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Chapitre 2 - Voilés

Aileen était trop effrayée pour pouvoir dire quoi que ce soit. Même si elles pourraient avoir tort, il valait mieux ne pas risquer d'être aperçus. Peut-être qu’ils étaient seulement trois gardes, mais combien étaient présents dans la ville? Combien seraient à leurs trousses lorsque ces trois-là informeraient leurs généraux?

Hildegarde fut la première à agir, chuchotant à l’oreille de son voisin, Kei, qui devint livide. Il sortit sa pochette de pièce, comptant ses sous pour avoir de quoi payer. Elle se retourna vers sa gauche pour ensuite informer les joueurs de Grakkam, qui, à leur tour, devinrent inquiets.

Aileen, qui avait figé, se décida d’agir également, murmurant à Charlie son idée. Si elle rendait invisible la moitié du groupe, ils ne rentreraient plus dans la description. Ce serait également étrange si onze personnes disparaissaient soudainement, et que la porte s’ouvre toute seule. Elle informa par la suite Dahlia de ne pas se retourner et simplement de faire comme si tout était normal. Même si la cuisinière ne comprenait pas, elle mit les ordres à exécution.

Charlie prit une serviette en papier sur laquelle elle écrivit le plan partagé par Aileen. L’artiste passa le morceau de tissu à ses voisins, qui partagèrent le message aux leurs, et ainsi de suite. Un malaise s’était installé à la table. Charlie débuta son tissage, tentant tout de même d’être discrète. Hildegarde empilait les assiettes vides afin de faire comme s’ils étaient moins, et fut imitée par les autres. Il y avait maintenant six assiettes apparentes, quoiqu’elles avaient une double épaisseur. La jeune fille déglutit, craignant sentir le regard de l’un des chasseurs de tête dans son dos. Kei, qui s’était levé, se dirigea nonchalamment vers le comptoir pour payer, manœuvre distrayant suffisamment les clients pour ne pas qu’ils remarquent que quelques personnes avaient complètement disparues.

En prenant leur temps, ils assemblèrent leurs biens. Ceux n’étant voilés par le sort de l’artiste étaient Dahlia, Hildegarde, Killian, Kei, puis les deux jumeaux. Heureusement, aucun client ne semblait douter que quelque chose se tramait.

Lorsqu’ils furent prêts, ils se levèrent. Les invisibles tentaient de le faire le plus doucement possible, car une chaise se déplaçant toute seule n’était guère commun. Comme convenu, la cuisinière ouvrit la porte pour faire passer le groupe visible. Cette dernière salua énergétiquement la serveuse, et, si elle sentit un mouvement sur son côté, indiquant que les voilés passaient, elle n’en laissa rien paraître. Aileen se jeta presque à l’extérieur, soulagée d’être hors du restaurant. La cuisinière referma la porte derrière elle.

« Continuons à marcher un peu, jusqu’à ce qu’on ne soit plus visibles depuis la fenêtre », ordonna la guerrière en s’aventurant dans une direction quelconque.

Aileen la suivit, stressée. Il ne fallait pas qu’elle place un pas au mauvais endroit dans la neige, étant seulement permise d’emprunter le chemin déjà tapé par les visibles. Si les gardes sortaient avec l’intention de trouver un groupe de onze, ils rechercheraient sûrement des indices comme ceux-ci. Elle enchaîna les pas, à placer l’un devant l’autre en ne faisant que suivre sa camarade. Est-ce que les gardes les avaient remarqués? Avaient-ils oublié quelque chose? Non, elle était certaine d’avoir pensé à tout, mais cette crainte continua à la peser durant le court trajet.

À un coin de rue, ils tournèrent, puis firent de même à un deuxième afin d’être certains d’être à l’abri de leurs regards. Charlie cessa d’alimenter sa toile et dissipa son sort, ce qui révéla certains de leurs camarades. La plupart n’avaient point compris le déroulement de la situation, ce qui avait mené leur fuite, et attendaient des explications, qui virent rapidement.

« Les trois personnes qui sont entrées étaient à la recherche d’un groupe de onze jeunes s’étant cachés, et pas nécessairement ici, car ils mentionnaient Calidum », débriefa Aileen aux regards interrogateurs.

