Le dernier client fut servi, et Dahlia s’occupa de récupérer les couverts lorsqu’il avait terminé son plat. Le restaurant mobile pouvait fermer, alors la serveuse avait congé de sa tâche principale. Cette corvée fin complétée, elle devait passer à la prochaine étape.
Le restaurant mobile avait pour habitude de faire la vaisselle suite à sa fermeture Ce n’était malheureusement que l’une des tâches accordées aux esclaves. Avec deux autres employés, Noah, un jeune aux cheveux courts et gras, plein d’ecchymoses, ainsi que Madison, une jeune femme dans la vingtaine aux longs cheveux roux, qui était boursouflée au niveau du visage, le travail serait rapide. Du sang coulait depuis ses coudes dans l’eau savonneuse. Dahlia était moins amochée que ses compagnons, car elle s’occupait des commandes. Cela ne voulait pas dire qu’elle était sauve des coups de leur patron. Cette personne infâme dirigeait plusieurs restaurants du genre, abritant une poignée d’esclaves chacun. Ce maître cruel battait ses employés afin d’imposer sa domination, ce qui menait les pauvres esclaves à n’avoir aucune issue, suite à cette faiblesse considérable que leur état de santé était. Les conditions de travail n'étaient clairement pas les mêmes que la plupart des restaurants du coin.
Les clients, égoïstes et rudes, ne remarquaient rien. La seule personne de ce quartier ayant perçu son existence était cette jeune fille, qui hier lui avait rendu visite. Elle lui avait simplement souhaité une belle journée après s’être intéressée à son prénom. Malgré ce geste infime, l’année de Dahlia fut refaite. Depuis combien de temps avait-elle été témoin d’une once de gentillesse? Même ses collègues n’avaient plus la force de s’entraider. À vrai dire, ils semblaient la détester de recevoir un traitement de faveur. Ceci était simplement dû au fait que son fil était immense. L’incontrôle de ce dernier lui avait causé la perte de ses parents. La patron devait redouter une situation similaire en cas d’abus.
Pourtant, Dahlia ne baissait pas les bras. Elle avait, durant des années interminables, patiemment attendue d’être secourue, mais ayant réalisé la cruauté de ce monde, elle s'était attardée sur un plan conçu par elle-même. La serveuse avait connaissance de son don indomptable pour le tissage. C’est pour cela qu’elle tentait d'apprivoiser le vent chaque soir, lorsque tous étaient endormis. Ensuite, La Capitale était la destination idéale pour s’échapper. Au centre des nations, ces terres neutres menaient à plusieurs chemins, donc difficile de rattraper une jeune fille pouvant se retrouver dans onze nations différentes.
La plonge était une tâche simple, et peu répugnante comparée à la suite. Dahlia devait trier les poubelles, fouiller pour quoi que ce soit qui pourrait servir de souper aux trois enfants pathétiques. Madison s’occupait du patron, lui faisait à manger et nettoyait sa chambre, annexe au restaurant, et bien plus luxueuse. Noah, le petit dernier, récurait les sols.
Une heure s’en suivit, sans rien d’autre que des vidanges pour Dahlia. Entre les morceaux de vitre déchirants ses tissus de peau, les objets dégoulinants de substances inconnues et les sacs à n’en finir, elle était épuisée. Finalement, la jeune fille put mettre la main sur une croûte de sandwich, une mepom qu’à moitié mangée ainsi que des pelures de fruits, comestibles suite à la cuisson. Peu connaissaient cette astuce, ce qui réjouit Dahlia d’en retrouver autant. Dans la cuisine, il restait un surplus de pâte pouvant faire des beignets frais.
Ensemble, ils savourèrent ce repas hors du commun. Malgré le fait que le goût ne fut extraordinaire, ils apprécièrent chaque bouchée. Lorsque le repas fut entièrement dévoré par le groupe, Dahlia et ses collègues se couchèrent sur le sol dur, où une fine couverture faisait office de matelas.
