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Le boudoir

Mero se trouvait seul dans le vaste hall de l’hôtel royal. Dans l’immense chambre qui lui était destinée, les serviteurs s’inclinaient en silence devant lui, exécutant leurs tâches avec une précision mécanique. Pourtant, en dépit de ce cérémonial respectueux, une étrange absence pesait lourdement dans l’air. L’ombre de la solitude se diffusait dans chaque recoin de la pièce. Mero scrutait l’endroit d’un regard tourmenté : où étaient passés Leïla et son maître ? Leur présence, jusque-là si constante et rassurante dans sa vie, avait disparu, laissant derrière elle un vide oppressant.

Les serviteurs, bien qu’effacés dans leur dévouement, ne semblaient guère prêter attention aux préoccupations du jeune prince. Leur unique mission consistait à servir sans jamais troubler le silence pesant qui régnait dans ce sanctuaire de fastes et de traditions. Mero, le cœur alourdi, se demandait si son maître n’avait point dû s’absenter pour régler des affaires urgentes à l’extérieur de l’hôtel, ou si Leïla, toujours si présente jusque-là, s’était laissée emporter par quelque tâche qu’elle jugeait indispensable. Quoi qu’il en fût, l’absence de ces figures importantes de sa vie ne faisait qu’accentuer la mélancolie qui s’était installée en lui.

Les murs richement décorés, témoins d’un passé glorieux, semblaient désormais figés dans une froide immobilité. Le jeune héritier se sentait isolé dans cet univers de dorures et de tapisseries, chaque objet évoquant des souvenirs d’un temps où la présence de ses proches illuminait les lieux. Le froid de la réalité s’insinuait dans chaque recoin, transformant la somptuosité ambiante en une prison silencieuse. Il était désormais confronté à la dure vérité : il n’était plus un enfant placé sous la protection infaillible d’autrui, mais un prince appelé à choisir son propre destin, seul face aux incertitudes d’un avenir qui se dessinait dans l’ombre des responsabilités.

Déterminé à percer le mystère de ces absences, Mero quitta la chambre royale et se dirigea vers la porte d’entrée. À peine eut-il franchi le palier qu’il se heurta à la rigueur des gardes postés devant lui. Les hommes, au regard dur et presque mécanique, lui barrèrent la route. Malgré son rang royal, Mero restait un mineur aux yeux de la loi, et, en dépit de son héritage, il ne pouvait arpentier librement les couloirs du monde extérieur sans la présence d’un tuteur ou d’un parent.

Leurs regards étaient implacables, empreints d’une froide autorité qui laissait transparaître une obéissance stricte aux règlements en vigueur. Cette restriction, bien que frustrante, rappelait cruellement au jeune prince la dualité de sa condition : protégé par la puissance de sa lignée, mais en même temps enchaîné à des contraintes imposées par un système politique dont il ne connaissait pas encore tous les arcanes.

Refusant de se laisser abattre, Mero s’enfonça dans les couloirs cossus de l’hôtel royal. Le silence feutré des vastes corridors fut bientôt troublé par le murmure discret d’une conversation. Au détour d’un passage, il aperçut la porte entrouverte d’un boudoir richement décoré. Intrigué, il s’y glissa discrètement. À l’intérieur, un groupe de femmes élégantes se livrait à une conversation animée, échangeant des potins et des confidences avec une légèreté apparente.

Assis discrètement sur un petit fauteuil dans un coin ombragé, Mero écouta d’une oreille attentive. Les discussions portaient d’abord sur des sujets de mode et de la vie quotidienne, mais derrière ces apparences anodines se dissimulaient des allusions plus piquantes. Parfois, au milieu des récits de famille et des anecdotes légères, se glissaient des commentaires sur les intrigues de cour, des rumeurs sur les ambitions de certains nobles, voire des murmures sur les manœuvres politiques en coulisses. Le jeune prince savait que, dans cet univers de luxe et de secrets, chaque parole pouvait être une clé pour comprendre les forces en présence dans l’Empire.

