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Les liens du sang

Après l'adoption de Yohan, je décidei qu'il était temps d'en parler à ma grand-mère et à mes cousines. Elles n'avaient pas tardé à me retrouver dans la salle principale de la maison, toutes aussi furieuses que d'habitude. Elles m'avaient vu avec Yohan, et leur réaction fut immédiate.

« Tu ne l'as pas assez bien nourrie ! » lance ma cousine cadette, les poings serrés.

Et avant même que je puisse répondre, elles se jetèrent sur moi, me tabassant un peu comme un rite de passage. Mais dans leurs coups, il y avait aussi une étrange forme de tendresse. Elles me traitaient comme un membre de la famille, et elles avaient toujours eu l'habitude de faire ça, me corriger d'une manière assez violente. Après tout, j'étais leur "petit frère".

Mais ce n'était pas ça qui me marqua. Non, ce qui me touche profondément, c'était ce moment où je vis Yohan rire pour la première fois. Un vrai rire, pur et sans arrière-pensée. Un éclat de joie que je n'aurais jamais cru entendre de sa part.

Et là, j'ai compris. Dans mon ancienne vie, je l'avais toujours vue comme une héroïne stoïque, froide et distante. Une fille qui ne souriait jamais, qui ne se laissait pas aller à la moindre émotion. Et pourtant, ici, elle souriait, elle vivait. Elle était… heureuse. Et ce bonheur venait de moi.

Je n'avais jamais réalisé à quel point elle avait souffert, à quel point sa vie avait été marquée par la douleur et la solitude. Et maintenant, je pouvais lui offrir une chance de tout recommencer, d'être quelqu'un de différent. D'être libre.

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Les jours passèrent, et je passai de plus en plus de temps avec elle. Ce n'était pas facile au début. Yohan, ou plutôt ma sœur, ne s'adaptait pas immédiatement. Mais petit à petit, elle se laissa aller, elle s'habitua à ma présence.

Une semaine après notre première vraie rencontre, quelque chose d'étrange se produisit. Elle m'appelle, pour la première fois, d'un ton familier. « Vite, frérot ! » me lance-t-elle, un sourire espiègle aux lèvres.

Frérot. Cela me perturbe. Et je me rendis compte que nous étions devenus proches. Très proches, alors que dans ma vie passée, je la détestais. Je me souvins de l'égoïsme avec lequel je l'avais retenu, sans même essayer de comprendre ce qu'elle avait traversé. Et maintenant, elle était là, m'appelant « frérot », et j'avais l'impression de découvrir une toute autre personne.

Je me posai alors une question qui me traverse l'esprit : Pourquoi avoir pris la peine de la retrouver, après tout ? Pourquoi l'avoir accueillie, lui donner une chance, alors que je n'avais jamais voulu avoir de liens avec elle dans ma vie précédente ?

Et je lui répondis, sans détour, avec une sincérité que je ne m'étais jamais permis de ressentir dans ma première vie. « C'est pour te rendre heureux. »

Elle me regarda un instant, et ses yeux s'adoucirent. Puis elle me fit un câlin, simple, mais qui exprimait plus de choses que des mots ne pouvaient en dire. Elle avait huit ans, deux ans de moins que moi. Et à cet instant, je comprends que j'avais fait le bon choix, que tout ce que j'avais traversé jusque-là avait été pour ça.

Les jours s'enchaînèrent rapidement. Je m'entraînais avec ma tante, qui m'aidait à renforcer mes capacités physiques et mentales. Les cousines étaient toujours là, un soutien constant, même si leur manière de me « corriger » pouvait parfois frôler le ridicule.

Puis arrive le deuxième trimestre de l'académie. Le temps passait si vite, et j'avais l'impression d'avoir vécu plusieurs vies en une. Mais quelque chose en moi était différent.

Je n'étais plus ce jeune homme égoïste, ce héros sans cause. Non, j'étais devenu quelqu'un de plus entier, de plus humain. J'étais prêt à tout pour protéger ce que j'avais trouvé : une famille, un avenir, et une chance de réécrire notre histoire.