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Épilogue

Une trentaine de minutes plus tard, ils étaient enfin arrivés à bord de l’Altaïr. Raphaëlle, Cornell et Skepta furent escortés vers l’infirmerie par Rossignol tandis que Tolas partait avec son frère et Dande vers la cabine du Capitaine Krag. Juste avant qu’ils ne se séparent, les deux adolescents échangèrent un dernier regard et, sans dire un mot, partirent chacun de leur côté.

Le reste de la journée sembla s’écouler à toute vitesse. Après s’être fait enguirlander par le médecin de bord, Raphaëlle avait réussi à échapper à l’amas de marin qui s’était posté à la sortie de l’infirmerie pour en savoir plus sur ce qu’il s’était passé durant leur expédition en poussant Cornell vers la sortie en premier.

Le vieillard, peu habitué à autant d’attention d’un coup, fut presque submergé par le nombre de questions qu’on lui posait à la seconde. La louve, elle, s’était déjà faufilée loin de l’aile médicale de l’Altaïr et se dirigeait vers quelque chose qui lui avait cruellement manqué. Son hamac.

Quand elle entra dans le dortoir vide, elle fut surprise de voir Tolas, debout devant son propre hamac, en train de changer de shirt. Le jeune homme se figea quand il la vit entrer, ne sachant pas vraiment comment il devait réagir. Il se rendait bien compte qu’elle devait sûrement encore lui en vouloir un peu mais il ne savait pas comment il allait bien pouvoir s’excuser.

Les émotions du bosco étaient toutes visibles sur son visage et son envie de parler était palpable. Raphaëlle se rapprocha lentement de lui et ses yeux semblèrent s’illuminer. Mais avant même qu’il ne puisse dire le moindre mot, la louve hocha la tête de gauche à droite et passa à côté de lui.

-On parlera plus tard…je suis épuisée, souffla-t-elle en se hissant dans son hamac.

-…Ok, lui répondit Tolas en se retournant pour sortir du dortoir.

Il marcha lentement jusqu’à la porte et s’arrêta à son seuil, dans l’espoir que la jeune femme changerait d’avis. Mais Raphaëlle lui tournait déjà le dos, se détendant enfin pour la première fois depuis plus de 24h. Dépité, le bosco sortit du dortoir la mort dans l’âme et retourna sur le pont supérieur.

Raphaëlle, allongée dans son hamac, songea une dernière fois à l’île des Nespérides. Elle savait que cette aventure l'avait changée. Malgré sa faiblesse physique, elle se savait plus forte qu’avant. Et quoi qu’elle aurait à affronter à l’avenir, elle pourrait sûrement le faire avec autant de confiance que ce qu’elle avait ressenti là-bas. En tout cas, c'était ce qu'elle espérait.

Alors que Morphée lui ouvrait grand les bras, la jeune femme se remémora les dernières paroles de Scornwallis et les murmura.

-Que le cœur de..., commença t-elle avant d'ouvrir grand les yeux.

Comment avait-elle pu oublier ? Elle entendait cette phrase si souvent qu'elle ne remarquait même plus quand les autres marins la disaient.

-Que le cœur de la Reine nous éclaire....

Est-ce que le pirate avait chercher à se moquer une dernière fois de la Marine ? Non, il y avait quelque chose dans le ton qu'il avait employé qui ressemblait presque à de la mélancolie. Il avait choisi ces derniers mots avec soin.

La fatigue recommença à embrumer l'esprit de la jeune femme et elle lâcha lentement prise sur sa conscience. Ces dernières pensées se portèrent vers le Second de l'Altaïr. Spirit était juste à côté d'elle quand Scornwallis avait rendu l'âme. Pourquoi n'avait-il pas réagi en entendant le pirate ?

Dans les profondeurs de l'Altaïr, caché derrière un faux panneau en bois de la cale, se trouvait une pièce secrète où se retrouvaient habituellement le capitaine et certains de ses amis proches pour discuter loin des oreilles indiscrètes du reste de l'équipage. Mais ce soir-là, l'occasion était bien plus macabre que d'habitude.

