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Chapitre 9

Six hommes marchaient silencieusement dans les rues sombres et désertes d’Ermythie, avançant seulement grâce à la lumière de leurs torches de fortunes. La lueur qui en émanait était suffisante pour voir que certains des hommes avaient des vêtements déchirés sous lesquels on pouvait deviner des bandages plus ou moins ensanglantés qui recouvraient leurs bras, leurs jambes ou leurs torses. Ils étaient également tous armés d’un sabre en plus ou moins bon état. Seules deux des silhouettes semblaient être relativement bien portantes.

Leur objectif était clair; l’hôtel de ville qu’ils savaient occupés par de nouveaux arrivants. Une fois qu’ils furent postés à une centaine de mètres du bâtiment, l’homme à la tête de la file, un grand brun au visage rempli de cicatrices, fit signe aux autres derrière lui de s’arrêter, d’éteindre les torches et de se cacher dans les ruines qui les entouraient. Les cinq autres hommes s’exécutèrent sans un mot, faisant de leur mieux pour se fondre dans le décor. Certains des hommes ne purent s’empêcher de lâcher des petites exclamations de douleur tandis qu’ils s’accroupissaient dans les ténèbres.

Tout à coup, une ombre apparut au coin de la rue et l’homme à la tête de la file fut ébloui le temps d’une seconde par un rayon de lune qui se reflétait sur un verre de longue-vue. Puis l’ombre se rapprocha lentement du groupe, entrant dans la lumière avec un air fatigué sur son visage légèrement ridé. L’homme aux cicatrices fit signe aux autres hommes de se relever et de s’approcher de lui tandis qu’il se tournait vers le nouvel arrivant.

-Personne d’autre n’est entré ? demanda-t-il avec une voix rauque.

-Non, sinon j’en aurais parlé, lui répondit l’homme à l’air fatigué avec une pointe d’irritation dans la voix.

Le balafré leva un sourcil interrogateur avant de se rapprocher de son interlocuteur.

-Qu’est-ce que c’est que ce ton ? l’interrogea t-il.

-Qu’est-ce que c’est que cette question ? lui répondit l’homme fatigué.

Les yeux du balafré se plissèrent de colère.

-Je serais toi, Dande, j’éviterais de trop faire de vagues. Tu fais ce qu’on te dit et tu fermes ta gueule…

Il se mit juste à côté de l’oreille de Dande et lui chuchota :

- … Si tu veux pas terminer comme ton frère.

Le visage de Dande se renfrogna et il se mit à serrer son poing de toutes ses forces avant de le rouvrir en expirant. Satisfait de son effet, le balafré se retourna vers le reste des hommes qui s’étaient rassemblés derrière lui. D’un mouvement de la main, il les fit le suivre en direction de l’hôtel. Arrivé devant les portes fermées du bâtiment, le balafré s’arrêta et observa l’endroit, faisant dos au reste de ces hommes.

-On a quatre fouineurs dans l’hôtel de ville. Trois futurs cadavres et une gourmandise. Ramenez-là vivante.

Un sourire lubrique traversa le visage des pirates qui se mirent en marche sans attendre et qui ouvrirent en grand les portes de l’hôtel de ville. Dande s’apprêtait à les suivre quand le balafré leva le bras juste devant lui, lui barrant la route.

-Toi, tu montes la garde. T’as pas intérêt à bouger d’un iota.

Préférant éviter la confrontation, Dande acquiesça en silence. Le balafré, avec un air narquois, suivit le reste de ses hommes dans l’hôtel de ville. Ces derniers l’attendaient patiemment au niveau de l’accueil, ne sachant pas s’ils devaient partir à droite ou à gauche. Il s’approcha du mur pour examiner le plan de secours du bâtiment et, après un bref moment de réflexion, il pointa le couloir de droite.

-J’en veux deux pour aller voir le poste de surveillance, les deux autres, vous allez fouillez dans les bureaux. Vous avez deux étages à couvrir, faites-le vite et bien. On se retrouve ici d’ici une demi-heure, pas une minute de plus.

