Antonio et Erya étaient assis, dos à dos, à l'abri d'un champ de bataille qui ne leur appartenait plus. Ils avaient été rejetés par leurs camps respectifs, deux âmes abandonnées, marquées par leur incapacité à correspondre aux attentes.

Erya rompit le silence en premier, sa voix faible mais empreinte de rancune :

— « Tu crois qu'on peut échapper à ce qu'on est, Antonio ? »

Il haussa légèrement les épaules, fixant l'horizon rougeoyant.

— « Non. Pas vraiment. Mais on peut au moins essayer de comprendre pourquoi. »

Erya laissa échappe à un rire américain.

— « Comprendre ? À quoi ça sert ? Toute ma vie, j'ai été un monstre. Pas parce que je l'ai choisi, mais parce que c'est ce qu'on m'a forcé à être. Une fille née d'un acte abominable, enfermée dans l'ombre, ignorée, haïe… Jusqu'à ce que j'en devienne une véritable. »

Antonio resta silencieux. Il connaît ce sentiment : celui de se battre contre des chaînes invisibles, forgées par les attentes et les regrets des autres.

— « Alors, pourquoi avoir rejoint les démons ? » exigea-t-il finalement, sans jugement.

Erya sourit tristement.

— « Parce qu'ils m'ont donné ce que personne d'autre ne voulait me donner : une place. Une raison d'exister. Et toi, Antonio ? Pourquoi as-tu choisi de rester dans l'ombre de Yohan ? »

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Il serre les poings, détournant le regard.

— « Parce que j'étais trop faible pour être autre chose. Trop brisé pour croire que je pouvais vraiment être un héros. »

Erya tourna la tête vers lui, son expression adoucie par une lueur de compréhension.

— « Nous sommes pareils, toi et moi. Deux âmes détruites par un monde qui ne voulait pas de nous. »

Antonio la regarda enfin, et pour la première fois, il ne vit pas un ennemi. Il vit quelqu'un qui, comme lui, se débattait dans l'obscurité.

— « Peut-être. Mais la différence, Erya, c'est que je ne laisserai pas ce monde gagner. »

Elle sourit légèrement, mais ne répond pas mais elle le savait même si elle avait réussi a tout prendre a Alex Tempest tout ce qu'elle ressentait c'était un vide

Antonio revint à la réalité. Face à lui, Erya semblait différente. Moins sûre d'elle, mais toujours habitée par cette envie dévorante qui l'avait poussée à tout sacrifier.

— « Tu savais déjà que tout cela échouerait, n'est-ce pas ? » exigea-t-il doucement, presque comme une vieille connaissance.

Erya relève les yeux, son regard cherchant une faille dans celui d'Antonio.

— « Tu crois tout savoir, pas vrai ? Mais tu ne comprends rien. »

Antonio se pencha légèrement en avant, son ton plus ferme.

— « Je comprends plus que tu ne le crois, Erya. Je sais ce que c'est de vivre enchaîné par les attentes des autres, de suffoquer sous un poids qu'on n'a jamais choisi. Mais cette fois, je ne te laisserai pas tout détruire. Pas Alex, pas le duc, et certainement pas toi. »

Elle éclata de rire, mais ce rire était vide.

— « Toi ? Me sauver ? Ne sois pas ridicule. Tout ce que tu veux, c'est protéger Alex et son petit monde parfait. »

Antonio serra la tête, un sourire triste sur les lèvres.

— « Ce n'est pas vrai. Je veux te sauver, toi aussi. Mais tu dois arrêter de te détruire. Tu ne gagneras jamais rien en continu à te battre contre des fantômes. »

Pour la première fois, Erya reste silencieuse, troublée par ses mots.

Antonio se leva, ajustant sa veste militaire.

— « Tu as encore une chance, Erya. Une chance de choisir autre chose. Cette fois, fais le bon choix. »

Il quitte la pièce, laissant Erya seule avec ses pensées.