Le second groupe venait de quitter le premier dans une direction un peu hasardeuse. Ils tentaient de trouver une bibliothèque afin d’y faire leurs recherches. Malheureusement pour eux, même après une quinzaine de minutes, ils n’avaient rien trouvé. Pourtant, ça ne devrait pas être long, alors ils persévèrent.
Ce ne fut guère long avant que le groupe ne remarque des bâtiments légèrement différents : ils avaient quitté la zone d’habitation, ce serait donc plus simple de trouver une bibliothèque maintenant.
Hildegarde continua à guider ses camarades entre les rues qu'elle ne connaissait pas mieux qu’eux. Les modestes boutiques défilaient, et les effluves du pain se rendaient à leurs nez, creusant leur appétit rassasié ce matin-même. Il faudrait bientôt qu’ils mangent, étant donné les heures qui filaient peu à peu vers elle du dîner.
Des passants riaient, des enfants se lançaient des boules de neige, rendue humide par le temps légèrement plus clément qu’à leur arrivée. Le flot d’habitants continuaient leurs vies de tous les jours entre ces charmantes demeures, ces charmantes boutiques et ces charmants bureaux. Le train-train quotidien de tous ces gens rendit le sourire à Hildegarde, qui s’épuisait peu à peu des recherches,incessantes comme le travail de garder son groupe en sécurité.
« On dirait que c’est une bibliothèque », pointa Frédérique en indiquant une bâtisse aux vitrines affichant des titres populaires.
« Allons-y, alors », répondit Hildegarde en s’élançant pour ouvrir la porte à ses camarades, qui lui en furent reconnaissants.
Lorsque la jeune femme referma la porte rouge derrière elle pour pénétrer dans l’antre, accompagnée d’un vent frisquet, une odeur de livres atteignit ses narines. Les lieux n’étaient guère vastes, mais dégageaient une certaine chaleur envers ces nouveaux venus. Les ouvrages s’étendaient du sol au plafond, et aucune étagère ne figurait au centre, occupé par quelques cahiers vierges ainsi que quelques piles de livres patientant de retrouver leur place. Une employée, au bureau, le salua d’un signe de tête.
« Bonjour! Auriez-vous besoin d’aide pour trouver quelque chose ou ne faites-vous que passer? » fit-elle de sa voix.
« Oui, bonjour, nous recherchons des livres sur les artéfacts », se lança Lloyd d’un ton confiant.
« Hum, laissez-moi un instant, je vous prie. Je ne suis pas certaine d’en avoir à l’affichage, quoique vous pouvez vérifier, mais il y en a un en particulier…» fit-elle en se détournant vers l'arrière-boutique, ou ses propos furent noyés.
« On peut chercher un peu, comme elle l’a dit », proposa Hildegarde, ce qui fut approuvé par ses camarades.
La guerrière se dirigea vers l’échelle, qu’elle gravit jusqu’au plafond. La bibliothèque avait une hauteur équivalente à deux étages, ce qui donnait beaucoup de livres. Elle se mit à parcourir consciencieusement les reliures usées par le temps et les nombreux emprunts.
« Les recettes de Mme et Mr Guillemard, Histoires pour dormir, Cent-trente contes pour enfants, L’évolution de la cuisine lors du cinquième siècle, Faune et Flore Glaciande : Une analyse complète », lisaient les titres aux pages jaunies par le vécu, situés dans la section des auteurs aux noms débutant par « Gu ».
Rien d'intéressant ici, étant donné les sujets très éloignés de celui qu’elle recherchait. La jeune femme continua à lire les titres, et étaitparfois obligée de feuilleter les pages s’il n’existait pas ou s’il avait été effacé.
En peu de temps était terminée cette corvée du moins pour la section qu’elle pouvait atteindre. Hildegarde fait glisser l’échelle vers une autre section avant de se replonger dans son travail. Elle en oublia l’employée, qui ne prit pas plus de temps pour ressurgir de derrière le rideau.
« Ah, vous cherchez également! » remarqua la voix qui venait d’arriver.
Hildegarde descendit l’échelle, curieuse de voir ce qu’avait trouvé la dame. Elle vint la rejoindre, tout comme le firent ses camarades.