Le capitaine Krag était debout devant le cadavre à moitié recouvert de Scornwallis, un air impassible sur le visage. Edward, le médecin en chef de l'Altaïr, se tenait silencieusement à ses côtés. Cela faisait maintenant plus de 10 minutes que Krag était immobile, plongé dans ses pensées. Edward regardait sa montre de temps en temps mais ne voulait pas montrer trop de signes d'impatience. Brusquement, Hubert, le chef machiniste du bateau, ouvrit le panneau secret et essuya son front trempé de sueur.

-Ah, ben te voilà enfin, tu sais que je peux pas laisser Rossignol tout seul trop longtemps là-haut, se plaignit le docteur en frappant le bras d’Hubert.

Ce dernier ne sentit même pas le coup de son ami et se rapprocha lentement de Krag, qui lui faisait dos, les yeux toujours rivés sur le corps du pirate.

-Garnel…, murmura-t-il en posant une main sur l’épaule du capitaine.

Le manque de réaction de son ami inquiéta un peu Hubert. Il baissa les yeux et se mit aussi à regarder le cadavre de Scornwallis. Des souvenirs très lointains remontèrent petit à petit à la surface. Un mousse à la mine espiègle qui rangeait sans rechigner le gymnase d’une base d’entraînement royal. Un sourire plus chaleureux que le soleil, de grands yeux noirs pleins d'espoir et un charisme quasi-magnétique. La nouvelle génération qui devait faire évoluer la Marine.

-Tu va pas t’y mettre aussi ! s’écria Edward. Ça fait déjà un bon quart d’heure que ce vieux crouton bouge pas d’un pouce.

-Quoi ? Ca te fait rien de le voir comme ça ? De savoir ce qu’il a fait ? Après tout le temps qu’il a passé avec toi…,l’ interrogea Hubert.

Le docteur réajusta ses lunettes, l’air pincé. Il se voyait encore catapulter le jeune Scornwallis en dehors de son cabinet au beau milieu de la nuit après l’avoir trouvé caché sous un lit. Le petit avait passé des heures à lire des livres de médecines et avait raté plusieurs heures d’entraînement. Son rire malicieux résonnait toujours dans ses oreilles.

-Tu crois que c’est le premier de mes petiots que je vois comme ça ? lâcha-t-il sur un ton glacial.

Hubert se retourna pour dire un mot mais il vit que la lèvre inférieure d’Edward tremblait légèrement. Il se retint au dernier moment.

-Il devrait avoir la quarantaine, finit enfin par lâcher Krag. Pourquoi est-ce qu'il a l'air aussi jeune ?

Le capitaine n'avait toujours pas détourné le regard. Edward se rapprocha du cadavre du pirate et lui attrapa le bras.

-Parce qu'il y a presque 60% de son épiderme qui a été remplacé. Et c'est pas tout…

Le docteur souleva la bâche qui recouvrait le corps, dévoilant le torse ouvert du pirate. Le visage d'Hubert se renfrogna une seconde, celui du capitaine resta impassible.

-Regarde l'état de ses organes, dit Edward en ajustant à nouveau ses lunettes. Tu trouves rien de bizarre ?

Hubert prit son courage à deux mains et se rapprocha lui aussi du cadavre.

-Ed', je suis pas d'humeur à jouer …, commença Krag avant de s'arrêter net.

-Qu'est-ce qu'il y a ? commença Hubert en se concentrant à son tour sur Scornwallis.

Ses yeux s'écarquillèrent brusquement. On aurait dit que Scornwallis avait pourri de l'intérieur. Ses organes étaient d'un noir charbonneux, dans un état proche de la putréfaction, et avaient l'air complètement difformes. Ils étaient tous serrés les uns contre les autres, comme s'ils n'avaient pas eu assez de place pour se développer normalement dans le corps du pirate.

-Par les abysses…laissa s'échapper un Hubert légèrement nauséeux. Mais qu'est-ce que c'est que cet enfer ?

-Qu'est-ce qui lui est arrivé ? renchérit Krag en détournant enfin le regard.

-J'en sais rien, ça dépasse mon domaine de compétence, répondit Edward.

Il remit la bâche en place.

-Mais avec un corps pareil, il aurait même pas dû être capable de mettre un pied devant l'autre. J'ai jamais vu ça avant.

Krag se souvint du compte-rendu que lui avait donné les frères Benoka. Tolas et Spirit avaient tous les deux mentionné que les yeux de Scornwallis brillaient d'un bleu électrique pendant leur combat.

