Mero, sentant le sol se dérober sous ses pieds, fut saisi d'une sensation d'inquiétude grandissante. Il se redressa instinctivement, son regard scrutant l'horizon où les nuages noirs semblaient prêts à engloutir la mer. Antonin, son tuteur, se tenait à ses côtés, son visage marqué par un léger froncement de sourcils qui trahissait son propre malaise.
"Il semblerait qu'une tempête se prépare," murmura Antonin d’un ton calme, bien qu’un léger froncement de sourcils trahît son propre malaise. "Mero, je vous conseille de rejoindre les quartiers protégés. La mer peut être traîtresse."
Le tuteur se tourna vers le capitaine du navire, qui se précipitait sur le pont, donnant des ordres à son équipage pour préparer le navire à l'orage. "Mieux vaut être en sécurité," ajouta-t-il, sa voix un peu plus ferme. "Si vous voulez bien, suivez-moi."
Mero hocha la tête, mais avant de se déplacer, il observa la scène autour de lui. L’équipage semblait déjà s’agiter, hissant des voiles et vérifiant les cordages. Les marins n'étaient pas effrayés, mais le danger était palpable. Ils savaient tous que cette tempête pourrait être violente.
"Oui, maître," répondit Mero, mais son regard se tourna encore une fois vers la mer agitée. C’était sa première véritable tempête en mer, et bien qu’il se sente un peu plus en sécurité avec Antonin, une petite voix au fond de lui se demandait si le bateau serait assez robuste pour affronter la fureur de l’océan.
Alors qu’il s’apprêtait à suivre son tuteur, il sentit une présence familière près de lui. Sa nourrice, bien que contrainte par les règles de l’étiquette à ne pas exprimer ses sentiments directement, se tenait à proximité. Elle ne disait rien, mais ses yeux avaient un éclat protecteur, une promesse silencieuse de veiller sur lui, quoi qu’il arrive.
"Mero," dit-elle doucement, mais assez fort pour qu’il l’entende dans le tumulte croissant, "je vais vous accompagner, vous n'êtes pas seul."
"Je sais," répondit Mero d’une voix calme, cherchant à la rassurer tout autant qu’il se rassurait lui-même. "Merci."
Ils se dirigèrent vers la cabine protégée, mais avant de la rejoindre, Mero jeta un dernier regard au pont. Les vagues s'élevaient, battant le navire, et le ciel se faisait de plus en plus menaçant. Les marins se pressaient autour de la barre, leur expérience évidente dans la gestion des intempéries. Mero s'éloigna cependant, se faufilant à travers les allées étroites du navire. La chaleur de la cabine sembla l'engloutir dès qu’il entra, un soulagement immédiat, bien que le vent rugisse encore au-dehors. Les bruits du bois grincé par les secousses de la tempête se mêlaient aux éclats de la mer déchaînée.
"Je vais préparer quelques remèdes en cas de mal de mer," dit la nourrice, une note de calme dans sa voix alors qu’elle se mettait à organiser son espace, mais Mero sentit que sa propre appréhension grandissait. Il n'était pas sûr de ce qui se passait au-dehors, mais une chose était certaine : cette tempête ne serait pas facile à affronter.
La tempête faisait rage avec une violence inouïe, secouant le navire de toutes parts. Les objets qui n'avaient pas été solidement arrimés se promenaient de droite à gauche, projetés par les mouvements brusques du bateau. Le fracas des vagues contre la coque résonnait comme un écho sinistre, amplifiant l'angoisse qui régnait à bord. Sa nourrice, d'ordinaire si stoïque, était visiblement affectée par le mal de mer. Son visage pâle et ses yeux fermés témoignaient de son malaise grandissant.
Mero sentit son cœur s'accélérer en voyant sa nourrice, Leila, pâlir et se cramponner à la table en bois pour se maintenir debout. Les secousses du navire semblaient violentes, et l’air empli du bruit des vagues qui se brisaient contre la coque amplifiait le malaise.
Que faire ? Mero avait bien étudié les notions de soins de base, mais il n’avait jamais eu à gérer une situation comme celle-ci. Il regarda autour de lui, cherchant désespérément quelqu'un à qui demander de l’aide.
"Leila..." appela-t-il doucement, mais sa voix se perdit dans le fracas de la tempête. Il se précipita à ses côtés, posant une main sur son épaule. "Restez calme, je vais chercher de l'aide."
