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Sur les cendres de l'Ancien Monde [French]
Chapitre 17 - La carte (Charlie Gulliver)

Chapitre 17 - La carte (Charlie Gulliver)

Lorsque Charlie se réveilla, tout le monde dormait encore. Il fallait savoir qu’elle avait à peine fermé l’œil en raison de son appréhension. Elle tenta de se rendormir, en vain. L’artiste savait que le sommeil était important avant une performance ou un grand jour, pourtant, elle n’y arrivait pas, tout simplement.

Elle se laissa choir sur l’un des fauteuils avant de se lover. Charlie prit l’une des pâtisseries de la veille et y arracha une bonne bouchée. C’était délicieux, cependant, la jeune fille n’avait point faim, ce fut pour cette raison que l’artiste la reposa sur la sac. Elle n’était guère dans l’humeur de savourer cela. Elle sortit alors son cahier, pour se libérer de ses émotions. Elle y traça quelques lignes traduisant son ressentiment. La peur et l’appréhension la quittaient peu à peu, au même rythme que Vitreas, l’astre diurne, faisait son apparition dans le ciel dégagé. Charlie ne savait pas si c’était une bonne chose, du moins pour elle. Ce serait certain que ses collègues en seraient ravis. L’artiste, elle, aimait la pluie. Rien que la mention de ce mot la rendait heureuse, calme. À chaque fois qu’il pleuvait, les humains se retiraient des rues pour laisser la place aux animaux. Elle avait l’impression de rentrer dans un petit cocon chaleureux, malgré le fait que la température soit souvent plus froide lors de ces moments. Le son des averses rencontrant le sol était si thérapeutique, et le doux massage des gouttes sur sa peau servait à la reposer. Charlie se sentait si libre, légère dans ces moments. Et le ciel… La lumière tamisée en provenant n’atténuait nullement l’effet cocon. La couleur était douce, ce qui la rassurait, encore une fois. Pour finir, les petites gouttes, semblables à des milliers de minuscules miroirs, ornaient chaque centimètre, millimètre de ce qui se trouvait à l’extérieur. Charlie trouvait cela bien plaisant, de voir ces petites gouttes chuter, une à une, des feuilles encore plus saturées. C’était le seul moment où elle se sentait à l’abri tout en étant à portée de regard, car personne n’était présent. Elle ne pouvait même concevoir l’idée que certaines personnes détestent ce phénomène météorologique, magique auprès de son cœur.

L’artiste soupira, réalisant qu’elle s’était une fois de plus égarée dans son monde. Quelques-uns de ses camarades se préparaient déjà à partir.

« Bonjour », fit la jeune fille en s’étirant.

« Allô ~ », répliqua gaiement Lloyd.

« Salut! » s’exclama Hugo, tout aussi joyeusement.

« Bonjour. Prête pour la carte? » demanda Hildegarde.

« Euh… J’imagine », répondit-elle, incertaine.

« Réveillons les autres, j’ai plus que hâte d’y aller! » cria Hugo en s’avançant sadiquement vers les lits des paresseux.

Hildegarde, qui semblait avoir prit sa douche, vint de poser sur un autre fauteuil,en face de celui de Charlie. Elle prit au passage une mepom. Lloyd suivit son exemple en empoignant un croissant, auquel il déroba la moitié.

« Hé, c’est le mien! » remarqua Charlie, déçue.

Elle avait beau ne pas avoir faim il y avait de cela quelques heures, maintenant, son ventre grondait. Lloyd la regarda droit dans les yeux avant de prendre une autre bouchée. Frustrée, l’artiste lui lança un coussin, et il éclata de rire.

« J’ai croqué dedans, tu sais », souligna-t-elle en riposte.

« Oui, je sais »

Cette réplique déstabilisa Charlie. Elle lui lança une autre oreille pour cacher son état.

« Tu peux le prendre, si tu veux », se résolut le jumeau.

« Tu en as déjà pris », souffla l’artiste en mimiquant amicalement son renfrognement.

