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Ton nom

Antonio avançait dans les couloirs sombres, sa cape flottant légèrement derrière lui. Les ombres semblaient s'étirer autour de lui, enveloppant la nuit dans une atmosphère lourde. Il rejoignit enfin la professeure, qui l’attendait à l’extérieur, assise sur un banc de pierre. La lune éclairait son visage fatigué, mais elle ne semblait pas effrayée, seulement résignée.

Antonio s’arrêta devant elle, croisant les bras.

— Vous ne devriez pas rester seule ici, surtout après tout ça, lança-t-il d’un ton sarcastique.

Elle releva les yeux vers lui, esquissant un sourire triste.

— Et pourtant, tu es venu. Merci pour ton intervention… Antonio, c’est ça ?

Il hocha la tête en s’asseyant à ses côtés.

— Oui, et vous devriez vraiment considérer un surnom plus… approprié. Quelque chose qui colle à votre personnalité.

Elle fronça les sourcils, intriguée.

— Comme quoi ?

Antonio réfléchit un instant, un sourire malicieux au coin des lèvres.

— Lazaria. En hommage à Lazare et à la paresse des âmes endormies. Vous avez un côté mystérieux et contemplatif, et honnêtement, ça vous va bien.

Elle eut un léger rire amer.

— Lazaria, hein ? Je suppose que ça me correspond. Après tout, je porte bien la marque de la paresse.

Antonio arqua un sourcil.

— La marque de la paresse ? Vous parlez de votre autorité, n’est-ce pas ?

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Elle le fixa, hésitant un instant, avant de soupirer profondément.

— Je suppose que tu mérites de savoir. Après tout, tu as risqué ta vie ce soir.

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Elle baissa les yeux, fixant ses mains tremblantes.

— Aussi loin que je me souvienne, j’ai grandi dans un orphelinat. Un endroit… horrible. Les adultes étaient violents, cruels, et il n’était pas rare que des enfants soient vendus.

Antonio resta silencieux, écoutant attentivement.

— Mais même dans cet enfer, j’avais trois amies : Chloé, Astrid, et une autre fille que tu ne connais pas. Et il y avait aussi Alan. Nous étions un petit groupe uni, essayant de survivre ensemble.

Elle s’arrêta, sa voix devenant tremblante.

— On voulait fuir cet endroit, mais c’était impossible. On a demandé de l’aide, mais légalement, personne ne pouvait nous sortir de là. Alors… on a invoqué un démon.

Antonio tressaillit légèrement, mais garda son calme.

— Un démon ? Voilà qui devient intéressant.

Elle continua, sa voix teintée de regret.

— Oui. On savait que c’était interdit, mais on était désespérés. Le démon nous a donné une chance de fuir, mais… à quel prix ? L’orphelinat a été détruit. Tout le monde est mort. Sauf nous.

Elle releva la tête, son regard se perdant dans les étoiles.

— Astrid était sous le choc. Mais Chloé… elle l’a accusée. Elle a dit qu’Astrid était responsable de tout ça. Moi… je n’ai rien dit.

Antonio plissa les yeux, sentant le poids des regrets dans ses paroles.

— Et Astrid a cru à cette trahison, n’est-ce pas ?

Elle hocha lentement la tête.

— Oui. C’était la fin de notre amitié. Chloé et l’autre fille ont réussi à tourner la page rapidement. Mais pas moi.

Elle posa une main sur sa poitrine.

— C'est là que j'ai reçu l'autorité de la paresse. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être parce que je n'ai rien fait. Rien n’a dit. Peut-être parce que je suis conservée figée, incapable d'agir.

Antonio resta silencieux un moment, analysant ses mots.

— Et Astrid ? Vous ne l'avez plus revue jusqu'à récemment ?

Elle secoue la tête.

— Non. Pas jusqu'à ce qu'elle ré apparaît et commence à…

Elle s'arrête, incapable de finir sa phrase.

Antonio posa une main rassurante sur son épaule.

— Vous n'êtes pas seule dans cette histoire. Je suis là, et je compte bien mettre fin à tout ça.

Elle le regardait, un faible sourire apparaissant sur ses lèvres.

—Merci, Antonio.

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Alors qu'il se levait pour partir, elle murmura :

— Pourquoi fais-tu tout ça ?

Antonio s'arrêta, réfléchissant un instant avant de répondre, un sourire énigmatique sur le visage.

— Parce que je suis déjà revenu de l'enfer. Et je refuse d'y retourner.

Il tourne les serres, disparaissant dans la nuit, laissant Lazaria seule avec ses pensées.