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Chapitre 14

Alors que la nuit commençait timidement à laisser sa place au jour, trois silhouettes filaient à toute allure dans les ruelles délabrées d’Ermythie.

Dande, qui avait l’air de connaître la ville comme sa poche, courait sans même se retourner, suivi de près par Tolas, l’air taciturne et par Raphaëlle, qui fermait la marche. Ils avaient laissé Cornell et Skepta dans la cachette de Dande, bien dissimulée dans la cave quasiment vidée de l’épicerie. Étant donné que l’Altaïr avait déjà été appelé, Tolas avait laissé son propre pistolet de détresse au vieux matelot juste au cas où. Dande leur avait donné son propre talkie-walkie mais il avait insisté pour garder avec lui le mousquet de Monigam et sa dernière balle.

Profitant du silence de leur course, Raphaëlle observait son compagnon courir devant elle, repensant à sa décision précédente. Elle ne regrettait pas d’avoir tiré la fusée de détresse, il était hors de question de laisser les Ermythiens survivants terminé en esclavage, elle n’en supportait même pas la pensée. Mais elle savait aussi qu’une fois de plus, elle avait outrepassé sa position de mousse et qu’elle avait forcé son ami à suivre ses propres décisions. Mais au fond d’elle, elle se sentait étrangement fière de son comportement et elle savait pertinemment qu’elle n’hésiterait pas une seconde à le refaire si elle devait y être amenée.

Ils continuèrent à courir pendant une trentaine de minutes avant que Dande ne commence à ralentir pour reprendre un peu son souffle. Il s'arrêta à l’embouchure d’une grande rue, s’asseyant lourdement sur un reste de toit brûlé. Tolas et Raphaëlle ralentirent à leur tour, rattrapant le pirate, et se positionnèrent de part et d’autre de sa position.

-On est…plus très loin, haleta le grand brun en se passant une main sur le front. Plus que trois ou quatre rues et c’est direct au port.

-D’accord, alors je pense qu’il est temps qu’on discute d’un vrai plan, lança Tolas en s’adossant contre un mur. Dande ? Est-ce que tu connaîtrais un endroit d’où on pourrait observer le port sans se faire remarquer ?

Le pirate se gratta le menton, en pleine réflexion. Puis une lueur traversa ses yeux.

-Oui, le vieux QG de la marine marchande. Il fait face au port et, si on a de la chance, il devrait y avoir un accès caché à un des entrepôts qui longe les docks depuis les caves du QG. Au pire, si ça nous donne pas accès aux entrepôts, ça nous rapprochera au moins un peu du Kemper.

-Hum, je sais pas si c’est une bonne idée, remarqua Raphaëlle à voix haute. Si t’es au courant de l’existence de ce passage, j’imagine que les autres pirates le sont aussi ?

Dande eut un rictus.

-Pour ça, il faudrait qu’il y en ait un capable d’ouvrir un livre d’histoire et crois-moi, ce serait déjà un miracle qu’il y en ai qui sachent lire ! Les seules autres personnes à être au courant, c’était Baste et les grands pontes de la marine de l’île.

-Pourquoi ça ?

-Le QG de la marine du coin a été construit sur les ruines de l’ancien palais des Ruffiens, les premiers habitants de l’île des Néspérides, après que leur civilisation ai été complètement rasé par la famille royale de l’époque, dit Dande sur un ton pédagogue tout en se relevant pour faire face à Raphaëlle et Tolas. Les Ruffiens étaient connus pour leur maîtrise de la terre, leurs villes étaient à moitié-souterraine et étaient souvent truffés de tunnels qui menaient d’un bout à l’autre des îles qui faisaient partie de leur empire.

Dande avait commencé à faire les cents pas devant les adolescents, qui s’étaient mis à l’écouter d’une oreille étrangement attentive. L’espace d’une seconde, ce n’était plus un pirate et deux marines qui discutaient mais deux adolescents qui écoutaient avidement les histoires d’un professeur.

-Certains disaient même que les Ruffiens étaient des maîtres dans l’utilisation de l’Oka et que c’était leur connexion à cette énergie mystique qui leur permettait de..

-Dande ? l’interrompit brusquement Tolas.

Le pirate remit d’un coup les pieds sur terre et, presque inconsciemment, se mit légèrement à rougir.

-Bref, tout ça pour dire qu’ils risquent pas de nous voir venir si on passe par les tunnels mais qu’on sait pas où on risque de débarquer si on les prend.

Les deux marins n’eurent même pas à se concerter pour savoir qu’ils se posaient sûrement la même question. Malgré son envie brûlante d’en savoir plus sur l’origine des connaissances de Dande, Raphaëlle savait que le temps leur était compté. Elle tourna la tête vers Tolas, sans un mot. Le bosco avait l’air à moitié plongé dans ses pensées mais dès qu’il sentit le regard de la jeune femme sur lui, il reprit ses esprits.

