Mero est conduit de force dans un jardin, une tranquillité artificielle qui masque à peine le piège qui se referme autour de lui. La jeune fille, désormais vêtue d’une robe de mariée, s’avance vers lui avec un sourire qui semble tout droit sorti d’un conte, mais ses yeux brillent d’une lueur froide, pleine de défi et de manipulation. C’est dans ce moment qu’il comprend. La robe n’est pas simplement une robe, c’est un symbole, un engagement forcé, un lien qu’il n’a pas choisi, mais qu’il semble avoir accepté sans le savoir.
La terreur s’empare de lui, aussi violente qu’un coup de poing dans l’estomac. Son esprit tourbillonne, une vague d’angoisse l’envahit à l’idée de ce mariage imposé, une union avec une étrangère qu’il n’a jamais désirée, dans un monde qu’il ne comprend pas. Chaque fleur du jardin, chaque brin d’herbe sous ses pieds semble désormais teinté de duplicité. Ce qui semblait un lieu paisible, un sanctuaire, devient une scène, un théâtre cruel où il n’est qu’un acteur pris au piège dans un rôle qu’il n’a pas voulu jouer.
La jeune fille s’avance lentement, un sourire presque imperceptible sur ses lèvres. Ses yeux le scrutent, observant chaque réaction, chaque tressaillement de ses muscles, chaque hésitation. Ses intentions sont claires, bien plus claires que tout ce que Mero pourrait comprendre. Il est coincé, captif d’une situation où ses gestes, ses mots, sont minutieusement observés. Il sent la résignation s’installer en lui, mais une flamme d’instinct de survie continue de brûler. S’échapper semble impossible, mais une petite part de lui, un coin sombre de son esprit, refuse d’accepter cet échec. Peut-être y a-t-il une faille dans ce système, une échappatoire à cette réalité implacable. Mais chaque regard qu’il croise, chaque parole de la jeune fille, efface un peu plus cet espoir.
Les hommes qui l’accompagnent ne font rien, ne disent rien. Ils ne sont que des spectateurs dans ce jeu de pouvoir, immobiles et silencieux. L’un d’eux, plus grand, à la barbe épaisse et aux yeux brillants de satisfaction, avance vers Mero. Son sourire est une promesse de douleur, une jouissance malveillante de la situation dans laquelle Mero se trouve. Le second homme, plus frêle, tout en nervosité, serre contre lui un livre qu’il semble presque prier de toute son âme. Mero se rend compte qu’il n’est pas seul dans sa peur. Ce second homme est lui aussi pris au piège, coincé dans une histoire dont il semble ne pas vouloir faire partie.
"Un mariage...", dit l'homme à la barbe d’une voix rauque, un rire s’échappant de ses lèvres comme une menace à peine voilée. "Un petit prince, une belle princesse... L'unité des deux familles, vous savez… Ce que cela pourrait signifier." Ses paroles tombent lourdement, chaque mot semblant marquer la fin de toute possibilité de résistance.
Mero se fige, pris dans l’étau des coutumes qu’il n’a pas comprises, des règles qui le dépassent. Le frêle homme à côté du barbu le regarde furtivement, sa terreur palpable, mais il ne dit rien. Il semble être là par devoir, un spectateur aussi impuissant que lui. La situation semble inévitable, chaque geste, chaque mot, le conduisant un peu plus près de l’engagement qu’il redoute.
"Pas de fuites, petit prince", reprend l'homme à la barbe avec un sourire narquois, ses yeux se posant sur Mero comme s’il l’étudiait, se délectant de chaque mouvement. "Vous êtes à l'abri ici. Pas de retour en arrière, pas de liberté pour vous."
Un frisson glacé parcourt l’échine de Mero. La perspective de ce que cet homme entend par "abri" fait naître une panique sourde en lui. Il se sent comme un insecte pris dans une toile, chaque mouvement ne faisant que l’enfoncer davantage dans cette prison invisible. L’homme à la barbe semble savourer chaque instant de cette soumission imposée. Le frêle homme, quant à lui, devient de plus en plus invisible dans l’ombre du dominant. Il serre son livre comme un talisman, mais l'inquiétude brille dans ses yeux.
La jeune fille, avec un regard qui oscille entre la maîtrise et l’impatience, fait un pas en avant, comme si elle attendait une réaction, comme si tout ceci n’était qu’un jeu pour elle. Mais pour Mero, chaque seconde qui passe le rapproche davantage d’un destin qu’il n’a pas choisi.
La prise de conscience le frappe avec la brutalité d’un coup de massue. Les gestes qui lui semblaient innocents, les petites attentions qu’il n’a pas su déchiffrer, étaient des promesses de fiançailles, des serments muets qu’il a acceptés sans comprendre leur signification. Le caillou dans le tissu, la fleur dans ses mains, des symboles d’un engagement qu’il n’a pas voulu.
Les paroles de la jeune fille tombent sur lui comme une sentence de mort, et son sourire devient une menace palpable. "Tu as accepté mes cadeaux", dit-elle d’une voix douce mais implacable. "Tu es à moi maintenant. Il n'y a plus de retour possible."