L’une des femmes, d’une élégance mature et au regard vif, finit par remarquer l’attention soutenue que Mero portait à leur conversation. Se penchant légèrement, elle lança d’une voix douce mais assurée :

« Tu sembles perdu, jeune prince. Le monde qui t’entoure ne ressemble en rien à celui d’où tu viens, n’est-ce pas ? »

Ces mots, simples en apparence, résonnèrent en lui comme une invitation à dévoiler ses pensées les plus intimes. Plutôt que de se sentir pris au dépourvu, Mero rassembla son courage et répondit avec politesse :

« Veuillez pardonner ma curiosité, je viens d’arriver ici. Pourriez-vous, s’il vous plaît, m’éclairer sur la ville et sa région ? »

La femme sourit, visiblement flattée par la courtoisie du jeune prince. D’un geste gracieux, elle fit signe aux autres de se taire un instant et se pencha vers lui comme pour lui confier un secret précieux. Dans un regard qui oscillait entre la malice et la sagesse, elle le scruta intensément, cherchant à déceler ce qui se cachait derrière son expression interrogative. Puis, d’un ton posé, elle déclara :

« Tu n’es pas difficile à identifier, Mero. Chacun de nous a ses propres moyens pour appréhender la vérité. Quant aux prénoms, il est coutume parmi les familles influentes de se tutoyer parfois pour briser la glace, non par familiarité, mais pour mieux comprendre l’essence des choses. Sache que c’est dans l’intérêt de notre conversation que j’ai utilisé ton prénom. »

Le regard de la dame se fit pénétrant, comme si elle cherchait à évaluer la réaction du jeune prince à ces mots énigmatiques. Mero, bien que surpris, répondit avec la fermeté de quelqu’un qui tenait à ce que le respect soit maintenu :

« Madame, je vous prie de m’excuser, mais je ne souhaite point être tutoyé par quelqu’un que je ne connais pas intimement. »

La femme ajusta légèrement sa posture, esquissant un sourire qui trahissait à la fois amusement et respect. D’une voix mesurée, elle répondit :

« Mes excuses, Mero. Il semble que mes habitudes aient pris le pas sur la bienséance. Je veillerai désormais à vous vouvoyer avec tout le respect qui vous est dû. »

Après une courte pause, elle reprit d’un ton plus posé, révélant une lueur d’intérêt dans ses yeux :

« Il est rare de croiser quelqu’un qui tient tant aux règles de la bienséance. Tu sembles être un homme bien éduqué, et cela te sied fort. Mais dis-moi, jeune prince, souhaites-tu en savoir davantage sur ce qui t’attend à l’école impériale de Mor ? »

Mero, ne souhaitant pas perdre de vue l’objet de sa présence, répliqua avec une pointe de fermeté :

« Je vous remercie de votre sollicitude, mais je vous en prie, n’utilisez pas mon prénom si vous n’êtes pas en droit de le faire. »

La dame hocha la tête avec gravité et, d’un air contrit, s’excusa à nouveau. Après ce bref échange sur les convenances, elle changea de sujet pour aborder la ville dans laquelle ils se trouvaient :

« Ah, Mozanb… autrefois un simple port de pêche, aujourd’hui le cœur battant de l’industrie de l’Empire dans cette région. Ici, les usines, les forges et les chantiers navals témoignent de la main de l’homme qui a su transformer chaque ruelle et chaque quai en un théâtre du travail incessant. Pourtant, dans l’ombre de ce tumulte, une autre vie se déploie : celle des marchands, des politiciens, et de tous ceux qui profitent de ce développement à grande échelle. »

Elle se tourna vers la fenêtre, laissant son regard errer un instant sur le paysage urbain avant de reprendre d’un ton empreint de gravité :

« Le port de Mozanb est l’un des plus actifs, accueillant des navires venus de tous les coins de l’Empire et même d’ailleurs. Cependant, derrière cette façade de prospérité se cachent les ambitions déchaînées de la famille royale de Mozanb, jadis symbole de splendeur, désormais réduite à l’ombre d’elle-même par l’influence grandissante de l’Empire. »