Ce ne fut pas long pour que les respirations de Noah furent régulières et que les ronflements de Madison détonnent dans la pièce. Discrètement, la serveuse sortit de la pièce. Sur l'îlot central du restaurant, la jeune fille débuta sa séance quotidienne de tissage. Aller dehors alerterait son maître, qui ne tarderait à la punir de coups. Elle regula sa respiration afin d’attiser sa paix interne. La jeune fille visualisa un fil cyan s'emmêler entre ses doigts cornés. Il se matérialisent à la demande de son esprit, mais nécessitaient un contact physique afin de pouvoir être usé. Elle était de niveau Coutil, car le tissage était classé en trois classes: Filet, le plus bas. Les disciples nécéssitaient l’utilisation d’outils magiques, tels la baguette-tricotin ou le métier en lyre. Ensuite, il y avait Coutil, le milieu. Ces personnes n’avaient plus besoin d’outils et pouvaient à présent user de leurs mains pour l’art de la magie. Le dernier échelon, le plus rare, était Dentelle. Les rares personnes de ce niveau pouvaient tisser uniquement avec leur esprit, et de manière généralement rapide. Dahlia savait que le niveau influençait généralement le rendu d’un sort, avec des mailles de plus à moins saturées. Chaque soir, elle se pratiquait, et ce, sans relâche. Si tout était possible, jamais elle n'abandonnerait, et ce, peu importe les conséquences. Cette idéologie, très rare, lui valait un peu de jugement de ses camarades, ayant eux-mêmes abandonné depuis bien longtemps.
Lentement, elle noua son fil. Un nœud à la fois, le plus serré possible. Devant elle était un morceau de métal provenant d’une casserole, en miettes depuis bien des années. Sa concentration devait être des plus stables, sinon, un désastre s’en suivrait. Se rendre à ce niveau de manière autodidacte était une voie périlleuse. Dahlia se félicitait toujours afin de garder son moral et sa motivation au maximum. Quelques nœuds manquaient à son œuvre, et elle redoubla d'efforts afin de les créer parfaitement. Plus que deux. Plus qu’un. Et… voilà. Devant elle se trouvait un résultat des plus habituels : une forme translucide aux reflets bleutés, avec un modèle, qui changeait selon le sortilège. Après une profonde inspiration, elle projeta cette œuvre sur le morceau de métal. À la manière de l’un de ces balais modernes, l‘air fut aspiré par le sortilège.
Dahlia dévisagea le petit morceau glissant tranquillement, en produisant un son désagréable, étouffé par la succion de son sortilège. Elle priait intérieurement pour que celui-ci glisse sur le magnifique comptoir sans l’enrayer. Heureusement, les résultats furent concluants, car non seulement le morceau bougea jusqu’à destination désirée, mais aucune marque ne fut visible. Ses efforts avaient payés, et ce, juste à temps, car dans à peine deux jours le restaurant sur roues quitterait La Capitale. Dahlia reprit sa couchette improvisée où la fatigue la rattrapa.
***
Dahlia se réveilla tôt, vers 4h du matin selon les rues encore sombres. Elle décida de débuter les préparations matinales avant de reprendre son lit. Peut-être pourrait-elle gagner quelques minutes de sommeil en faisant ainsi. Cette pensée la motiva à s'extirper de la couchette. Doucement, elle sortit les instruments, renouvela les assaisonnements en ajoutant le contenu de divers ports dans ceux de la vitrine, puis décongela le mélange à pâte. Elle ouvrit de l’intérieur la fenêtre des commandes, puis, difficilement, elle parvient à poser une pancarte devant celle-ci. L’employée modèle se recoucha, suite à une courte hésitation. Elle avait enfilé l’uniforme de travail, composé d’une casquette à l’effigie du logo ainsi que d’une blouse affichant cette même illustration. Cette dernière allia brillamment les initiales de l’entreprise à former une poêle débordante qui, d’un un autre angle, semblait à une carte afin d’illustrer le principe de la compagnie. Le logo était composé de couleurs vives : du magenta et une touche de chartreuse, le tout sur un fond indigo, ce qui formait une soi-disante triade. Dahlia avait auparavant questionné Madison sur ce choix étrange, et celle-ci lui avait expliqué la théorie des couleurs. La serveuse n’y comprenait toujours rien, alors elle avait laissé cette interrogation flotter dans les tréfonds de sa mémoire.
Le sommeil arriva aussi rapidement qu’il était parti quelques minutes plus tôt.
