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L'Empire de Mor - Mero [French]
La Découverte de la Vérité

La Découverte de la Vérité

Mero se leva doucement, perturbé par l'absence de sa nourrice. L'ombre de la cabine vide le surprit. Habituellement, Leila veillait toujours près de lui, prête à répondre à ses besoins ou à l’accompagner si nécessaire. Il se demanda si elle avait dû sortir pour une raison particulière ou si quelque chose n’allait pas.

En traversant la pièce, il jeta un coup d'œil rapide autour de lui, mais rien ne semblait anormal. Les autres cabines étaient silencieuses, et les marins endormis. La mer, calme cette nuit-là, n'en accentuait que le silence.

Arrivé aux toilettes, Mero prit un moment pour se recentrer, mais l'inquiétude persistait. Pourquoi Leila avait-elle quitté la cabine ? Était-ce une urgence ? Ou avait-elle décidé de se rendre quelque part sans le réveiller ?

Il décida de retourner dans la cabine, scrutant les ténèbres à la recherche d’un signe ou d’une réponse. En fouillant la pièce, il constata que ses affaires étaient rangées et pliées comme à son habitude. Ses habits de jour étaient là. Mais quelque chose n’allait pas. Ses vêtements de nuit manquaient. Cela ne lui échappa pas. Pourquoi n'avait-elle pas pris ses affaires avec elle si elle devait sortir ? Un détail qui ne fit qu'accroître son inquiétude.

Ne voulant pas perdre de temps, il quitta la cabine et s'avança dans les couloirs étroits du navire. La faible lueur des lanternes vacillait sur les murs, projetant des ombres longues et inquiétantes. Le navire semblait silencieux, comme si la mer elle-même retenait son souffle.

Il parcourut les allées du pont, les escaliers, scrutant chaque recoin à la recherche d'un indice. Les marins qui veillaient semblaient plongés dans une routine calme, presque trop calme pour la nuit. Certains se contentaient de discuter à voix basse, mais personne ne semblait prêt à lui offrir une réponse.

Il se dirigea ensuite vers les quartiers des autres membres de l'équipage, demandant discrètement à ceux qu’il croisait s'ils avaient vu Leila. Ils le regardaient tous, surpris, mais aucun d’eux n'avait d’informations à lui donner.

L’inquiétude de Mero grandit. Où pouvait-elle être à cette heure-ci ? Et pourquoi ne l’avait-elle pas prévenu ?

Mero se dirigea vers la cabine de Maître Antonin, frappant doucement avant d'entrer sans attendre la permission. Il savait que cela allait à l’encontre des règles, mais il ressentait une urgence qu’il ne pouvait ignorer.

En franchissant le seuil de la cabine, il aperçut Leila, allongée dans le lit avec Maître Antonin, ses cheveux en bataille. La scène le figea sur place. Leila, habituellement si réservée, reposait là, comme une vision incongrue, ses cheveux éparpillés autour d’elle. La vue de cette situation laissa un goût amer dans la bouche de Mero et une vague d’émotions contradictoires l’envahit : confusion, colère, trahison.

Maître Antonin tourna lentement son regard vers Mero, l’expression calme et presque indifférente, comme s’il était parfaitement conscient de la situation. Il le fixa d’un air presque placide, tandis que Leila, réveillée par l'intrusion, ouvrit les yeux, son visage marqué par la gêne.

Le silence qui s’installa fut lourd, chaque seconde semblant durer une éternité.

Maître Antonin, d’une voix étonnamment douce, prit enfin la parole :

"Tu devrais t'excuser pour ton intrusion, Mero. Mais je comprends ta confusion. Rentre dans ta chambre."

Leila, toujours dans le lit, sembla prête à dire quelque chose, mais se tut, son visage marqué par une étrange honte. Elle lança un dernier regard à Mero avant de se tourner vers Maître Antonin.

Perturbé, Mero retourna dans sa cabine, une sensation d'incompréhension pesant lourdement sur ses épaules. Le silence du navire semblait plus lourd cette nuit-là, tandis qu’il cherchait à digérer ce qu’il venait de découvrir.

Il se demandait ce qui se passait. Pour lui, Leila avait toujours été cette femme bienveillante, imperturbable, presque divine, semblable à la déesse Mq, celle qui veille sur la lune, vierge et sage.

Dans sa cabine, il s’assit sur le bord de son lit, perdu dans ses pensées. Le contraste entre l’image qu’il avait de Leila — toujours présente, calme et sage — et ce qu’il venait de découvrir le perturbait profondément. Cela remettait en question tant de choses qu’il pensait savoir.

Leila, cette figure de constance et de protection, semblait s'effriter dans ses pensées. Elle avait toujours représenté pour lui un modèle de stabilité. Dans son esprit, la déesse Mq, la gardienne de la sagesse et de la lune, se manifestait comme une lueur dans cette nuit d'incertitude. Peut-être que, comme Leila, cette déesse incarnait une force cachée, un pouvoir que Mero n’avait pas perçu jusque-là.

