Mero s’approcha de la porte de la boutique, son regard se portant sur la silhouette familière de la jeune fille. Elle se tenait là, adossée à l’encadrement de la porte, un sourire malicieux aux lèvres et un éclat mystérieux dans les yeux. Sans dire un mot, elle effleura ses lèvres de son doigt, puis souffla un baiser en direction de Mero, comme un appel silencieux mais insistant. L’air autour d’elle semblait plus lourd, presque chargé d’un mystère palpable, et un frisson parcourut son échine. Il y avait quelque chose dans son regard, dans sa posture, qui semblait à la fois invitant et dangereux.
Elle se tenait là, sereine et assurée, comme si ce lieu lui appartenait. Derrière elle, l’ombre des ruelles semblait s’être intensifiée, comme si elle émergeait d’un autre monde, d’une autre réalité. Le contraste était saisissant entre la fluidité de sa silhouette et l’atmosphère étrange de la boutique, encombrée de livres poussiéreux. Elle semblait irréelle, presque éthérée, et pourtant d’une présence indéniable.
Mero la regardait, son sourire espiègle gravé dans sa mémoire, ses cheveux bruns flottant légèrement comme animés par une brise qu’il ne pouvait percevoir. Elle lui fit un signe discret, une invitation silencieuse à la suivre, à comprendre ce qu’elle cachait. La curiosité brûlante commença à prendre le dessus sur sa prudence.
Autour de lui, Leila et les marins étaient absorbés dans leurs activités. Personne ne semblait remarquer la scène. Les bruits de la boutique, les discussions et les éclats de rire des autres clients, paraissaient se dissoudre, comme si tout l’univers s’était concentré sur cette jeune fille et ce geste énigmatique. Mero sentit la tension monter en lui, une étrange sensation qu’il ne pouvait définir. Elle fit deux pas en arrière. L’ombre de la porte se ferma derrière elle. Elle l’attendait derrière cette porte.
Il s’avança pour ouvrir la porte, a ceux moment-là des mains se saisissent brutalement de lui. Il se débat, mais la prise est ferme, il est rapidement emporté dans les ruelles sombres. Ses efforts pour se libérer sont vains.
Il lutte, malgré ses efforts, Mero est entraîné dans les ruelles, les pavés humides résonnant sous ses pas. La jeune fille, à distance, observait la scène, ses yeux brillants d’un éclat particulier. Ses lèvres bougent, murmurant des mots dans une langue inconnue, et immédiatement, quelque chose change dans l’attitude des hommes. Leur prise se relâche un peu.
L’un des hommes, plus grand que les autres, se penche légèrement vers la jeune fille et lui murmure quelque chose d’absolument respectueux, presque craintif. La tension se dissipe légèrement, mais Mero reste toujours prisonnier de cette situation étrange. La ville autour de lui semble devenir plus menaçante, les ruelles se resserrent, les murs montent plus haut.
La jeune fille s’avance alors vers lui, son regard capturant le sien, un sourire énigmatique jouant toujours sur ses lèvres. Lorsqu’elle s’arrête devant lui, un simple geste de la main suffit à faire relâcher la prise des hommes. Ils s’arrêtent, immobiles, attendant son ordre. Le calme est presque surnaturel, mais la situation n’en demeure pas moins tendue. La jeune fille lui offre un moment de silence, une occasion de poser des questions ou de s’interroger, mais Mero sent que la tension est palpable dans l’air. Les hommes autour de lui agissent comme s’ils la respectaient, la craignaient même, malgré leur force apparente.
Mero la sentit s’approcher de lui, une présence envoûtante, presque irréelle. Elle souriait, et ses lèvres murmurèrent, dans un impérial très rudimentaire, mais imprégné d’un accent épais, une phrase qui vibra dans l’air lourd autour de lui :
« J’ai un petit prince pour moi toute seule. »
Elle caressa son visage d’une main légère, presque possessive. La douceur de son geste, pourtant si tendre, était troublante, comme si elle s’appropriait une partie de lui. La voix qui l’accompagnait, à la fois étrange et familière, résonnait dans sa tête. Ses mots, bien que brisés, semblaient pleins de sous-entendus, comme si chaque syllabe était une clé ouvrant une porte qu’il n’osait pas franchir. L’accent, si particulier, enroulait la langue impériale d’un mélange déroutant. Mais ce qui frappait le plus Mero, c’était l’intention qui émanait d’elle, claire et indiscutable : elle le considérait comme une possession, une chose précieuse qu’elle avait conquise.