-Ok. Dande, tu reprends la tête du groupe mais tu restes près de moi. Tu restes notre meilleure chance de prendre d’autres pirates par surprise s' ils nous tombent dessus. Avant de prendre les tunnels, on va s’assurer que le QG est vide, histoire qu’on ne se fasse pas repérer dès qu’on sortira sur les docks.

-Euh, il y a de grosses chances que ce taré de Scornwallis ait déjà demandé aux autres de tirer à vue, lança l’interpellé sur un ton peu convaincu.

-Et ben au pire, tu feras un très bon bouclier humain, répliqua Raphaëlle en posant lourdement sa main sur l’épaule du pirate et en lui faisant un grand sourire.

-Je commence à regretter mon idée …

Quelques minutes plus tard, Dande entra dans l’ancien QG de la marine dans la pénombre de l’aube approchante, Raphaëlle et Tolas sur les talons. Il s’approcha des escaliers, à l’affût du moindre bruit suspect. Puis le pirate fit un petit signe de main aux deux marins et ils le suivirent dans sa montée en respectant le même rythme de marche, juste au cas où les escaliers grinçeraient plus que de raisons. Le même scénario se répéta sans accroc au deuxième étage.

Mais une fois arrivé au troisième et avant-dernier étage, Dande se mit à ralentir, levant la main pour leur faire signe d’être discret. Les deux marins s’arrêtèrent complètement de bouger. Ils pouvaient tous entendre des bruits de pas qui venaient de juste au-dessus d’eux. Ils n’arrivaient pas à savoir combien de personnes il pouvait bien y avoir plus haut mais cela rassurait presque la jeune louve. S’il y avait des pirates là-haut, ça leur en ferait moins à combattre plus tard.

-Qu’est-ce qu’on fait ? chuchota Dande, en se plaquant lui aussi dos au mur.

-Il faut que tu montes en premier et que tu réussisses à les distraire, lui expliqua Tolas, Raphaëlle et moi, on va te suivre de près et on les neutralisera dès que possible.

-Mais c’est pas un plan ça, c’est ce qu’on fait depuis tout à l’heure ! se plaignit le pirate en grimaçant.

-Si tu trouves mieux là, tout de suite, je suis tout ouïe !

Le pirate resta bouche bée, incapable de trouver un autre plan, avant de baisser la tête, défait.

-Moi j’ai une meilleure idée, lança Raphaëlle.

Tolas et Dande la regardèrent en même temps.

-Dande, fais-les venir…, commença la jeune femme en scrutant la pénombre du couloir avant de repérer le seuil d’une porte ouverte, par là ! Tolas, viens avec moi. On va suivre le même plan que dans l’hôtel de ville.

Ce fut au tour de Tolas de rester bouche bée avant de reprendre contenance et de hocher la tête fermement. Ils s’élancèrent discrètement vers la porte ouverte et se cachèrent dans les ténèbres, de part et d’autre de la porte. Dande, levant les yeux au ciel, partit se mettre au milieu de la pièce où se trouvaient les deux marins de l’Altaïr et prit une grande inspiration.

-Les gars ! Venez-vite, c’est la merde ! se mit à hurler Dande à plein poumons.

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Des bruits de pas précipités martelèrent le sol au-dessus de leur tête, se dirigeant à toute vitesse vers les escaliers avant de s’arrêter net arriver à mi-chemin.

-Dande ? demanda une voix rauque depuis l’étage du dessus. C’est toi ?

-Jooce ! s’exclama Dande en prenant une voix peinée. Ouais…, c’est moi… putain, la situation à vraiment dégénérer…

-Qu’est-ce qui t’arrives ? continua d’interroger la voix sur un ton suspicieux.

-Descends … j’ai besoin d’aide !

Raphaëlle, cachée dos au mur juste à côté de l’entrée, ferma les yeux et calma sa respiration. Elle pouvait entendre les pirates s’approcher d’eux, ses sens semblant s’aiguiser à mesure qu'ils se rapprochaient. Il n’y en avait que deux, elle arrivait clairement à les compter en se concentrant un petit peu.

-T’es où Dande ? s’inquiéta Jooce en se rapprochant du seuil de la porte avec son compagnon sur les talons.

-Ici… lança faiblement Dande en reculant un peu pour laisser entrer ses deux camarades.

Jooce et l’autre pirate s’avancèrent dans la salle, cherchant Dande à tâtons, leur sabre d’abordage à la main.

-Je sais pas ce que t’as foutu Dande, mais le capitaine… commença Jooce avant de sentir une présence derrière lui.

