Il y a eu une coupure silencieuse, comme si le temps s'était figé, nous offrant deux heures pour nous retrouver. Alyssia s'est éclipsée pour se changer, et j'ai fait de même. Un peu de répit avant le dîner, un moment où les mots peuvent respirer, où les gestes deviennent un peu plus conscients.

Je suis dans ma chambre, en train de me préparer, mais mes pensées sont ailleurs. Comment suis-je arrivé là ? Comment ai-je pu passer tant de temps à fuir ce que je ressentais pour elle ?

Je soupire en ajustant ma chemise, me préparant mentalement à la voir revenir. Et c’est là que je l’entends.

La porte s'ouvre, et je tourne la tête. Elle entre, et je reste figé un instant.

Elle porte une robe simple mais élégante, qui met en valeur sa silhouette sans trop en faire. C’est comme si tout en elle brillait sous une nouvelle lumière. Ses cheveux tombent en vagues légères sur ses épaules, et son regard, avant un peu fuyant, semble plus ouvert. Elle est radieuse, plus belle que je ne l’avais jamais vue.

Je me sens un peu idiot, moi, avec ma tenue trop sérieuse, mais je chasse cette pensée. Elle est là, et ça suffit à me faire sourire, un sourire sincère. "Wow," je lâche, sans pouvoir m'en empêcher. "Tu… tu es magnifique, Alyssia."

Elle rougit, et ses yeux se baissent, comme si elle n’avait pas l’habitude d’entendre ce genre de compliments de ma part. C’est drôle de la voir ainsi, un peu embarrassée, comme si ce n’était pas naturel pour elle de recevoir des mots gentils. Mais elle relève rapidement la tête, un sourire timide sur les lèvres.

"Merci…" Elle est presque gênée, et je peux voir cette petite lueur d'émotion dans ses yeux. C’est rare qu’elle montre autant de vulnérabilité, et ça m’étonne. Cette version d’elle… je l'aime.

Je lui tends la main, avec un sourire léger. "Prête pour ce dîner ? Je crois qu'on a beaucoup de choses à se dire."

Elle hésite un instant, puis accepte ma main, une main qui est bien plus douce que je ne l’aurais cru. Nos doigts s’entrelacent presque instinctivement, et je sens une chaleur tranquille se propager. Un moment simple, mais tellement important.

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Le dîner se passe dans une atmosphère calme, presque intime. Nous parlons, sans pression, sans faux-semblants. J’apprends à mieux la connaître, ses passions, ses rêves, ses peurs. Et elle, elle découvre un Antonio différent de celui qu’il a toujours été, celui qui n’a pas peur de s’ouvrir un peu, de montrer un autre côté de lui.

Je ne cesse de la complimenter, mais cette fois, c’est sincère. Sur son intelligence, son caractère, son courage. "Tu sais, tu es vraiment incroyable, Alyssia. Je me demande pourquoi tu ne te laisses jamais aller plus souvent. Tu mérites tellement plus de reconnaissance."

Elle sourit, cette fois plus ouvertement, et je vois ses joues s'empourprer légèrement. Elle se détend, tout doucement. Elle commence à rire de petites blagues que je fais, parfois sur moi-même, parfois sur des situations absurdes. C'est comme si tout le poids du monde s'était un peu allégé, et qu'on pouvait enfin respirer ensemble, sans masque, sans attente.

"Tu es trop modeste, tu sais", me dit-elle à un moment, avec un regard malicieux. "Tu caches ton vrai talent sous ce sarcasme."

Je rigole, un peu gêné, mais reconnaissant qu'elle ait vu à travers ce masque que je porte. "C'est ma façon de survivre, je suppose. Mais toi, tu devrais apprendre à ne plus cacher tes sourires. Ça te va bien."

Elle rougit à nouveau, et je ne peux m'empêcher de sourire plus largement. C'est la première fois que je la vois aussi ouverte, aussi heureuse. Elle est belle quand elle sourit, et je me rend compte qu'il est rare que je la voie ainsi dans ma vie passée. Ces sourires, ces éclats de rire, étaient des choses que j'avais négligées.

Le dîner se termine, mais on ne se presse pas. On parle encore un peu, profitant de ce moment de complicité. Puis, tout à coup, sans réfléchir, je me lève, prends sa main et l'attire doucement vers moi.

"Tu sais, Alyssia… je pense qu'on devrait terminer la soirée dans un endroit plus privé."

Elle me regarde, un peu surprise, mais je vois dans ses yeux une petite flamme d'excitation. Elle ne dit rien, mais sa main dans la mienne, elle me suit sans poser de questions.

Quand nous arrivons dans ma chambre, la tension est palpable, mais pas celle de l'angoisse. Non, c'est plutôt celle de l'envie de s'avouer enfin les choses qu'on garde enfouies depuis trop longtemps.

Je la regarde, ses yeux cherchant les miens, hésitants, mais pleins de cette curiosité. C'est comme si tout se passait dans un espace-temps suspendu. Puis, sans un mot, je l'attire doucement vers moi. Nos lèvres se rencontrent, et tout semble s'éclairer d'un coup. C'est un baiser doux, timide au début, mais qui prend rapidement plus de consistance, comme si le monde autour de nous n'existait plus.

Finalement, la nuit nous enveloppe. Les mots s'éteignent, les gestes prennent le relais, et cette fois, tout semble juste. On termine la soirée ensemble, dans une proximité nouvelle, un lien qui se tisse lentement mais sûrement. Le temps, comme figé, semble nous dire que, peut-être, ce moment est celui que nous attendions tous les deux.