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La boite

Ils déambulaient dans les petites ruelles. Les femmes croisées semblaient aussi floues que leurs mœurs. Elles interpellaient sans aucune gêne les marins, mais Maître Antonin, implacable, restait de marbre. Il gardait un calme stoïque, son regard croisant parfois celui de l’une d’elles, mais aucune émotion ne transparaissait.

Leila, elle, paraissait un peu mal à l’aise. À chaque appel, chaque sourire ou geste qui s’adressait à elle, ses joues s’empourpraient, mais elle faisait de son mieux pour rester calme. Son visage trahissait son embarras marchant aux côtés de Mero. Elle baissait les yeux, concentrée sur le sol, cherchant à éviter les regards insistants des passants.

Maître Antonin semblait détaché de toute l’agitation autour d’eux, comme s’il était imperméable à la vivacité de l’île. Il demeurait concentré sur leur objectif, sans se laisser distraire. Toutefois, il gardait un œil attentif sur ce qui les entourait, prêt à réagir si nécessaire.

Mero remarquait aussi l'ombre de la boîte qu'il avait acquise, fermement serrée dans sa main. Chaque regard qu’il posait sur elle semblait renforcer cette sensation étrange, comme une promesse silencieuse, un lien plus profond avec son passé, sa famille. L’atmosphère de l’île lui paraissait soudainement plus lourde, presque tangible. Quelque chose s’y trouvait, un mystère encore voilé, qu’il ne parvenait pas encore à saisir, mais il le sentait là, sous la surface.

"Ne laisse pas ces distractions te détourner de ta route, Mero," dit Maître Antonin, en jetant un regard perçant, mais avec une douceur presque paternelle dans la voix. "Tout ce qui brille ici n’est pas toujours de l’or. Il faut rester vigilant."

Mero hocha la tête, reconnaissant la sagesse de l’avertissement. Il savait que son esprit devait rester concentré, malgré le tumulte autour de lui. De son côté, Leila semblait apprécier le réconfort des présences familières, mais son malaise ne disparaissait pas complètement. L’île, avec ses habitants et son ambiance étrange, lui rappelait que l’heure n’était peut-être pas encore venue de baisser la garde.

La lumière du jour commençait à se faire plus timide, plongeant l’île dans une ambiance crépusculaire. La mer, calme et tranquille, réfléchissait les derniers rayons du soleil. Ils se dirigeaient vers l’auberge, le silence pesant à mesure qu’ils pénétraient dans les ruelles. L’île, qui semblait joyeuse et bruyante en plein jour, se transformait lentement, se faisant plus secrète, plus mystérieuse, à la tombée de la nuit. Les bruits s’amenuisaient, les voix se faisaient plus rares, laissant place à une légère tension dans l’air.

L’auberge où ils cherchaient refuge n’était pas la plus délabrée, mais elle n’en restait pas moins modeste. Un lieu où pirates et voyageurs se croisaient, où la poussière des siècles semblait avoir pris racine dans chaque recoin. La lumière tamisée des lampes à huile éclairait faiblement les murs de bois, projetant des ombres sur les visages fatigués des habitués. L’air était lourd de l’odeur de la mer, du bois humide et des épices. Maître Antonin, sans hésiter, prit les devants, suivi de près par Leila et Mero. L’auberge offrait une relative tranquillité, mais une lourdeur persistait, comme si quelque chose restait suspendu dans l’air.

L’atmosphère n’avait rien de celle d’une auberge raffinée d’une grande ville. Ici, les pirates étaient maîtres des lieux, et les règles étaient celles de l’honneur et de la force. Personne n’oserait déranger le bateau en réparation, mais Mero savait que le prix de cette tranquillité pourrait être élevé. Les regards des marins autour de lui, les murmures bas, les gestes furtifs, lui rappelaient que tout n’était pas aussi simple qu’il n’y paraissait. D’un côté, cette ambiance éveillait en lui une alerte, mais d’un autre côté, il y avait quelque chose de curieusement réconfortant dans la simplicité et la sécurité apparente de l’endroit.