Il n’eut même pas le temps de finir sa phrase qu’un autre choc secoua le bateau, faisant vaciller Mero. Il se redressa immédiatement, sentant la panique lui monter à la gorge. Non, il devait garder son calme, pour elle. Il se força à prendre une inspiration profonde avant de se tourner vers la porte.
"Je reviendrai vite," dit-il, d’une voix qui cherchait à être rassurante, même si lui-même ne se sentait pas particulièrement rassuré.
Dans les couloirs sombres du navire, tout tanguait. Mero dut se maintenir aux parois pour ne pas être projeté au sol. Chaque pas semblait être un combat, et l’air se faisait plus lourd avec chaque secousse. Il devait trouver quelqu'un, n'importe qui qui puisse l'aider.
Lorsqu’il arriva sur le pont, il aperçut une silhouette familière, l'un des marins, un homme grand et robuste, qui luttait pour maintenir son équilibre tout en observant les vagues déchaînées.
"Monsieur !" Mero s'écria, s'approchant en glissant presque sur le bois trempé.
Le marin se tourna, ses yeux écarquillés sous l’effet de la tempête. "Mero ! Qu’est-ce que tu fais ici, tu devrais être à l’intérieur !"
"Ma nourrice... elle est malade. Elle souffre du mal de mer," expliqua précipitamment Mero. "Je... je ne sais pas quoi faire, pouvez-vous l’aider ?"
Le marin haussait les épaules, mais son expression se durcit lorsqu’il comprit la gravité de la situation. "Là, maintenant, il n’y a pas grand-chose qu’on puisse faire à part la protéger des chocs. Le mal de mer, c’est souvent une question de temps. Mais, je peux te donner des herbes pour apaiser l’estomac."
Il se pencha alors pour saisir une petite sacoche accrochée à sa ceinture, contenant plusieurs racines et plantes séchées, puis il tendit une poignée d’herbes à Mero. "Fais infuser ça dans de l'eau chaude, et fais-la boire. Ça soulagera un peu."
"Merci," répondit Mero d’une voix tremblante de gratitude, mais aussi de soulagement.
Le marin lui adressa un hochement de tête. "N’oublie pas de rester à l’abri. La tempête va peut-être s’intensifier."
Mero se tourna sur ses talons, les herbes serrées contre sa poitrine. Il retourna précipitamment à l'intérieur du navire, se hâtant vers la cabine de Leila.
Lorsqu'il arriva, il la trouva penchée en avant, les mains sur le ventre, l'air encore plus souffrante. Ses yeux se levèrent, et elle tenta de sourire, mais cela ne réussit qu'à aggraver sa pâleur.
"Leila," commença Mero, aussi calme que possible, tout en se hâtant de préparer l'infusion. "J’ai trouvé des herbes pour vous. Elles devraient vous aider."
Il faisait de son mieux pour la rassurer, mais il ne pouvait ignorer l'angoisse croissante dans ses propres entrailles.
Il chercha un récipient, ajouta de l'eau chaude, et lorsqu'il tendit l'infusion à Leila, il observa ses mains tremblantes, son regard de plus en plus inquiet.
"Buvez cela doucement, cela va vous soulager."
Elle acquiesça faiblement, et prit une petite gorgée. Le goût était amer, mais elle ne se plaignit pas, buvant tout de même lentement.
Mero s’assit près d’elle, restant en silence, les yeux rivés sur le liquide qui s’éclaircissait peu à peu au fur et à mesure que Leila semblait se détendre un peu. Il attendit, silencieux, chaque secousse du navire semblant prolonger le poids de l’attente.
Puis Mero s’allongea sur son lit, fermant les yeux pour tenter de se détendre. Le bruit de la tempête était assourdissant, mais d’une manière étrange, il ressentit une certaine forme de réconfort dans ce tumulte. Le navire tanguait, se balançait, mais la sensation d’être secoué de gauche à droite lui apporta un étrange apaisement, comme si le mouvement même de la mer avait une force qui l'endormait peu à peu.
Le bruit des vagues se brisant contre la coque, le cri lointain des vents hurlants et les claquements des voiles, tout cela créait une sorte de mélodie chaotique. Chaque secousse du navire était comme un coup de pouce du destin qui, d’une certaine manière, le berçait dans un sommeil agité mais réconfortant.