« J’ai cherché partout et j’étais certaine d’avoir quelque chose, mais malheureusement, je n’ai rien trouvé dans les entrailles de la bibliothèque », s’excusa l’employée en baissant les yeux.
Le groupe fut déçu, tout comme Hildegarde. Cependant, celle-ci souhaitait continuer les recherches dans la bibliothèque étant donné que l’employée se souvenait d’un titre en lien avec cette histoire.
« Est-ce qu’on peut tout de même rester un peu ici? » fit la guerrière à l’intention de ses collègues, qui opinèrent sans hésitation.
Hildegarde se dirigea vers l’échelle pour reprendre ce qu’elle avait commencé. Ses mains parcouraient rapidement les diverses reliures, balayant parfois de la poussière, ne s’arrêtant que pour relire un titre ayant attiré son regard.
En zieutant vers le travail de ses collègues, la guerrière vit qu’elle n’était pas la seule à conclure sa rangée. Il y avait presque vingt étages de livres, dont seraient bientôt complétés six. Trois fois encore ce cycle et ils auraient fait le tour, alors environ une heure trente, étant donné le temps nécessaire pour la première rangée. Ratisser une bibliothèque entière serait moins long que ce qu’aurait cru la jeune femme, qui se remit au travail.
Après quelques minutes, paraissant courtes aux yeux concentrés d’Hildegarde, elle termina le premier étage de livres. Ses camarades, de leur côté, étaient plus ou moins rendus au même endroit, ce qui confirma son intuition lui disant qu’il ne restait qu’une heure de recherche entre les livres. La guerrière descendit un ou deux échelons afin d’être vis à vis le dix-septième étage, où elle reprit ses recherches, allant cette fois-ci dans le sens opposé, c’est-à-dire de gauche à droite.
Le temps fila, comme les nombreux livres manipulés par ses mains. Elle eut, en autant de temps que la dernière fois, ou presque, terminé sa rangée.
Certains de ses camarades, dont quelques-uns commençaient à gravir une échelle pour atteindre un niveau non-exploité, étaient au même endroit qu’elle dans leurs recherches. Malheureusement, ce n’était guère le cas pour tout le monde, car Elizabeth ainsi que Frédérique étaient à la traîne. Peu importe, le restant du groupe les aiderait lorsqu’il aurait terminé.
Hildegarde lut encore les titres, et, de temps en temps, elle feuilletait les pages pour vérifier s’il pouvait y avoir un petit lien avec son objectif. À l’endroit où elle était rendue, l’auteur semblait fréquement aborder des thèmes religieux, ce qui ne déplaisait guère à la jeune femme, qui s’empressait à tous les coups de regarder la table des matières.
L’un traitait chaque nation en détail selon sa progression sur le plan religieux, l’autre analysait en détail ne serait-ce qu’un mot employé dans le livre sacré, ce qui pourrait s’avérer utile pour leur groupe. Cependant, lorsqu’elle rejoignit la page sur le poème, elle ne découvrit rien de nouveau. En continuant, elle en vit un dernier, qui lui donna espoir par son titre révélateur : « Icônes physiques de la religion ».
Hildegarde vérifia les détails pour découvrir un chapitre sur les artéfacts, ce qui la réjouit. Les livres étaient une source fiable pour se renseigner sur les artéfacts, mais rien équivalait au simple fait de les trouver. Elle se rendit vers la section spécifique à Glacies, mais elle ne la trouva nullement. Après avoir feuilleté à plusieurs reprises les pages, elle remarqua que certaines avaient été arrachées, et, bien évidemment, c’était toutes celles dont elle avait besoin.
Hildegarde prit note du titre, de l’auteur ainsi que les numéros de page manquants sur l’une des feuilles qu’elle gardait pliées, avec un crayon, dans sa poche. Par la suite, elle descendit jusqu’au sol pour avertir ses camarades de sa trouvaille, ou plutôt de sa non-trouvaille.
« Tout le monde! J’ai trouvé quelque chose, je pense qu’on peut y aller. Un livre parlait du sujet exact, mais il manque des pages, celles qu’on recherche. C’est sûrement le livre dont parlait l’employée, alors… » expliqua-t-elle à ses collègues un peu déçus.
Après avoir chaleureusement remercié la femme au comptoir, et avoir profité pour une dernière fois de cette chaleur avant de sortir, ils se mirent à marcher tout en discutant de la suite.
