œil autour de lui. Ses yeux se posèrent sur les autres convives. Il distingua, parmi eux, les armoiries fièrement arborées de la famille de Fine, une maison ancienne dont l’histoire avait été marquée par des conflits et des alliances fragiles. Ces armoiries, minutieusement sculptées sur des écussons brodés, lui rappelèrent les rivalités persistantes au sein de l’Empire. Un groupe de jeunes filles, attablées non loin de lui, attira son attention. Leur tenue élégante, leur maintien irréprochable et leur conversation discrète laissaient entrevoir l’appartenance à des familles influentes. Pourtant, elles semblaient délibérément tourner le dos à Mero, créant une barrière d’intimité qu’il hésitait à franchir. La curiosité et l’appréhension se mêlaient dans son regard. Il se demanda quels genres d’alliances ou de rivalités pouvaient naître de ces premiers contacts dans ce microcosme d’élites, où chaque rencontre pouvait transformer le cours des destinées.
Alors qu’il méditait sur ces réflexions, un serviteur fit signe à Mero de se lever. Celui-ci se redressa avec dignité, et, après un bref instant d’hésitation, se leva pour suivre le serviteur qui, d’un geste précis, l’entraîna à l’écart de la grande salle. Le visage du serviteur, d’une expression impassible et professionnelle, ne trahissait aucune émotion, mais son regard suggérait qu’il était porteur d’un message d’importance.
« Son Excellence, la secrétaire de l’École souhaite vous voir dès la fin de votre repas, » annonça-t-il d’une voix neutre avant de disparaître aussi discrètement qu’il était venu.
Mero hocha la tête, songeur, tandis qu’il terminait son café avec une pointe de curiosité. Pourquoi cette convocation soudaine ? Avait-elle trait à un ajustement de son emploi du temps, ou bien s’agissait-il d’une nouvelle directive émanant des hautes sphères de l’institution ? Sans tarder, il retourna à sa table, reprenant le cours normal de son repas, tout en gardant en lui l’ombre de cette question.
Lorsque le repas fut achevé, Mero se retira discrètement de la salle à manger. Le faste et l’effervescence de l’instant laissaient place à une réflexion plus personnelle. Il regagna ensuite son appartement, situé dans un étage supérieur du bâtiment, où le luxe feutré et l’atmosphère intime contrastaient avec l’agitation des espaces communs. Dans le calme relatif de sa chambre, il prit quelques instants pour se détendre et laisser vagabonder ses pensées, repensant à toutes les instructions et informations qui venaient de lui être communiquées.
Peu après, un léger coup à la porte attira son attention. Lorsqu’il ouvrit, la secrétaire de l’École Impériale de Mor fit son entrée avec la même prestance irréprochable qu’elle avait affichée plus tôt. Portant un dossier soigneusement agencé dans ses bras, elle inclina la tête en signe de salut respectueux et prit place face à lui dans le salon, dont la décoration raffinée et les meubles anciens créaient une atmosphère propice aux échanges officiels.
« Je vous remercie de me recevoir aussi rapidement, » déclara-t-elle d’une voix posée et assurée, avant d’ouvrir son dossier et de fixer Mero de ses yeux perçants. « J’ai plusieurs points à aborder concernant votre intégration et quelques ajustements à votre programme. » Sa voix, mesurée et empreinte d’un certain gravitas, faisait écho aux attentes élevées de l’institution.
Elle commença par expliquer que l’Empereur lui-même avait expressément demandé à être informé des progrès de Mero. « Cela ne signifie pas une surveillance constante, » précisa-t-elle, « mais une exigence que votre formation soit exemplaire en tout point. » Elle laissa un moment de silence s’écouler, permettant à Mero d’assimiler cette nouvelle responsabilité qui venait de s’ajouter à son fardeau déjà considérable.
Ensuite, elle aborda la question des cours spécialisés dont Mero avait exprimé le désir. « Nous avons pris en compte vos demandes pour des cours d’armes, de danse et de navigation. J’aimerais vous présenter les premières propositions que nous avons reçues pour vos professeurs. » Elle tendit à Mero une feuille détaillant plusieurs noms, accompagnés de leurs qualifications et expériences respectives.
« Avez-vous des exigences supplémentaires ou souhaitez-vous que je procède aux premières rencontres avec ces instructeurs ? » demanda-t-elle d’un ton neutre mais assuré.
