Quatre marins, les plus grands, les plus costauds et les plus aguerris, accompagnaient Mero, Maître Antonin et Leila. Le groupe se forma rapidement, les quatre marins imposants se mettant en avant, prêts à assurer leur sécurité. Leur apparence brutale et leurs attitudes sûres marquaient clairement leur expérience des îles comme celle-ci. Maître Antonin et Leila, plus discrets mais tout aussi déterminés, prenaient place à ses côtés. Ils étaient prêts à descendre dans une petite barque, qui les conduirait sur la côte de l'île.
Les marins prenaient les pagaies avec assurance, les dirigeant vers la rive tout en surveillant les alentours. Le regard perçant de Maître Antonin restait fixé sur l'horizon, scrutant chaque mouvement suspect. Leila, plus détendue, semblait moins inquiète, mais ses yeux restaient alertes.
Le vent soufflait doucement, et l'odeur de sel et de terre humide se mêlait dans l’air. À mesure qu’ils se rapprochaient de l'île, la végétation dense devenait plus visible. Des palmiers et des buissons épais bordaient la côte, et, à l'intérieur, on distinguait de petites routes tracées par les habitants. Mais tout cela semblait étrange, différent, presque irréel.
Le capitaine avait averti de la prudence, mais rien ne semblait réellement pouvoir préparer qui que ce soit à ce qui les attendait sur cette île de pirates. Le silence sur le bateau et dans la barque était lourd de tension. La sensation de danger flottait dans l'air, invisible mais présente.
Ils accostèrent enfin, et les marins débarquèrent en premier, vérifiant les environs avant de permettre au groupe de descendre. Les murs de la ville se dressaient à quelques mètres, et des regards curieux suivaient leur arrivée, mais personne ne semblait vouloir s'approcher immédiatement. Leurs yeux étaient aussi méfiants que les leurs.
Maître Antonin fit signe à tout le monde de rester proche, et il guida le groupe à travers la petite rue qui se trouvait devant eux. Les bruits des chants et des discussions des habitants étaient lointains, mais l'atmosphère restait tendue. Chaque coin de rue, chaque ombre semblait cacher un potentiel danger.
Au loin, des barques remorquent le bateau vers les quais de réparation.
Maître Antonin et Mero commencèrent à observer les étals. Mero était fasciné par la variété des produits exposés. Des tissus aux couleurs vibrantes, des poteries décorées, des épices aux arômes puissants, et des bijoux faits main captaient son regard. Les commerçants, de toutes sortes d'origines, hèlent les passants, cherchant à vendre leur marchandise. Mais derrière cette apparente normalité, quelque chose semblait plus trouble. Les visages, bien que souriants, portaient une certaine dureté, comme si la méfiance était de mise, même parmi les habitants.
Maître Antonin, les yeux acérés, semblait chercher quelque chose de précis parmi les étals. Il s'arrêta devant un stand où des armes et des couteaux étaient vendus. Les lames, de différentes formes et tailles, brillaient sous le soleil, certaines décorées de gravures complexes. Des lames courbes, des poignards aux poignées en bois sculpté et d'autres plus rudimentaires mais tout aussi menaçantes. Il semblait peser le choix avec sérieux.
Leila restait proche de Mero, observant aussi, mais son regard semblait plus inquiet. Elle n'avait pas cette même aisance que Maître Antonin à naviguer dans ce genre d'environnement. Ses yeux balayaient constamment les alentours, surveillant les mouvements des passants et des marchands.
Un cri lointain brisa le silence, rapidement étouffé par le bruit des discussions animées des marchands. Un instant, l'ambiance sembla se tendre, mais tout revint à la normalité, comme si rien ne s’était passé. C'était dans ces moments que Mero se rendait compte à quel point cette île était imprévisible. Un instant paisible, le suivant teinté de danger.
Alors que Maître Antonin examinait les armes, Mero s'approcha d'une petite étagère où des objets sculptés en bois étaient exposés. Il y avait des figurines de créatures marines, des masques décoratifs, des bijoux. Un de ces masques attira particulièrement son attention, une œuvre d'art étrange, représentant une créature mi-homme, mi-animal, à l'expression à la fois mystique et menaçante.