Mais qu'est-ce qui avait bien pu se passer pour que Leila agisse ainsi ? Était-ce une trahison ? Ou bien quelque chose de plus complexe échappait-il à sa compréhension ?

Ses yeux se fermèrent un instant alors qu’il cherchait une réponse. Mais tout ce qui lui revenait en tête, c’était l’image de la lune — calme et distante, mystérieuse et silencieuse. Elle semblait être une protectrice, mais aussi une entité pleine de secrets qu’il lui faudrait peut-être un jour percer.

Mero s'assit près de la fenêtre, observant la lune se refléter sur les vagues. Il ne remarqua pas tout de suite qu’il s’endormait. Lorsqu'il se réveilla, il se retrouvait dans son lit. Leila était là, le livre qu'il lui avait acheté dans les mains, attendant qu’il ouvre les yeux. Le soleil pénétrait doucement dans la cabine, réchauffant l’atmosphère calme.

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En la voyant, Mero se souvint de son regard calme, comme une mer paisible, qui contrastait avec l’agitation dans son cœur. Mais ce livre… celui qu’il lui avait acheté, symbolisait quelque chose de plus profond qu’une simple relation de protecteur et de pupille. Cela lui rappelait que, malgré la confusion de la veille, des liens forts subsistaient entre eux.

Leila le regarda, un sourire à peine perceptible sur ses lèvres, et dit d’une voix douce :

"Tu sembles fatigué, Mero. Le voyage et les nouvelles découvertes t’ont épuisé. Mais il est temps de reprendre la route."

Ses mots, aussi simples soient-ils, résonnèrent dans l’esprit de Mero. Il avait besoin de temps pour comprendre tout ce qui s’était passé, mais la réalité du voyage s’imposait. Leila semblait avoir retrouvé sa sagesse habituelle, mais quelque chose d'invisible flottait dans l’air, le poussant à la questionner davantage.

Mero se dit qu’il avait besoin de recul pour comprendre ce qui s’était passé. Il ne devait pas se précipiter, pas comme la veille. Le bateau avait déjà quitté le port depuis un moment. Le temps semblait se dilater alors qu’il réfléchissait à tout ce qui s’était passé. La mer calme, vue par la fenêtre, semblait vouloir lui parler, lui offrir un peu de paix. Mais au fond de lui, un flot de questions et d’émotions l'envahissait. Pourquoi cet étrange comportement de Leila ? Pourquoi cette confusion ? Pourquoi ce malaise que Leila et Maître Antonin semblaient cacher ?

Il se força à respirer profondément, à ne pas se précipiter comme la veille. Il savait qu’il était facile de se laisser emporter par les événements, mais la réflexion était désormais nécessaire. Il n'y avait pas de précipitation, il devait avancer prudemment, comprendre ce qui l'entourait avant d’agir.

Il observa Leila, toujours silencieuse, le livre posé délicatement sur ses genoux. Son regard semblait perdu, mais elle paraissait plus calme que la nuit précédente. Peut-être, dans sa propre manière, avait-elle aussi besoin de digérer ce qui s’était passé.

"Leila," dit-il doucement, pour briser le silence, "Tu as l’air… différente ce matin."

Elle releva les yeux vers lui, un léger sourire se dessinant sur ses lèvres.

"Il n’y a rien à comprendre, Mero. C’est une simple pause dans notre voyage. Parfois, nous devons simplement prendre un peu de recul."

Mais il y avait quelque chose dans son ton, une douceur qui masquait à peine un malaise, un secret qui ne demandait qu'à sortir.

Mero réalisa alors que, même s’il avait besoin de recul, ce moment de calme pouvait être le préambule à quelque chose de plus grand. La question était : était-il prêt à affronter la vérité, ou préférait-il rester dans l'ombre de cette tranquillité apparente ?

La mer et le ciel semblaient lui offrir un instant d'apaisement, mais à l’intérieur, des émotions contradictoires s’entrechoquées.

La question tournait dans l'esprit de Mero comme une marée qui refusait de se retirer. Il se demandait si la vérité pouvait réellement lui apporter ce qu’il cherchait, ou si, en la découvrant, il risquait de perdre une partie de ce qu’il connaissait de sa réalité.

Regardant la mer, il ressentait la pression d’un avenir incertain. Mener une enquête, chercher des réponses, était un acte courageux, mais aussi un acte risqué. La vérité, parfois, pouvait détruire ce que l’on croyait solide. Pourtant, l’ignorance pouvait aussi mener à des faux pas, des erreurs irréversibles. La peur du changement s’insinuait en lui, mais un sentiment de devoir le poussait à avancer.

Il pensa à sa mission, à son voyage, à son avenir dans l’Empire. Si, véritablement, il voulait comprendre qui il était et ce qui l’attendait, il lui faudrait faire face à ce qui le perturbait. Peut-être que cette vérité, bien que douloureuse ou déstabilisante, lui permettrait de grandir. Peut-être que connaître cette réalité lui donnerait la force de prendre des décisions qui détermineraient son futur.

