Aileen se sentait désolée d’avoir fait pleurer Charlie, et de l’avoir ainsi forcée à affronter sa peur. La culpabilité la pesait, même si la jeune fille se savait déjà pardonnée. Après l’avoir attrapée, Aileen avait regardé Hildegarde et Lloyd la positionner sur un banc recouvert d’un manteau pour qu’elle puisse reprendre des forces. Charlie s’endormit presque aussitôt dans un profond sommeil, et le groupe ne souhaitait pas la déranger.
Aileen, qui avait profité de cet instant pour scruter l'œuvre, empreinte de motivation, fut surprise du niveau de précision, malgré l’état de son amie lors de la réalisation de la carte. En vérifiant avec la vue d’où elle était, Aileen put remarquer que tout était bien en place, ce qui la soulagea pour leur courageuse artiste.
La tricoteuse respira de cet air frais de leur altitude, régénérateur. La brise légère n’était de trop, et le paysage, qu’elle avait tant observé avec tant d’émotions, mariait bien le tout. Elle manquerait Auram, c’était certain. Heureusement, se dit-elle, ce n’était pas encore fini.
Dahlia, échouée derrière elle, semblait reprendre ses forces. . Charlie somnolait encore, tandis que Kei, Hildegarde et Lloyd n’étaient qu’assis, à ne rien faire. Ils furent rapidement rejoints par Aileen, qui se choira à leurs côtés, accotée au banc.
Il n’y avait rien à faire, et la tricoteuse s’ennuyait un peu. Aileen se retourna vers ses camarades, semblant convaincus de ne pas bouger. Il était vrai que cette pose faisait du bien, mais elle pensait trop à la suite pour s’en soucier.
« Allez! On devrait faire quelque chose, au moins! » brailla-t-elle à l’adresse de ses collègues.
Hildegarde la regarda dans les yeux sans rien dire, et Lloyd se releva. Kei fit mine de ne pas l’entendre, quoiqu’il semblait intrigué.
« Je comprends, mais il faut que Dahlia reprenne ses forces. Pour Charlie, on peut juste la transporter pour ne pas qu’elle revive la descente », présenta Hildegarde.
« Ne vous inquiétez pas, je crois que c’est bon, maintenant! », s’exclama Dahlia en se remettant immédiatement sur pieds.
Aileen jeta un regard à la guerrière, lui disant qu’elle avait raison. D’un soupir, l’intéréssée rejoignit le groupe debout, bientôt suivie de Kei.
La tisseuse débuta son œuvre, tandis que le groupe s’approcha du rebord, à l’exception d’Hildegarde, qui prit doucement l’endormie pour la transporter jusqu’à leur position.
« At-tention! » avertit gaiement Dahlia en jetant énergiquement son sortilège, cette dite-énergie semblant provenir de nulle part.
Aileen sentit ses pieds quitter le sol, ce qui lui plut. C’était toujours agréable de voler, du moins, maintenant qu’elle y était habituée. La chute fut plus rapide, mais ceci ne rendit que plus rapide l’accès aux dortoirs, qu’il atteignirent en quelques minutes à peine, suite au voyage sans encombre.
Le groupe se dirigea vers la porte, qu’ils franchirent d’un sourire fier et satisfait. Leurs camarades, qui vacaient à leurs occupations respectives, semblaient heureux de les revoir. Les nouveaux arrivants furent chaudement salués, avant que l’attention générale ne se reporte sur la véritable héroïne de la situation, qui dormait dans un lit depuis que la guerrière l’y avait posée.
« Il s’est passé quelque chose? » demanda Lilith en s’approchant de l’endormie.
« Oui, on a réalisé que trop tard qu’elle avait le vertige, et elle s’est donnée. Elle mérite bien cette petite sieste » fit doucement Aileen en jetant un regard désolé à la forme sous les couvertures.
Ceux étant restés semblèrent tout aussi compatissants pour leur artiste, qui n’avait rien demandé.