Un sourire acéré se dessina sur ses lèvres, mêlant malice et sagesse, tandis qu’elle ajoutait :

« Et vous désirez savoir ce qui se cache sous cette apparence, n’est-ce pas ? Des intrigues, des alliances secrètes, des trahisons… La politique de l’Empire est tissée de fils invisibles, dont peu osent parler ouvertement. Mais je doute que vous soyez encore prêt à tout découvrir. »

Mero, malgré sa jeunesse, écoutait ces confidences avec une attention soutenue. Pourtant, il ne pouvait s’empêcher d’exprimer une petite réticence :

« Pardonnez-moi, mais ce que vous venez de me dire ne m’est pas inconnu. J’aurais préféré que vous m’éclairiez davantage sur les familles influentes de Mozanb. »

La dame parut un instant déstabilisé par cette demande, puis son regard s’adoucit, comme si elle avait perçu dans les paroles du jeune prince une aspiration plus profonde. D’une voix plus solennelle, elle déclara :

« Très bien, jeune prince. Permetez-moi de vous indiquer les noms des deux dynasties qui dominent cette ville. D’abord, la famille Frosin, dirigée par le redoutable Duke Alaric Frosin. Leur fortune, bâtie sur le commerce maritime et l’industrie, notamment dans l’armement, est légendaire. Leurs chantiers navals rivalisent avec les plus grands, et leurs navires forment l’épine dorsale de la flotte marchande de l’Empire. Le duke est un homme froid et pragmatique, qui s’est taillé une place de choix à la cour de l’Empereur. »

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Elle marqua une pause, laissant le poids de ses paroles imprégner l’atmosphère, puis poursuivit :

« À l’opposé, il y a la famille Tigran, plus ancienne et profondément ancrée dans les traditions locales. Ils dominent les terres agricoles entourant Mozanb, possédant d’immenses vignobles et plantations de betterave à sucre. Leur influence sur le commerce régional est considérable. Le patriarche, Lord Demetrio Tigran, est reconnu pour sa grande sagesse et sa prudence, bien qu’il entretienne des liens discrets avec l’Empereur, contrastant ainsi avec l’opulence ostentatoire des Frosin. »

D’un geste mesuré, la dame jeta un regard furtif aux autres convives du boudoir, puis, reprenant d’un ton conspirateur, elle ajouta :

« Mais des rumeurs circulent… Certains prétendent que ces deux familles, malgré leurs puissances apparentes et leurs intérêts divergents, cherchent à s’allier en secret. Le mariage du commerce du sucre et de l’armement pourrait, en effet, s’avérer être une union des plus fructueuses. Par ailleurs, d’autres factions – des clans, des mercenaires, des politiciens de l’ombre – attendent leur heure pour tirer profit de la situation. Si tu veux comprendre le véritable pouvoir qui se joue ici, sache que ces deux familles ne sont qu’un point de départ. »

Un sourire énigmatique se dessina sur le visage de la dame, qui, avec une pointe d’invitation dans les yeux, demanda alors à Mero :

« Je vous remercie de m’avoir écoutée, jeune prince. Permetez-moi maintenant de vous poser une question en retour : quel est votre but ici, à Mozanb ?»

Le silence se fit un instant pesant. Mero, conscient de l’importance de cette interrogation, répondit d’une voix calme mais résolue :

« Mozanb n’est pour moi qu’une escale. Demain, je prendrai la route vers l’école impériale de Mor. »

La dame parut surprise par cette réponse succincte, et ses yeux, auparavant emplis d’une lueur espiègle, se firent plus perçants, comme si elle sondait la profondeur de ses motivations. Après un moment de réflexion, elle déclara d’un ton empreint de respect et d’un intérêt sincère :

« L’école impériale de Mor est une institution prestigieuse, un lieu où se forgent les futurs leaders et où la politique, les armes et l’art de gouverner se transmettent aux héritiers. Dite-moi, qu’est-ce qui vous attire dans cet univers ? Pourquoi avez-vous choisi ce chemin, qui vous entraîne dans les méandres de l’Empire et de ses intrigues, plutôt qu’un autre, peut-être plus libre et moins dicté par les convenances ? »

