Aileen était entourée de ses deux amies alors qu’une garde secoua vivement une clochette. De partout, ses camarades surgirent pour écouter le message général. Un peu plus d’une dizaine de gardes se tenaient devant le groupe, les bras le long de leurs corps, le regard scrutant le vide.
Après cinq minutes, la clochette fut retentit une dernière fois afin de capter l’attention de tous. Cela fonctionna à merveille, car les élèves présents détournèrent leur regard vers la source du bruit, tandis que la femme s’éclaircit la gorge.
« Bonjour à tous et à toutes. Aujourd’hui, comme vous le savez, ce sera la transition entre ici et la nouvelle aile. Vous n’avez pas à transporter de valises, nous nous occuperons de vos effets personnels après vous avoir escorté jusqu'à destination. Veuillez donc vous mettre en rang, juste ici » dit solennellement la dame.
Les élèves exécutèrent silencieusement l’ordre, et se mirent en rang devant les gardes. D'autres apparurent derrière eux, surgissant du hall, où ils ne se trouvaient pas avant l’annoncement du message. De chaque côté des élèves, deux membres se tenaient. À la grande surprise d’Aileen, ces derniers la soulevèrent du sol en empoignant fermement ses bras. L’élève devant la jeune fille râlait que ce genre de traitement ne devait pas lui être réservé, mais Aileen n’écoutait pas. Elle cherchait à comprendre pourquoi les gardes agissaient ainsi. Les débattements de certains ne firent que renforcer leurs poignes.
Le groupe fut escorté jusqu’à un lointain endroit. Il passait d’un corridor somptueux à
une longue pièce grise, sans oublier des cachots à sombre allure, qui firent frissonner la jeune fille.
Même si elle ne connaissait pas grand monde, la tisseuse put reconnaître la peur chez certains. Ce traitement ne présageait rien de bon. Était-ce une sorte de leçon?
Ils se surent arrivés à destination lorsque les gardes les jetèrent dans un endroit quasi vide en béton armé. Il y avait seulement une pile de chaises qui les attendaient patiemment, car elles produisaient un nuage de poussière à leur soulèvement. Tous prirent place sur une chaise.
Les moins perturbés entretenaient des conversations amicales. D’autres semblaient plongés dans de profondes réflexions. Aileen fut étonnée de voir les deux méfiants se chuchoter. Ils n’avaient jamais ouvert la bouche de tout le séjour, du moins, pas devant elle. Dahlia tentait de convaincre son autre amie que tout se déroulerait à merveille.
Une quinzaine de minutes sans signe extérieur se déroulèrent, où la tension faisait rage. Lorsqu’un homme apparut, grand, vêtu de noir, arborant un pittoresque chapeau ainsi que des lunettes énormes, il ne fut que familier pour la jeune fille. C’était le messager qui l’avait avertie de son acceptation à cette académie. Dans ses mains se trouvait une feuille tarabiscotée d’instructions.
« Bonjour, veuillez prendre place sur ces chaises le temps du partage des instructions, merci. Il y a 7 règles bien simples. Les voici:
1: Sous aucun prétexte vous ne quitterez ces lieux. Il y aura quatre pièces auxquelles vous pourrez être, et certaines ont des heures d’ouverture.
2: Écouter en tout temps les directives de vos responsables, donc moi, les gardes, etc.
3:Appliquez-vous toujours dans votre travail. Faites des efforts jusqu'à l'épuisement s'il le faut.
4: Survivez. L'entraînement sera difficile, et vous devez rester en vie.
5: Ne mangez pas ensemble, ni à l'extérieur de vos temps attitrés.
6: Respectez les gardes autant que ces instructions, et ne vous blessez pas entre vous.
7: Faites plus attention au matériel qu’à votre vie.Vous comprendrez lorsque nous serons rendus là-bas.
Ne pas les respecter peut vous mener à de graves conséquences que vous ne voulez pas connaître, croyez-moi » clama l’homme aux épaisses lunettes.
Le groupe était confus par certaines consignes, mais n’y prêtèrent pas plus attention. Cette fois-ci, aucun garde n’était là pour les prendre, ils devaient simplement suivre la tête au chapeau.