Ils furent interrompus par l’arrivée de l’entièreté du groupe. Hugo avait fait un bon travail, apparemment. Charlie revint à la réalité, et le stress recommença à la peser. Elle se mordait les joues pour soulager son anxiété, mais personne ne semblait remarquer son état défaillant. Au contraire, tous paraissaient impatients de l’emmener dans les cieux afin qu’elle fasse son devoir. Ils affluaient dans la salle de bain, puis la cuisine. Lloyd sortit de nulle part des lunettes diurnes, afin de ne pas être aveuglé par Vitreas. Elles devaient provenir du groupe d’Hildegarde, songea Charlie en se changeant un peu les idées.

« Allez, dépêchez-vous! » supplia Dahlia, accrochée au cadre de porte.

Le groupe prit à peine quelques minutes pour être sur la plateforme, prêt à en découdre, malgré le fait que ce ne serait pas eux qui travailleraient. La jeune fille sentit son appréhension monter dès qu’elle posa pied sur le perron, avec, dans ses mains, ses outils.

« Un instant… » prononça Dahlia en débutant son tissage.

Rapidement, encore une fois, tous furent en l’air. Charlie ne pouvait pas s’enfuir, cette fois. Elle ferma les yeux et se mit en position foetale. Ses mains souffraient tant elles serraient fort ses jambes. La trajet fut de courte durée, mais l’artiste fut soulagée dès qu’elle atteignit une nouvelle plateforme… pour découvrir que le sol était à une centaine de mètres sous elle. La jeune fille recula pour se positionner au milieu du pavé. Elle sentait l’incompréhension de ses camarades face à sa réaction, mais n’en fit rien, quoique cela l’embarassa.

« Ouf! C’est vraiment épuisant, de faire voler tant de monde! » se plaignit la cuisinière, mais cela était justifié.

« Préférerais-tu qu’on réduise le groupe? »

« Moi, je n’ai pas tant envie de continuer. Fred, veux-tu faire une partie de Grakkam? » suggéra Hugo.

Son ami opina, tandis que Dahlia tentait de les retenir, mais voyant Hugo plus heureux de jouer à son jeu de société, elle le laissa tranquille.

« Je vais les suivre. J’ai oublié de déjeuner », déclara Lilith en rejoignant le pont de corde ascendant vers leur plateforme.

« Je ne pense pas être d’une grande utilité, là-haut. Je vais m’ennuyer, de toute façon », dit Killian en suivant le petit groupe, accompagné d’Elizabeth, qui ne semblait pas du tout intéressée par la montée.

« Vous n’êtes pas obligés, hein? Ce sera ennuyant si on est deux! » tenta Dahlia, qui fut immédiatement rassurée par ses collègues restants.

« Je peux rester, pour si on recroise ces bandits », proposa alors Hildegarde.

« Je veux voir si elle est si bonne que vous le dites. Je suis certain que mon dessin était meilleur », affirma Kei.

« J’imagine que ceux qui restent ne vont pas partir », déclara la guerrière avant de rejoindre Dahlia sur le banc.

Charlie avait à peine réalisé que la moitié du groupe était partie. Elle était encore recroquevillée sur elle-même, cachant son visage aux alentours, effrayée de voir encore une fois à quelle hauteur ils se situaient. Elle ne se souvenait pas d’avoir accepté cette corvée, si même elle l’avait fait.

« Je suis prête, allons-y! »

Charlie fut déstabilisée d’apprendre que tant de temps s’était écoulé depuis son arrivée. L’artiste savait que régénérer son énergie prenait du temps, et elle n’était pas du tout préparée à subir une deuxième fois cette expérience.

Dahlia tissa une autre toile, servant toujours à transporter le groupe, mais cette fois-ci, ce serait plus haut, vu qu'il y avait moins de membres. Charlie ne s’attendait pas, malgré l’avertissement de son amie, à être ainsi soulevée vers la voûte céleste. Voyant les édifices passer si rapidement, elle réalisa que le trajet ne serait point long. Ceci ne l’empêchait pas d’avoir peur, ou d'espérer atteindre leur destination, bien au contraire, mais elle devait au moins tenter de voir le bon côté des choses. Elle ferma les yeux, et, en quelques instants, elle fut sur le sol, bien qu’il ne soit celui qu’elle attendait.

« Alors, j’imagine que tu peux dessiner du rebord », proposa Hildegarde, cachant un ordre sous son ton interrogateur.