Avant que Mero ne puisse répondre à cette question existentielle, son attention fut attirée par une autre conversation qui parvint à ses oreilles. L’un des sujets évoqués concernait la tragique capitulation du royaume d’Ambrelune. D’un ton à peine dissimulé, Mero se tourna vers l’une des dames présentes et demanda, avec une voix empreinte de curiosité mêlée de douleur :

« J’ai lu que le royaume d’Ambrelune avait capitulé. Pourriez-vous m’en dire davantage sur ces événements ? »

La dame, dont le visage s’illumina d’un sourire en coin derrière l’éventail qu’elle tenait, se mit à rire légèrement avant de répondre :

« Ce royaume, dit-on, a eu l’audace d’insulter l’Empire. On raconte qu’il a osé accuser une personnalité royale d’avoir délibérément mis le feu à une ville insignifiante. Selon les dernières nouvelles, le sinistre incendie aurait été déclenché par les pirates à la tête de serpent, venus assassiner quelqu’un d’important. Le royaume, malgré des preuves accablantes, n’a pas voulu en démordre et a osé menacer l’Empire. »

Autour d’elle, quelques autres convives se mirent à glousser, comme si la terrible tragédie se transformait en une sorte d’anecdote grotesque dans le grand théâtre politique. Une autre dame intervint :

« Justice a été faite, on ne menace pas l’Empire. »

Pourtant, au fond de son être, Mero savait pertinemment que ce récit officiel, soigneusement étalé par la propagande impériale, ne correspondait pas à la vérité qu’il percevait en lui. Dans son for intérieur, il se disait que la version diffusée par l’Empire, bien qu’elle lui convenât en apparence en le liant à l’ordre établi, masquait peut-être des réalités bien plus sombres et complexes.

Les mots de la conversation résonnaient en lui comme une accusation silencieuse. La tragédie d’Ambrelune, dont il portait lui-même une part de culpabilité, se dressait comme un spectre inévitable dans son esprit. Le souvenir des flammes dévorantes et des cris étouffés hantait ses nuits, rappelant que la grandeur d’un royaume pouvait se réduire en cendres en un seul instant. Pourtant, loin de se laisser submerger par le désespoir, Mero sentait en lui une détermination naissante, l’envie irrépressible de comprendre et, peut-être, de se racheter.

Mero sentit alors monter en lui un élan de révolte et de curiosité. Ce discours, teinté de sagacité et de mystère, éveillait en lui le désir de percer les voiles de l’illusion et de comprendre la véritable nature du pouvoir. Pourtant, il se rappelait douloureusement que chaque réponse pouvait lui coûter cher, que chaque révélation pouvait ouvrir la porte à des responsabilités qu’il n’avait peut-être pas encore choisies.

Le boudoir se mua alors en une scène d’intense introspection, où chaque mot, chaque geste, semblait porter le poids d’un destin déjà tracé. Mero, le jeune prince aux yeux emplis de douleur et de détermination, se retrouva face à un choix crucial. Devait-il se laisser emporter par la version apaisante de l’Empire, ou bien oser chercher la vérité, coûte que coûte, dans l’ombre des mensonges officiels ? La réponse restait suspendue, aussi incertaine que l’avenir qui se dessinait devant lui.

Il erra ensuite dans les couloirs du grand hôtel, observant en silence les serviteurs affairés et les regards impassibles des gardes. Chaque instant était empreint d’une tension subtile, comme si le destin lui-même se jouait de lui dans ce décor de faste et d’apparences figées. Mero, le cœur battant à l’unisson avec le fracas intérieur de ses doutes et de ses ambitions, se demandait s’il parviendrait un jour à percer les mystères de l’Empire et à trouver sa propre voie, loin des ombres oppressantes du passé.