Le trajet à travers ces drôles de salles vides était court. L’ambiance était pesante, car les lieux rappelaient à Aileen un hôpital psychiatrique. Tout était terne, à l'exception de caniveaux lumineux qui se faisaient de plus en plus nombreux. Certains se fondaient entre les crevasses du mur, d'autres disparaissaient derrière des tournants.
Lorsqu’ils furent arrivés, tous furent étonnés de voir le peu de meubles. La pièce n’était pas extrêmement grande. Par contre, un y avait une énorme baie vitrée Deux pièces composaient les lieux. Un baie vitrée faisait office de mur commun, et celle dans laquelle ils se trouvaient englobait une cage en verre et en métal, la deuxième pièce. Selon ses estimations, elle était ensorcelée d’une manière ou d’une autre. Deux autres portes trônaient aux côtés de celle par laquelle ils étaient entrés. Tous s'assirent face à la baie voilée ainsi qu’à leur titulaire.
L’homme fit un bref rappel des consignes en désignant les lieux permis, dont les deux portes,une salle de bain et une cuisine, sans oublier la cage de verre. Il n’entra pas dans les détail, car apparemment, le temps était compté.
Soudainement, il retira par magie le tissu occupant la fonction de rideau. Devant eux se dévoilait une extraordinaire vue sur une étrange machine. Celle-ci était de la taille de deux maisons, produisant une lumière vacillante et faible. De multiples raies, infusées de cette suspicieuse substance, partaient de son piédestal. L’ambiance était pesante, telle si une bombe était sur le point d’exploser. Et la bombe était cette machine.
« Quelle est cette chose? » s’exclama l’un des joueurs de Grakkam.
« C’est votre devoir. Vous devez alimenter cette machine lors de votre séjour en ces lieux. À tour de rôle, vous serez appelés à chercher votre repas. Allez-y en équipe afin de ne pas trop vous épuiser. Deux ou trois devraient être suffisants. Prenez des pauses, aussi. Devant vous se tient Aeterna Fons, la source éternelle » conclut l’homme avant de quitter le groupe abasourdi.
Quelques minutes suffirent pour qu’ils reprennent leurs esprits. Que s’était-il passé?
« Si je comprends bien, nous devons alimenter le monde entier en tant que prisonniers, c’est ça? » dit la première voyant clairement quelque chose dans cette affaire.
Dahlia s’empressa de nier l’affaire. Elle semblait paniquée que cela soit une éventualité. Aileen eut pitié de ce comportement. La jeune fille avait eu vent de son passé comme étant sombre et difficile, et y voyait un lien.
« Si nous allons travailler ensemble, autant faire connaissance. Je m’appelle Lloyd, et voici ma sœur Lilith » tenta le jumeau.
« Je suis Hugo, et lui, c’est Fred » répliqua le plus petit des joueurs.
« Frédérique » corrigea l'intéressé.
« Je m’appelle Aileen »
« Charlie»
« Et moi, c’est Dahlia! » dit-elle d’un ton enjoué.
« Je me nomme Kei Hargreaves » clama le prétentieux.
« Killian »
« Nous n’avons guère le temps pour ces choses futiles », expliqua la fille oppressante en forçant la serrure. Cette tentative ne resta qu’un échec. Killian lui fit un signe de la tête, et elle soupira en les rejoignant.
« Bon. Mon nom est Hildegarde Thompson. Maintenant, une question plus importante. Quels indices avez-vous trouvés? » demande-t-elle.
Tous furent confus, à l’exception de Killian et de Kei, ayant épié leur conversation. Exaspérée, la fille continua.
« Comme vous devriez voue en être aperçus, nous ne sommes pas dans une école, débuta-t-elle avant de voir les mines surprises de certains. Voyons, utilisez votre cervelle! La manière qu’ils nous traitent, le fait qu’on ne puisse s’échapper, la réputation inexistante des lieux, et bien plus. Ces gardes n’ont pas l’air d’enseignants. Ce travail n’est point scolaire. Ouvrez les yeux! Si seulement mes parents n’avaient accepté l’offre…»
Aileen, qui avait passé la semaine dans le confort de ses dortoirs, compris enfin. C’était une prison. Ils étaient utilisés. La plupart semblèrent du même avis. Dahlia niait toujours ce qui était maintenant un fait. Une autre fille, à genoux, marmonnait dans son coin, les mains ensemble. Elle ne s’était pas présentée plus tôt. Aileen l'avait à peine aperçue lors de la semaine. Peut-être qu’elle priait?