Certains eurent un hoquet de surprise. C’était pourtant à prévoir. Après ce qu’ils avaient vu l’organisation, ils ne voudraient pas que l’affaire s’ébruite, ce fut donc logique qu’ils aient envoyé des chasseurs de tête à leur trousses.

« Et aussi, Charlie, on dirait que tu as changé ta technique. Lorsqu’on a quitté la prison, c’était plus comme un rideau sur nous, et maintenant, ce… », reamarqua Aileen à l’intention de son amie.

« Ah, euh… J’ai juste essayé de réfléchir à un meilleur moyen d’appliquer ma méthode, car ce n’était pas parfait. Avant, c’était plus demandant : j’essayais de discerner les formes pour les fondres dans le décor, mais il y avait des importantes . C’est plus simple sur moi-même, pas un groupe. Maintenant, c’est des petites capes individuelles, disons, qui reflètent l’environnement. J’y ai pensé après notre fuite, ce n’est rien », expliqua l’artiste.

« Bravo pour ton amélioration, en tout cas! » se réjouit Dahlia.

« On a au moins un avantage. Ils ne souhaitent pas que cela s'ébruite, donc ils vont faire leur possible pour garder le tout secret, caché du public », souligna Hildegarde.

« Ce n’est pas le seul. Contrairement à eux, ont sait qu’ils nous cherchent et où ils se trouvent, même si, bientôt, ils bougeront », renchérit Frédérique.

« On devrait bouger, alors! » suggéra Dahlia.

« Oui, mais avant, on devrait vérifier que tout le monde est là, comme touj- », commença Aileen, se remémorant l’épisode avec Elizabeth dans le labyrinthe.

« Hugo! » s'exclama alors Frédérique, ne remarquant que maintenant l’absence de son ami.

Alors qu’il s’élançait sur le chemin en sens inverse, Hildegarde l’empoigna par le bras pour l’arrêter.

« Il faut un plan, avant, on ne peut pas foncer tête baissée », se justifia-t-elle.

Frédérique abandonna, légèrement déçu, mais surtout inquiet.

« Je suis désolée, c’est de ma faute, j’ai dû lui fermer la porte au nez, je ne savais pas que… » fit la cuisinière d’un ton désolé.

« Allons, ce n’est pas de ta faute, mais il ne faut pas perdre de temps, déclara Hildegarde en coupant le pardon du joueur. Il ne faut pas que tous y aillent, et j’imagine que ce serait préférable que ce soit des invisibles, vu qu’ils n’ont pas été vus par les gardes », proposa-t-elle.

« Alors, j’y vais! » s’imposa Aileen.

Elle fut suivie par Charlie, qui semblait en pleine forme malgré son sortilège. Frédérique ferait bien évidemment parti de l’opération.

« Je vais venir », s'interposa Killian, décidé.

« Pourquoi? Tu étais visible! », contredit Dahlia.

« C’est lui qui connaît le mieux l’endroit. Elizabeth, pourrais-tu échanger de manteaux avec lui? » clama Hildegarde alors que les intéressés s’activaient.

Ce ne fut pas bien long avant que le quatuor soit sur la route. Aileen marchait d’un pas pressé, talonnant Frédérique, qui semblait le plus certain de tous à risquer son bien-être. Lui et Hugo devaient se connaître depuis longtemps. Cette pensée attendrie Aileen, qui était stressée.

Le restaurant était à proximité, et ils ralentirent leur cadence avant d’y rentrer. La clochette retentit dans le magasin, attirant l'attention sur les nouveaux arrivants. Aileen déglutit quand le regard des gardes se posèrent sur eux, mais tenta d’avoir un air normal dans son comportement.

« Choisissons une table, va commander, Killian », proposa Charlie, arrivant à garder son sang froid dans une telle situation, ce qui impressionna la jeune femme.

Killian hocha la tête en se dirigeant vers le comptoir, où la serveuse fut surprise de le revoir. En un regard, il tut sa surprise avant de commencer une conversation inaudible depuis d’où ils étaient.

« Je vais aux toilettes », dit Frédérique avant de s’y diriger.

Aileen et Charlie firent mine de se promener afin de trouver la meilleure place, mais elles vérifiaient attentivement chaque recoin où le jeune homme qu’elles recherchaient pourrait être dissimulé. Aileen scrutait discrètement sous chaque table en essayant les sièges, heureusement différents les uns des autres afin de donner une ambiance chaleureuse et hétéroclyte au café.