Leila, silencieuse, semblait apprécier le calme relatif de l’auberge, mais Mero pouvait voir l’anxiété dans ses yeux. Elle savait aussi bien que lui que la situation pourrait se compliquer à tout moment. Maître Antonin, d’un calme implacable, ne semblait pas perturbé par l’atmosphère. Son regard se portait souvent sur l’assemblée, scrutant chaque personne et chaque mouvement, prêt à réagir si la situation l’exigeait.

Ils prenaient place autour d’une table, le bruit des verres et les rires des pirates à proximité servant de fond sonore tandis que les plats arrivaient. L’odeur de la viande et des épices emplissait l’air. Mero faisait de son mieux pour se concentrer sur son repas, cherchant à retrouver son calme. Mais une question persistait : ce calme précaire durerait-il longtemps ? Les réparations du bateau prendraient-elles beaucoup de temps ? Et que se passerait-il lorsque le calme de la nuit céderait la place aux événements imprévus du lendemain ?

Il se concentra sur sa nourriture, tentant de retrouver son équilibre, mais son esprit restait agité. L’île, ses habitants et tout ce qui l’entourait semblaient cacher des mystères encore indéchiffrés.

Le repas se termine tranquillement, les bruits de l’auberge se dissipant peu à peu à mesure que les clients se retirent dans leurs chambres. L’atmosphère devient plus intime, chacun cherchant à se reposer après une journée remplie de tension et de découvertes. Maitre Antonin semble plus détendu, mais son regard perçant scrute toujours les ombres qui commencent à s’allonger autour de lui. Il nous guide jusqu'à notre chambre, une pièce modeste mais suffisante pour la nuit. La lumière vacillante des bougies projette des ombres dansantes sur les murs. Une sensation de calme et de sécurité s’installe, mais une partie de Mero reste sur le qui-vive.

Leila s’assoit sur le lit, mais une gêne évidente l’envahit. Elle tente de la dissimuler, mais il est clair qu’elle est mal à l’aise dans cette situation. Maitre Antonin se retire sur un autre lit, observant attentivement chaque mouvement dans la pièce. Il sait que la nuit pourrait réserver des surprises, et sa vigilance, aussi subtile que nécessaire, ne faiblit pas.

Mero prend sa plume et se plonge dans le chapitre sur la stratégie militaire, s’intéressant particulièrement au siège de Trenterg. Ce siège, qui a duré 15 longues années, opposait la ville de Trenterg au royaume de Burg. Ce qui le frappe dans ce récit, c’est la capacité de la ville à tenir bon grâce à une organisation méticuleuse et une stratégie brillante. Malgré leur désavantage apparent, les habitants de Trenterg ont su transformer la situation en une victoire décisive. Cela lui semble d’autant plus pertinent dans le contexte présent, où l’imprévu semble être la règle et non l’exception. Mero se demande comment il pourrait appliquer ces leçons dans sa propre vie. Comment, dans un monde où les forces extérieures semblent souvent prendre le contrôle, rester maître de son destin, comme l’avait fait Trenterg ? Il pose sa plume, la tête pleine de réflexions.

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La bougie vacille une dernière fois avant de s’éteindre. Mero s’étend lentement sur le matelas, cherchant le sommeil. Mais les événements de la journée, ainsi que l’agitation autour de lui, l’empêchent de trouver le repos. Il tourne son regard vers Leila, assise en silence sur le lit. Elle semble plongée dans ses pensées, tout comme lui. Quant à Maitre Antonin, son regard perçant continue de scruter chaque mouvement, chaque bruit, comme s’il s’attendait à quelque chose.

Le bruit provenant de l’extérieur de l’auberge flotte dans la pièce. Les fenêtres entrouvertes laissent entrer les rires et les chants des marins et des habitants de l’île. L’écho des femmes qui occupent les chambres voisines, satisfaisant les besoins de leurs clients, se mêle à ces bruits. L’atmosphère de l’auberge est palpable, vibrante d’une énergie brute et dérangeante.

Mero reste silencieux, écoutant les bruits qui s’intensifient. Ces sons lui semblent étrangers, presque irréels. Ce n’est pas le monde qu’il connaît, et même s’il trouve cela fascinant, il se sent profondément mal à l’aise. Le contraste avec la sérénité de son royaume est frappant. Tout ici semble régulé par des codes implicites, un équilibre fragile entre plaisir et danger, entre lois et chaos. Les lumières tamisées, les rires et les murmures lui donnent l’impression que cette île et ses habitants cachent bien plus qu’ils ne laissent entrevoir.