Il ne put s'empêcher de le regarder, intrigué, mais il savait qu’ils n’étaient pas là pour faire du shopping. Le voyage continuait, et il serait sage de ne pas se laisser distraire trop longtemps.
Parmi les différents étals, parmi les bibelots hétéroclites, un objet attira l'attention de Mero. Une boîte ornée des anciennes armoiries de sa famille, des armoiries qui n'avaient pas été utilisées depuis leur intégration dans l'Empire. Un frisson inexplicable parcourut son échine. Ce symbole, gravé avec une précision saisissante, ne devrait plus exister, surtout pas ici, sur un marché aussi éloigné de chez lui. Ce n'était sûrement pas une simple coïncidence.
Stolen from Royal Road, this story should be reported if encountered on Amazon.
Son regard se fixa sur la boîte, et il s'avança lentement, chaque pas alimentant un sentiment grandissant d'inquiétude. L'objet, apparemment anodin, reposait sur un étal où étaient vendus des objets de collection. Mais quelque chose dans la manière dont elle était disposée l'intrigua. Elle semblait délibérément mise en avant, comme si elle l'attendait. Ce n'était pas un simple bibelot parmi d'autres, mais un objet porteur d'une signification plus profonde.
Il scruta les alentours, observant les réactions des marchands et des passants. Rien ne semblait suspect, mais une étrange sensation de malaise l'envahit. Il s'approcha discrètement, sans attirer l'attention, et examina de plus près les armoiries. Le blason était identique à celui qu'il avait vu sur les documents familiaux, celui que son père lui avait montré autrefois, avant leur départ. Il n'y avait aucun doute : c'était bien l'emblème de sa famille.
Il n'osa toucher à l'objet, mais la question se forma dans son esprit. Comment cette boîte avait-elle pu se retrouver ici, à des milliers de lieues de chez lui ? Et pourquoi avait-elle été laissée parmi ces objets étrangers ? Quelqu'un, ici, semblait avoir un lien direct avec sa famille. Mais qui ? Et quel but poursuivait-il en exhibant ce souvenir disparu depuis longtemps ?
Mero jeta un regard furtif à Maître Antonin, qui semblait concentré sur une autre transaction. Il pourrait lui en parler, mais peut-être était-il préférable de continuer à observer en silence. Après tout, cette découverte pourrait bien mener à des révélations bien plus grandes que ce qu'il pouvait imaginer.
Il s'approcha de Maître Antonin et lui montra la boîte. Il lui dit qu'il voulait absolument cette boîte.
Maître Antonin tourna son regard vers lui, notant l'expression sérieuse sur son visage. Il remarqua la boîte dans ses mains et observa attentivement les armoiries gravées dessus, une lueur d'intérêt brillant dans ses yeux. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres.
"Tu as bien l'œil, Mero," dit-il calmement, mais avec une pointe d'avertissement dans sa voix. "Ce n'est pas un simple objet décoratif. Si tu tiens vraiment à cette boîte, tu dois être prêt à comprendre que son acquisition pourrait attirer plus d'attention que tu ne le souhaites. Ce genre d'objet, avec une telle provenance, est souvent lié à des affaires... complexes."
Il prit un moment pour examiner les alentours, scrutant les visages des marchands et des passants. Il semblait réfléchir à la meilleure façon de procéder.
"Tu souhaites vraiment cette boîte, mais sois conscient qu'il pourrait y avoir des risques. Je vais m'occuper de la négociation, mais garde en tête que nous pourrions être confrontés à des demandes inattendues. Laisse-moi gérer cela, mais si tu tiens à l'avoir, il va te falloir agir avec discrétion."
Il se tourna vers le marchand qui vendait la boîte, prêt à entamer la conversation. Le prix de l'objet n'était pas ce qui l'inquiétait le plus, mais plutôt ce qui pourrait en découler. Mais il restait calme, maîtrisant parfaitement la situation. Avant de s'avancer vers le vendeur, il se tourna brièvement vers Mero.
"Tu es sûr de vouloir continuer, Mero ? Cette boîte semble avoir plus de valeur que tu ne le penses."
"Oui, elle appartient à ma famille. Elle doit me revenir."