« Alors… On pourrait demander à des gens. Je veux dire, il y a si peu d’informations en librairie, et je suis sûr qu’ils pourront nous aider d’une quelconque manière, avec le livre ou le poème », proposa Kei.
« On pourrait commencer par demander si des bibliothèques ont le même livre en stock avant de se rendre là », contredit Hildegarde.
Kei sembla découragé, voire furieux que sa proposition soit ainsi rejetée, mais l’idée d’Hildegarde avait plus de sens, et il se résolut à les suivre.
Le groupe décida alors d’arrêter à quelques boutiques risquant de posséder l’article tant convoité. Le trajet ne fut bien long dans cette zone commerciale avant de trouver une autre bibliothèque. Celle-ci semblait plus spacieuse et plus remplie, et sentait la nouveauté. Contrairement au précédent arrêt, celui face à eux semblait venir de faire son apparition sur le marché.
Confiante, Hildegarde pénétra dans le bâtiment, suivie par ses collègues dans le même état d’esprit. Une petite clochette retentit à leur passager, avertissant les employés de leur présence. Justement, l’un de ceux-ci se rua vers les nouveaux clients pour les accueillir.
« Bienvenue, aimeriez-vous de l’aide pour quelque chose? » s’exclama ce dernier d’un ton enthousiaste.
« Oui. Par hasard, auriez-vous ce livre sur vos tablettes? » demanda Hildegarde en tendant le morceau de papier indiquant le titre.
Le travailleur prit l’objet tendu avant de le brandir bien haut et de plisser des yeux. Ils semblait avoir besoin de lunettes.
Lorsqu’il réussit à décoder le titre, il afficha un air satisfait avant de se plonger dans ses pensées. L’homme semblait parcourir son recueil interne de titres disponibles, mais n’en revint que navré.
« Excusez-nous, nous ne possédons pas ce livre ici », s’excusa-t-il d’un air désolé envers le groupe de nouveaux venus.
« Ah, c’est correct. Merci de votre aide », fit la jeune femme avant de guider ses compagnons vers la sortie, ce qui fit encore une fois tinter la petite cloche au-dessus de leur tête.
Le groupe fut maintenant à l’extérieur, où le froid mordant les attaqua. Ils continuèrent donc leur route, errant entre ces charmants édifices qui constituaient la ville de Glacies. L’heure du dîner approchait, et avec, la faim s’installait.
« Est-ce qu’on peut bientôt aller manger? » supplia Frédérique.
« Il ne faudrait pas attendre les autres avant? répliqua Hildegarde en continuant son chemin, ignorant les soupirs de ses camarades. Bientôt, alors », fit-elle pour les rassurer.
Ils reprirent le rythme afin de terminer cette tâche le plus rapidement possible. Qui savait, peut-être que la prochaine serait la bonne? Encore une fois, la bibliothèque suivante ne les firent pas patienter plus longtemps, apparaissant loin dans leur champ de vision.
L’équipe s’y rendit de ce pas, ne s’arrêtant point pour des balivernes en chemin. Ils ouvrirent la porte un peu à la volée, ce qui dévoila un endroit chauffé, mais sombre. Personne ne se trouvait dans cet endroit à l’apparence miteuse, oubliée. De la poussière s’accumulait ici et là, prenant une couleur suspicieuse. L’endroit semblait figé dans le temps, ou plutôt dans le passé.
« Bonjour? » fit Hildegarde d’une voix portante, qui répercuta sur les nombreuses étagères pour revenir à leurs oreilles.
« Il n’y a personne ici », renchérit Kei comme s’il s’agissait d’une évidence.
Lorsque ce dernier lança sa réplique, quelqu’un surgit d’un peu plus loin, visiblement agacé de tout ce vacarme.
« Bon sang, vous ne pourriez pas baisser d’un ton! Oh, seigneur », fit le nouveau venu d’une voix forte en émotions.
L’homme était vieux, mais son caractère indiquait tout le contraire. Il grognait presque en rejoignant les adolescents, qui étaient un peu abasourdis par cette surprise. Il se planta devant eux, et patienta un instant en silence.
« Argh! Dîtes quelque chose, bon sang! » s’écria l’homme, ce qui fit sursauter le groupe.