Charlie hocha de la tête, quoi que tout son corps lui criait le contraire. Elle tremblait de la tête aux pieds, même si elle tentait de réprimer cette envie de se coucher au sol et de pleurer. Si seulement elle pouvait se téléporter au sol, ou se réveiller de ce cauchemar.

Charlie réussi finalement à réfréner ses tremblements en fixant son attention vers sa destination, le rebord. L’artiste, fermant les yeux, tenta un pas, puis un second. Lorsqu’elle les réouvrit, elle réalisa qu’elle n’avait pas bougé d’un pouce. La jeune fille était figée sur place.

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« Qu’est-ce que tu attends? » s'exclama dahlia

Ça ne se voyait pas, qu'elle avait peur? Charlie déglutit, et puis, de toutes ses forces, elle fit un pas vers l’avant. Il lui en restait beaucoup, énormément. Elle arrivait à peine à respirer, à bouger, mais réussit étonnamment à enchaîner quelques avancées vers le vide. Les autres la regardait péniblement progresser.

À proximité de ce gouffre sans fond, elle s’arrêta complètement. Charlie se remit à trembler, sentant son coeur battre dans sa poitrine. Que devait-elle faire pour fuir? C’était tout ce que son corps criait. Seul son devoir, et son profond goût de plaire à ses camarades la gardait sur piste. Après quelques pas demandant encore une fois tous les efforts du monde, Charlie se rendit compte, bien soulagée tout autant qu’à contre-coeur, que la vue était horrible. Elle ne voyait que la moitié de la ville, l’autre étant à l’opposé, ou pire, sous elle.

« Hum… On ne voit rien », couina l’artiste.

« Oh, vraiment? » soupira Aileen.

« Je peux te faire voler au-dessus des maisons », suggéra Dahlia.

Charlie n’avait rien entendu tant elle avait peur. Elle n’entendait pas ses amis, seulement le vent sifflant dans ses oreilles, ne ressentait guère le pavé sous elle, seulement une forte impression d’être en chute libre, ne voyait que la peur, et le sol bien trop loin, et ne sentait absolument rien du tout. L’artiste était effrayée, mais le fut encore plus lorsqu’elle se souleva soudainement du sol. Sa progression vers le rebord devait être bien longue. Elle laissa échapper un cri, mais sa gorge était si sèche qu’au finale, rien ne sortit.

Heureusement pour l'artiste, elle fut rapidement menée en lieux sûrs, sur un toît. Charlie tenait de toutes ses forces les tuiles, tant qu’elle craignait leur rupture. Ses mains s’y accrochaient toujours autant à son décollage improvisé. La jeune fille se retrouva donc à l’envers, quoique la puissance des vents la fit céder. Cette fois-ci, elle cria pour de bon, mais n’entendit rien de ce qu’elle sortait. Cela devait simplement être l’un des traditionnels : « Aaaaaaah! »

Charlie avait fermé les yeux dès que ses mains avaient quitté le toît. À présent, elle sentait son coeur battre dans tout son corps. Son rythme cardiaque ne fit que s’accélérer lorsqu’elle réalisa la hauteur à laquelle elle se situait. L’artiste n’était sûrement même plus au-dessus de la maison. Elle n'arrêtait toujours pas de grimper vers la voûte céleste, tant elle était convaincue que sa tête la toucherait bientôt.

« C’est bon, tu peux commencer! » cria Aileen, ne voyant certainement pas la sueur sur ses mains, ses yeux refusant de s’ouvrir.

« je…je… Je ne peux pas! » parvint à sortir l’intéressée en se recroquevillant de plus belle.

« Ouvre les yeux, ça va bien aller! Dahlia ne te fera pas tomber! » cria Hildegarde en tentant de la rassurer.

Cependant, la mention du fait qu’elle puisse tomber, ou simplement la mention de ce mot lui fit froid dans le dos. Elle tremblait comme jamais elle ne l’avait fait auparavant. Quel état déplorable! Charlie était convaincue de décevoir ses camarades, qui étaient si impatients de voir le résultat.

« S’il te plaît, tu en es capable. On croit en toi! » tenta à son tour Lloyd.

Charlie se souvint alors pourquoi elle se trouvait dans les airs.