« Il n’est pas ici », conclut Charlie à l’oreille d’Aileen alors qu’elle se relevait d’une chaise.

« Pourquoi ne pas juste s'asseoir au comptoir? » suggéra la tricoteuse

Charlie haussa des épaules avant de s’y diriger à ses côtés. Elles prirent place sur les tabourets, jetant occasionnellement un regard vers le couloir des salles de bain, derrière le comptoir ou vers Killian, qui continuait à discuter encore plus bas. Il ne pouvait pas parler durant si longtemps d’où se trouvait Hugo, non? Aileen, pour évacuer la tension, se mit à jouer avec une cuillère posée sur la surface face à son tabouret.

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Après un instant où la jeune femmene faisait que faire virevolter entre ses doigts l'ustensile, observée obsessivement par son amie, Frédérique revint de l’endroit, semblant déçu. Il fit un léger non de la tête pour avertir ses compagnons qu’Hugo ne s’était pas réfugié dans les salles de bain.

Killian arrêta de parler avec la serveuse et les rejoignit.

« Ils n’ont pas ce qu’on recherche ici, le gâteau », présenta-t-il pour distraire les gardes de leur véritable objectif.

Frédérique semblait bien triste de la nouvelle, jetant un dernier coup d'œil à l'ensemble de la pièce, espérant voir son ami surgir de l’un des rideaux, quoiqu’ils étaient translucides.

Le quatuor prit la direction de la porte, qu’ils franchirent encore une fois sous le regard des clients. Frédérique prit son temps pour la refermer, espérant toujours que son ami surgisse de nulle part.

« Je ne comprends pas… Il est sorti, ou quoi? » fit Aileen, confuse face à la disparition totale d’Hugo.

« Peut-être qu’il s’est juste perdu en chemin », suggéra Charlie.

« Cherchons autour d’ici avant », supplia Frédérique, paniqué.

Cette demande lui fut accordée, car ils cherchèrent un peu plus dans la rue, sans pourtant trop s’éloigner. Encore une fois, Frédérique menait, suivi par Aileen, Charlie, et finalement Killian.

Après un instant à errer en cercle dans la neige craquante, Frédérique se mit à courir. À ce moment, Aileen n’était plus très attentive, mais elle réalisa que quelque chose était arrivé.

« HUGO! » interpella le joueur de Grakkam en courant vers un banc où ce dernier était assis.

Ils s’agglutinèrent autour de celui qu’ils recherchaient.

« On est tellement désolés, on ne savait pas que tu ne nous suivait pas, et… » se justifia Aileen.

« Oh, je… c’est correct. Vous m’avez fermé la porte dessus, et puis je ne savais pas trop quoi faire, mais je suis sorti en même temps que d’autres personnes, et je me suis un peu perdu », expliqua Hugo, ne semblant pas trop affecté par les évènements.

« Oh, moi, et Aileen, Charlie, Killian, on était tellement inquiets! » s’exclama Frédérique.

« Killian? » fit l’interlocuteur, confus.

« Oui, il est avec nous », expliqua Aileen en se retournant vers le vide.

Il n’était pas là, celui étant supposé leur servir de carte. Les avait-il abandonnés? Un peu perdue, elle regarda les alentours, mais vit au loin une silhouette. Bien évidemment, il neigeait, elle était donc difficilement discernable, mais la jeune femme était convaincue qu’elle appartenait à leur camarade. Il fallait au moins vérifier.

« Je pense que c’est lui », annonça-t-elle en s’y rendant, rapidement imitée par ses compagnons.

La route n’était pas bien longue, mais plus que ce que pensait la jeune femme. La silhouette était de plus en plus claire, et Aileen était maintenant certaine de l’identité de cette personne. Cependant, plus elle approchait, plus elle discernait de personnes. La tricoteuse ralentit la cadence, et fut rattrapée par ses camarades, qui eurent la même réaction.

« Ce sont les… » souligna Charlie, découragée.

Non, Killian ne les avait pas laissés derrière. Il tenait face aux chasseurs de tête.

« Qu’est-ce que vous faites là? Partez, vous ne me mettrez que des bâtons dans les roues! » s’écria-t-il sans détourner son attention des adversaires.