« Nous souhaiterions savoir si vous possédez ce livre, Icônes physiques de la religion par Émile Dart », questionna-t-elle.
L’homme s’empressa de revenir au comptoir, suivit par le groupe, avant de leur lancer un regard leur indiquant de rester en place. Hildegarde trouvait les lieux plutôt louches.
Quelques minutes s’écoulèrent sans nouvelles, alors la jeune femme suggéra d’un signe de tête à ses camarades d’aller vérifier. Les intéressés la suivirent sans tant d’interrogations.
Quelques pas furent suffisant pour retrouver le bureau entre les multiples étagères. Hildegarde fut découragée de découvrir l’homme endormi sur sa surface. Ce dernier n’était guère coopératif. Ce fut pour cela qu’elle se contraingnit à troubler sa sieste.
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« Monsieur? Pourriez-vous nous aider à trouver le livre? »
L’intéressé releva lentement la tête, dévoilant un air furieux.
« Vous êtes encore là? Partez, je n’ai rien pour vous ici! » s’exclama-t-il en leur indiquant la sortie.
L’équipe, légèrement perturbée par cette étrange altercation, s’y dirigea de ce pas. Lorsqu’ils furent à l’extérieur, ils ne savaient pas s’ils devraient en être soulagés ou déçus.
« Euh, je pense qu’on devrait passer à mon idée », affirma Kei en époussetant sa cape, ayant attrapé quelques poussières dans son passage à la bibliothèque malmenée.
« Tu as raison, se résolut la jeune femme. Je vais interroger les passants, faîtes comme vous voulez, mais n’allez pas trop loin. Je veux dire, vous n’avez pas le poème, mais le titre», se justifia-t-elle en s’élançant dans la rue.
Hildegarde marcha un instant sans jeter un regard derrière elle, sachant ses collègues au courant de ses intentions à leur égard : ils devaient demander pour le titre.
Les passants n’étaient point loin, alors elle se dirigea vers les premiers venus, qui semblaient plutôt amicaux.
« Bonjour! Pourriez-vous m’aider pour quelque chose de court? demanda Hildegarde, et devant leur air démontrant leur écoute, elle continua. Pourriez-vous m’aider à interpréter le poème :
L’histoire est précieuse,
La clef du savoir,
La froideur si mystérieuse,
Pourtant jubilatoire ? »
Les trois amis pensèrent un instant à une potentielle réponse. L’un du trio s’imposa avec son idée intéressante après peu de temps.
« Ça ne parle pas de l’histoire? Elle est importante dans l’humanité, surtout ici, mais reste parfois cruelle », expliqua-t-il.
Même si la réponse n’était pas ce qu’attendait Hildegarde, elle ne les dérangea pas plus longtemps et quitta avec des remerciements à leur intention.
La jeune femme continua son trajet en solitaire vers les prochains interrogés. Cette fois-ci, quelqu’un visiblement dans son heure de dîner, un sandwich à la main.
« Bonjour, madame, auriez-vous la possibilité de m’aider à résoudre une petite énigme sous forme de poème? La voici:
L’histoire est précieuse,
La clef du savoir,
La froideur si mystérieuse,
Pourtant jubilatoire », demanda-t-elle à la femme ayant posé don repas.
« Eh bien, laissez-moi un instant. débuta l’intéressée, reprenant pourtant immédiatement. La première partie pourrait-être un musée, et la seconde doit spécifier une section. Peut-être celle des animaux hivernaux, ou quelque chose du style », expliqua la dame interrompue en pleine activité nutritive.
« Ah, je vois, merci énormément. Bon dîner! » fit Hildegarde en s’éclipsant.
Son équipe, point responsable de la sonde du musée, ne devrait pas déjà quitter son poste. Peut-être qu’une autre réponse similaire pourrait la convaincre, mais une ne serait pas suffisante.
Hildegarde continua alors son chemin vers les prochains qui devraient subir son interrogatoire improvisé. Les travailleurs revenant de leur pause dîner et les élèves dans la même position n'étaient pas les cibles idéales, mais affluaient à cette heure.
La guerrière ne voulait pas troubler leurs routines pour de petites questions du genre, alors elle guetta la venue de personnes s’identifiant à une autre catégorie.