Mero, après une brève réflexion, répondit d’une voix ferme : « Vous pouvez procéder. » Un léger sourire se dessina sur le visage de la secrétaire, indiquant sa satisfaction face à la décision du jeune héritier.
Poursuivant son exposé, elle aborda le sujet du cadeau destiné à sa maîtresse d’hôtel, Leila, qui devait prochainement se marier. « Concernant ce présent, » expliqua-t-elle, « nous avons déjà entamé des démarches afin de sélectionner des prestataires de confiance qui prendront en charge l’organisation de ce cadeau. Vous recevrez sous peu une sélection d’options, vous permettant ainsi de faire votre choix en toute connaissance de cause. »
Elle conclut ensuite son intervention en rappelant à Mero que l’ensemble de ses demandes avait été soigneusement pris en compte, et que son emploi du temps serait ajusté pour répondre à ses attentes. « Vous recevrez votre première version d’ici demain matin, » lui assura-t-elle. Avant de clore la réunion, elle lui demanda s’il avait d’autres préoccupations ou requêtes supplémentaires.
Mero, réfléchissant quelques instants, déclara avec une fermeté calme : « Non, je désire rencontrer mes pairs. » La secrétaire hocha légèrement la tête et répondit :
Support creative writers by reading their stories on Royal Road, not stolen versions.
« Vous trouverez certainement des élèves dans le salon du dortoir, dans la salle de jeux, ou encore à la bibliothèque ou à la salle d’entraînement. La salle à manger, aux heures des repas, reste également un lieu propice aux rencontres. Si vous le souhaitez, je peux organiser une présentation plus officielle afin que vous puissiez faire connaissance avec les autres élèves de marque. »
Mero, sans hésiter, répondit que cela irait ainsi.
Puis, soucieux d’organiser au mieux tous les aspects de sa nouvelle vie, il aborda une question plus personnelle concernant ses habits. « Et pour mon tailleur ? » demanda-t-il.
La secrétaire répondit immédiatement :
« La maison Dargent & Fils, tailleur officiel de l’Académie, a été prévenue de votre demande. Un maître-tailleur viendra prendre vos mesures demain matin à votre convenance. Il vous proposera des modèles impériaux adaptés à votre rang, tout en tenant compte de vos préférences personnelles et du style raffiné propre à votre royaume. »
Elle lui tendit alors une carte de visite de la maison, illustrant leurs spécialités allant des uniformes aux tenues de cérémonie en passant par des vêtements sur mesure.
« Très bien, vous pouvez disposer, » dit Mero d’une voix affirmative. La secrétaire inclina légèrement la tête en signe d’acquiescement, ramassa ses documents et quitta la pièce avec une efficacité toute impériale, laissant Mero seul dans le silence de son appartement.
Ce moment de solitude lui permit de souffler un instant, de rassembler ses pensées et de se préparer à la prochaine étape de sa journée. Il se dit qu’il serait judicieux d’aller à la rencontre de ses pairs, comme il l’avait envisagé plus tôt. Avant de quitter définitivement son appartement pour explorer les espaces communs de l’École, Mero se changea rapidement, ajustant sa tenue avec soin afin de refléter son rang et de préserver l’image de dignité qui lui était chère.
Ainsi, après avoir soigneusement revu en mémoire chaque détail de cette matinée riche en échanges et en décisions, Mero se dirigea résolument vers la salle de jeux. C’était l’heure de tisser les premiers liens dans cet univers où l’élite se forge et se définit au gré des rencontres et des alliances naissantes.
Après avoir troqué ses vêtements formels contre une tenue plus décontractée – certes toujours empreinte d’élégance, digne d’un noble en quête de détente –, Mero quitta son appartement avec une assurance mesurée. Il savait pertinemment que l’atmosphère de la salle de jeux exigeait un style à la fois raffiné et décontracté, où les échanges se faisaient aussi bien sur les tapis de cartes que dans les discussions mondaines. Ses habits, soigneusement choisis, trahissaient l’union subtile de son rang et de son désir de se fondre dans le décor tout en gardant son allure souveraine.