Les murmures de la mer semblaient lui rappeler qu’il était toujours possible de faire face à l’incertitude, à condition d’accepter l’inconnu. Mais alors, était-il prêt à affronter ce que cette vérité pourrait lui révéler ?

Leila le regarda, ses yeux chargés de mystère et d’un poids qu’elle semblait porter seule. Elle attendait qu’il prenne la parole, ou peut-être attendait-elle tout simplement qu’il comprenne. L'heure de la vérité semblait être arrivée.

Mero brisa finalement le silence :

"Leila... Puis-je te demander ce qui s’est passé la nuit dernière entre toi et Maître Antonin ?"

Leila sembla hésiter un instant, son regard fuyant le sien. Il y avait quelque chose de lourd dans l’air, comme si elle pesait chaque mot avant de le prononcer. Finalement, elle soupira, son regard se posant doucement sur lui.

"Je... je ne voulais pas que tu apprennes de cette façon. Mero, je tiens à te dire que ce qui s’est passé entre Maître Antonin et moi n’est pas ce que tu pourrais imaginer. Ce n’était pas ce que tu crois."

Elle marqua une pause, cherchant visiblement ses mots, son visage marqué par une gêne qu’elle peinait à dissimuler.

"Il y a des choses que je ne voulais pas te révéler, des choses qui concernent le passé de Maître Antonin. Des liens qui remontent à bien avant que tu sois sous sa tutelle, et que j’ai toujours jugé inutile de t’expliquer. Mais tout n’est pas aussi simple, Mero. Ce qui s’est passé la nuit dernière est lié à ces secrets."

Leila baissa la tête, une émotion nouvelle apparaissant dans ses yeux. Était-ce de la tristesse, de la culpabilité, ou un mélange des deux ? Elle semblait chercher le bon moment pour tout dire, mais une part d’elle semblait encore hésiter.

"Je te demande pardon, Mero. Pour ne pas t’avoir averti. Mais je ne voulais pas que tu sois mêlé à tout cela."

Les mots de Leila résonnèrent dans l’esprit de Mero, chaque syllabe ajoutant à la confusion qui l’envahissait. La mer, calme en dehors, semblait observer en silence, tout comme lui, alors qu’il s'efforçait de comprendre la profondeur de ce qu’il venait d’entendre.

Leila le regarda avec cette douceur presque maternelle, un sourire fugace flottant sur ses lèvres.

"Tu es plus sage que bien des hommes, Mero. Tu n'insistes pas, tu acceptes ce que je peux te dire, et je t'en suis reconnaissante."

Elle referma doucement le livre qu’elle tenait entre ses mains, le posant délicatement sur la table près de son lit.

"Quand tu seras prêt, si tu veux en savoir plus… je serai là pour te répondre."

Puis, elle se leva et s'inclina légèrement, comme elle l’avait toujours fait en signe de respect. Elle semblait soulagée, mais aussi troublée, comme si elle s’attendait à une réaction différente de sa part. Avant de quitter la cabine, elle marqua une pause, jetant un dernier regard vers lui.

"Repose-toi encore un peu. La mer sera agitée aujourd'hui, et tu auras besoin de toutes tes forces."

Avec ces mots, elle disparut derrière la porte, le laissant seul avec ses pensées, bercé par le doux mouvement du navire sur les vagues.

Peut-être ne comprenait-il pas tout, mais une chose était certaine : son voyage ne faisait que commencer, et des mystères plus profonds l’attendaient encore.

Les jours passèrent dans une routine implacable. Le matin, des cours de langue. L’étude des dialectes, des subtilités des cultures de l’Empire et des royaumes voisins. Chaque leçon en devenait plus dense, chaque mot plus chargé de sens. La rhétorique était un art subtil, et il devait l’apprendre, pour mieux négocier, comprendre, et maîtriser les influences qui façonnaient ce monde complexe.

L’après-midi, c’était l’histoire et les sciences qui prenaient le relais. Les leçons sur les grandes batailles, les stratégies militaires, les découvertes scientifiques. Les siècles passés devenaient vivants dans son esprit. Il apprenait non seulement à lire le passé, mais aussi à en tirer les leçons pour le futur. À chaque cours, il sentait le poids des attentes qui pesaient sur ses épaules. Il n’était pas qu’un simple élève, mais un prince du Royaume de Sel, et il devait toujours être à la hauteur.

Puis venait l’entraînement aux armes. L’épée, la rapière, le sabre, mais aussi la dague. Une arme qui, bien que petite, demandait une précision redoutable. Sous l’œil vigilant de ses maîtres, il s’entraînait sans relâche. Il perfectionnait ses techniques, son endurance, sa rapidité. Chaque geste devenait plus fluide, plus instinctif, chaque mouvement plus rapide, plus sûr.

Les semaines passaient, se fondant les unes dans les autres, mais la mer, elle, semblait ne jamais changer. L’horizon, vaste et sans fin, devenait un espace infini d’opportunités et de défis. Pourtant, un jour, quelque chose commença à se dessiner au loin. Une nouvelle terre, un nouvel avenir…