-Mais s'il avait utilisé de l'Oka…

Hubert et Edward se tournèrent vers Krag. En temps normal, ils auraient bien voulu croire que le capitaine leur faisait une blague. Mais la situation était trop sérieuse pour ça.

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-Garnel, je t'arrête tout de suite, Iker ne savait pas l'utiliser. On peut compter sur les doigts d'une main le nombre de personnes qui peuvent le faire dans la Marine ou chez les Képis rouges.

-Oui, et deux d'entre eux font partie de mon équipage, alors excuse-moi de penser que c'est une possibilité.

-Mais c'est pas un truc inné, ça, l'Oka ? demanda Hubert. En plus, j'croyais qu'il y avait que les sorcières de Zircon et les tribus des mers inexplorées qui pouvaient l'utiliser ?

Krag prit un air sombre.

-C'est ce qu'on dit aux civils pour les rassurer. Mais je sais qu'Elle à déjà demander à faire des expériences sur certains volontaires. Qui nous dit que ça n'a pas réussi ?

-"Elle" ? Tu parles de la R-

-Tais-toi Hubert! l'interrompit brusquement Krag. Oui, c'est bien d'Elle dont je parle, pas besoin d'en dire plus.

Le chef machiniste acquiesça sans rien ajouter. Edward, lui, semblait plonger dans ses pensées. Il reprit lentement la parole.

-Est-ce que t'es en train de nous dire que la Marine se sert de certains mousses comme cobaye pour des expériences sur l'Oka ?

-Je dis qu'Elle est capable d'avoir demandé à ce que ce soit le cas. Tu te souviens ce qu'il s'était passé aux Néspérides à l'époque ? Est-ce que ça te surprend vraiment ?

Une moue de dégoût déforma le visage du médecin.

-Là, les gars, je suis perdu, avoua Hubert en attrapant une chaise. Qu'est-ce qu'il s'est passé aux Néspérides ? C'était pas juste un labo' ?

Krag et Edward se lancèrent le même regard. Krag hocha silencieusement la tête et le docteur prit la parole.

-T'as déjà entendu parler des Ruffiens ?

-Euh, oui, ça me dit quelque chose, je crois que j'ai dû en entendre parler pendant mes cours d'histoire. Ça commence à remonter un petit peu, je me souviens pas de grand-chose.

-D'accord, alors de quoi tu te souviens sur eux ?

-Hum…c'était une… tribu de sauvage qui vivait sur une….archipel, je crois. Et le premier contact avec les expéditions royales de l'époque avait été plutôt violent. Au final, les colons ont réussi à s'installer en éliminant les natifs si je me souviens bien…Pourquoi ? C'est quoi le rapport ?

Edward se gratta le menton en prenant un air pensif.

-Pendant mes études à l'académie de médecine royale, j'ai vu une quantité astronomique d'ossements qui servaient d'exemples pendant nos cours d'anatomie. Hommes, femmes, enfants, il y en avait vraiment pour tous les styles. Et certains d'entre eux étaient…différents. J'ai vu des squelettes avec des bras beaucoup plus longs que la moyenne, d'autres plus petits de taille mais avec des os trois fois plus épais que le reste, ou d'autres encore qui avaient des os presque creux. Tous les élèves avaient un carnet et on devait prendre notes de ce que nos professeurs appellaient des "aberrations"...

Krag, qui n'écoutait qu'à moitié, se dirigea vers un placard et en sortit trois verres et une bouteille d'alcool. Il remplit les trois, même s'il savait pertinemment qu'Edward ne buvait pas, et il en posa deux sur le bord de la table où se trouvait Scornwallis.

-J'étais pas mauvais à ça pour le coup. Repérer les anomalies, les répertorier, les comparer… je pense que je l'aurais même fais dans mon temps libre si ça n'avait pas été un devoir. Et puis un soir, quand je suis retourné dans mon dortoir, je me suis rendu compte que j'avais emporté un os avec moi. Une grosse phalange que j'avais dû ranger dans mon carnet de note. Vu la quantité d'os qu'on avait à étudier, je me suis dit que personne ne remarquerait. Et en plus, je suis sûr que ce petit cafard de Marquez à dû en embarquer une demi-tonne avec lui…

-Ed…,le reprit Krag en sirotant son verre.