Les yeux mi-clos, Mero se laissa emporter par la sensation de la mer en furie, oubliant pour un instant le monde autour de lui. Il n’avait plus de pensées, juste la houle des vagues et l'agitation qui, étrangement, l'apaise. À l'extérieur, le bateau luttait contre la tempête, mais à l’intérieur, dans la cabine, tout était tranquille — ou presque.
Le sifflement du vent se faisait plus fort, mais à mesure que les minutes passaient, la violente agitation du navire sembla se réduire légèrement. L'eau, bien que toujours agitée, ne frappait plus aussi violemment la coque. La tempête continuait à rugir au loin, mais Mero se sentait enveloppé dans un cocon de sécurité, comme si l’agitation du monde extérieur n’avait pas d’emprise sur lui.
Il se rendit vite compte qu’il n’avait rien d’autre à faire que d’attendre. Attendre que la tempête se calme, attendre que Leila se repose, et attendre de voir ce que le lendemain leur réserverait. Mais, dans cette attente, il y avait une certaine tranquillité. Un moment de répit.
Le sommeil de Mero fut léger et entrecoupé, mais finalement, il se laissa gagner par l'épuisement et s'endormit, bercé par les secousses du bateau et le hurlement de la tempête qui continuait de déchirer l’air. Ses rêves étaient flous, un mélange de visages et de lieux, tout comme la mer qui semblait engloutir chaque pensée.
Le matin arriva lentement, comme si le monde extérieur n’était plus qu’une silhouette floue à peine perceptible. La lumière du jour pénétra doucement dans la cabine à travers les petites fenêtres, apportant une sensation de calme après la violence de la nuit.
Le bateau tanguait encore un peu, mais moins violemment qu’auparavant. Mero ouvrit les yeux, et après quelques instants d’hésitation, il se leva lentement, ressentant un léger mal de tête dû à la tempête de la veille.
Les bruits du navire étaient plus doux maintenant, les voiles étaient plus calmes et l’air plus stable. Il tourna son regard vers Leila, qui était endormie dans le lit à côté, sa respiration régulière, bien que marquée par la fatigue de la nuit.
Tout semblait plus calme. La tempête avait cessé de déchaîner sa fureur.
Mero se leva avec précaution, se dirigeant vers la porte de la cabine. Lorsqu’il ouvrit la porte, il sentit immédiatement l’air frais du matin, moins chargé d’humidité et de sel que la veille. Il aperçut l’horizon à travers les bords du navire. Les vagues étaient toujours présentes, mais moins menaçantes.
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Il se tourna vers l’intérieur, espérant voir son tuteur ou quelqu’un de l’équipage pour savoir où ils en étaient.
Mero monta lentement les escaliers menant au pont, ses pas prudents en raison de la légère instabilité du navire. L'air frais du matin lui fouetta le visage, un contraste bienvenu après la chaleur étouffante de la cabine. La mer s'étendait devant lui, calme mais imposante, ses vagues creuses et puissantes roulant sans fin.
Il se laissa emporter un instant par la beauté du paysage. L’horizon semblait s’étirer à l’infini, une mer d’azur bordée d’un ciel presque trop clair pour être vrai. Mais alors, son attention fut attirée par les marins qui s’activaient autour de lui.
Les marins, qu’ils soient matelots expérimentés ou jeunes mousses, se déplaçaient avec une efficacité presque mécanique. Chacun savait exactement ce qu’il avait à faire, chaque mouvement était mesuré, chaque ordre exécuté sans la moindre hésitation. Même les mousses, ces jeunes garçons en formation, exécutaient les ordres avec une rapidité qui forçait le respect. Aucune lenteur, aucun désordre. La discipline régnait ici avec une autorité qui imposait le silence.
Mero se sentit à la fois fasciné et intimidé par cette discipline. Ces hommes, qu’il connaissait à peine, avaient l’air d’incarner un ordre qu’il n’avait encore jamais vu. Cela semblait naturel pour eux, mais pour lui, cela semblait une montagne à gravir. Un jour, il devrait être comme eux : appliqué, concentré, obéissant sans discussion aux règles et à l’autorité. Cette discipline faisait partie du monde qu’il allait devoir affronter, et il savait qu’il n’avait pas le choix. Pour vivre dans l’empire, pour survivre à l’école impériale de Mor, il devrait s’y soumettre.