Le balafré pointa ensuite le couloir de gauche.

-Fletcher, tu restes avec moi, on va monter dans la tour de guet.

Les pirates hochèrent la tête et, tandis que le balafré et Fletcher disparaissaient dans les escaliers de la tour de guet, les deux autres groupes se séparèrent une fois arrivés devant le couloir qui menait aux bureaux de l’hôtel de ville.

Les deux pirates qui se dirigeaient vers le poste de sécurité, un petit rouquin avec un bandage sur le bras gauche et un grand noir qui boitait légèrement, avançaient prudemment le long du couloir sombre, le sabre levé, prêt à l’action.

Le couloir qu’ils suivaient n’avait qu’un embranchement possible, des toilettes qui se trouvaient à droite du poste. Les portes du poste et des toilettes étaient toutes les deux fermées, les pirates se postèrent chacun devant une porte et ils l’ouvrirent tous les deux en même temps le plus discrètement possible. Prenant tous les deux une grande inspiration, les pirates entrèrent dans leurs emplacements respectifs.

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Le petit rouquin était entré dans le poste de sécurité et il pouvait voir qu’un seul écran avait l’air de fonctionner, diffusant des images en continu. L’homme s’avança de quelques pas, le sabre à la main, quand il finit par remarquer les images que montrait l’écran. Il fronça les sourcils, intrigué, et se rapprocha encore plus avant d’ouvrir de grands yeux étonnés.

La vidéo montrait l’attaque des pirates la semaine précédente. Il y avait quelque chose de fascinant à voir cette nouvelle perspective de l’attaque. En tant qu’acteur, dans le feu de l’action, il n’avait pensé qu’à une chose; infliger autant de souffrance que possible et laisser sa marque dans l’esprit de ses compagnons afin qu’on le respecte enfin. Mais pouvoir voir l’attaque d’une manière plus globale, d’un œil extérieur, lui permit d’apprécier l’envergure de leurs actions. Avant même qu’il ne s’en rende compte, le petit rouquin s’était mis à analyser la vidéo d'un regard neuf.

Au même moment, le grand noir était entré dans les toilettes en gardant la porte bien ouverte derrière lui. L’endroit était simple, il y avait 2 portes fermées pour des toilettes assises en face de lui, l’urinoir était sur sa droite et il y avait un lavabo à sa gauche.

Malgré la pénombre ambiante, le pirate avait remarqué que les toilettes avaient été complètement épargnées par leur assaut, c’était comme s’il ne s’était rien passé à l’intérieur. Gardant les yeux rivés sur les deux portes devant lui, le pirate chercha à tâtons un interrupteur sur le mur sans succès.

D’un pas prudent, il se rapprocha du fond de la pièce, le sabre levé, et il se posta devant la première porte, prêt à mettre un énorme coup de pied dedans pour l’ouvrir.

Dans le poste de sécurité, l’autre pirate s’était un peu perdu dans les images qu’il voyait. Les souvenirs de la semaine précédente affluaient dans son esprit et il se surprit à sourire puis à partir d’un petit rire. Brusquement, la porte derrière lui claqua violemment en le faisant sursauter. Il se retourna pour voir un clavier d’ordinateur arriver à toute vitesse dans son visage.

L’impact lui brisa le nez sur le coup et le déséquilibra, le faisant tomber en arrière, sa tête cognant sur le bureau devant les écrans de surveillance. A terre; les yeux fermés, le pirate se mit à gesticuler de douleur sur le sol; la respiration coupée, incapable de crier.

Il n’eut même pas le temps de les rouvrir avant de recevoir un deuxième coup de clavier, encore plus fort que le précédent droit sur son front complètement exposé. Le choc fut tellement violent que le clavier explosa sur le coup et le pirate sombra dans l’inconscience.