Il tourne lentement la tête vers Leila, qui semble également troublée par les bruits qui remplissent l’air. Ses yeux trahissent une inquiétude latente. Peut-être partage-t-elle ses sentiments de dépaysement, d’un monde qui se dérobe sous leurs pieds. Maitre Antonin, de son côté, semble parfaitement à l’aise dans cet environnement, mais même lui n’est pas à l’abri de l’influence de cet endroit. Il reste silencieux, absorbé dans ses pensées, tout en scrutant les moindres détails autour d’eux. Il maîtrise l’art d’être toujours vigilant, toujours prêt à réagir.

Mero ferme les yeux un instant, essayant de repousser les sons qui l’entourent pour se concentrer. Sa tête lui tourmente, ses pensées s’entrelacent avec la réalité étrange de l’île et ce que cela implique pour leur voyage. Il a l’impression que tout ici a une signification, peut-être une leçon à tirer, mais il n’arrive pas encore à déchiffrer ce que cela pourrait être.

Finalement, il laisse ses pensées se calmer. Peut-être que lorsque l’île sera derrière eux et que le monde redeviendra plus clair, il y verra mieux. Mais pour l’instant, il n’a d’autre choix que de s’adapter à cet environnement perturbant, attendant le moment où il sera prêt à comprendre ce qui se cache vraiment derrière cette façade.

Le sommeil finit par l'envahir, et ses rêves prennent une tournure étrange, presque surréaliste. La boîte, celle qui appartenait à sa famille, devient de plus en plus grande, déformée, presque menaçante. Elle occupe tout son champ de vision, sa surface lisse et sombre se métamorphosant sous ses yeux, comme si elle se chargeait de secrets et de souvenirs oubliés.

Autour d’elle, les marins dansent avec des femmes, leurs rires se mêlant à la musique enivrante de l’île. C’est une scène presque festive, mais un malaise s’y glisse, une discordance entre la fête et l’ombre qui semble planer au-dessus d’eux. Les marins rient fort, leurs voix se perdent dans la brume de l’alcool et de la nuit. Mais dans son rêve, tout cela semble irréel, comme un spectacle qui se joue devant ses yeux sans qu’il puisse l’arrêter.

Un perroquet coloré se pose soudainement sur une étagère en bois, son plumage vibrant de couleurs chatoyantes. Il vend des objets étranges, des bibelots et des amulettes dont il ne reconnaît pas la provenance. Mais au moment où il tente de s’en approcher, un pirate surgit de nulle part, saisissant l’oiseau par les plumes. Il le dévisage d’un regard pervers avant de le faire rôtir sur un feu, son cri perçant se mêlant au crépitement du bois. Une étrange sensation de vertige l’envahit, comme si l’animal lui-même symbolisait une innocence brisée, un équilibre perturbé.

Il tente de détourner les yeux, mais la scène semble figée, l’aspirant de plus en plus dans son tourbillon. La boîte continue de croître, de se déformer, tandis que les rires des marins résonnent dans son esprit, de plus en plus lointains et déformés. L’île, ce lieu qu’il pensait encore mystérieux et fascinant, prend alors une tournure sinistre dans ses rêves, lui dévoilant son côté sombre.

La chaleur du feu semble l’étouffer, tout se mélange dans un tourbillon de couleurs et de sons, et il finit par se réveiller en sursaut, le cœur battant. La lumière tamisée de la bougie se reflète encore dans la pièce, et les bruits de l’île, bien que lointains, semblent moins énigmatiques maintenant qu’il est à nouveau dans la réalité. Mais le rêve, lui, reste suspendu dans son esprit, comme une ombre qui refuse de disparaître.

L’aube se lève doucement, inondant la pièce d’une lumière pâle et dorée. Les rayons du soleil effleurent la silhouette de Leila, endormie paisiblement, et celle de Maître Antonin, qui, bien que toujours habillé et assis sur le lit, semble plongé dans un sommeil profond. Il se redresse lentement, veillant à ne pas les déranger. Son esprit est encore troublé par le rêve de la nuit, par l’image de cette boîte qui continue de hanter ses pensées.

