Je me souviens de ma première vie, mais il y a une chose que j'avais complètement ignorée, une vérité que je n'avais jamais comprise : ma place au sein de ma propre famille. La famille Hurt, forte, puissante, dominée par des femmes exceptionnelles, et pourtant… j'étais trop aveugle pour voir à quel point j'étais aimé.
Les femmes blessées étaient différentes. Presque toutes les plus fortes du monde provenaient de cette lignée, et moi, je n'étais qu'un homme parmi elles. Mais pas un homme comme les autres. Je n'étais pas le gendre d'une de ces guerrières, non. J'étais le seul homme né dans cette famille. Antonio Hurt, leur précieux trésor, l'exception dans un monde de forces féminines.
Ma mère était morte quand j'étais trop jeune, et mon père s'était remarié. Mais j'avais trouvé refuge dans cette famille de femmes fortes. Ma grand-mère, la matriarche, dirigeait la famille d'une main de fer, et elle m'avait pris sous son aile dès la disparition de ma mère. Elle m'a élevé parmi ses filles, parmi ces femmes dont la puissance dépassait tout ce que j'aurais pu imaginer. J'étais un enfant, et pourtant, j'ai grandi entouré de figures implacables, des guerrières, des stratèges, des sages. Elles m'ont appris à être fort, mais jamais aussi fort qu'elles. À dix ans, je savais me battre, je savais résister, mais je n'étais qu'une ombre face à leur puissance.
Et pourtant, elles m'aimaient. Elles m'aimaient avec une intensité qui m'échappait. Elles m'ont protégées, guidées, et m'ont forgées pour être leur héritier, leur espoir. Mais dans ma naïveté, je n'avais jamais compris à quel point j'étais précieux pour elles. J'avais l'impression de n'être qu'une pièce parmi tant d'autres dans une grande machination familiale. Elles étaient des déesses, et moi, un simple homme, un fragment de l'histoire qui n'avait pas sa place dans leur monde.
Il me fallait plus de temps, plus de souffrance, pour réaliser à quel point elles avaient toujours été là, présentes à chaque instant, avec leurs sourires, leurs gestes tendres et leur soutien inébranlable. Elles m'aimaient, mais je ne l'avais jamais vu. Pas dans ma première vie. Pas avant que tout ne soit trop tard.
Je me rends compte maintenant que tout ce que j'étais, tout ce que je suis, je le dois à elles. À cette famille de femmes puissantes qui m'ont donné la force de survivre, même si, au fond, je n'étais jamais aussi puissante qu'elles.
Ce jour-là, j'ai pris une décision. J'avais longtemps observé ma tante, l'une des femmes les plus puissantes du monde, une légende vivante dans le monde de la guerre et du combat. Elle était un prodige, même parmi les plus grands, et pourtant, dans ma première vie, je n'avais jamais eu l'opportunité de m'entraîner avec elle. Mes pouvoirs correspondaient d'une manière étrange aux siens, comme si nous étions deux facettes d'une même pièce. Mais, par naïveté, par arrogance, je n'avais jamais fait le pas. Aujourd'hui, je compte changer cela.
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Ma grand-mère était dans son bureau, un endroit où même les plus forts d'entre nous hésitaient à pénétrer sans y être invités. Elle était là, assise, l'air impassible, son regard de fer transperçant tout ce qui s'y trouvait. J'avais vu cette expression mille fois dans ma vie. Elle savait tout. Elle comprenait tout. Et cette fois, elle allait comprendre mes intentions.
Je m'approchei, d'un pas décidé, mais le cœur lourd. Elle leva les yeux, son regard se durcissant à mesure que je prenais la parole.
— "Grand-mère, j'aimerais m'entraîner avec tante Ylian."
Je n’avais pas besoin de lui expliquer davantage. Elle le savait déjà. Elle m'observa longuement, ses yeux brûlants comme des braises, scrutant chaque parcelle de mon être. Dans son silence, il y avait une tempête, une vague de jugement prête à me submerger. J'avais affronté mille batailles, mais celle-ci me semblait différente.
— "Tu crois que tu es prêt ?" La voix de ma grand-mère, dure comme de l'acier, se fit entendre. "Tu crois qu'après tout ce temps, après tout ce que tu as traversé, tu mérites de t'entraîner avec elle ?"
Je n'avais pas de réponse, seulement la certitude en moi que ce pas était nécessaire. Que c'était mon dernier test, celui qui déterminerait si j'avais vraiment changé, si j'étais prêt à comprendre mes véritables forces.
Elle se leva brusquement, s'approche de moi, et je sens une pression immense sur ma poitrine, comme si l'air lui-même devenait plus dense. Elle me fixe avec une intensité qui me fait douter un instant. Puis, contre toute attente, elle lâcha un rire, court mais franc, avant de poser sa main sur mon épaule.
— "Alors, tu as finalement compris, hein ?" Elle me regardait avec fierté. "Tu as vu ce que tu es, ce que tu peux devenir, et tu veux enfin ton propre chemin, pas seulement suivre celui que l'on t'a tracé."
Elle me prend dans ses bras, un geste rare, presque inattendu. Les bras d'une matriarche, d'une guerrière, de la femme la plus puissante que je connaissais, s'enroulèrent autour de moi, et je sentis un poids énorme se soulever de mon cœur. Ce n’était pas une simple accolade. C'était l'acceptation. L'acceptation de mes choix, de mes erreurs, de ma volonté de grandir.
— "Je suis fier de toi, Antonio." Elle murmura ces mots, et pour la première fois, je comprenais à quel point elle m'aimait. "Tu fais partie de cette famille, toujours, quoi qu'il arrive. Et si tu veux t'entraîner avec Ylian, alors tu le feras. Je te soutiendrai."
Son ton était dur, mais il y avait un fond de tendresse que je n'avais jamais vu en elle. La matriarche était plus qu'une figure de pouvoir. Elle était l'ancrage de cette famille, la pierre angulaire qui permettait à tous ses membres de grandir. Et aujourd'hui, elle avait accepté mon choix. Elle m'acceptait.
Je me tenais là, presque étourdi par la gravité de ce moment, et je ne pouvais m'empêcher de la remercier, bien que je ne savais pas encore si j'étais prêt pour ce qui m'attendait. Mais une chose était sûre : je ne serai jamais seul dans ce chemin.
— « Merci, grand-mère. »
Les mots étaient simples, mais ils étaient remplis de toute la reconnaissance et de l'admiration que j'avais toujours ressenties pour elle. Merci pour votre soutien. Merci de m'avoir donné la chance de prouver ce que je valais.
Elle me sourit, d'un sourire fier et inébranlable. Elle n'avait pas besoin de plus. Elle savait que ce moment marquait un tournant, et que désormais, plus rien ne serait pareil.
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