Peu de temps lui suffirent pour repérer cette dite personne. Une personne âgée assise non loin du courant observait le flot de la vie qui avant l’animait autant que ces jeunes personnes l’étaient.
« Bonjour, pourriez-vous m’aider pour une énigme? Il faut trouver un objet, ça peut être n’importe quoi » expliqua Hildegarde.
« Pourquoi pas? » fit l’homme pour indiquer qu’il acceptait.
« Voici alors le poème :
L’histoire est précieuse,
La clef du savoir,
La froideur si mystérieuse,
Pourtant jubilatoire », présenta la guerrière.
L’homme écouta avant de chercher ce à quoi pourrait être relié ce texte, cette œuvre. Un moment fut nécessaire avant qu’une idée surgisse dans sa tête.
« Je dois avouer que ce poème me rappelle quelque chose, mais ce n’est pas important. Je crois que votre objet pourrait se trouver dans l’un des comté de l’est, le
Lièvre-Roux-des-Lacs. C’est un lieu riche en histoire, qui est bien froid. Là-bas se trouvent de nombreux musées. Si c’était ici… j’imagine la statue de notre Fondateur », expliqua l’interrogé d’un regard à peine présent.
« Eh bien, merci pour votre temps. Passez une belle journée! » conclut la jeune femme en quittant les lieux.
Hildegarde fouilla les alentours du regard. Ses camarades, bien plus loin, questionnaient également des passants sur le livre. À en juger par leurs regards découragés, ils n’avaient rien trouvé. Bien évidemment, ce livre semblait déjà méconnu, mais simplement interroger des gens dans la rue les prenait de cours, il était donc évident qu’ils ne se souviendraient pas de ce livre si celui-ci ne les avait pas marqués.
La guerrière se recentra sur ses recherches. En zieutant ses côtés, elle vit un couple marchant paisiblement sur le trottoir. Ils semblaient parfaits pour l’interrogatoire, ce fut donc pour cette raison qu’elle les rejoignit.
« Bonjour, j’aurais besoin de votre aide, ce ne sera pas long », introduit la guerrière en affichant un sourire accueillant.
« Oh, bien sûr! Allez-y », répondit la femme, vêtue de rouge et de bleu.
« Premièrement, sauriez-vous comment interpréter ce poème, pour trouver un objet :
L’histoire est précieuse,
La clef du savoir,
La froideur si mystérieuse,
Pourtant jubilatoire », scanda-t-elle.
Les deux tourtereaux réfléchirent un instant. Ils paraissaient sérieux, lorsqu’ils avaient accepté, et s’engageaient clairement dans leurs promesses. Après peu de temps, ils s’exprimèrent sur leur interprétation.
« De ce que je comprends, vous cherchez un objet, n’est-ce pas? Alors, les deux premiers vers mettent sur un podium l’histoire, ça doit donc être un objet à connotation historique. Les deux derniers rappellent l’hiver, ce qui tombe bien », expliqua l’homme d’orange et de vert vêtu.
« J’ai compris quelque chose de similaire. Pour l’objet historique relié à l’hiver, pourquoi pas… la statue de Laurent Hawthorne? Elle incarne l’hiver éternel, n’est-ce pas? » termina la femme d’un ton posé.
« Merci beaucoup! Passez une merveilleuse journée », fit Hildegarde en les quittant.
Jugeant ses réponses accumulées suffisantes, elle chercha à rejoindre ses collègues dévastés. Ces derniers ne se trouvaient non loin de son emplacement, alors elle fit quelques pas en leur direction pour les rejoindre.
Kei, Frédérique, les jumeaux et Elizabeth la remarquèrent qui approchait, et cessèrent d’interrompre quiconque croisait leur chemin pour la saluer.
« Ah, on y va? J’ai vraiment rien, et ils savent faim! Euh… j’ai vraiment faim et ils savent rien. Ça y est, je me mélange dans mes mots, ça devrait te prouver à quel point ma famine est sérieuse! » détailla Lloyd, un peu découragé.
Les autres opinèrent. Hildegarde fit également tentée à l’idée d’un repas, mais ramena le groupe à l’ordre.
« Avant, plusieurs personnes pensaient à la statue, mais on sait déjà que ce n’est pas ça. Après, une personne à mentionner le musée, puis une autre à parler d’une ville plus loin dans la région, mais c’est en dernier recours », expliqua la jeune femme à ses camarades dont l’attention et la motivation quittait peu à peu.