Il se dirige discrètement vers le coin de la pièce où elle est posée, l’observant dans le calme de l’aube. La boîte semble encore plus imposante maintenant, bien que sa taille n’ait pas changé. Son métal sombre capte la lumière, la rendant presque hypnotique. Il la prend avec précaution, ressentant l’étrange sentiment qu’elle pourrait renfermer bien plus que ce qu’il a imaginé jusqu’à présent. Le métal est froid, et son poids, bien que léger, lui apparaît soudainement comme un fardeau qu’il porte sans en avoir conscience.

Il l’examine sous toutes ses coutures, notant les détails qu’il n’avait pas remarqués auparavant. Les armoiries gravées sur la surface, bien que familières, semblent avoir été modifiées, comme si elles avaient été effacées puis réécrites, ou comme si un secret avait été dissimulé sous le motif original. Il n’arrive pas à détacher ses yeux de la surface de la boîte. Quelque chose en elle semble appeler, le poussant à découvrir son contenu, à en savoir plus sur son histoire.

Il cherche une serrure, mais elle n’en a pas. Il n’y a aucune prise évidente pour l’ouvrir, juste des symboles énigmatiques qui s’entrelacent. Peut-être est-ce un mécanisme ancien, peut-être un secret caché depuis des années… Mais une pensée le traverse : est-ce réellement le bon moment pour ouvrir cette boîte ? Est-ce une invitation à découvrir la vérité ou un piège qu’il s’apprête à ouvrir ?

Il se sent tiraillé entre le désir irrésistible de percer ce mystère et la prudence qui lui dicte de repousser ce moment. Mais, dans un élan d’impulsivité, il tente de défaire les symboles, d’entamer le mécanisme, sans trop savoir pourquoi, comme si la boîte elle-même exigeait d’être ouverte.

Il s’efforce de comprendre le mécanisme d’ouverture sans abîmer la boîte. Il se concentre sur les symboles, les gravures sur la surface de la boîte, cherchant à discerner un indice qui lui permettrait de l’ouvrir sans l’endommager. Les motifs, complexes et entrelacés, semblent presque vivants sous ses doigts, comme si chaque mouvement qu’il fait résonnait avec l’histoire de sa famille. Il les étudie de plus près, se demandant si ces symboles pourraient être une forme de langage, un code, ou peut-être une clé cachée.

Il tourne la boîte doucement, essayant de percevoir un changement subtil dans la texture du métal. La lumière de l’aube révèle des détails qu’il n'avait pas remarqués auparavant : un petit creux discret sur le côté, à peine visible, mais suffisamment pour lui faire croire qu’il pourrait s’agir d’un mécanisme d’ouverture. Il place son doigt dedans et, avec un léger geste, il le fait pivoter.

Un clic discret se fait entendre, et un petit compartiment caché apparaît, comme un piège délicat qui se révèle à lui. Un frisson le parcourt en découvrant que la boîte semble répondre à son contact, presque vivante. À l'intérieur, il y a quelque chose… Un objet ou un message ?

Sa curiosité est à son comble, mais il hésite un instant avant de pousser davantage. A-t-il bien fait de s’aventurer dans cette quête ? Si c’est un secret de sa famille, qu’implique-t-il pour lui, pour son avenir, et pour sa place dans ce monde qui lui échappe parfois ? Il prend une profonde inspiration et, doucement, il lève le couvercle du petit compartiment, prêt à découvrir ce qu’il renferme.

Dans la boîte, il trouve un sceau avec les anciennes armoiries et un petit papier roulé sur lui-même. Il retire doucement le sceau, admirant les armoiries familiales qui, bien que peu familières dans leur forme, semblent détenir une signification profonde. Le poids du passé semble se refléter dans chaque courbe, chaque détail gravé dans le métal, comme un écho du temps révolu.

Avec précaution, il déroule le petit papier, craignant qu’il ne se brise sous ses doigts. Le parchemin est neuf, mais l’écriture qui y figure est difficile à déchiffrer. Il scrute les lettres, tentant de comprendre les signes qui s’y dessinent. Il lit la seule phrase, une phrase qui résonne dans son esprit : « Je te tiens ».