Cette remarque fâcha la jeune femme, qui ne souhaitait être traitée de la sorte. Elle avouait ne pas être bien forte, sans pouvoirs, mais un peu de tact ne serait pas de trop.

Aileen ne fut pas la seule à être furieuse, car les deux amis ignorèrent les instructions de leur aîné en se lançant dans une bagarre avec l’un des gardes. Ils avaient tissé un filet de feu, qui fut rapidement tranché par la lame de leur opposant. Ce dernier devait être auramien, car il projeta sur les joueurs de Grakkam une énorme rafale de vent suffisante pour les tirer plus loin. En quelques pas de course, il les rejoignit pour débuter sa tâche.

Les deux autres prirent cela comme un signal pour commencer à se battre, car, simultanément, ils se jetèrent, épée à la main, vers le plus proche, étant Killian, qui dévia l’attaque d’un sortilège, créant un stalactite de glace.

Charlie se sentait impuissante, car non seulement elle n’était nullement familière avec l’art du combat, mais ses pouvoirs lui semblaient bien inutiles dans cette situation. Aileen ressentait la même chose, étant privée d'un quelconque élément et ayant comme seul savoir celui des bouquins qu’elle avait dévorés dans son passé.

Les deux jeunes femmes se tenaient un peu en retrait de la mêlée. Aileen remarqua que leur camarade ne faisait que esquiver, et, pour une quelconque raison, il faisait toujours disparaître ses nouvelles structures de glace, pouvant être très utiles pour mélanger les adversaires.

En songeant à la motivation de ce choix, elle remarqua que ces dites structures ne se dématérialisaient pas : elles fondaient. Elle regardait impuissament son collègue se faire surpasser, à courir entre les coups d’épée, les jets d’eau et ceux de flammes. Tout le casse-tête se mit alors en place dans son esprit : l’un des gardes, celui aux flammes, avait l’élément Ignis, et c’était pour cela que la glace de son camarade ne résistait pas : il la faisait fondre. Aileen réfléchit à comment lui venir en aide. Le temps pressait, car s’ils ne le touchaient pas, il l’auraient à l’usure. Charlie pourrait le rendre invisible, ce qui semblait lui venir à l’esprit en raison des mots qu’elle prononça.

« Killian! », cria l’artiste pour attirer l’attention de son collègue, qui comprit ses intentions presque immédiatement.

La jeune femme lança une toile, le rendant invisible. Leur compagnon disparu, et elles virent de la glace se former aux pieds de leurs opposants, tentant désespérément de les geler. Comment se faisait-il qu’elle ne les atteignait pas? Encore un coup de l’homme Ignis, se dit Aileen, mais quelle était sa tactique?

Le combat continuait, et même si Killian avait un avantage, ses opposants s’étaient rapidement adaptés. Bien sûr, la neige était leur faiblesse, révélant la position du jeune homme. Leur compagnon faisait son possible en enchaînant les feintes, mais rien à faire. Aileen brûlait d’envie de l’aider, mais elle se savait inutile dans cette situation.

Charlie semblait chercher de l’aide vers les joueurs de Grakkam inséparables, imitée par son amie, mais ils étaient toujours aux prises avec le troisième chasseur de tête. Le combat s’éternisait, mais aux moins, les deux amis dominaient.

Les coups d’épée filaient à une vitesse remarquable, et bientôt, leur camarade ne semblait plus suivre. Ils l’auraient à l’usure, comme l’avait prédit Aileen. Épée, feu, eau, feu, épée, eau, eau, feu, épée, épée, épée, sang, épée, feu… Sang? Quelqu’un avait été blessé?

Aileen chercha du regard si le coup provenait des ennemis ou de leur côté, mais le fait que Killian soit invisible ne les aidaient pas à savoir.

« Ça va? », s’écria Aileen, tandis que son amie était tétanisée.

Malheureusement, elle ne reçut aucune réponse, ce qui confirma son intuition. Elle ne pouvait pas rester les bras croisés à regarder son collègue risquer sa vie comme cela. Pourtant, qu'est-ce qu’elle pourrait apporter au combat?

Une idée surgit alors dans son esprit, et la jeune femme s’empressa de l’appliquer. Elle se mit à courir vers la mêlée, où elle ne fut à peine remarquée avant de s’élancer sur l’un des chasseurs, qui en fut déstabilisé. Aileen se trouvait sur le dos du garde Ignis, et comprit alors sa méthode : il gardait une aura de chaleur autour de lui et de ses camarades afin qu’ils ne se fassent pas attaquer par Killian.