En descendant les larges escaliers menant au rez-de-chaussée, une légère excitation parcourut Mero. C’était sa première occasion d’observer, dans un cadre moins formel, comment les autres élèves de marque se comportaient lorsqu’ils n’étaient pas soumis aux rigueurs protocolaires du matin. L’instant de passage entre les espaces feutrés de l’appartement et l’effervescence discrète des lieux communs lui paraissait être un rite de passage, une transition nécessaire pour appréhender pleinement les subtilités de ce nouvel environnement.
En poussant la porte de la salle de jeux, Mero fut saisi par l’ambiance feutrée des lieux. Murmures, cliquetis de jetons sur le bois poli et froissements de cartes composaient une symphonie discrète. Sous les regards intrigués ou réservés des joueurs, il s’imprégna de la pièce, appliquant les enseignements de maître Antonin : observer sans fixer, capter les détails en restant en retrait. Il adopta l’attitude d’un noble curieux mais détendu, masquant ses intentions derrière une apparente nonchalance.
À une table, trois hommes jouaient avec une intensité méthodique. Un adolescent, arborant l’insigne de la famille de Fine, souriait avec une politesse trompeuse, son regard perçant trahissant une vigilance aiguisée. Ses compagnons, l’un décontracté, l’autre rigide, échangeaient des murmures à peine audibles. Mero analysa leurs expressions et gestes, se remémorant les leçons sur le décryptage des attitudes. L’adolescent, sûr de lui mais calculateur, inspirait une méfiance mêlée de respect.
S’approchant sans perturber l’équilibre de la table, Mero fut interpellé par l’adolescent, dont les doigts agiles mélangeaient les cartes avec une dextérité révélatrice. « Un spectateur ou un joueur ? » lança-t-il, défiant. Mero déclina son identité, « Je m'appelle Mero du Royaume de Sel, fils du roi Heckt le sublime. ». "Un plaisir de vous rencontrer, Mero du Royaume de Sel. "Je suis Dorian, du Royaume de Fine " dit-il. Puis Il expliqua les règles de leur variante, soulignant l’importance de les maîtriser. « Êtes-vous ici pour gagner ou apprendre ? » questionna-t-il, scrutant Mero. Ce dernier opta pour l’observation, étudiant les interactions, les silences éloquents et les stratégies voilées.
Feignant maladresse lors de ses premières interventions, Mero laissa ses adversaires sous-estimer son jeu. Dorian, dupé par cette façade, relâcha sa vigilance. Chaque faux pas de Mero était en réalité une manœuvre pour percer leurs failles : l’hésitation de Dorian devant une carte décisive, la respiration saccadée d’un joueur en difficulté, le sourire narquois d’un autre risquant un pari audacieux. Ces indices, patiemment compilés, forgèrent sa contre-stratégie.
Au moment crucial, Mero joua une carte anodine, semant le doute chez Dorian. Un sourire énigmatique aux lèvres, il enchaîna des coups subtils qui déséquilibrèrent la partie. Après une défaite calculée pour endormir leurs soupçons, il remporta la victoire finale dans un retournement spectaculaire, laissant ses adversaires stupéfaits. Leurs félicitations, teintées de respect, consacrèrent sa métamorphose du « novice maladroit » en stratège imprévisible.
En quittant la table, Mero savoura la dynamique renouvelée de la salle : alliances fragiles, rivalités sourdes, regards chargés de défis. Chaque détail alimentait sa réflexion, éclairant les rapports de force de l’École Impériale.
Mero s'approcha du jeune homme installé au bar d’un air déterminé. « Je suis Mero, du Royaume de Sel. Puis-je me joindre à vous ? »
Le jeune homme, d'abord surpris par cette approche inattendue, leva un instant les yeux vers lui. Après un bref moment d’hésitation, son expression se radoucit, et il répondit d’une voix posée :
« Bien sûr, asseyez-vous. C’est un honneur de vous avoir parmi nous. »
Dégageant alors une place à côté de lui, le jeune homme invita Mero à s’installer. Malgré la méfiance qui se lisait dans ses traits, l’accueil fut courtois et empreint de réserve. Tandis que Mero prenait place, le jeune homme semblait attendre que ce dernier amorce la conversation.