Vive comme l’éclair, Raphaëlle frappa derrière les genoux du pirate qui se plia en arrière, sa tête percutant lourdement le plancher. Ne perdant pas une seconde, la louve décocha un coup de pied droit dans la tempe de Jooce qui perdit conscience dans l’instant. Au même moment, Tolas envoyait un énorme coup de coude dans la nuque de l’autre pirate, qui s’écroula aussitôt, les yeux complètement révulsés. L’action n’avait duré que quelques secondes. Dande siffla d’admiration, impressionné par leur coordination. Il se dirigea ensuite vers Jooce et commença à le fouiller.

-Qu’est-ce que tu cherches ? lui demanda Tolas.

-Juste…,commença le pirate avant d’ouvrir grand les yeux en souriant tout en sortant un petit boitier noir de la poche de Jooce, ça ! Un talkie-walkie !

-Oh, c’est parfait ! Est-ce qu’on peut l’utiliser pour contacter Cornell ? s’exclama Raphaëlle.

-Non, on risque d’attirer l’attention sur nous pour rien si on active ce talkie-walkie et qu’un des pirates intercepte la transmission, lui dit Tolas.

-Il a pas tort, il y a qu’une seule fréquence sur laquelle émettre avec ses vieux machins, renchérit Dande en rangeant l’appareil dans sa poche arrière.

-Ah d’accord, fit Raphaëlle. Bon, dans ce cas, il nous reste plus qu'à aller voir l’état du port.

Les deux hommes acquiescèrent. Ils fermèrent la porte de la pièce et ils montèrent tous les trois au troisième étage. Une fois près de la fenêtre, Dande s’agenouilla et fit signe aux deux autres de se rapprocher de lui. Tous ensemble, ils levèrent la tête juste assez haut pour avoir une vue directe sur le port juste en bas. Malgré le ciel orangé de l’aube imminente, ils arrivaient à distinguer assez de détail pour bien observer la baie.

-Là-bas, c’est le Kemper ! dit Dande en faisant un mouvement de menton vers l’avant. T’façon, vous pouvez pas le manquez, ils ont coulé le reste des bateaux pour éviter que les gens puissent s’enfuir par la baie.

Le Kemper était un vieux galion en sale état, même vu de loin. Le pont était fortement endommagé, avec des trous visiblement rebouchés à la va-vite et un bastingage quasi-inexistant, sûrement pulvérisé par les défenses de l’île quand il avait débarqué. Seuls deux des trois mâts du galion étaient encore intacts, celui d’artimon était brisé en trois juste au-dessus de son étambrai et reposait désormais penché contre le château arrière du galion. Ses voiles en recouvraient une bonne partie, le masquant presque complètement.

Raphaëlle comptait huit pirates qui s'affairaient déjà sur le pont, colmatant maladroitement les brèches qu’ils pouvaient voir. Ils semblaient tous être en piteux état, certains d’entre eux boitaient alors que d’autres marchaient extrêmement lentement, comme s’ils avaient le mal de mer. Le regard de la louve s’attarda légèrement sur le mât d’artimon avant de continuer à scanner le reste du navire.

-Merde… merde, merde, merde ! se plaignit Dante.

-Qu’est-ce qui se passe ? s’enquit Tolas.

-Je vois qu’un seul des gars avec qui j'ai parlé ces derniers temps ! Les autres doivent sûrement faire partie de l’équipe que Scornwallis aura renvoyé à l’hôtel de ville !

Le pirate se mit à se triturer les mains, son visage se décomposant lentement.

-C’est pas bon ça…non, non c’est pas bon du tout, chuchota-t-il.

-J’ai compté huit personnes sur le pont, est-ce que Scornwallis est parmi eux ? demanda Raphaëlle en scrutant le Kemper.

La question de la jeune femme resta sans réponse. Raphaëlle finit par se tourner vers Dande. Elle écarquilla les yeux quand elle vit que le pirate était blanc comme un linge.

-Dande, ça va ? demanda Raphaëlle.

Le grand brun lui jeta un coup d'œil paniqué.

-Vous…vous êtes sûr que vous voulez pas plutôt qu’on se tire ? supplia-t-il d’une voix faible.

-Hein ? Non ! On y est presque ! Pourquoi est-ce que tu te dégonfle d’un coup ? s’indigna la jeune femme.

Dande observa une nouvelle fois le pont puis ses deux compagnons d’infortune.

-Sans tous mes gars…on a quasiment aucune chance de se faire Scornwallis ! A nous quatre, on va juste se faire bouffer !

Raphaëlle se planta devant le pirate.

-C’est trop tard pour faire marche arrière, d’accord ? Ils ont l’air d’être dans un sale état et on a l’effet de surprise pour nous. Si on s’y prend bien, je suis sûr qu’on peut réussir à les battre !

Dande fixa la jeune femme dans les yeux en fronçant les sourcils.

