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L'Empire de Mor - Mero [French]
L'Entraînement des Mousses

L'Entraînement des Mousses

Parmi les mousses, certains se tiennent droits, les bras croisés, d'autres sont en train de vérifier leurs armes ou de faire quelques mouvements d’échauffement, le regard fixé sur leur maître d'armes. Leurs yeux, qu’ils soient jeunes ou plus âgés, témoignent tous de cette volonté commune : celle de devenir plus forts, plus rapides, plus disciplinés. Mero observe en silence, un peu en retrait, mais il se sent déjà plus connecté à cette éthique de travail que l’équipage incarne avec une telle intensité.

Certains des mousses les plus jeunes ne semblent pas encore à l’aise avec les armes, leurs gestes sont hésitants, mais tous, sans exception, sont prêts à se donner à fond. Un sentiment de camaraderie et de compétition flotte dans l’air. Mero se sent intrigué, presque hypnotisé par la façon dont chacun se concentre sur la tâche, comme s’ils savaient que chaque mouvement compte.

Le maître d'armes fait un signe de la main pour attirer l'attention des jeunes mousses et de Mero. D’une voix autoritaire mais calme, il commence à donner des instructions :

— "Aujourd'hui, nous allons pratiquer l’escrime à l’épée et à la dague. Chaque coup doit être précis, chaque défense maîtrisée. Les armes ne sont pas seulement des outils, elles sont le prolongement de votre volonté. Nous allons commencer par les bases. Entraînez-vous à parer et à riposter. Vous devez avoir les bonnes postures. Ne soyez pas trop confiant, l’arme peut se retourner contre vous si vous n’êtes pas assez vigilant."

Les mousses se mettent en position, une grande majorité d’entre eux concentrés et prêts à commencer. Mero, bien qu’il ait été préparé à utiliser des armes dans son royaume, sent un léger frisson d'appréhension. Il n'a pas l'habitude de s’entraîner avec des jeunes de son âge, ni avec des marins aussi expérimentés. Il sait qu’il doit prouver sa valeur. Il serre légèrement les dents et se positionne parmi les autres, attentif au moindre mouvement, à chaque ordre du maître d'armes.

Il se prépare à commencer l’entraînement, prêt à affronter sa propre hésitation, à la surmonter en se concentrant sur les techniques que l'on lui enseignera. Pour l’empire, pour lui-même.

On le met avec un mousse qui a sensiblement son âge et sa taille. Il lui demande comment il s'appelle.

Le mousse en face de Mero le regarde, son regard intense, comme s’il mesurait son adversaire avant de répondre. Il semble tout aussi déterminé que les autres, mais son visage montre aussi des traces de fatigue, de quelqu’un qui a dû faire face à des défis dès son plus jeune âge.

— "Je m'appelle Roland," répond-il d'une voix claire, bien qu'un peu rauque, comme s'il avait déjà beaucoup parlé ou crié au cours des derniers jours. "Et toi, c'est quoi ton nom ?"

Il se tient prêt, une épée légère dans la main, mais son regard reste posé sur Mero, scrutant sa posture et la façon dont il se tient. Il semble aussi curieux que Mero à propos de l'autre, mais il est déjà évident qu'il est habitué à cette discipline. Son corps mince et nerveux dégage une certaine souplesse, et sa posture semble être celle d’un jeune homme qui a l’habitude de se battre, même si sa taille et son âge sont similaires à ceux de Mero.

Roland attend patiemment la réponse de Mero, prêt à commencer l’exercice. Il sait que dans ce genre de situation, il faut rester vigilant, mais il semble aussi confiant en ses capacités, sans arrogance, juste un calme acquis par l’expérience de l’entraînement quotidien.

— Je m'appelle Mero du Royaume de Sel, fils du roi Heckt le sublime. Dit Mero

Rolan écarquille légèrement les yeux à l'entente du nom du jeune homme, son expression changeant un instant, mais il ne semble pas impressionné. Il acquiesce brièvement, comme pour reconnaître le statut, puis se remet en position avec un sourire subtil.

— "Mero, hein ? Le royaume de Sel... c'est loin, ça," dit-il, son ton neutre mais marqué par une curiosité qui ne cache pas entièrement l’admiration. "Tu dois être habitué à une toute autre vie que celle ici. Mais l’entraînement, lui, n’a pas de royaume."

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Il ajuste son épée, se préparant à commencer, tout en jetant un regard furtif à Mero pour mesurer sa réaction. L’air autour d’eux se fait plus tendu, et Rolan semble déjà anticiper la prochaine série de mouvements, prêt à réagir à toute attaque ou défense de Mero.

— "Je vais t’apprendre à te défendre comme il faut. Mais tu feras attention… ici, on ne fait pas de cadeaux."