Après un court silence, Mero scruta son interlocuteur, notant ses traits et la confiance tranquille qui émanait de lui. D’une voix calme et posée, Mero lança :
« Vous n’êtes pas de la région, n’est-ce pas ? J’oserais même dire que vous n’êtes pas du continent. Seriez-vous, par hasard, originaire du Royaume de Fer ? »
L’interlocuteur paraissait visiblement surpris par cette remarque incisive, mais son expression s’illumina rapidement. Un sourire discret s’esquissa sur ses lèvres alors qu’il répondait :
« Vous avez l’œil, en effet. Je viens du Royaume de Fer. Ce royaume, bien qu’un petit coin par rapport à l’immensité de l’Empire, recèle des trésors insoupçonnés et nourrit l’esprit des aventuriers. »
Il prit une gorgée de son verre, laissant ses yeux scruter ceux de Mero, curieux d’en apprendre davantage. Puis il demanda avec un ton à la fois interrogatif et chaleureux :
« Et vous, vous êtes d’ici, n’est-ce pas ? »
Sans attendre une réponse immédiate, Mero déclara d’un air tranquille :
« Je suis du Royaume de Sel, des terres baignées par la mer des Deux Jumelles dans l’océan Vert. »
Le jeune homme sembla se rattraper aussitôt, une légère rougeur de gêne colorant brièvement son visage, avant que son regard ne se fasse à nouveau vif d’intérêt. « Je m’excuse, » dit-il, « je n’avais pas prêté attention à votre présentation. Le Royaume de Sel… Voilà qui est fascinant. Vous devez avoir une connaissance approfondie de la mer. »
Il fit une pause, puis ajouta avec une pointe de malice :
« La mer des Deux Jumelles… C’est, comment dire, un lieu empreint de légendes. J’ai entendu maintes histoires sur vos voyages et sur l’art de naviguer dans ces eaux à la fois splendides et redoutées. »
Mero esquissa un sourire entendu, et, dans le même souffle, répliqua :
« Nos contrées maritimes recèlent des secrets que nul ne saurait égaler. Nous partageons une relation presque mystique avec l’océan, une symbiose qui façonne nos vies. Nous disons la même chose de votre royaume.»
Lui, visiblement flatté par la remarque, ajouta d’une voix plus détendue :
« Le Royaume de Fer, lui, est un lieu où le courage se mêle aux merveilles naturelles. La navigation y est une seconde nature. Pourtant, je dois avouer que vos terres maritimes, du Royaume de Sel, semblent exhaler une magie particulière. »
Les échanges prirent alors une tournure plus personnelle. Le jeune homme, manifestant une curiosité sincère, déclara :
« Si cela ne vous dérange pas, j’aimerais en savoir plus sur vos voyages. Comment est-ce de naviguer sur ces eaux légendaires ? »
Mero, dont le regard s’illumina à l’évocation de ses aventures, se lança dans un récit passionné. Il parla d’un marin hors pair, qui a accompagné Capitaine Kod, dont l’exploit – avoir accompli le tour du monde sans escale – était devenu une véritable légende dans son royaume. « Le Capitaine Kod n’était pas le premier à tenter un tel périple, » expliqua-t-il, « mais il fut le premier à réussir. Ensemble, ils affrontèrent des tempêtes redoutables, des mers inconnues, et ramenèrent avec eux des cartes et des légendes qui nourrissent encore aujourd’hui l’esprit des aventuriers. »
L’assemblée, composée des convives présents autour du bar, écoutait attentivement. Les discussions s’étaient tues, les verres avaient été posés, et chaque parole de Mero résonnait comme un écho venu d’un autre monde, celui des légendes et des voyages audacieux. Le jeune homme originaire du Royaume de Fer, visiblement ému, reprit la parole :
« C’est incroyable… une véritable leçon de courage et de détermination. Nos marins de Fer ont leurs propres histoires, certes, mais les vôtres semblent atteindre des sommets inégalés. »
Un autre convive, attiré par la discussion, intervint avec un intérêt palpable :
« Et ces cartes que vous mentionnez, ce sont-elles des trésors qui dévoilent des territoires inconnus ? »
Mero expliqua avec fierté que, dans son royaume, les cartes étaient considérées comme des héritages précieux, témoins des explorations. « Les cartes sont notre propriété comme nous avons intégré l'empire de notre propre volonté, peu de choses nous ont été imposées. Les seuls choses que nous devons nous soumettre et de payer l'impôt a l'empire, envoyer tous les deuxièmes nés de chaque famille noble à cette école et d'utiliser la langue de l'empire pour les correspondances extraterritoriales. Nous avons une certaine autonomie pour les décisions diplomatiques avec nos proches voisins du moment que cela bénéficie l'empire. »