Il observa un mousse qui, après avoir rangé des cordes sur le côté du pont, se tourna et attendit patiemment les prochaines instructions. Mero remarqua que l’adolescent ne semblait même pas s’essouffler, son regard posé droit devant lui, aussi calme et implacable que l’océan lui-même.
Mero respira profondément, son regard se perdant dans l'horizon. Il se promit de maîtriser cette discipline, de l’apprendre et de la vivre comme une seconde nature. Si l’empire voulait cela, il y parviendrait. Il n’avait pas le choix.
En descendant du pont, Mero se dirigea vers les cuisines. L'air frais et vivifiant qu'il avait ressenti quelques instants plus tôt laissa place à une chaleur étouffante à mesure qu'il s'enfonçait dans les entrailles du navire. Les couloirs étaient étroits, les murs en bois craquaient parfois sous la pression de la mer, et la lumière tamisée des lampes à huile jetait une lueur vacillante sur les passants.
Les cuisines, situées au centre du navire, étaient déjà en effervescence. Des marmites bouillonnaient, des odeurs épicées et salées emplissaient l'air. Les cuisiniers s'affairaient autour de grandes tables de bois, coupant, mélangeant, et surveillant les différents plats qui mijotaient. L’agitation, bien que pressée, semblait maîtrisée et organisée, une autre forme de discipline à laquelle Mero commençait à s'habituer.
Il aperçut un plat en préparation, une sorte de ragoût, qui dégageait une odeur appétissante. Un cuisinier, un homme grand aux mains calleuses, lui sourit en le voyant approcher.
— Vous cherchez à manger quelque chose, Votre Altesse ? demanda-t-il, tout en continuant de remuer le contenu d'une grande marmite en fonte.
Le ton du cuisinier était respectueux, mais sans excès, comme si Mero était juste une autre personne parmi tant d'autres sur ce navire. Cela n'échappa pas au garçon, qui se sentit à la fois un peu gêné et un peu soulagé de ne pas être traité comme un enfant royal ici, loin de la cour.
— Je... je voudrais un peu de pain et de viande, si possible. Et de l'eau, s'il vous plaît.
Le cuisinier hocha la tête et se tourna vers un autre membre de l'équipage, un jeune homme en train de couper du pain en tranches. Mero s'assit sur un tabouret près d'une table en bois, observant les allées et venues des cuisiniers. Il n'avait jamais vu une telle effervescence. Cela lui rappelait un peu l’agitation de son propre palais, mais ici, tout était plus direct, plus brutal. Pas de fioritures, pas de cérémonies.
Un moment plus tard, son assiette lui fut apportée. Une généreuse portion de viande, accompagnée de légumes et de pain frais. L’eau, dans un grand pichet, fumait légèrement sous l'effet de la chaleur des cuisines.
Il prit une première bouchée, savourant la simplicité et la chaleur de la nourriture. Il n’avait pas l’habitude de ce type de repas frugal, mais il se rendait vite compte que dans ce voyage, chaque moment, chaque décision, était une préparation pour l’avenir.
Il se força à manger lentement, consciente que ce repas serait l’un des rares plaisirs de la journée avant de se replonger dans les cours qui l’attendaient.
Mero, une bouchée de pain encore en main, tourna lentement la tête vers le cuisinier qui était en train de préparer un autre plat. Il hésita un instant, puis, poussant un soupir, posa la question qui lui trottait dans la tête depuis un moment.
— D’où venez-vous, maître cuisinier ? demanda-t-il, une note de curiosité dans la voix.
Le cuisinier, occupé à tourner un morceau de viande sur le feu, leva un regard brièvement surpris vers Mero, mais son expression se détendit rapidement. Il prit un moment avant de répondre, comme s’il évaluait la question, avant de poser son ustensile et de se rapprocher de la table de Mero.
— Je viens de la République de Dorelle, Votre Altesse. répondit-il avec un sourire modeste. C’est un petit royaume côtier à l’est de l’empire. Nous vivons de la mer, de la pêche principalement, mais aussi du commerce avec les autres royaumes. Vous n’en avez peut-être jamais entendu parler, il est bien loin d’ici. Mais les gens de ma région ont toujours été des marins. Le voyage en mer, c’est un peu comme notre seconde nature.