L'homme à la barbe sourit plus largement, se délectant de la terreur qu’il a suscitée en Mero. "Les coutumes, petit prince", murmure-t-il, "on ne joue pas avec elles. Tu as accepté. C’est une affaire conclue."
Mero se retrouve ainsi pris dans une toile de pouvoir, une toile dont il ne comprend pas toutes les ramifications. Chaque mouvement, chaque parole, l’enferme un peu plus dans une réalité qu’il ne peut fuir. La jeune fille, maintenant totalement maître du jeu, l’observe, attendant de voir comment il va réagir. L’homme à la barbe semble triompher, mais une part de Mero reste vive, une part qui refuse d’accepter cette soumission. Mais pour l’instant, il est seul, pris au piège dans un monde où chaque choix semble être une illusion.
"Le destin des petites princesses et des petits princes", ajoute la jeune fille en un soupir, "est parfois scellé bien avant qu'ils ne le réalisent."
Le temps s'écoule, inévitable, et chaque seconde passée semble l’enterrer un peu plus dans ce piège cruel. Mais au fond de lui, un espoir ténu continue de briller. Il n’a pas encore tout perdu.
Mero, son cœur battant la chamade, se lance dans son discours avec une nervosité palpable. Sa voix tremble légèrement, mais il y met toute la force de sa conviction, espérant que ses mots puissent avoir l'effet qu’il attend. La situation est tendue, chaque syllabe qu’il prononce pourrait sceller son destin.
"Grand seigneur pirate, loin de moi de vouloir contester vos coutumes ou ce mariage, mais il y a un détail que vous devez prendre en compte," commence-t-il, les mots s’échappant précipitamment, comme s’il essayait de saisir une dernière chance de s’échapper. "Dans mon pays, un homme ne peut se marier avant l’âge de 17 ans. Si tel n’est pas le cas, le mariage est déclaré nul et non avenu. Ainsi, si je me marie aujourd’hui, aucune alliance ne pourra être reconnue selon nos coutumes."
If you discover this tale on Amazon, be aware that it has been unlawfully taken from Royal Road. Please report it.
Il ne lui laisse même pas le temps de réagir et poursuit sur sa lancée, son esprit cherchant désespérément une échappatoire. "Votre fille m’a l’air charmante, mais je propose des fiançailles. Toutefois, je ne peux vous les offrir sans l’accord de mon tuteur légal, maître Antonin. Et pour prouver mon engagement, je possède un sceau ancestral."
Sa respiration est haletante, ses yeux fixent l’homme pirate avec l’espoir d’avoir semé le doute, de lui avoir donné une raison de réfléchir. Son sort, il le sait, dépend de cette conversation. Le silence qui suit ses paroles est lourd, oppressant. Il peut presque sentir l’air se figer autour de lui. Il scrute le visage du seigneur pirate, espérant y déceler une once de compréhension, mais son regard reste aussi impénétrable que l’océan.
Après une éternité, l’homme à la barbe fournie éclate d’un rire grave, presque délibéré, qui résonne dans le jardin comme un écho funeste. Ses yeux brillent d’une malice évidente, et Mero ressent un frisson glacé parcourir son échine. L'homme se redresse, croise les bras et, après un moment de réflexion qui semble durer une vie, s’avance vers Mero avec une lenteur menaçante.
"Ah, petit prince," dit-il, sa voix douce, mais l'ombre d’une menace y flotte clairement. "Tu veux jouer avec les règles, n’est-ce pas ? Tu crois que tes coutumes ont un poids plus grand que les nôtres ? Mais laisse-moi t’avouer quelque chose : même les coutumes les plus sacrées peuvent être brisées lorsqu’on sait comment jouer avec les bonnes pièces."
Il se penche légèrement en avant, observant la réaction de son entourage, puis se redresse et jette un coup d’œil vers la jeune fille dans l'ombre. Son regard est froid, difficile à interpréter, mais Mero sent une pression palpable. La jeune fille, bien que silencieuse, semble l'observer attentivement, attendant une réaction.
"Tes coutumes… ton sceau ancestral…" continue le seigneur pirate, secouant la tête comme s’il rejetait l’idée même. "Cela ne me fait rien. Mais pour l’instant, tu veux des fiançailles ? Eh bien, tu les auras. Mais sache ceci, petit prince : ce que tu cherches à protéger ici, c’est ta liberté. Et la liberté, dans ce monde, a un prix."
D’un geste, il fait signe à l’homme frêle tenant le livre. L’autre s’avance lentement et tend le volume à Mero. L’expression dans ses yeux trahit l'inquiétude, comme s'il savait que le véritable jeu ne faisait que commencer. Sa présence est un poids supplémentaire dans cette situation déjà si lourde.
"Je vais te laisser ton temps," poursuit le seigneur pirate, un sourire amusé sur les lèvres, "mais souviens-toi bien que tu n'es ici que par ma volonté. Chaque geste que tu feras maintenant sera observé. Si tu veux vraiment prouver que ton engagement a une valeur ici, tu devras plus que prouver ta valeur à cette île."