***
Une gifle réveilla brusquement la jeune fille. Devant elle se tenait son patron, furibond de ce surplus de sommeil. Ses collègues avaient fui derrière le comptoir sans prendre la peine de l’avertir. Sa peau brûlait intensément, et son patron était d’avis que c'était mérité. De toute manière, il voyait bien qu’elle avait compris ce message non-verbal.
Dahlia s’empressa de rejoindre ses compatriotes, honteuse de cette erreur et déçue que son premier éveil n’ait rien changé à son sort. Elle contribua à la confection de leur fameux beignets, ainsi que des multiples recettes les comprenant. Toute cette nourriture la faisait saliver, entre ces beignets croquants et chauds garnis de légumes de toutes les couleurs ou ceux dégoulinant de chocolat. Les mets s'empilèrent sur la table au fur et à mesure que la ligne à l’extérieur s’étirait. Dans quelques secondes, le magasin ouvrira ses portes, et les clients en était impatients.
Lorsque Dahlia déroula le rideau de la fenêtre commande, tous semblèrent heureux, et certains applaudirent.
« Bonjour, que puis-je vous servir? »
« Deux beignes aux épices caelestiennes à emporter, et voici un billet »
La serveuse remit le change ainsi que les deux beignes dans une boîte pratique.
« Bonjour, que puis-je vous…»
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« Ça fait trente minutes que j’attends ici! J'exige un rabais pour compensation!» lança une cliente, suivie par quelques autres clients mécontents.
« Désolée pour l’attente, madame, mais comme c’est indiqué ici, nous n’ouvrons pas avant sept heures quinze. Je ne peux malheureusement rien faire pour vous. Que souhaiteriez-vous commander?» géra la jeune fille, habituée à de tels comportements. Elle savait garder le sourire, même dans ces situations. Son vécu l'avait immunisée à ce genre de personnes. La dame ainsi que les autres clients suivant ses idées rechignèrent, mais ne réussirent pas à perturber l’experte. Une autre femme, plus loin dans la file, souligna son sang froid. Il fallait comprendre que de gérer ce genre de situation depuis son enfance lui avait fourni le talent qu’était socialiser. Dahlia savait qu’après une dizaine d’années de travail, elle avait acquis de la valeur ainsi que des compétences.
C’est ainsi que se déroula la matinée jusqu’à épuisement des provisions.
Lorsque la serveuse fut interpellée, elle rejoignit ses camarades afin de les aider à préparer quelques mets. La jeune fille jonglait habilement entre prendre les commandes et les faire, si nécessaire. Le maître des lieux sera potentiellement clément à la suite de cette journée productive.
Lorsque la faim débuta à tenailler son intérieur, Dahlia goba discrètement un beigne non garni. Elle souhaitait que cette journée termine sur une note plus joyeuse que son début. La jeune fille ne reçut aucun avertissement dans les minutes suivantes, ce qui devait dire qu’elle serait sauve pour cette fois. De coin de l'oeil, elle aperçut Noah fourrer rapidement une mateto dans sa bouche. Ce fruit rouge était souvent agencé avec des plats salés. Il était juteux, car son intérieur semblait à de la gelée encastrée de graines. Le garçon s’empressa d’essuyer le jus coulant sur son menton, mais Madison l’avait immédiatement remarqué. Souvent, elle jouait les porte-panier, mais il ne fallait pas lui en vouloir. Elle avait connu le maître avant qu’il ne soit ralenti par l’âge et la fatigue.
Aujourd’hui, la femme n’était pas d’humeur à voir le plus jeune se faire frapper. De toute manière, le patron n’allait pas trop fort avec lui, car il pleurait beaucoup. Même si cela le sauvait de plusieurs coups, il n’avait pas un traitement favorable. Ne pas être dans le cœur du chef était bien néfaste.
Dahlia grimaça lorsqu’un jet d’huile brûlante l’atteignit sur la joue. Frire des beignets pouvait étonnement s'avérer dangereux, surtout lorsqu'on ne bénéficie d’aucune protection, à l’exception de minces gants. Ces derniers n’étaient que des ornements destinés à faire paraître la place hygiénique.