La caresse sur son visage, douce comme un voile, ne parvenait pas à masquer l’étrange sentiment de domination qui en découlait. Il comprit alors : la boîte ornée des armoiries de sa famille, c’était elle. C’était elle qui l’avait mis sur l’étal, c’était elle avait tout orchestré.
Chaque fibre de son être lui criait de résister, de fuir, de se détourner de cette aura hypnotique. Pourtant, quelque chose en lui hésitait. Un mélange de curiosité et de terreur s’entrelaçait en lui, l’empêchant de bouger, de penser clairement. Les hommes derrière elle demeuraient figés, comme des statues silencieuses, observant sans bouger, attendant son signal, prêts à agir sur un ordre.
Elle se pencha alors légèrement vers lui, ses yeux se faisant plus perçants, comme si elle cherchait à lire ses pensées les plus profondes, à percer ses secrets les mieux gardés. Le monde autour de Mero sembla se contracter, rétrécissant jusqu’à ce qu’il ne perçoive plus rien d’autre que cette fille et la tension écrasante entre eux. Un silence lourd s’installa, oppressant, avant qu’elle ne murmure à nouveau, sa voix douce, mais empreinte d’une détermination glaciale.
Unauthorized usage: this tale is on Amazon without the author's consent. Report any sightings.
« Tu es différent… Un petit prince dans un monde de pirates. Mais ici, il n’y a pas de règles, pas de lois, juste la survie et le désir. »
Ses paroles, énigmatiques et tranchantes, frappèrent Mero de plein fouet. Elle parlait d’un autre monde, d’un univers où il n’était plus l’étudiant protégé de l’Empire, où il n’était plus qu’un pion fragile sur un échiquier qu’il ne comprenait pas encore. Un monde d’anarchie, où les codes de noblesse étaient absents, et où seuls comptaient la survie et le désir de pouvoir. Ces mots, si clairs et pourtant si mystérieux, laissaient entrevoir un jeu dangereux dont il ne pouvait encore voir l’issue. Un jeu auquel il se retrouvait déjà pris, sans issue apparente.
Elle recula légèrement, son sourire demeurant, mais ses yeux, eux, restaient fixés sur les siens, comme un fauve sur sa proie. Les hommes derrière elle, toujours immobiles, ne bougeaient pas, ne faisaient aucun geste. Mero se retrouvait pris dans cette danse silencieuse, où chaque mouvement semblait calculé, chaque respiration lourde de sens. Le temps s’était suspendu, et il ne savait plus où se trouvait.
Elle leur parla dans cette langue inconnue, et, sans un regard supplémentaire pour Mero, ils poursuivirent leur marche. Il fut emmené à travers la ville, jusqu'à une maison majestueuse située sur la colline, dominant la baie. L'endroit était somptueux par rapport aux ruelles étroites et sales qu'il venait de quitter, mais la douceur de l’extérieur n'atténuait en rien la tension qui empoignait son cœur.
On le jeta sans ménagement dans une pièce, qui se voulait luxueuse pour le coin, mais qui n'était en réalité qu’un décor fait pour étouffer, pour enfermer. La porte claqua avec une violence inattendue, et Mero se retrouva seul dans cet espace étrange. Les murs étaient ornés de tapisseries aux couleurs vives, des objets d'art qui paraissaient tout droit sortis d'un autre monde jonchaient la pièce, et le mobilier, bien que modeste à l’échelle impériale, semblait confortable. Mais malgré l’apparente richesse, une lourdeur oppressante régnait dans l’air, une sensation de confinement, comme si cet endroit était tout sauf un refuge.