Le jeune prince savait désormais que la solitude qui l’entourait n’était qu’un prélude à une lutte intérieure plus vaste. Il n’était plus un enfant, mais un homme en devenir, un être destiné à porter le fardeau d’un héritage ancestral et à défier les lois d’un monde qui se voulait inébranlable. Chaque rencontre, chaque parole échangée, était une pièce du puzzle complexe qui constituait son avenir.

Ainsi, dans le calme relatif d’un couloir faiblement éclairé, Mero se retrouva face à un miroir ancien, vestige d’un temps révolu. Son regard se plongea dans celui de l’image qu’il renvoyait, et il vit en lui la fragilité d’un enfant et la détermination d’un futur leader. Les cicatrices d’un passé sanglant, les erreurs commises lors d’événements tragiques – notamment celle d’Ambrelune – se mêlaient aux aspirations d’un homme qui refusait de capituler devant la fatalité. Il comprit que le chemin qui s’ouvrait devant lui serait parsemé de choix difficiles, de sacrifices indispensables pour forger une nouvelle ère.

Alors que le jour déclinait et que les ombres s’allongeaient sur les dalles froides de l’hôtel, Mero quitta le couloir pour regagner sa chambre royale. Le silence lourd de ce lieu, empli de souvenirs et d’intrigues, l’enveloppait comme une cape de mystère. Il savait que, bientôt, il devrait affronter non seulement les contraintes de son jeune âge, mais aussi les lourdes responsabilités d’un héritier destiné à changer le cours de l’histoire.

Dans la pénombre de sa chambre, alors que la lumière mourante se glissait à travers de grandes fenêtres, Mero repensa aux mots entendus plus tôt dans le boudoir. Chaque phrase, chaque regard échangé, se grava dans son esprit, comme autant d’enseignements indispensables à la compréhension de ce monde cruel et fascinant. La ville de Mozanb, avec ses contrastes saisissants entre modernité déshumanisante et traditions oubliées, se dessinait désormais comme le théâtre d’une lutte perpétuelle entre le passé et l’avenir.

Le jeune prince comprit alors que, pour tracer sa propre voie, il devrait apprendre à naviguer dans cet océan de mensonges et de vérités dissimulées, à sonder les abysses des intrigues politiques qui régissaient l’Empire. Il se souvint des paroles de la dame, qui avait évoqué avec acuité les destins croisés des familles Frosin et Tigran, et se jura de garder en mémoire que le pouvoir véritable se forge dans l’adversité, dans la capacité à remettre en question l’ordre établi.

Avec une résolution nouvelle, Mero se leva de son lit et s’approcha du grand miroir. Son regard se fit plus dur, empreint de la détermination d’un homme qui refuse de se laisser vaincre par la fatalité. Dans le reflet, il ne vit pas seulement le visage d’un enfant protégé, mais celui d’un futur souverain, dont le cœur portait déjà les cicatrices d’un passé tragique et les espoirs d’un renouveau. Chaque ride naissante, chaque éclat de détermination dans ses yeux, témoignait de la lutte incessante qui l’animait.

Le destin, pensait-il, ne se contentait pas de frapper ceux qui osaient se dresser contre lui. Il exigeait que l’on paye le prix de ses ambitions, que l’on assume la responsabilité de ses erreurs. Pourtant, c’était dans cette douloureuse lucidité que se trouvait la force de transformer la douleur en une arme. Mero savait que son avenir serait semé d’embûches, que chaque pas sur le chemin de la rédemption serait une épreuve en soi. Mais il était prêt à relever le défi, à forger sa propre légende malgré les ombres du passé.

Alors que la nuit s’installa définitivement sur Mozanb, enveloppant la ville de son voile d’obscurité, Mero se retrouva seul dans le silence de sa chambre royale, méditant sur les questions qui l’assaillaient. Le souvenir de son maître et de Leïla, ainsi que les échanges du boudoir, se mélangeaient en lui pour former un tableau complexe de trahisons, d’espoirs et de promesses non tenues. Mais, en dépit de la solitude qui le rongeait, il savait que chaque épreuve, chaque rencontre, le rapprochait un peu plus de l’homme qu’il était destiné à devenir.