«Si on fait ce qu’ils nous ont dit, peut-être qu’on pourra s’en sortir? » proposa Frédérique.
Hildegarde réfléchit brièvement à cette idée. Ne voyant aucune autre issue, elle répondit à l’affirmative.
« Maintenant, il faudrait former des groupes. Dans nos temps libres, élaborons des plans pour s'échapper. Alors, mettez vous en équipe de deux, il y en aura une de trois » présenta la jeune fille.
Frédérique et Hugo se mirent immédiatement ensemble, et ce fut de même pour les jumeaux. Charlie, Dahlia et Aileen furent une autre composition. Finalement, Killian et Hildegarde se groupèrent, laissant Kei et la religieuse ensemble.
« On pourra changer les équipes en cours de route pour équilibrer le tout. Je peux commencer, je suis curieuse de voir comment se déroulera l’opération, dit la cheffe d’équipe avant de remarquer Hugo sautant presque du sol. Vous pourrez y aller par la suite, vous deux. D’autres volontaires? »
Personne d’autre n’osa s’y tenter, alors Hildegarde fut obligée de nommer les équipes en ordre. Tout d'abord, elle s’y tenterait avec son partenaire. Par la suite, les joueurs de Grakkam se mettraient à la tâche, suivis de Kei et la fervente croyante, nommée Elizabeth selon les dires de son partenaire, des jumeaux, pour finir avec le trio.
Les premiers s'agenouièrent au sol, devant ce qui semblait être un autel. Autour du duo étaient placés des morceaux étranges, décomposés, qui, à leur contact, se détruirent. Ils semblaient rongés par le puisement de cette machine. Les deux s'installèrent face à la baie vitrée et débutèrent l’opération dans un grand calme. Les autres observaient silencieusement la scène depuis l’autre salle alors que deux fils translucides se matérialisèrent. Leurs mains se reliaient lentement à la machine par ce pouvoir aux allures grises ou bleutées, que seul leur propriétaire pouvait apercevoir. En réalité, le fil n'était qu’une invention servant à mieux visualiser l’énergie magique. Presque tous le voyaient ainsi, mais ce n'était pas la seule manière d'employer le tissage. Certains le faisaient par vagues, ce qui ne fonctionnait que pour l’infusion. Cela pouvait être long, et était certainement ardu. En quelques minutes, ils semblaient déjà drainés. Pourtant, ils n'abandonnèrent pas.
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L’énorme machine brillait légèrement plus qu’à leur arrivée. Elle semblait tout aussi instable qu'auparavant, mais au moins, la ville ne souffrirait pas de manque d’énergie. Hildegarde et Killian faisaient un bon travail.
Les dizaines de minutes passèrent, et leur état se décrépitait lentement. Après deux heures de travail, de la sueur perlait de leur corps entier, ils ne tenaient presque pas en place tellement qu’ils tremblaient. La souffrance semblait insupportable, pourtant ils tenaient bon. Les autres adimirèrent leur bravoure, avant qu’Hildegarde ne parvienne à ouvrir la bouche pour prononcer quelques mots. Le son ne passait pas, mais ils étaient tellement observés que tous purent lire sur ses lèvres d’atroces paroles.
« Ai…dez …m…» parvient-elle à sortir.
À ce moment, tous réalisèrent que le duo ne pouvait s’échapper de cette cage. Hugo, qui était supposément le prochain sur la file, s’élança pour aider ses camarades en besoin. Après maintes tentatives, il tira Killian du lieu. En voyant Hildegarde s’éffondrer à moitié, il s’empressa de faire de même pour elle. Malheureusement, la situation ne faisait qu’empirer, car, au lieu d’aspirer l’énergie des anciens ravitailleurs, ce fut les prochains qui durent prendre place et subir ce châtiment non mérité.
Frédérique fut le premier à s’y installer, et débuta doucement son don provisoire. Étant donné qu’il était le seul présent, la charge de travail était deux fois plus lourde. Son ami se résolut à l’aider dans cette misère.