Les barreaux aux fenêtres étaient un rappel brutal : il n’était plus chez lui. Ici, son statut de noble ne valait rien. Dans ce monde, où les règles n'étaient pas celles qu'il connaissait, il n'était qu'un étranger, un pion. Le silence était devenu une toile tendue, et les bruits extérieurs, les murmures lointains, rendaient la situation encore plus sinistre.
Il entendit des pas s’éloigner dans le couloir, avant que tout ne retombe dans un silence lourd et insupportable. Seul. Là, au cœur de cette maison qui ressemblait à l’antre d’un monde qu’il ne comprenait pas encore. La jeune fille qui l’avait attiré ici n’était plus là, mais ses paroles flottaient dans l’air comme une malédiction. "Un petit prince", elle avait dit… Mais pourquoi lui ?
Les questions s'entrechoquaient dans son esprit, comme des vagues battant une rive indomptée. Que voulait-elle dire par "petit prince" ? Quel rôle jouait-il dans ce jeu qu’il ne maîtrisait pas ? La pensée de ses intentions lui serra la poitrine. Était-ce un piège, ou quelque chose de bien plus sinistre encore ?
Son esprit était pris dans une spirale de réflexions, quand soudain un bruit extérieur brisa le silence. Des pas se rapprochaient. Le cœur de Mero se serra, il s’approcha de la porte, son esprit tendu à l'extrême, se demandant ce qui allait suivre. Était-ce le moment où tout basculerait ?
La porte s’ouvrit à nouveau avec un grincement sinistre, et une silhouette se dessina dans l'embrasure. La jeune fille, accompagnée de plusieurs hommes. Leur regard était lourd de significations non dites, comme si un pacte invisible les liait. Ils étaient venus pour lui, mais dans quel but ? Pourquoi ?
Sans un mot, ils lui tendirent un habit d'apparat. Le tissu était riche, une soie fine et légère, qui brillait faiblement à la lumière. Mais tout, de la couleur à la coupe, lui était totalement étranger. Il n'y avait aucune référence à l’Empire, ni symboles impériaux, ni motifs qu’il aurait pu reconnaître. C'était comme si cet habit lui avait été destiné par un autre monde, un monde dont il ignorait tout.
L’atmosphère se tendit davantage. Ils se retirèrent sans un regard, le laissant seul, chargé de ce vêtement étrange. Ses mains se fermèrent sur le tissu, lissant les fibres soyeuses sans parvenir à en saisir le sens. Chaque seconde semblait une éternité. L’incertitude et la peur l'envahissaient. Pourquoi ce vêtement ? Pourquoi maintenant ?
Il savait que le temps lui était compté. Il se tourna vers le miroir, observant l’habit dans ses mains, mais son esprit vagabondait ailleurs. Le silence de la pièce, l'isolement soudain, lui donnaient la sensation que tout ce qu’il faisait, chaque mouvement, le rapprochait un peu plus d’un destin qu’il n’avait pas choisi. La question qui hantait son esprit restait inchangée : Pourquoi lui ?
Sans même s'en rendre compte, il enfila l’habit, d’abord hésitant, mais bientôt avec une détermination désespérée. Chaque geste semblait une réponse à un défi qui lui échappait, et pourtant, la certitude qu'il était en train de se métamorphoser, de devenir autre chose, grandissait en lui. Un rôle à jouer, un jeu dangereux dont les règles lui étaient encore inconnues.
Alors qu’il ajustait le dernier morceau du vêtement, les bruits de pas se rapprochèrent à nouveau. La porte s’ouvrit avec fracas, et les hommes entrèrent. Ils l'examinèrent d’un regard hautain, un mélange de dérision et de satisfaction dans leurs yeux. Sans un mot, ils lui firent signe de les suivre.
Mero sentit alors le poids du moment sur ses épaules. Ce qu’il faisait, où il allait, tout cela échappait à son contrôle. Il était pris dans une toile qu'il ne savait pas tissée, et il n'avait pas le choix que de suivre. Où allaient-ils le mener ? Que voulaient-ils de lui ? Une chose était certaine : il n'était qu'un pion dans ce jeu, mais quel genre de joueur en serait-il à la fin ?