Les mots de Mero avaient capté l’attention de tous les convives, et bientôt, la conversation s’orienta sur les relations entre leur royaume et l’Empire. Un jeune homme, dont le regard traduisait à la fois admiration et curiosité, demanda :
« Donc, vous n’êtes pas contraints par l’Empire à suivre des décisions qui nuiraient à vos intérêts ? »
Mero acquiesça, exposant avec clarté la situation de son peuple. « Effectivement, » dit-il, « nous jouissons d’une autonomie partielle. Nous entretenons des relations diplomatiques avec nos voisins, dans le respect de nos traditions, mais nous ne sommes pas soumis à une domination totale. »
Un autre interlocuteur, intrigué par l’usage de la langue, s’enquit :
« Et vous, parlez-vous couramment la langue impériale ? Votre aisance est remarquable. »
Mero répondit d’une voix posée, rappelant la richesse de son parcours :
« J’ai appris la langue impériale au cours de mon long voyage jusqu’ici. Petit à petit, j’ai intégré les subtilités de ses expressions, tout en conservant la fierté et l’authenticité de mon propre héritage. »
À mesure que la conversation s’enrichissait, chacun des convives partageait des anecdotes sur sa région, ses coutumes et les particularités de ses traditions. Un jeune homme aux cheveux sombres, originaire d’une contrée voisine, s’anima en racontant :
« Chez nous, le respect des anciens est sacré. Chaque année, nous organisons de grandes fêtes pour honorer nos ancêtres, et nos rituels, accompagnés de musique envoûtante, insufflent à notre culture une vitalité inégalée. »
Une adolescente, issue du Royaume de Fine, intervint alors:
« Nous avons, dans notre contrée, des traditions liées à la danse. Chaque mouvement est chargé de sens, et lors de nos bals, la qualité de la danse est censée porter chance pour l’année à venir. »
Les échanges se faisaient de plus en plus animés, chacun exposant avec fierté et passion les spécificités de son héritage. Un autre élève, la voix empreinte d’un profond respect pour la mer, déclara :
« Chez nous, c’est la mer qui régit tout. Nos vies, nos rythmes, sont dictés par les marées et les vagues. La mer est notre compagne, notre guide, et elle influence chaque décision que nous prenons. »
La discussion se mua en un véritable partage d’histoires et de visions, où chacun décrivait ses terres d’origine avec un mélange de nostalgie et de fierté. Mero, au cœur de cette effervescence culturelle, se sentit investi d’un rôle particulier. Il était non seulement le porte-parole de son propre royaume, mais également un pont entre les différentes traditions. Il exposa, avec un sourire, que dans le Royaume de Sel, les îles étaient aussi diverses qu’unies, et que chacune possédait ses propres coutumes, mais toutes se retrouvaient sous une bannière commune. Il mentionna, avec un ton empreint d’humour et d’assurance, que ses bateaux étaient réputés pour leur rapidité, rivalisant même avec les fameux sloops des légendaires barbares Viks.
Le jeune homme de Fer, visiblement impressionné, s’exclama :
« Vraiment ? Vous affirmez que vos navires rivalisent avec les Viks ? »
Ses yeux s’illuminèrent, et il prit une pause pour réfléchir avant de poursuivre :
« Les traditions de votre royaume doivent être aussi variées que les peuples qui y vivent. Mais dites-moi, comment parvenez-vous à concilier cette diversité avec une unité qui vous est propre ? »
Mero répondit avec une assurance tranquille :
« Chaque île de notre royaume possède ses propres traditions, mais nous partageons toutes une vision commune : celle de la liberté et de l’harmonie avec la mer. Nous avons su, au fil des générations, créer un équilibre entre l’indépendance de chaque communauté et l’unité de l’ensemble, un équilibre qui fait notre force. »
La soirée arrive, et l'heure du dîner se rapproche. Ils se lèvent tous pour se diriger vers la salle à manger, où ils prennent place autour de la table, prêts à poursuivre leur conversation entamée plus tôt. Le groupe de filles qui avaient tourné le dos à Mero à midi, continuent à lui tourner le dos.