Il s'essuya les mains sur un torchon avant de s'asseoir en face de Mero, le regardant avec une certaine sympathie, comme s’il comprenait la curiosité du jeune prince.
— Et vous, Votre Altesse ? Vous venez des îles du royaume de Sel, non ? Ça doit être bien différent ici, sur l'océan. Loin de votre terre... dit-il, une lueur de compréhension dans ses yeux.
Il se redressa alors, saisissant un morceau de pain pour tremper dans une marmite qui mijotait sur la table. La scène était presque banale, mais Mero se rendait compte que cet homme, ce cuisinier, était le produit d’une autre culture, d’un autre monde, et que la mer était ce qui les unissait tous sur ce navire.
Oui, ici tout est différent mais mon peuple est aussi un peuple de marin. Nos légendes disent que nous sommes les enfants des dieux de la mer qui sont venus du nord et que c'est pour cela que nous avons la peau blanche au contraire des royaumes voisins.
Le cuisinier écouta attentivement, un léger sourire aux lèvres, appréciant la manière dont Mero partageait un peu de son propre héritage. Il hocha lentement la tête en signe de compréhension.
— C’est fascinant, répondit-il. Les légendes ont ce pouvoir de lier les gens à leurs origines, même quand les distances sont grandes et que les cultures se mélangent. Dans mon royaume, nous avons aussi des histoires sur les océans, des créatures marines qui nous guident et des tempêtes qui servent de tests pour ceux qui veulent prouver leur valeur. Les gens qui viennent de la mer... Il marqua une pause, un éclat dans les yeux. ...ils ne sont jamais tout à fait comme ceux des terres. Il y a quelque chose de différent chez eux, comme une force intérieure.
Mero sentit que, malgré leurs différences de cultures, un pont se construisait petit à petit entre lui et cet homme, un membre de l'équipage du navire qui, à sa manière, était aussi un marin. Il se demanda un instant si le cuisinier avait raison : peut-être que les peuples de la mer avaient tous un lien secret, une compréhension tacite née de l’immensité de l’océan qui les entourait.
— Nous avons toujours cru que la mer est notre mère, dit-il, ses yeux se perdant un instant dans la brume qui commençait à se lever à l'horizon. Nos ancêtres ont traversé des océans, bravé des tempêtes. Peut-être que c’est pour ça que nous avons cette peau plus claire. La mer nous a choisis pour ses enfants.
Le cuisinier sourit à nouveau, pensif. L’ambiance dans les cuisines était plus calme maintenant, les bruits de la mer plus lointains, comme si la conversation avait suspendu le temps.
— Je vois. La mer, oui… elle est à la fois douce et cruelle. Mais les marins, qu’ils soient de Garthon ou de Sel, savent que tout est dans l’acceptation de ce qu’elle nous donne et de ce qu’elle nous prend. Il se redressa. Je vous souhaite de trouver la même force dans vos voyages, Votre Altesse. Vous en aurez besoin.
Mero se leva lentement, appréciant ces paroles simples mais pleines de sens. Il n’était qu’un jeune garçon qui partait pour un destin inconnu, mais les mots de ce marin, de ce cuisinier, résonnaient déjà dans son esprit comme une promesse. Peut-être qu’il comprendrait un jour tout ce que ces gens, les marins du monde, avaient à lui offrir.
Avant de se tourner pour quitter les cuisines, il jeta un dernier regard au cuisinier et dit :
— Merci, maître cuisinier, pour vos mots. Peut-être que nous, marins des deux rives, avons plus en commun que je ne le pensais.
Le cuisinier hocha la tête, un sourire en coin.
— Nous en avons tous un peu plus, Votre Altesse, même si on ne le sait pas toujours.
Et sur cette note, Mero quitta les cuisines, son esprit déjà tourné vers la suite de son voyage et les mystères que la mer lui réserverait.
Le soleil commence à briller plus fort, la chaleur de la journée s'installant doucement sur le pont. Mero quitte les cuisines, l’esprit encore un peu marqué par la conversation avec le cuisinier, mais il sait que le temps n'attend pas. Il se dirige vers l’endroit désigné pour les cours, là où son tuteur, Maître Antonin, l’attend.
Le matin est réservé aux langues, et aujourd’hui, c’est le début de l’apprentissage du langage de l’Empire – une langue couramment parlée à la cour impériale et par les hauts fonctionnaires de la région. C’est une langue complexe, presque chantante, qui semble si éloignée de la sienne, celle des îles.