L’artiste vérifia ses mains pour réaliser qu’elle avait toujours en sa possession le cahier, muni d’un crayon. Elle voyait plus ou moins bien ses collègues, mais pouvait à présent entendre leurs appels. Sa vision se fit plus claire, car elle était stable. Ils n’étaient finalement pas bien loin, et elle était toujours vis-à-vis de ces derniers. Charlie jeta un coup d'œil en bas après avoir ouvert son cahier de dessin. Elle en eut des sueurs froides, mais débuta une interprétation de ce qu’elle voyait. L’artiste détourna son regard vers sa feuille blanche, où elle traça de mémoire tout ce dont elle se souvenait, d'un trait tremblant, peu confiant. Elle avait bien trop peur pour regarder encore une fois autour. Elle se mordit les lèvres, et des larmes virent peu à peu se loger dans ses cils. Charlie arracha la feuille, qu’elle lâcha dans le vide, comme à son habitude lorsqu’elle n’aimait pas un dessin. Contrairement à l’habitude, elle resta dans les airs, à flotter. Dahlia faisait du bon travail, ce qui la rassurait un peu.

Charlie se convainquit de recommencer, et jeta un deuxième coup d'œil sous elle. Elle ne put durer plus de quinze secondes, et recommença à mettre sur papier ses souvenirs. Les traits n’étaient pas très propres, et, en se convainquant de vérifier une dernière fois, elle vit qu’elle était à côté de la plaque. Elle ne pouvait continuer avec cette méthode.

« Dépêche-toi un peu! C’est Dahlia! » cria Aileen, en supportant moralement la tisseuse pour qu’elle ne lâche pas.

L’idée que son amie faiblissait fit réaliser à l’artiste qu’elle pourrait tomber à tout instant dans ce vide, se présentant sous elle. Elle se remit à trembler, et se repositionna afin de pouvoir évacuer son anxiété des hauteurs en se rongeant les ongles, ou en se tortillant les bras. Les larmes commençaient à perler sur son visage. Elle n’en était pas capable, elle n’allait pas réussir. Ses dessins n’étaient même pas beaux, ils exagèraient. Ses larmes se figeaient en plein vol, des petites orbes flottant autour d’elle. Charlie lâcha son cahier et son crayon pour qu’ils flottent à ses côtés. Elle se lova sur elle-même, sous les regards confus de ses camarades.

« Ça va? N’oublie pas Dahlia! » continua Aileen.

Dès que son amie prononça ces paroles, les feuilles chiffonnées et les larmes cessèrent d’être en suspension. Elle attrapa au dernier moment son cahier et son crayon, avant qu’ils ne rejoignent les autres objets.

Charlie vit ses larmes atteindre sur le pavé, sur ses camarades, ou continuer leur chute vers le sol. Voyant ses larmes s’écraser nettement au sol avant de se détruire, se sectionner, lui fit peur. Ce fut comme si son cerveau réalisait que l’espace la séparant du vide existait, tout comme le sol plusieurs mètres sous elle. Comme si elle réalisait que l’espace autour d’elle était tangible. Charlie retenait sa respiration, les mains couvrant sa bouche. Les larmes affluaient, et elle ne pouvait déglutir. Elle se mit à trembler sans même pouvoir s’arrêter. Son cœur battait à mille à l’heure, et son esprit était ailleurs. Elle reniflait de temps à autre, presque prise de spasmes. L’artiste était effrayée. Embarrassée, également, ce fut pour cela qu'elle tenta maintes fois de tisser une toile, sans y arriver tellement ses mains tremblaient.

« Qu’est-ce que tu fais? S’il te plaît! » cria Aileen, oubliant dans la panique que son amie avait peur du vide.

Elle voyait seulement quelqu’un qui ne travaillait pas, car Aileen était un peu aveuglée par Vitreas, rendu bien haut. Hildegarde donnait un peu d’énergie à Dahlia, donc avait l’esprit ailleurs. Kei, dans son coin,sur un banc, riait de la situation, se disant sûrement que son dessin était le meilleur.

Charlie prenait ces critiques sans rien pouvoir y faire. Elle était muette de peur. Jamais elle n’avait autant réagit, ou été dans une telle situation, en y pensant. À des centaines et des centaines de mètres de hauteur sans support visible, qui plus faiblissait avec le temps, pressée à travailler, le tout mélangé à l’acrophobie, ce n’était pas très plaisant. Elle cessa de pleurer, tout comme ses larmes cessèrent de pleuvoir sur la plateforme ou aux alentours. L’artiste, à présent, ne pouvait plus respirer. Son corps lui, déchiré entre la peur et la survie, était perdu.