« Les deux derniers ont duré un peu plus d’une heure, dit Dahlia avec sang froid, alors alternons à chaque heure, ça devrait nous laisser un peu d’énergie. Nous aurions également environ 5 heures de pause, un peu moins si nous changeons les groupes. Êtes-vous d’accord? »
Tous hochèrent la tête, un peu absents suite à cette altercation avec ce qui serait leur réalité. D’ailleurs, Aileen se questionna sur la durée de ce séjour. Personne ne les avait informés de ce détail. Elle s'approcha des débris, traînant un peu partout dans la salle. La jeune fille n’y avait pas prêté attention plus tôt. Ces morceaux aux formes étranges, poussiéreux et blanchâtres… seraient-ils des os d’anciennes personnes piégées dans ce trou? Chaque être humain était infusé en entier de son fil, du sang aux cheveux, alors s’ils étaient décédés à la tâche, leur restants avaient peut-être servit de remplacement? Dégoûtée, elle retourna dans son coin. Personne ne l’écouterait, de toute manière. Ils étaient tous là, à craindre pour ce qui les attendait. Le sort les rattraperaient, malheureusement. Il n’y avait aucun espoir de s’échapper.
« Ça va? »
Quelqu’un avait surgit à ses côtés. Cette voix fluette n’était autre qu’à Dahlia, la cuisinière. Aileen choisit d'ignorer cette question et de continuer à observer Aeterna Fons fournir de l’énergie au monde entier d'un regard vide. L’ex-serveuse soupira avant de s’asseoir.
« La persévérance est la clef dans la vie et agir de cette manière n’aidera personne. On s'influence les uns les autres, et par ce fait, si personne n’ose essayer, nous serons perdus dans une spirale de déception. Ce n'est pas en s’apitoyant sur son sort qu’on s’en sort. Tu as saisi? » dit-elle en gloussant pour son jeu de mot. La jeune fille réfléchit lourdement à ses paroles avant de reprendre.
« Tu sais, j’ai déjà baissé les bras comme toi, il y a bien longtemps, quoique je refuse de l’admettre. Je ne savais plus quoi faire, je voyais des gens souffrir sans rien pouvoir tenter, et… Et j’ai réalisé que regarder devant est une manière de se rebeller, d’être indépendant, et de s’affirmer. Parfois, seulement une illusion nous permet de continuer, mais ce n’est pas une raison de se laisser faire, car c’est toujours quelque chose » continua la cheffe dont le regard dans un passé à oublier. Aileen se questionna sur la vie et le trajet que son amie avait emprunté pour se rendre jusqu’ici, sans pour autant lâcher le morceau. Dahlia avait cependant remarqué que parler un peu plus la ferait certainement changer d’avis.
« Ce n’est sûrement pas une prison, et si ce l’était, nous trouverons un moyen de s’échapper. La vie est pleine de surprises, alors il ne faut pas déjà abandonner sans même savoir ce qui nous attend. La vie est plus palpitante ainsi. N'est-ce pas merveilleux de ne pas savoir ce qui se dresse sur notre chemin? » termine-t-elle en prenant les deux mains de la tricoteuse, les yeux pleins d’espoir.
Aileen soupira, signe qu’elle s’avouait vaincue. Elle se releva pour enlacer sa salvatrice, surprise de ce geste. La jeune fille rendit l’étreinte, lourde d’une amitié déjà incassable.
« Allons voir les autres. Un plan serait le bienvenu »
Kei et Eliza s’étaient mis à la tâche. Hugo était étendu sur le sol, haletant, tout comme son ami. Ceux n’ayant pas encore tenté la calvaire se rongeaient les ongles dans un coin, tandis que les premiers à passer se remettaient doucement de cette épreuve. Rien n’allait très bien, visiblement.
« Bonjour! Frédérique et Hugo, c’est ça? Eh bien, moi et Dahlia comptons nous réunir pour faire un plan, voudriez-vous nous rejoindre? » débuta Aileen.
« Un plan pour quoi? » répondit le premier.
« Pour s’enfuir! Dis donc, ça va, la tête? » répliqua Hugo.
« Ce sera ici », expliqua la jeune fille en pointant un coin de la pièce où reposaient les premières victimes. Étant donné que les joueurs de Grakkam avaient moins passé de temps dans la pièce maudite, ils étaient plus en forme. Cela ne voulait pas dire qu’ils allaient bien, car le chemin vers le lieu de rencontre sembla ardu.