« Bravo. Alors on va manger, maintenant? » fit Frédérique en faisant des yeux de chiot, ce qui ne lui allait guère.
La jeune femme réfléchit un instant à ces demandes, mais ne fut paslongue avant de répondre abruptement.
« Allons rejoindre les autres avant », ordonna-t-elle cruellement.
« Hé, c’est méchant! Laisse-nous au moins aller manger quelque chose! » supplia Frédérique.
« Vous agissez comme des enfants! Les autres aussi ont faim, mais ne peuvent pas manger parce qu’ils n’ont pas d’argent », déclara Hildegarde en commençant sa route vers où elle pensait que le lieu se situait. À contrecoeur la suivirent ses camarades, comprenant son point.
Après quelques temps de marche grugeant leur déjeuner, Hildegarde dû affirmer qu’elle s’était perdue. Elle ne connaissait déjà pas le chemin vers l’endroit, mais en plus, elle avait le sentiment qu’ils s’en étaient éloignés.
« Hum… fit-elle en se retournant. Je me suis peut-être perdue. »
Ses collègues réagirent immédiatement. Ils ne paraissaient guère enchantés que leur repas les attendent encore, mais Lilith sauva la situation.
« Hildegarde, tu sais, on pourrait manger ici. Ce sera encore plus long de les chercher dans le musée, et je suis convaincue que tu meurs aussi de faim. Ce ne sera pas long, juste quelques bouchées revigorantes », expliqua-t-elle, obtenant l’appui de ses compagnons.
La guerrière réfléchit à la suggestion, et céda. Elle était tout aussi affamée. Ce fut pour cette raison qu’ils se dirigèrent immédiatement vers le restaurant le plus proche. Ils tombèrent encore une fois sur un petit café servant des sandwichs à l’apparence délectable. Le froid les rongeait tout autant que la faim, alors simplement pénétrer à l’intérieur leur fit du bien.
Un ambiance calme régnait, entre les nombreuses plantes survivant malgré la température, les tables d’un bois doux et poli, la luminosité. parfaite, les petites vitrines remplies de délices, et les murs clairs ornés de simples tableaux, dictant fort bien le confort.
Kei commanda après avoir demandé à tous ce qu’ils souhaitaient. La guerrière sélectionna ce qui se faisait appeler un «BLT». Elle ne savait pas ce que c’était, mais le découvrirait bientôt.
Alors que leur compagnon payait, ils prirent place à une table. Lorsque l’intéressé revint, une question trottant depuis un moment dans la tête de la jeune femme lui échappa.
« Pourquoi est-ce que tu payes pour tout? »
Kei, pourtant interpellé, ne réagit pas avant un instant. Il semblait surpris, avant de chercher ses mots.
« Parce que je le peux », répondit-il simplement avant de reporter son attention sur la cheminée.
Hildegarde voyait bien qu’il répondait ainsi pour cacher la véritable raison, ainsi que pour vanter sa richesse, ou celle de sa famille.
« Tu le peux, mais pourquoi tu le ferais? » demanda la guerrière.
« Quoi, tu préfèrerais que je ne paye pas? Tu es jalouse ou quoi? »
« Non, ce n’est pas ça, je suis juste curieuse. Je ne veux pas non plus que tu te retournes un jour pour nous demander des dettes », riposta-t-elle en défensive.
« Alors tu veux être indépendante, c’est ça? » largua le noble en affichant une presque grimace.
« Et tu auras encore de l’argent pour tout le voyage? » pointa la guerrière.
« Oh, je peux juste en prendre plus à une banque. Elles sont internationales, non? » fit-il d’un ton quelque peu hautain.
La serveuse interrompit leur combat en apportant les plats. D’un coup d’oeil, la jeune femme put noter que «BLT» tenait pour « bacon-laitue-tomate», ce qui risquerait de lui plaire. Elle se lança à pleine dents dans son plat, tout comme le firent ses camarades, mettant pause au débat. Ils étaient majoritairement des spectateurs, mais peu importe.