« CHARLIE! Ça va aller, respire! Inspire…expire…inspire…expire… » cria Lloyd, ayant remarqué son état et ses larmes, grâce à sa position et ses lunettes diurnes.

Charlie respira un bon coup, et fit de son mieux pour contrôler ses élans. Elle fut guidée par Lloyd dans ses respirations, avant de cesser de trembler, et de reprendre un pouls plutôt normal, du moins pour quelqu’un de stressé.

« Bravo, tu progresses bien! Je sais que tu es capable, tes dessins sont formidables! Maintenant, est-ce que tu peux regarder autour? Concentre-toi sur la beauté, les formes! »

L’artiste se redressa, calmée. Le jumeau semblait avoir de l’expérience dans le réconfort. Charlie s'exécuta en observant la nation depuis son point de vue. Elle fit de son mieux pour garder sa respiration constante, et suivit son conseil de se concentrer sur la beauté de la ville. En y pensant, elle avait un véritable charme, malgré son incompatibilité avec les acrophobes.

« Est-ce que tu peux dessiner un peu? Va-y doucement, ne te stresse pas! » continua-t-il.

« Tu es capable! » se joignit Aileen.

« Oui, on croit en toi! » opina Hildegarde.

« Ouais, j’imagine que si on t’a envoyée là, tu dois être bonne, même si tu ne l’es pas autant que moi », appuya Kei, de sa manière d’encourager.

Charlie respira un bon coup avant de se lancer dans le dessin. Elle calqua les immeubles, les arbustes, les cordes, aussi fidèlement que possible, ne cessant de relever le regard. Elle progressait tout de même lentement, car la peur ne l’avait pas quittée.

« On pourra retourner un autre jour, prends ton temps! Dahlia te maintiendra dans les airs aussi longtemps qu’elle le pourra, et elle te réservera un atterrissage doux, c'est certain! Elle garde un peu d’énergie pour cela! » l’informa Lloyd, et ses collègues qui opinèrent.

La confiance que ses camarades, ses amis lui accordaient lui fit l’effet d’une poussée dans le dos. L’état de Dahlia ne fit que contribuer à sa motivation. Elle se mit à enchaîner, bâtiment après bâtiment, pont après pont, de traits simples, rapides et précis. Elle ne détournait pas ses yeux de la nation, dessinant à l’aveugle. Charlie était rentrée dans le flot de production, et était motivée comme jamais. Elle réussirait à tracer la carte d’Auram la plus fidèle qui soit.

Lorsqu’elle fit le dernier trait, elle riva ses yeux au ciel, vers la voûte céleste, pour remercier la vie.

« J’ai terminé! » cria-t-elle, sans pouvoir attendre de descendre.

Seulement, ayant quitté son état de concentration, la panique l’envahit de nouveau. Ses membres étaient engourdis, et après avoir été anxieuse pendant tant de temps, elle se sentait faiblir. Heureusement, Dahlia l’emmena doucement vers le sol où elle fut attrapée par ses collègues avant de s'effondrer au sol.

« Ça va? » cria Lloyd.

« Charlie! » s'exclama Aileen.

« Oui, je…»

Charlie, épuisée, se coucha au sol. Elle tendit la carte finale, et son bras retomba lourdement sur le pavé. Elle ferma les yeux, tandis que ses camarades étaient ébahis devant son chef-d’œuvre. Deux personnes la prirent pour la déplacer plus loin.

« Bravo, Charlie! Ton repos est bien mérité! »

« Tu as fait du beau travail », lui chuchota Lloyd.

Le trajet ne fut pas bien long, car, rapidement, l’artiste se fit poser sur un banc, sur une couverture, ou un manteau quelconque, peu importe, c’était plus confortable que la surface directement, même si elle sentait toujours les planches. Dahlia ne devait pas être loin, mais au moins, elle tenait encore debout, car elle parla.

« Ça en valait la peine! » s'exclama-t-elle de son ton jovial habituel, plein d’énergie.

Charlie, soulagée, ferma encore les yeux pour se reposer un peu plus longtemps, attendant que son amie reprenne des forces pour que le voyage continue.