« Salut! Désolée, comment vous appelez-vous? » demanda Dahlia aux jumeaux.
« Lilith »
« Et moi c’est Lloyd » annonce le garçon d’un sourire en coin.
« Voudriez-vous nous aider à trouver un plan pour s’enfuir? » formule la cheffe.
« Avec toi? Dans ce cas, pourquoi pas » répondit le jumeau tandis que sa sœur semblait exaspérée.
Charlie n’eut pas besoin d'être convaincue car elle rejoignit justement ses amies en raison de l’agitation.
« Vous faites un plan sans moi? » chuchotta-t-elle.
« On allait justement te proposer de te joindre à nous! » indiqua la cuisinière.
Tous étaient maintenant réunis dans un coin, à l’exception de ceux qui travaillaient. Killian et Hildegarde avaient semblés déterminés à s'échapper plus tôt, alors ils seraient sûrement d’accord.
« Alors… Quelqu’un a une idée? » débuta un joueur de Grakkam.
Chaque membre du groupe attendit qu’un autre intervienne, mais personne n’eut l’audace de proposer une solution avant que Charlie prenne la parole.
« Ne pourrions-nous pas juste arrêter de travailler? Je veux dire, il faut au moins essayer, non? » proposa-t-elle timidement.
Le groupe était embarrassé de ne pas avoir tenté cela plus tôt. Lorsque tout le monde sembla satisfait avec la proposition, du moins pour le moment, Aileen, aidée de Lloyd, sortit le duo au travail. Après leur avoir laissé un peu de temps pour reprendre, l’artiste expliqua son idée à Kei et Elizabeth. Cette dernière ne réagit pas tandis que le premier semblait agacé de la tardiveté de la solution.
Une heure s’écoula, puis deux, puis trois, sans signe de garde. L’éclat produit pas Aeterna Fons faiblissait lentement, mais sûrement. C’est ce qu’Aileen observait avec les autres, car il n’y avait pas grand divertissement. Elle eut l’idée de socialiser, car pour l’instant, la jeune fille n’était proche que de Dahlia et de Charlie. Elle connaissait mieux Hildegarde grâce à ses discours, mais elle ne cernait pas autant les autres. Hugo était un livre ouvert, mais son ami paraissait fermé. Kei n’avait fait que rouspéter, et la tricoteuse n’était pas d’humeur pour ces balivernes. Elizabeth n’était simplement pas joignable, et Killian était fermé. N’était-il pas à l’aise ou n'appréciait-il pas le groupe? À moins que ce soit un peu des deux. Il ne restait que les jumeaux, qui semblaient gentils. Elle ne leur avait pas encore parlé, ce qui briserait la glace. La jeune fille prit leur direction, puis débuta la conversation.
« Bonjour! Je suis Aileen. Vous êtes Lloyd et Lilith, n'est-ce pas? »
« C’est exact. Et je suis Lilith » répondit le jumeau d’un ton sérieux.
Sa sœur soupira lourdement en détournant le regard plein de honte avant de saluer son interlocutrice d’un signe de tête.
« Quels sont vos loisirs? » débuta cette dernière.
« J’aime bien passer du temps avec mes amis et rire un peu. Sinon, j’essaye de la faire rre. La dernière fois que j'ai réussi, c’était il y a un mois! Elle, elle ne fait pas grand chose d’autre que de travailler et faire du sport. Comment t’occupes-tu? » demanda Lloyd avec un sourire chaleureux.
« J’aime bien tricoter, coudre et tout ce qui a rapport au tissu. J’ai conçu ces vêtements », dit elle en pointant son ensemble.
Lloyd lui jeta un regard impressionné, et elle reprit la parole.
« D’où venez-vous? Moi, j'habitais dans le coin»
« On habite à Lapilis, mais on était en voyage scolaire. On s’était séparé du groupe un instant et ces personnes nous ont abordé. Pour ne pas qu’ils nous cherchent, je leur ai simplement expliqué que nos parents étaient ici et souhaitaient qu’on termine le voyage avec eux » présenta le garçon.
« Donc, vous alliez à l’école? C’est comment? Je faisais l’école à la maison, donc je suis curieuse », expliqua la jeune fille.