Le flot de clients se fut calmé suite à l’heure de pointe. Le trio eut finalement un instant de répit. Ils étaient dans le même bateau, après tout. Un peu comme une fratrie, ils s'entendaient difficilement, mais étaient toujours présents pour chacun. Une dizaine de clients passant avant la fermeture conclurent cette journée chargée. La suite était encore à venir : la vaisselle ainsi que la fouille des vidanges, le tout supervisé par le patron. Le lendemain, le restaurant mobile ferait son départ, ce qui expliqua pourquoi ils durent nettoyer jusqu’à l’extérieur. La tâche ne fut complétée, sous les grognements inaudibles du maître, qu’après l’ouverture des lampadaires. Ils se préparèrent à dormir, et eurent droit à une douche froide ainsi qu’à une brosse très rigide. Même si cela était un peu douloureux, surtout sur les blessures, se laver apportait quelque chose de réconfortant à la jeune fille, comme une bouffée d’air frais le ferait en hiver.
Le duo s’endormit avec Dahlia, simulant cet état de sommeil profond jusqu'au signal : respiration régulière et ronflements lourds.
Silencieusement, elle se dirigea vers le comptoir où se trouvait le morceau lui étant si utile. Si tout se passait bien, elle n’aurait plus à le revoir. Comme la journée précédente, la jeune tisseuse s’appliqua à la réalisation du sortilège, qu’elle projetta sur son sujet. Avec une concentration puissante, elle parvient à le mener jusqu’à sa main tendue. L’opération fut un succès retentissant, alors Dahlia rejoignit ses amis dans les couvertures minces.
***
Madison fut la première debout, et elle s’empressa d’éveiller les autres. Aujourd’hui, le restaurant mobile prendrait la route, et Dahlia mettrait son plan à exécution. Il ne leur restait que quelque heures pour tout ranger, car l’embarcation partirait vers son heure d’ouverture. Les instruments reprirent leur place, la nourriture, trop vieille pour être utilisée, fut mangée par le trio tandis que le patron se préparait dans sa loge. Madison et Dahlia furent chargées de désinstaller l’arrangement extérieur, et Noah fermait la fenêtre de commande. Tous furent prêts pour le moment du départ.
À l’intérieur de la cabine, Noah, Madison et Dahlia prirent leur place dans des cages. Le chef ferme, grognon comme à l’habitude, barra ces dernières avec de lourdes clefs rouillées. Il quitta la pièce et referma la porte derrière lui. Un cliquetis indiqua à la troupe que le trousseau était accroché sur la porte. Dahlia débuta son tissage de manière assidue en prenant la peine de cacher sa progression à ses collègues. Avec l’entrainement régulier, elle put terminer l’ouvrage complexe en une dizaine de minutes. Bientôt, ils atteindraient les portes de la ville. La jeune fille se prépara à lancer son sortilège avant de remarquer l’évidence : les clefs étaient dans l’autre pièce. Non seulement le sortilège de cette ampleur serait bruyant, mais en plus, elle ne savait pas s' il pouvait bien se positionner. Elle décida de tenter sa chance sur une bosse. Heureusement, le bruit du sortilège fut couvert par la brassage des objets métalliques, car le trousseau chuta au sol et averti le maître d’un problème. Le chariot fut de ce pas stoppé par le conducteur, qui jeta un œil sur les passagers avant de remettre les clefs sur le crochet de la porte.
Le temps passait rapidement et Dahlia avait que bientôt, il serait trop tard pour s’échapper. L’aspiration était trop risquée, alors que pouvait-elle faire pour y remédier?
Elle ne pouvait pas ouvrir la porte, et refaire la même manœuvre serait long et risqué. Le patron cacherait sûrement le trousseau dans ses poches, là où personne ne le retrouverait.
C’est alors que la serveuse eut l’idée de s'inspirer de son pays natal, où les édifices volaient grâce à un simple sortilège. Produire du vent était plus simple que l’aspirer, et avec son fil immense, elle pourrait en tisser une dizaine, de ce patron répandu.
Elle entreprit donc de tisser plusieurs sortilèges, qu’elle projeta un à un dans le restaurant mobile. Le premier décrocha doucement le trousseau du crochet, et relaya la tâche au deuxième, qui amortit sa descente. Le troisième poussa les clefs sous la porte, puis un quatrième souleva le sujet. Dahlia termina le travail par les deux derniers, dont l’un propulsait vers le haut le trousseau afin de la garder dans les airs, et l’autre poussait cela vers l'invocatrice.