-Oui, je m'égare. Bref, j'ai demandé à Vernon Dixley, un vieux pote qui faisait des études archéologiques, s'il pouvait me dater cet os. J'étais curieux, je me doutais bien qu'il devait sûrement venir d'une des fameuses tribus de "sauvages" que la famille royale avait fait exterminer il y a plusieurs siècles mais je voulais en avoir le cœur net…

Edward attrapa lentement l'un des verres sur la table et il en bu une gorgée sous les yeux ébahis d'Hubert.

-Après deux semaines sans nouvelles de sa part, je suis allé directement dans le bâtiment de recherche de l'académie pour essayer de le retrouver. Des élèves m'ont dit qu'il avait été transféré au laboratoire royal des Néspérides pour bosser directement sur le terrain avec une équipe de fouilles. J'étais content pour le bonhomme, je savais qu'il en avait toujours un peu rêvé mais je le connaissais bien. Il m'aurait jamais laissé sans rien, il m'aurait au moins envoyé une lettre ou quelque chose alors je suis allé fouillé dans son dortoir, juste au cas où. L'endroit était nickel chrome, on aurait dit qu'il l'avait nettoyé de fond en comble avant de partir. Je commençais à trouver ça un peu louche alors je me suis barré. A mi-chemin vers ma chambre, j'ai un petit moussaillon qui m'accoste et qui me file une lettre. Il me dit que c'est de la part de Dixley et puis il repart.

Edward reprit une gorgée de son breuvage, une moue dégoûtée sur le visage, avant de reposer son verre en faisant un petit geste à Krag, qui s'empressa de le vider dans le sien.

-C'était une feuille de résultats d'analyse. La plupart des infos, je les avais déjà, comme l'âge du sujet, sa taille et son poids présumé au moment de sa mort. Mais c'est sa datation qui m'avait laissé sur le cul. Dix ans. Ce petit morceau de doigt que j'avais récupéré appartenait à un enfant mort il y a seulement dix ans.

Les yeux d'Hubert s'écarquillèrent et il déglutit bruyamment. La respiration du docteur se fit un peu plus rugueuse.

-Ce gosse était né après moi et j'avais un de ces doigts chez moi. On utilisait son corps pour nos études ! Et je me souvenais très bien de la tribu qu'on étudiait le jour où j'ai récupéré cette phalange…

-C'était…les Ruffiens…, termina Hubert avec horreur.

-Et c'est comme ça que j'ai commencé à douter de tout. C'est dur de pas se dire que tout est faux quand on découvre ce genre de magouilles. Je suis même pas sûr que Vernon ait un jour vraiment mis les pieds aux Néspérides…

Krag termina son verre d'une traite avant de le poser violemment sur la table, faisant sursauter les deux autres hommes.

-Et si tu penses que c'est la seule ethnie à avoir survécu à sa supposée "extinction", tu serais étonné de voir les cargaisons spéciales sur Morwell.

Le chef machiniste en avait presque la tête qui tournait. Cela faisait trop longtemps qu'il connaissait Garnell et Edward pour qu'il commence à douter de leurs paroles. Une question restait toutefois en suspens.

-Ça m'explique toujours pas ce qu'il s'est passé aux Néspérides.

Edward se mit à regarder vers Krag, dont la moue s'était encore plus renfrogné. Il soupira un grand coup, se demandant s'il était vraiment judicieux de parler de ce genre de choses sur le bateau. Mais l'alcool aidant et le poids des secrets se faisant de plus en plus écrasant avec les années, le capitaine décida qu'il était grand temps de jouer carte sur table.

-Ça s'est passé il y a un peu plus de quinze ans, quand la Reine s'est dit que la Marine devait aussi contrôler la météo…

Assis en tailleur sur le pont, sous le grand mât, Spirit rouvrit lentement les yeux, le front en sueur. Cela faisait plus d'une trentaine de minutes qu'il se concentrait pour écouter la conversation qui se déroulait dans la cale, épuisant son endurance à toute vitesse. S'il avait dû se qualifier en tant qu'utilisateur d'Oka, il se serait catégoriser en tant que sprinteur plutôt que comme coureur de fond. Maintenant qu'il avait relâcher son attention, de terribles acouphènes lui perçaient les tympans, un signe de plus qu'il avait forcé trop longtemps sur son ouïe. Il n'entendit donc pas Tolas s'approcher lentement de lui par derrière.