« Eh bien, l’horaire est chargé, on apprend plein de choses, mais la plupart n'écoutent pas. Il y a plein de devoirs et d’examens. C’est aussi une occasion de voir ses amis. Après il y a les professeurs qui font tout pour appliquer des règles insensés. Tu as de la chance de ne jamais avoir tenté »
Aileen tenta de s’imaginer cet endroit horrible. Son quotidien était déjà atroce.Était-elle vraiment chanceuse? Elle ne le saurait peut-être jamais.
« Tu as tort » dit Lilith.
Les deux autres la regardèrent. Elle n’avait pas encore ouvert la bouche avant ce moment.
« L’école est un endroit riche en apprentissage où l’on peut vivre plein d’expériences nouvelles, se faire des amis, accumuler du savoir, découvrir nos intérêts et bien plus. Aileen n’a pas de chance si elle n’a jamais vécu cela », éclaircit-elle.
L’intéressée observa celle qui avait pris la parole avec un sourire. Lilith la comprenait, et mieux que son frère. Le groupe resta silencieux un instant en observant la machine. Sa lueur, auparavant aveuglante, diminuait peu à peu. Les gardes auront rapidement remarqué ce manque.
Adossée au mur stérile, la jeune fille attendait avec ses nouveaux amis. Elle ne pouvait s’empêcher de jalouser leur relation, car même après ce malentendu, ils avaient la même complicité. Si elle avait eu un frère ou une sœur, les choses auraient été tellement plus facile à supporter! Et ils ne se rendaient même pas compte à quel point leur relation était privilégiée. Un soupir s’échappa de ses lèvres sans même qu’elle en ait conscience.
« Est-ce que ça va? » questionna Lloyd alors qu’un plis se formait sur son front. Lilith ne s’était pas retournée, mais elle semblait tendre l’oreille.
« Oui, ce n’est rien. Je pensais à ma famille, et…»
Aileen n’eut pas l’opportunité de développer, quoiqu’elle n’en avait pas envie, car la porte claqua. Toute la pièce était silencieuse, figée dans le temps. Des gardes pénétraient la pièce, et la jeune fille déglutit. ils avaient remarqué leur manque au devoir. Tous reçurent un coup de pied, et les gardes prirent deux des prisonniers pour les jeter dans la salle d'absorption de fil, la cage de verre. Hugo et Frédérique, se trouvant juste devant l’habitacle, furent les victimes. Deux de ces personnes armées restèrent dans la salle alors qu’un de leur responsable fit son apparition. N’oubliez pas qu’une nation entière dépend de vous. Moi et vos autres responsables sont déçus » annonça-t-elle avant de se retourner.
Elle se dirigea vers la sortie avant de se retourner au dernier moment.
« Je pense que personne ne vous avait correctement informé des cuisines. Des plats seront prêts pour x personne à x heure selon le plan ici, donc renseignez vous pour ne pas faire attendre ces cuisiniers »
La dame au chignon serré et au regard sévère conclut l’interaction en faisant signe aux gardes de la suivre, et partit.
Quelques curieux, dont Aileen, partir regarder le tableau horaire, qui disait:
« Première cloche: 1 et 2
Deuxième cloche: 3 et 4
Quatrième cloche: 5 et 6
Cinquième cloche: 7 et 8
Sixième cloche: 9,10 et 11
1 repas par jour SEULEMENT »
Vu qu’aucun numéro n’avait été attribué, tous s’y rendirent en équipes pré faites. Aileen y irait donc en dernier. Les prochains avaient aidé les joueurs de Grakkam à sortir et avaient pris leur place.
Aileen se retrouvait donc seule dans son coin, et le stress commença à s’infuser dans son corps comme une pochette dans un thé. Bientôt, ce serait à elle de fournir de l’énergie. Seulement, elle n’avait aucun pouvoir. Qu’allait-elle faire si les autres se rendaient compte du problème? Est-ce qu’ils la jeteraient dans la gueule du loup en avertissant les gardes? Ou peut-être qu’ils ne le remarqueraient pas… L’espoir était mince, mais ils commenceront un jour à voir qu’elle sortirait pleine d’énergie du lieu leur étant fatal.
À moins que ce ne soit que pire pour elle. Aileen vit à peine le temps passer jusquà ce que son bras soit empoigné: Dahlia.
« C’est à nous! »