Je suis dans une pièce sombre, seule la lumière de l'écran de mon téléphone éclaire mes traits. Un appel de Selena. Je la reconnais immédiatement, son nom me fait presque frissonner. Non pas par peur, mais par l'habitude, par la certitude qu'elle fait partie de ce monde, de ce poids que je porte depuis toujours. Elle est là, comme mon ombre, présente en permanence, et je sais que dès que je décroche, il n'y a pas de retour en arrière.
Je prends une profonde inspiration et répond enfin.
« Antoine. » Sa voix est ferme, sans ambas. « J'ai un travail pour toi. »
Je me laisse tomber dans le canapé, le téléphone toujours contre mon oreille. Je me pince l'arête du nez, une vieille habitude de concentration.
« Dis-moi ce que tu veux. »
« Je veux que tu ramènes une fille », répond-elle, sans aucune émotion, juste une simple demande. Mais je sais qu'elle ne me demandera pas un simple "ramener". Non, il y a toujours plus derrière, surtout avec elle. « Elle a dessiné quelque chose, et je veux savoir pourquoi. »
Je fronce les sourcils. Une fille et un dessin ? C'est encore flou, mais je n'ai pas besoin de plus de détails. Je n'aime pas ça. Je n'aime pas quand les choses sont floues, quand on me cache quelque chose. Mais je n'ai pas le choix, c'est elle qui parle.
Je pose le téléphone et je me tourne vers mon bureau. Il y a des dessins éparpillés, certains commencent à ressembler à un portrait, un visage, que je n'ai jamais réellement voulu voir. Celui de la fille qu'elle doit ramener. Cette jeune fille que j'ai dessinée sans même y penser. Elle doit faire partie de ce plan. Je ne suis pas sûr de ce que ça implique, mais je sais qu'il est trop tard pour me retirer.
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Je commence à griffonner, mes mains agissant presque d'elles-mêmes. Le visage prend forme. Ses traits sont distincts, presque familiers. Un regard froid, une expression dure. Je m'arrête un instant, ses yeux me fixant d'une manière qui me glace. Ceux d'un prédateur. Ceux d'un loup. C'est ce que Selena reconnaîtra.
Avant même que je termine, je sens une présence derrière moi, un souffle sur ma nue. C'est elle. Comme toujours, comme une ombre silencieuse. Séléna. Elle n'a pas besoin de me demander ce que je fais. Elle le sait déjà. Elle connaît mes pensées avant même que je les formule. Elle est là, dans mon espace personnel, son regard scrutant ce que je suis en train de dessiner.
Je ne dis rien, mais je lui tends le dessin. Elle prend le papier sans un mot, l'observe un instant, ses yeux perçants se fixent sur le portrait que je viens de dessiner. La lumière dans la pièce se reflète sur ses yeux sombres. Il n'y a aucune émotion visible sur son visage. Elle le regarde, et je sais qu'elle le reconnaît. Ce regard… c'est celui qu'elle cherchait. Celui d'un loup. Celui de cette fille.
Elle ne parle pas tout de suite, mais je sais que c'est la confirmation qu'elle attendait. Son regard se fait plus dur, plus déterminé. Et je peux voir cette lueur d'excitation dans ses yeux, celle qu'elle n'a jamais vraiment pu cacher lorsqu'il s'agit de missions comme celle-ci.
Sans un mot, elle range le dessin, glissant le papier dans sa poche avant de se tourner vers moi. Ses mains se posent sur mes épaules, comme pour me donner un dernier signal, un avertissement silencieux. Sa présence me serre. Elle attend mes ordres.
« Va la chercher, Selena. » Ma voix est calme, mais l'ordre est sans équivoque.
Elle hoche lentement la tête, avant de s'éloigner, disparaissant presque aussi vite qu'elle est apparue, silencieuse comme un fantôme. Elle n'a jamais discuté de mes ordres. Elle ne les discutera jamais.
Je reste là un moment, les pensées tourbillonnantes. Pourquoi elle ? Pourquoi ce dessin ? Pourquoi cette fille ?
Mais il est trop tard pour les doutes maintenant. Selena a déjà pris la mission en main. Et moi… je dois m'assurer que tout se passe comme prévu. Quel que soit le prix.