-Tu…attends mais en plus, c’est que t’y crois ! Tu sais vraiment pas à qui tu t'attaques en fait ! Et toi, tu dis rien ? lança le pirate en regardant Tolas.

Le bosco, qui avait continué d’analyser le bateau en silence, finit par reporter son attention sur Dande.

-Raphaëlle à raison. Au point où on en est, on a plus trop le choix de toute façon. On ne sait pas où sont les pirates qui sont partis à notre recherche, on en a deux autres inconscients juste en bas… si on s’infiltre sur le Kemper, on saura au moins à quoi s’en tenir.

Danda lâcha un petit rire triste. Il ne voyait vraiment aucun moyen de reculer maintenant qu’ils étaient arrivés aussi loin. Il fit un rapide calcul de ses chances de survie.

Seul, il était quasiment sûr de ne pas survivre plus de quelques jours. S’il quittait la ville, la jungle aurait très vite raison de lui et il n’avait aucun moyen de quitter l’île de toute manière. Avec Tolas et Raphaëlle, l’idéal aurait été de fuir, bien sûr, mais ce n’était clairement plus une option envisageable.

Puis d’un coup, le pirate eut une illumination. Il regarda de nouveau le Kemper en plissant des yeux, l’espoir se réveillant de secondes en secondes.

-Est-ce que vous avez vu passer un homme très pâle ou une personne avec un casque noir sur la tête ? demanda Dande avec empressement.

Les deux adolescents firent non de la tête. Dande souffla d’un seul coup, l’air un peu plus apaisé.

-D’accord, parfait ! Si Lowell et Zedek sont toujours inconscients, on a encore une petite chance.

Tolas fronça les sourcils une seconde.

-Lowell…Pourquoi est-ce que ça me dit quelque chose ?

-Tu les connais? s’enquit Raphaëlle.

-Ca m’étonnerait pas qu’il connaisse au moins Lowell, c’était le rejeton d’une ancienne famille de noble si je me souviens bien. Les…Griffyth ?

Les yeux du bosco s’illuminèrent.

-Lowell Gryfas ! J’ai vu son nom dans un rapport de la marine ! Il travaille avec Scornwallis ?

Dande pouffa de rire.

-C’est un fanatique oui. Les choses que je l’ai vu faire sous ses ordres…, murmura le pirate en frémissant, j’arriverais jamais à les oublier. Tout seul, il est déjà bien dangereux, mais quand il est avec Zedek, ils deviennent absolument increvables.

-Alors on ferait bien de vite profiter de leur absence, le pressa Tolas, est-ce que tu vois quelque chose dans le port qui indiquerait la présence d’un passage ?

Le pirate se tut, visiblement en train d’examiner les toits des différents entrepôts à seulement quelques mètres à droite du Kemper.

Il y en avait quatre en brique marron collés les uns aux autres, d’à peu près deux étages de haut et, à vue d'œil, d’une cinquantaine de mètres de profondeur chacun. Leurs toits en tôle étaient tous en dents de scie et ils étaient surmontés d’une cheminée d’une dizaine de mètres de haut pour cinq ou six mètres de large. Soudain, Dande s’exclama :

-Là ! Le quatrième toit, vous voyez la cheminée ? Elle est beaucoup plus large que celles sur les autres toits, elle fait quasiment le double.

-Et donc ? s’enquit Raphaëlle

-Les entrepôts portuaires construits sous édit sont tenus d’avoir une issue de secours vers l’extérieur et une chambre forte au cas où un membre de la royauté ou un administrateur royal serait en danger sur une des îles. J’suis prêt à parier que s’il reste des tunnels sous la ville, ils doivent tous mener vers cet entrepôt !

Raphaëlle posa une question silencieuse à son ami, qui haussa les épaules en hochant la tête.

-Bon, d’abord les tunnels, ensuite l’historique de l’île et maintenant ça ? Comment tu sais tout ça ? demanda Raphaëlle en reportant son attention sur Dande.

Le grand brun garda le silence pendant quelques secondes, son visage exprimant une sorte de mélancolie profonde, ses yeux dans le vague. Puis il reprit la parole.

-T’as toujours été dans la marine, toi ?

L’espace d’un instant, la vie de Raphaëlle avant l’Altaïr défila devant ses yeux. Sa grand-mère et ses cheveux blonds pétard, les ruelles sales de sa ville et les Ombres de Kardak, la boucherie de Marciano et son énorme dos un peu voûté qui découpait en silence des kilos de viandes fraîches. Puis tout s’arrêta et elle était de nouveau là, cachée près d’une fenêtre, accompagnée d’un pirate et d’un marin et prête à aborder un bateau pirate.

-Non… lui répondit-elle avec le cœur lourd.

-Et ben j’ai pas toujours été un pirate, termina Dande sur un ton grave. Venez avec moi, je crois que je sais où devrait se trouver le tunnel ici.