Maître Antonin hocha lentement la tête, sa mine sérieuse traduisant une compréhension profonde de la détermination de Mero. Il fit un pas en avant, prêt à prendre les devants, mais son regard se fixa un instant sur Mero, observant sa résolution.
"Très bien," dit-il d'une voix ferme. "Si elle appartient à ta famille, elle doit effectivement te revenir. Mais souviens-toi, Mero, qu'il y a des manières de prendre ce qui nous revient de droit. Parfois, il est préférable de le faire avec finesse et patience."
Il se dirigea alors vers le marchand, sa démarche calme et assurée. Le vendeur sembla accueillir Maître Antonin avec une certaine réserve, probablement en raison de la nature de l'objet que Mero souhaitait acheter.
Après quelques échanges de salutations, Antonin entama la négociation d'un ton mesuré, mais l'atmosphère autour d'eux restait tendue. Les regards des passants, intéressés par la transaction, montraient qu'il pourrait y avoir plus en jeu que ce qu'on percevait au premier abord.
Au bout de quelques minutes, Maître Antonin revint vers Mero, un léger sourire aux lèvres.
"Tout est réglé," dit-il. "La boîte est désormais à toi. Nous avons obtenu un bon prix, mais je te conseille de la garder à l'abri pendant un moment. Il est probable que certains commencent à poser des questions sur son origine, et je ne doute pas qu'elle fasse l'objet de certaines convoitises."
Il tendit la boîte à Mero, qui la prit en main. Elle semblait presque vibrer de significations passées et de mystères à résoudre. Les armoiries de sa famille étaient gravées avec une précision presque surnaturelle, comme si l'objet portait en lui des souvenirs profondément ancrés dans l'histoire.
"Elle est à toi, Mero. Mais n'oublie pas ce que nous avons appris ici : il vaut mieux être prudent, surtout avec ce genre de trésor."
Mero se contenta de dire un simple « Merci », conscient des conséquences de ses choix et prêt à en assumer toutes les implications. Il savait que ce geste marquait un tournant, un pas en avant vers des inconnues qu’il n’aurait pas imaginées auparavant.
Maître Antonin acquiesça lentement, son regard se faisant plus doux en voyant la détermination de Mero. Il avait observé l’évolution du jeune homme, et il savait que ce choix n’était pas anodin. La boîte, bien que chargée de symbolisme familial, représentait aussi bien plus. Antonin était parfaitement conscient de l’impact que de tels choix pouvaient avoir, non seulement sur le présent, mais sur l’avenir tout entier.
"Tu as fait un choix, Mero," dit-il d’une voix calme, mais pleine de gravité. "Et parfois, ce sont ces décisions, petites ou grandes, qui forgent le caractère d’un homme. Mais n’oublie jamais que chaque acte, aussi juste ou légitime qu’il puisse paraître, porte son lot de responsabilités. Ce que nous faisons aujourd’hui ne se laisse pas effacer facilement. Ce qui est fait est fait, et il n’y a plus à revenir en arrière."
Il fixa Mero un instant, un regard qui semblait presque paternel, puis tourna son attention vers Leila, qui les suivait silencieusement, les mains serrées derrière son dos, comme toujours prête à soutenir, sans poser de questions.
"Prends soin de ce qui t’appartient, Mero," ajouta-t-il avant de reprendre sa marche. "Et souviens-toi bien que parfois, le chemin le plus court pour atteindre nos objectifs est aussi celui qui nous révèle le plus de choses sur nous-mêmes."
Avec ces mots, il s’éloigna, son pas mesuré et assuré, comme si la rue elle-même répondait à son passage. Leila, fidèle et silencieuse, resta en retrait, ses yeux scrutant les alentours avec une vigilance tranquille, attendant qu’ils avancent encore.
Autour d'eux, le marché reprenait son cours, les voix des marchands se mêlant aux bruits de la ville, mais quelque chose avait changé. Une sensation palpable de poids flottait dans l'air, un pressentiment, comme si le monde venait d'être légèrement modifié. Peut-être était-ce l'ombre de ce choix qui semblait désormais planer au-dessus de Mero, ou peut-être était-ce la promesse que ce qu’il avait fait l'amènerait à découvrir des vérités bien plus profondes qu'il ne l'avait imaginé. Mais quoi qu'il en soit, il n'y avait plus de retour en arrière.