En y pensant, Hildegarde voyait que Kei n’était pas le seul à qui elle avait de la difficulté à accorder sa confiance. Même si elle ne le faisait avec personne suu groupe, Elizabeth semblait aussi suspecte que le noble. La guerrière n’arrivait tout simplement pas à la cerner. Elle semblait venir tout droit d’une autre planète. Ces pensées furent cependant interrompues par Kei, reprenant son discours.
« J’imagine que c’est ça », souligna-t-il.
« Et toi, tu payes seulement pour te vanter, non? » renchérit la jeune femme, les nerfs à fleur de peau.
Cette fois-ci, la pointe atteignit droit au cœur. Il était visiblement offensé par ce fait très évident. Peut-être qu’en action, il était difficile de réaliser ce qu’on faisait.
« Non! »
Sa réaction sembla sincère. Malgré ce dont la jeune femme était convaincue, ce n’était pas l’une des raisons de pourquoi il sacrifiait tant pour ces aventures. Elle fut forcée à trouver d’autres options.
« Alors quoi, on te force? Ou tu veux gagner notre confiance pour la briser plus tard? »
« Bien sûr que non! Un cadeau n’est pas une dette », fit Kei, véritablement offensé par cette théorie.
La sincérité de ses propos frappa encore Hildegarde. Sans s’en rendre compte, il venait de dévoiler ses motifs. Il n’était peut-être pas ce vantard que tout le monde croyait de lui.
En contredisant ce que croyait la jeune femme, il avait avoué leur avoir fait un cadeau. Cela voulait-il dire que le noble tenait au groupe? Kei souhaiterait donc, d’une certaine manière, faire vivre ce périple en le finançant. L’air adopté par le noble démontrait qu’il ne reconnaissait pas lui-même ce qu’il ressentait, ses motifs. En réalité, il n’admettait pas ses sentiments vis-à-vis de la situation.
« C’est vraiment bon! » tenta Frédérique pour dévier l’hostilité.
Hildegarde n’avait qu’à peine prêté attention à son mets. En y arrachant quelques morceaux de ses dents, elle remarqua une saveur riche, mise en valeur par ce mélange. La guerrière termina son repas en peu de temps, tout comme ses camarades affamés.
La serveuse vint les rejoindre alors que la conversation, ayant dévié depuis, se faisait moins animée, car ils préparaient leur départ. Elle prit les assiettes afin de les rapporter en cuisine, puis les salua d’un air chaleureux, les invitant à repasser les voir.
« Merci! » s’exclama Frédérique en refermant la porte derrière lui.
« On devrait demander où est le musée, n’est-ce pas? » remarqua Lilith.
Hildegarde opina avant de se diriger vers un homme se déplaçant nonchalamment. Elle éclaircit sa gorge avant de le rencontrer.
« Bonjour, monsieur, pourriez-vous m’indiquer la direction vers le musée d’histoire glaciande? »
« Oh, mais certainement! Vous voyez, vous n’avez qu’à continuer par là, puis tourner vers la gauche, et la gauche une deuxième fois. Il y a une pancarte devant », pointa-il d’un langage à moitié composé de gestuelles.
« Merci beaucoup! s’écria-t-elle à l’homme partant déjà, puis concentra son attention vers son équipe. Vous avez entendu? »
Le groupe hocha de la tête avant d’emprunter le chemin indiqué. Hildegarde regarda ses collègues continuer à marcher dans la direction soulignée par le passant. Les jumeaux dirigeaient, suivis de près par Frédérique. Kei était un peu plus en arrière, traînant du pied. Serait-ce le moment adéquat? La jeune femme saisit sa chance en interpellant son camarade.
« Hum, Kei? dit-elle, hésitante, mais repris lorsqu’elle vit son collègue se retourner. Je tenais à m’excuser de mes propos de tantôt. Je n’aurais pas dû douter de toi », fit-elle pitoyablement.
Le noble sembla surpris par cette soudaine déclaration. Il chercha un instant ses mots, quelque peu embarrassé.
« Ce n’est rien », affirma-t-il en se retournant.
Hildegarde se sentit soulagée. Au moins, elle ne retournerait pas le dos à un tel atout, mais surtout, à un camarade. Après ces réalisations, il ne paraissait plus tant illusoire. Si ça se trouvait, les autres avaient déjà mis la main sur l’artéfact. Oh, comme elle se trompait.