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Illusions

Habib ouvre les yeux.

Deux jours étaient passés.

Il regarde autour de lui l'air pleutre,

Ruh était assis, dépité.

Ses bras soutenaient faiblement son dos face au mur.

Grand silence.

Nul lieu où se cacher, nul armature

Pour se protéger de ce son intense

Qu'est le néant.

Les gouttes d'eaux tombent du plafond,

Donnant la sensation d'un abandon profond.

Ils étaient enfermés dans une cellule.

Habib par terre.

Des gardes passent et leur balancent des bouts de pain perdu.

Évidemment, affamé, habib se hâte à ramper comme un vers.

Alors les soldats rient.

« Ruh... On va s'en sortir... J'ai juste besoin de récupérer des forces.

- Tu es bercé d'illusions atroces... »

Habib regarde d'en bas son frère, l'air incompris.

Alors les soldats persistent.

« Ruh, tu es au moins conscient toi !

Allez, dis-lui que ça fait déjà deux semaines que vous êtes ici !

Dis-lui ce qu'est devenue votre vie ! »

Ruh parle tout bas, comme s'il communiquait avec son soi,

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Mais assez fort pour qu'on l'entende oui.

« On est nourris avec des miettes qui contiennent votre salive.

Le matin, on est fouetté avec des branches épineuses.

Juste après, on nous soigne assez pour ne pas périr.

L'après-midi, on nous enferme avec des chiens en rutes et dangereux.

Et on nous jette de l'eau bouillante dans la nuit,

Pour pas qu'on dorme et succombe à la folie.

Pour ne pas en mourir, je compte.

14 jours depuis que l'on a rejoint cette tombe.

Nous sommes le 30 de la 12e Dames* de l'an 741. »

À chaque syllabe, Habib se souvient.

Les 14 séances fouettés au sang.

Les 14 souillures des chiens gueulant.

Ses tendons annihilés.

Il baisse la tête et vois l'état de son petit corps.

Ses hurlements déchirent le souterrain inanimé.

Il se met à grogner et à se fracasser le crâne contre un barreau à tort.

Son esprit ne pouvait vivre avec ses souvenirs encore

Et encore qu'ils revenaient en lui comme une image démente,

Encore, encore !

Un flash, une image, une douleur, une marque !

Encore !

Encore !

Encore !

Du sang coule le long du visage

De Habib, le sciant en deux faces.

« Tout ceci pour une gamine.

Franchement les gars, vous auriez dû la laisser,

Car c'était Tarshkila lui-même qui avait demandé qu'on la lamine.

- Hein ? Comment ça ? Pourquoi ? Qui te l'a confié ?

- Oh Ruh, Archal m'a invité à vous le murmurer, puis à me délecter de ce qui va arriver. »

À ce moment, Habib se balance sur Ruh. Les deux s'écroulent.

Le petit frère se met à crier sur l'autre.

« Oh oui, je me souviens maintenant ! La raison de notre débauche !

C'est parce que petit con tu nous as roulé !

Tout ça pour une gosse qui n'était même pas notre enfant !

J'ai tout donné et pourtant !

J'ai tout donné et pourtant !

J'ai... Tout... »

Les larmes de Habib tombent sur le visage de son frère.

« J'ai... Cherché à l'oublier en traversant toutes ces terres...

J'ai trouvé l'amour, cette sensation nouvelle...

Et tu as tué ce messager qui semblait pourtant fidèle !

Et me voici, en moins que rien ! Sensationnel !

C'est sensationnel pas vrai Ruh ?

Regarde comme je suis pitoyable comme un fou !

Tu dois aimer ? Oh oui tu dois t'esclaffer !

Je ne peux même plus me lever !

Ah tu es enfin meilleur que moi !

Oh oui c'est ce que tu voulais depuis le début toi !

Jaloux ! Jaloux ! Jaloux ! Sale pourriture ! »

Les yeux morts de Ruh s'ouvrent en grands d'étonnement.

Habib éclate de rire en bavant, son air est sépulcre.

« Ha... Haha... Tu as tout gâché...

Tout gâché.

Frère impur.

En vérité, la vie aurait dû t'arracher.

Si tu n'avais pas tué le messager nous apportant la noblesse dorée,

Nous serions des comblés.

Mais dans ta petitesse, tu n'as fais que penser à Léa...

Et nous, notre bonheur, tu en fais quoi ? »

La bouche de Ruh s'entre-ouvre et tremble. Ses yeux expriment, le choc et la tristesse.

« Par pitié meurs, crève, ne sois plus qu'un tas de poussières.

Ô par pitié fais que où que tu ailles, la haine et la misère

Soit ta compagne mortuaire !

Ô par pitié, que ton avenir dans l'au-delà soit des plus funèbres !

Ô Ruh... Je suis devenu toi : un petit être faible et inutile !

Qui ne voit pas plus loin que son cil !

Ô Ruh... Si je pouvais retourner dans le passé, je te jetterai dans la case décès !

Je te donnerai à exécuter comme demandé !

Ô Ruh ! Si seulement tu pouvais crever ! »

*Dans Tarshkila, l'année est découpé en 12 Dames de 30 jours.