Les deux jeunes hommes se font face, leurs regards croisés. Rolan semble prêt à commencer l’entraînement, et bien qu’il ait une attitude calme, un petit défi se cache dans son regard. Il est probable qu'il cherchera à tester les capacités de Mero, même si le jeune héritier ne semble pas avoir l’habitude de ce genre de confrontation.

Rolan remarque la confiance évidente de Mero dans sa posture, un signe de quelqu'un habitué à manier des armes. Il semble apprécier cela, un léger sourire se dessine sur ses lèvres alors qu’il ajuste sa prise sur la dague.

— "L’épée, la rapière, le sabre... je vois que tu es bien formé, Mero," dit-il en faisant tournoyer lentement la dague entre ses doigts, tout en observant Mero. "Mais la dague, c'est un peu différent. C’est plus une question de rapidité et de précision. Pas vraiment une arme de parade comme l’épée ou le sabre, mais plus une question de se faufiler entre les ouvertures. Elle peut être… un peu vicieuse."

Il s’avance doucement, semblant chercher une opportunité, mais son regard reste observateur, comme s’il testait les réflexes de Mero tout en l’instruisant.

— "La dague n’a pas la même élégance, mais elle compense par la subtilité." Il fait une pause, ses yeux fixant Mero. "Mais il faut savoir quand frapper. Ne jamais trop en faire, c’est dans la discrétion que réside la vraie puissance."

Rolan fait un petit mouvement de bras, et la dague scintille sous la lumière de l'après-midi. Il fait un signe à Mero pour qu'il l'affronte.

— "Essaie, montre-moi comment tu t’adaptes. Ne t’inquiète pas, je vais t’aider à comprendre ce mouvement."

L’atmosphère est un mélange de respect et de défi. Rolan semble à la fois un mentor et un concurrent, et sa manière de guider Mero se mêle à une volonté de tester ses compétences. Le tout se déroule sous les yeux des autres marins, qui observent l’échange en silence, semblant attendre avec intérêt la suite du duel.

L'échange entre Mero et Rolan devient rapidement une danse fluide, chacun cherchant à lire l'autre, anticipant les mouvements, esquivant et ripostant avec une rapidité étonnante pour leurs âges. Les dagues émoussées claquent dans l'air, frappant parfois les bois du sol, parfois les lames des adversaires. Les gestes sont précis et calculés, mais jamais excessivement violents. Il y a un respect tacite, une reconnaissance des limites de l'autre, et l'entraînement se déroule sous une forme presque chorégraphiée.

Rolan guide parfois Mero dans certaines esquives, l’encourageant à affiner ses réflexes, mais il garde un ton décontracté, comme s'il ne voulait pas trop en faire, souhaitant juste qu’il s’habitue au rythme.

— "Il faut toujours penser plusieurs coups à l’avance," dit Rolan, un peu essoufflé mais souriant. "La dague, c’est avant tout une question de timing. Pas de force."

Le combat continue dans cette ambiance d’apprentissage mutuel, les deux jeunes hommes échangeant des sourires et des commentaires sur les passes d’armes. Les marins qui assistent à l’entraînement murmurent parfois entre eux, impressionnés par la concentration et la précision des coups échangés, même avec des armes émoussées.

Finalement, après plusieurs passes, le soleil commence à se coucher, et l’entraînement touche à sa fin. Rolan, épuisé mais satisfait, baisse sa dague et lance un dernier regard à Mero.

— "Tu as bien progressé pour une première séance. Tu as du potentiel."

Les deux se tiennent là, leurs respirations lourdes mais régulières, alors que les derniers rayons du soleil dorent le pont du bateau. Ils échangent un regard de respect, sachant tous deux qu'ils ne sont plus simplement des jeunes novices, mais que ce combat est une étape de plus vers une maîtrise plus grande.

Les jours passent et se ressemblent jusqu'au moment où ils approchent d'un port. Le capitaine fait savoir à son tuteur et à sa nourrice qu'ils vont s'arrêter quelques jours pour faire le plein d'eau et de provisions. Cette ville ne fait pas partie de l'Empire et commerce avec tous les pays du monde. Ici, il est interdit d'agresser un ressortissant d'un autre pays sous peine d'un embargo. Le capitaine explique que cette escale est cruciale pour le ravitaillement du navire, mais aussi pour permettre à l'équipage de se reposer et de se réapprovisionner en denrées fraîches. La ville, bien que neutre, est un carrefour commercial important, où les marchandises et les cultures du monde entier se croisent. Mero écoute attentivement les instructions du capitaine, curieux de découvrir ce lieu unique où la paix et le commerce sont les maîtres mots.