Quand il entendit la porte du poste de sécurité claquer derrière lui, le grand noir se retourna et, sans attendre, il courut en dehors des toilettes, s’arrêtant devant la porte fermée du poste.

-Gacheron ? s’écria-t-il en essayant de l’ouvrir de toutes ses forces.

N’entendant aucune réponse, le pirate commença à essayer de défoncer la porte à coup de pied.

Soudain, il put sentir comme une présence derrière lui et il tourna la tête. Un grand flash de lumière vive l’éblouit complètement et il lâcha un cri de surprise, fermant les yeux instinctivement.

Aveuglé, il fut pris par surprise par un gros coup de genoux dans les testicules qui le fit tomber à genoux, le souffle court. La douleur et l’éblouissement lui faisait voir des étoiles. Alors qu’il essayait de relever la tête pour repérer son assaillant, il reçut un coup de pommeau de poignard droit dans la tempe. Il s’écroula au sol, évanoui.

Cornell ne put s’empêcher de lâcher un petit sifflement d’admiration face à l’efficacité de Raphaëlle. La jeune mousse avait complètement neutralisé le grand pirate sans se fatiguer, frappant avec précision pour un maximum de dégâts en un rien de temps. Celle-ci ne perdit pas une seconde et se mit à fouiller le corps du pirate, à la recherche du moindre outil de communication.

Ne trouvant rien, Raphaëlle lâcha un petit soupir de déception avant de se relever et de toquer cinq fois de suite à la porte. Tolas lui ouvrit, l’air satisfait en voyant le pirate allongé devant la porte.

-Alors, plutôt efficace mon plan, non ? demanda la louve avec un petit sourire carnassier.

-J’avoue que c’était plutôt pas mal, même si tu dois reconnaître qu’on a eu de la chance qu’ils se soient séparés comme ça, lui répondit Tolas sur un ton enjoué.

Raphaëlle leva les yeux au ciel avant de remarquer l’état du petit rouquin dans le poste de surveillance.

-Wow, tu l’as pas raté celui-là ! lança la jeune femme, impressionnée.

-C’est pas moi qui l’ai eu, dit Tolas en faisant un mouvement de tête derrière lui.

Raphaëlle lorgna à côté de Tolas pour voir Skepta, un clavier en ruine taché de sang dans les mains, qui respirait lourdement. Il fixait le pirate au sol avec une haine presque palpable. La louve fronça les sourcils. Elle sentait à quel point le corps du technicien était tendu, il avait l’air d’être sur le point de craquer.

-Skepta ? Ça va ? l’interrogea la jeune femme.

-Il rigolait, répondit Skepta avec une voix tremblante de rage. Je lui ai montré ce qu’ils ont fait, je lui ai montré…l'enfer qu'ils avaient fait subir aux gens et lui, il s’est mis à rigoler…

Brusquement, le technicien se mit à décocher d’énormes coups de pied dans le flanc du pirate inconscient, qui ne réagit même pas. Les deux adolescents en restèrent sans voix, abasourdi par le déchaînement de violence de Skepta. Après ce qu’il leur parut être une éternité, Cornell agrippa le bras du technicien, qui s’arrêta net. Il tourna la tête vers le vieux loup de mer, qui l’inspectait d’un œil nouveau.

-Garde-en un peu pour les autres, garçon.

Skepta secoua la tête, comme s’il venait de se réveiller, et se mit à observer Cornell en silence avant d’acquiescer. Le vieux marin lança un regard à Tolas et Raphaëlle, qui lui répondirent d’un hochement de tête. Ils attrapèrent le pirate inconscient dans le couloir et le trainèrent sans ménagement dans le poste de sécurité.

Cornell leur montra ensuite une astuce pour ligoter les pirates en les déshabillant complètement et en utilisant leurs vêtements comme liens, les entremêlant dans un nœud coulant qui maintiendrait les deux hommes bien attachés.

Puis, sans un autre mot, ils se dirigèrent vers les bureaux de l’hôtel de ville pour accomplir la deuxième partie de leur plan.