Mero entre dans la salle, où des cartes et des livres sont disposés sur une grande table en bois. Il y trouve Maître Antonin, qui se tient déjà prêt à commencer.
— Votre Altesse, dit Antonin en se redressant, une légère révérence. Prêt pour votre premier cours de langue impériale ?
Mero hoche la tête, hésitant un instant avant de répondre.
— Oui, maître. Je suis prêt. Mais… il semble difficile d’apprendre une langue aussi différente de la mienne. Comment commencer ?
Le tuteur sourit légèrement, mais il est également sérieux dans ses intentions.
— Tout commence par les bases. Aujourd'hui, nous allons travailler sur les sonorités, la grammaire et quelques phrases simples. Cette langue a une structure différente, mais avec du temps, vous verrez qu’elle deviendra aussi naturelle que la vôtre. Ne vous inquiétez pas, nous allons avancer à votre rythme. Ce n’est pas une course, mais un apprentissage progressif.
Mero prend une grande inspiration, décidant de se concentrer. Il doit comprendre cette langue s’il veut naviguer dans l'Empire, pour s’adapter à sa nouvelle vie et aux défis qui l’attendent. Antonin prend alors un livre épais et l'ouvre à une page marquée par des notes.
— Nous allons commencer par les premiers mots essentiels, puis nous pratiquerons la prononciation. Écoutez attentivement et répétez après moi.
Il commence alors à dicter lentement des mots, en les prononçant avec soin pour que Mero puisse les entendre clairement. La langue est douce à l’oreille, mais les sons sont complètement étrangers aux oreilles du jeune prince. Après quelques répétitions, Mero commence à comprendre, même si cela reste difficile.
Une heure passe, et les premières bases sont posées. La table est couverte de feuilles et de mots. Mero est fatigué, son esprit commençant à saturer sous la pression, mais il sait qu’il doit persévérer. Après tout, c’est son futur qui est en jeu.
Le cours de langue se poursuit pendant une heure supplémentaire. Les mots et les sons se mélangent dans l’esprit de Mero, mais au fur et à mesure, il commence à saisir les structures de base. Il remarque que la langue impériale, bien que différente de la sienne, a une certaine logique, une certaine élégance dans sa construction.
Lorsque le cours de langue se termine, Maître Antonin ferme le livre et le regarde attentivement.
— Bien joué, Votre Altesse. Vous avez bien progressé aujourd'hui. C’est une étape importante, mais n’oubliez pas que la pratique quotidienne vous permettra d’ancrer ces bases. Je vous conseille de répéter ces mots chaque jour pour que la langue devienne une seconde nature pour vous.
Mero hoche la tête, épuisé par l’intensité de l’exercice mais satisfait de ses progrès. Après tout, c’était un bon début.
Alors que la matinée s’achève et que l’heure du déjeuner approche, Mero se dirige vers le pont pour prendre l'air et se donner une petite pause avant le début des cours d’histoire l’après-midi. L’air salin de l’océan, l’odeur de l’eau fraîche et du sel, lui apportent un réconfort bienvenu après cette première matinée d’intense concentration.
Il prend une profonde inspiration, observant la mer, les vagues qui se brisent contre la coque du navire. Le rythme du voyage, le bruit des vagues et du vent, lui rappellent son lien avec la mer. C’est un moment de calme avant que la journée ne reprenne avec les cours d’histoire, de politique et d’étiquette qui l’attendent.
Le temps de l’heure de pause passe rapidement. Mero, bien que fatigué, se sent prêt à affronter les défis du reste de la journée. Le regard des marins, toujours concentrés sur leurs tâches, l’impressionne encore. Cette discipline qu’il voit en eux, il sait qu’il devra l’adopter pour se préparer à l’arrivée à l’Empire.
Lorsque le moment est venu de retourner en salle de cours, Mero rejoint Maître Antonin pour le cours d’histoire. Le tuteur a déjà préparé des cartes et des rouleaux de parchemin, prêts à commencer l’étude des événements qui ont façonné l’Empire et ses régions.
Maitre Antonin, pourriez-vous donner les cours dans la langue impériale pour que je puisse m'améliorer en même temps que j'apprends les autres cours. Je sais que mon niveau n'est pas encore suffisant pour tout comprendre.