Tous étaient surpris de son apparition soudaine et de son intervention qui semblait bien inutile, mais aucun des opposants ne remarqua l’homme invisible jetant une nouvelle toile sur le garde Aquae. Durant son intervention, la jeune femme avait distrait le garde Ignis, qui avait temporairement arrêté son sortilège, laissant une faille à Killian, qui avait sauté dessus. Génial, maintenant l’un de leurs adversaires était au tapis. Plus que deux, dont l’un était occupé par les joueurs, dont le combat ne progressait guère. Charlie avait donc arrêté son sortilège, car il était maintenant visible.

Aileen se débattait avec le garde, tentant de lui bloquer la vue, mais ce n’était point concluant, car, en un tournemain, elle fut projetée à quelques mètres du duel. À l'atterrissage, elle ressentit une vive douleur dans ses paumes écorchées, sur lesquelles elle avait atterri, puis à sa cheville, le deuxième point touchant le sol. La douleur fut rapide et intense. Le garde reporta immédiatement son attention sur Killian, qui lui, affichait finalement un peu d’émotion. Ses yeux étaient emplis d’horreur face à la situation. Pourquoi? Sa cheville enflait légèrement, mais ce n’était rien comparé aux entailles parsemées sur tout son être. Tandis que Charlie accourait vers elle, Killian fut le prochain à recevoir un coup, mais dans le ventre. Il tomba lourdement au sol suite à l’impact.

Son intervention n’était pas que bénéfique, finalement. D’une certaine manière, elle restait un poids. Elle aurait juste dû rester accrochée plus longtemps, ce qui n'aurait pas distrait son compagnon de fortune. Ce dernier resta au sol un peu trop longtemps, mais pas suffisamment pour prendre de plein fouet le coup étant asséné à l’espace maintenant dépourvu de victime.

Killian s’était relevé, la fureur brillant dans son regard. Il semblait déterminé à vaincre son adversaire, tant que son désavantage ne le préoccupait plus. Il enchaîna les attaques comme jamais il ne l’avait fait avant, dans le combat. Même si son opposant réussissait à les parer,elles allaient trop rapidement pour être affectées par la chaleur. Certaines passaient sa garde supposément impénétrable, car Killian fabriquait des projectiles de glace à ne plus finir. Sa blessure plus profonde au niveau de l’épaule ne l’importunait plus. Le chasseur de tête, trop occupé pour une contre-attaque, reculait peu à peu. Killian, lui, ne faisait que s’approcher sans arrêter de lancer ses fléchettes.

L’opposant se baissa pour esquiver le prochain flot de projectiles, et en profita pour concocter une énorme flamme, qui les fit fondre, le tout avant d'asséner un coup d’épée en direction des tibias de Killian. Ce dernier esquiva d’un saut tout en lançant une toile vers le sol, où son adversaire était quasiment couché. Des projectiles atteignirent l’endroit où il était avant de rouler pour tomber dans le piège.

Killian avait improvisé un pilier de glace, bloquant la roulade de son opposant. Ce fut suffisant pour qu’il reste au sol un instant de plus, immobile, attentif. Leur compagnon de fortune en profita pour tisser de nouveau projectiles, ce qu’il faisait si rapidement d’une main expérimentée, qui clouèrent cette fois-ci l’homme au sol. Celui-ci émit un grognement de douleur, étant empalé au niveau de l’épaule droite et au long de son bras gauche.

Aileen fut soulagée de remarquer que Frédérique et Hugo étaient également ressortis vainqueurs de leur confrontation. Sa cheville souffrait toujours le martyre. Charlie semblait saine et sauve, mais Killian n’allait pas aussi bien. Contrairement aux deux inséparables, il ne les rejoignait pas.

« Ça va? » fit Aileen, toujours assise.

Killian ne répondit pas, debout sans bouger. Tous le regardait, patientant pour une réponse, qui ne vint pas. Au lieu de cela, il tissa un sortilège. Aileen observait la scène d’un regard confus depuis le sol, où elle était clouée par sa cheville. Impuissamment, elle le vit invoquer à sa main une lame de glace. La dite-lame qu’il brandit au-dessus de son adversaire, ne pouvant se défendre, pour l’achever