-Qu'est-ce que tu fous depuis tout à l'heure ? Tu forces tellement que ça m'a réveillé d'un coup, j'ai l'impression que mes oreilles vont exploser.

Le Second, qui n'avait recouvré que la moitié de son audition, n'avait même pas besoin d'entendre son frère pour comprendre la raison de sa venue. Il se releva avec un air grave sur le visage.

-Krag est au courant.

Tolas leva un sourcil interrogateur avant de comprendre. Malgré la noirceur du pont, Spirit pouvait voir que le bosco avait blêmit.

-Mais…comment ? On a toujours fait gaffe sur le bateau et je suis sûr que Raph' n'as pas compris que j'utilisais de l'Oka !

-Je sais, je comprends pas comment il a fait pour le savoir mais j'ai l'impression que ça fait un moment qu'il est au courant.

-... Qu'est-ce qu'on fait ? Tu crois qu'il faut qu'on parte ?

-Pour aller où ? Non, on reste plus en sécurité sur ce bateau que n'importe où ailleurs. Alors on change rien et on fait comme si de rien n'était, d'accord ? Tant qu'on reste ensemble, on ne risque rien ici.

Tolas hocha la tête et une petite vague de chaleur lui traversa l'estomac. Même s'il ne l'aurait jamais admis à voix haute, ça lui faisait plaisir de sentir que Spirit restait avant tout son grand frère avant d'être le second de l'Altaïr. Désormais rassuré, le bosco reprit le chemin du dortoir, ses pensées maintenant tourner vers comment se faire pardonner par Raphaëlle.

Spirit, lui, resta debout, le regard tourné vers les flots ténébreux de l'océan nocturne. Même s'il croyait en ce qu'il venait de dire à Tolas, une pointe d'inquiétude restait logée dans son coeur et il savait qu'elle y resterait sûrement pour toujours. L'Altaïr avait été un lieu qu'il pensait connaître et maîtriser depuis plusieurs années déjà. Mais ces dernières 24h lui avait prouvé qu'il était encore loin de pouvoir baisser sa garde et que le danger pouvait venir de n'importe où.

A plusieurs milliers de miles de l'Altaïr, dans la salle de communication du vaisseau-Amiral Gladius, un des officiers de renseignement du navire se leva lentement de sa chaise, un petit sourire narquois sur le visage. Attrapant une feuille de transcription d'écoute qu'il venait d'imprimer, il traversa tranquillement les longs couloirs gris qui le menaient vers la cabine du Vice-Amiral Teddy Lorant en sachant pertinemment qu'une fois que cette feuille aura quitté ses mains, la Marine comptera quelques hommes en moins au prochain recensement. Il tapa deux fois rapidement et trois fois lentement sur la porte et attendit patiemment.

Après une minute complète de silence, la porte s'ouvrit d'un seul coup. Le vice-amiral était tellement énorme que l'officier ne put s'empêcher de se sentir écraser par sa carrure imposante. Le corps de Teddy Lorant était baigné d'une lumière bleutée qui trahissait la présence d'un écran allumé derrière lui. L'officier se doutait bien de l'identité de la personne sûrement présente à l'écran. Après tout, il avait invoquer la haute trahison en toquant à la porte de son supérieur.

-Quel bâtiment ? demanda Terry Lorant d'une voix chaude et caverneuse.

-L-L'A…l'Altaïr, m-monsieur, bégaya l'officier.

Il y avait quelque chose dans le regard du vice-amiral qui lui fit soudainement froid dans le dos. Il tendit la feuille d'une main tremblotante et Lorant s'apprêta à l'attraper quand une voix s'éleva doucement depuis l'écran.

-Teddy, mon brave, ne croyez vous pas qu'il sera mille fois plus intéressant d'entendre cet officier que de lire ce rapport ?

-Oui mon Amiral.

-On dirait bien que Garnel est enfin allé trop loin…

L'officier de renseignement n'eut même pas le temps de comprendre ce que venait de dire la voix. Le vice-amiral attrapa son poignet à la vitesse de l'éclair et l'officier disparut à l'intérieur de son bureau sans laisser de trace.

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