Mero, pris au piège dans cette toile d’araignée, sait qu’il n’a pas encore gagné, mais il a gagné du temps. Le seigneur pirate s’éloigne lentement, un sourire narquois aux lèvres, tandis que la tension autour de Mero s’intensifie. Il se sent toujours surveillé, chaque mouvement, chaque regard pesant sur lui. Les règles du jeu viennent de changer.
La situation est loin d’être terminée. Mais dans cette impasse apparente, un nouveau chemin s'ouvre devant lui. Les fiançailles sont accordées, mais le piège est encore bien tendu. Mero sait qu’il doit naviguer avec prudence et stratégie, car la liberté, ici, n’a de valeur que dans la mesure où il est prêt à en payer le prix.
Il baisse les yeux vers la jeune fille, luttant contre le vertige qui menace de le submerger. Il s’agenouille devant elle, prenant sa main dans la sienne, et dit d’une voix plus calme, plus déterminée, tout en la regardant droit dans les yeux :
"Je ne désire pas votre malheur et je me plie à vos coutumes. Je vous fais la promesse solennelle de vous chérir pour le restant de mes jours. Mais veuillez comprendre que ma famille n'acceptera jamais un mariage si je n’ai pas atteint l’âge de 17 ans. Vous me désirez, mais soyez patiente. Uniquement mon tuteur légal pourra valider ces fiançailles pour ma famille."
Le jardin se plongea dans un silence lourd, presque oppressant, alors que les mots de Mero résonnaient dans l'air, suspendus comme des éclats d’ivoire dans la brume. Il mettait en avant la promesse solennelle de son engagement, tout en respectant les coutumes de la jeune fille et en soulignant les limites imposées par sa famille et son statut. Chaque mot, chaque geste, devenait un équilibre fragile entre le respect et la stratégie, un jeu où chaque mouvement pouvait se retourner contre lui.
Il tendit une main tremblante, mais assurée, dans une tentative d'honorer les coutumes de la jeune fille, tout en ancrant dans son discours l'inflexible réalité de son propre héritage. La tension était palpable, mais un éclat de détermination perça dans la lueur de ses yeux, une lueur qui, peut-être, surprendrait ceux qui l'observaient.
La jeune fille resta silencieuse, immobile, sous son regard. Son visage demeurait impénétrable, une façade qui ne laissait rien transparaître, mais un léger mouvement dans ses yeux laissait entendre qu’elle comprenait la profondeur de ce geste. Les hommes autour d’eux, et en particulier le seigneur pirate, suivaient la scène avec une curiosité palpable, comme si chacun attendait la réaction de l'autre.
Le silence se prolongea, lourd de sens, jusqu’à ce qu’enfin la jeune fille esquisse un sourire. Ce sourire, loin d’être léger, portait en lui une intensité énigmatique, une lueur indéchiffrable derrière ses yeux. Elle inclina doucement la tête avant de répondre, sa voix douce, mais marquée d’une autorité tranquille, trahissant son indéniable fierté.
« Je respecterai vos coutumes. Mais souviens-vous, vous n’êtes pas chez vous. Ici, tout se négocie, tout se mérite, et il y a toujours un prix à payer. »
Elle se détourna alors, laissant l’atmosphère se charger d’une tension nouvelle, lourde de promesses et de menaces à peine voilées. Le seigneur pirate, son sourire toujours plus carnassier, s’avança, ses yeux brillants d’un plaisir presque malsain. Il adressa à la jeune fille un regard approbateur avant de se tourner vers Mero, sa voix emplie de cette même menace douce-amère.
« Bien dit, ma fille. Peut-être que ce petit prince finira par comprendre ce que ça signifie d’être à notre hauteur. »
Il fixa Mero, son regard glacial pesant sur lui comme une enclume. « Tu as gagné du temps, mais sache que tout a un prix ici. Tu as une promesse à tenir, et je compte bien voir comment tu vas la respecter. »
L'homme frêle, qui n’avait pas prononcé un mot depuis le début, s'éloigna silencieusement dans l'ombre. Mero sentit alors que l'étau se resserrait autour de lui, lentement, imperceptiblement, mais de manière inéluctable. Les fiançailles, n’étaient qu’un commencement. Les enjeux étaient bien plus grands qu’il ne l’avait imaginé, et chaque moment à venir serait une épreuve supplémentaire.
La jeune fille lui adressa un dernier regard, un sourire à peine perceptible effleurant ses lèvres, avant de se retirer à l’intérieur de la maison. Le seigneur pirate, quant à lui, resta là, l'ombre de son sourire encore suspendue dans l’air, avant de disparaître à son tour, mais pas sans laisser son regard scrutateur peser sur les épaules de Mero.
Désormais, Mero se retrouvait engagé dans un jeu dont les règles demeuraient floues, et dont il semblait avoir à peine effleuré la surface. Il avait joué sa carte avec intelligence, mais il savait que la suite de l’histoire dépendrait de sa capacité à naviguer dans cette mer incertaine. Ses prochains mouvements seraient cruciaux, chaque décision pesant plus lourdement que jamais.