Le trousseau chuta de quelques centimètres dans sa main sans faire de bruit. Lorsque la serveuse étira son bras entre les barreaux, elle remarqua le regard de Madison. Un regard déçu, qui criait : «Pourquoi nous abandonnes-tu maintenant?» Elle semblait hésiter à dénoncer sa camarade, mais suite à une courte réflexion, la femme décida de la laisser partir vers un monde meilleur. Noah somnolait, à l’arrière du véhicule, dans sa cage froide. Dahlia parvint à déverrouiller la serrure sans aucun bruit suspect. Discrètement, elle quitta la cellule, et jeta un dernier regard vers ses amis. Elle posa la clef devant Madison, puis sortit du chariot en mouvement sans un regard en arrière. Jamais encore elle ne s'attarderait au passé, car maintenant, c’était vers l’avant qu’il fallait continuer.
***
Lorsque ses pieds entrèrent en contact avec le sol, la jeune fille prit ses jambes à son cou. Sans relâche, Dahlia avançait. L’adrénaline ainsi que les vieux restants étaient sa seule source d’énergie. Le temps s’écoulait sans qu’elle ne s’en aperçoive. Le vent fouettait son visage, et pour une fois dans sa triste existence, c’était la liberté qu’elle ressentait.
L’ancienne serveuse s'effondra sur le banc, essoufflée. La faim, la fatigue, la soif et bien plus de problèmes la rattrapèrent. Dahlia reposa sa tête sur l’accoudoir, aussi confortable qu son ancien lit. Elle avait l’impression d’être clouée au sol par l’épuisement. L’astre de lumière se couchait, et elle ne bougeait toujours pas. Ses coupures et ses ecchymoses l’élancaient de toute part. Elle ne pouvait pas respirer sans souffrir le martyre. Ses pieds étaient ensanglanté à force de courir toute la journée. Cerise sur le gâteau, Dahlia ne savait même pas où elle se trouvait.
« Chère enfant, tu as l’air perdue. Que le grand Isaroth soit avec toi!» dit une voix masculine. Un homme, habillé de manière hétéroclite, lui faisait face.
«Oh, et j’oubliais! Notre temple accueille des personnes dans le besoin. Souhaiterais-tu y rester un peu? »
Dahlia, méfiante, répondit :
« Comment puis-je être certaine que vous ne me ferez pas de mal? Qu’est-ce que j’en bénéficierais? Où est l’attrape?»
L’homme vêtu de noir s’esclaffa.
« Oh, pauvre enfant! Notre temple ne fait preuve que de charité! C’est simplement ce en quoi nous croyons. À vrai dire, je ne suis pas censé t’en parler, mais voilà, dit l’homme tendant une lettre. Tu as été acceptée à l’Académie Mendacium. Félicitations. Tu peux lire la lettre, et me suivre si tu accepte »
Dahlia considéra l’offre avant d’ouvrir la lettre. Devant elle se trouvaient plusieurs caractères incompréhensibles, tous attachés. Malheureusement, la jeune fille était quasiment illettrée. Elle avait de la difficulté à lire autre chose qu’une recette et ne comprenait rien aux lettres attachées.
«Mais comme je suis bête, s’écria le mystérieux homme. Voici son contenu:
Chère Dahlia Ajat,
Selon vos aptitudes à s’adapter, ainsi que vos remarquables compétences au tissage, vous seriez la parfaite candidate pour notre humble institut. C’est pour cette raison que vous aurez une scolarité entière, sans frais, léguée par notre directeur. Vous faites partie des onze élèves ayant reçu cette offre. Veuillez suivre votre garde du corps jusqu’à notre établissement pour plus de détails. Une chambre sur place sera fournie, ainsi que nos enseignements, sans oublier trois repas par jour. Félicitations!
Cordialement,
L’Académie Mendacium »
L’intéressée fut surprise. Le sceau visible au bas de la lettre, le professionnalisme de la lettre ainsi que le fait qu’ils connaissent son nom entier suffirent comme preuve pour la jeune fille. De toute manière, elle n’avait nulle part où aller. Elle risquait de mourir, quoi qu’elle était habituée à survivre de manière brutale. Elle accepta l’offre, signa la feuille et suivit l’homme de noir dans les méandres de La Capitale.