« Et le dessin est quand-même correct? » demanda Killian un peu froidement.
« Euh, oui, il est très bien », dit Aileen lui passant la feuille tarabiscotée.
Elle était légèrement déstabilisée par son indifférence vis-à-vis de la situation de sa camarade. Il fallait un peu s’y attendre, vu que c’était Killian, mais tout de même…
« Oh.. » fit Frédérique en voyant le chef-d’œuvre, zieutant depuis derrière l’épaule du jeune homme tenant la carte, qu’il analysait.
« C’est bien beau », souligna Lilith, qui avait laissé son espace à l’artiste.
« Je pense qu’on devrait bientôt partir, mais avant, je propose que l’on tente d’interpréter la carte », suggéra Hildegarde en s’asseyant sur l’un des fauteuils bien trop confortables.
« Oui, je suis certain qu’il y a un message quelconque, et au pire, on y sera familiarisé! » remarqua Frédérique.
Aileen, ainsi que le restant du groupe. s’agglutinèrent autour de la carte pour pouvoir l’observer. Malgré que ce ne soit pas la première fois qu’elle l’observe, la tricoteuse ne décelait rien de nouveau.
« Je suis certain que ça doit être dans un labyrinthe au même modèle », tenta Lloyd.
« Mais non, ce serait bien trop simple! Les rues sont plutôt organisées », fit tristement Frédérique.
Le grope réfléchit, tentant de voir dans plusieurs angles la carte, car le joueur avait bien raison.
«Voyez comment les bâtiments se touchent, les rues doivent être les murs », contredit Hildegarde, donnant raison au jumeau.
« Oui, c’est une option, mais… C’est un peu évident, non? Il doit y avoir quelque chose d’autre, les épreuves ne peuvent pas être aussi simples! » fit Aileen, confuse, soulevant pourtant un point.
Les autres opinèrent, comprenant son avis. Il devait bien y avoir une autre solution. Une plus recherchée. La tricoteuse songea à certains facteurs importants de la ville pour guider sa réflexion. Elle eut alors une idée.
« Les lucioles changent sûrement quelque chose », suggéra-t-elle.
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« Mais ce sont des insectes! Elles peuvent bouger librement! Ça n'aurait aucun sens… »
« Elles peuvent bouger, oui, mais avec les bâtiments, et les nuages… » tenta Kei.
« On aurait su en quelque part si la carte était par rapport aux lucioles », souligna alors Lloyd.
Le groupe abandonna l’idée pour en trouver une plus intéressante et plausible. Aileen n’avait pas tant de solutions aures pour extirper un message hors d’une carte, mais se mit tout de même au travail
« Et si les bâtiments formaient des mots? » suggéra Dahlia, semblant pourtant ne rien voir.
Aileen fronça des yeux pour tenter de seulement distinguer des lettres entre ces blocs. Après quelques essais, elle ne vit que des lettres sans aucun sens, solitaires, telles que des «S» ou des «T». Ce n’était que dû à la forme des rues, et serait tout aussi visible dans une autre nation que celle-ci.
« Je ne crois pas, ce serait sûrement la langue ancienne, mais ils utilisaient les mêmes lettres et je n’en vois aucune », déclara Hildegarde après un instant.
Aileen continua de réfléchir avec ses camarades. Les lettres semblaient être une bonne idée, mais la consigne était bien floue. Peut-être que le message se cachaient avec seulement les bâtiments, ou seulement les arbres? Non pour les arbres, ça aurait changé entre temps. Pour les bâtiments, ce serait sûrement la même solution que celle du labyrinthe. Et si la carte était séparée en quartier? Peut-être qu’ils découvriraient un indice ainsi…
« On pourrait séparer la carte par quartier »,dit Aileen en formulant sa pensée.
« Oui, mais on risque d’endommager la carte. C’est presque impossible d’en avoir une autre, après qu’elle y ait mis tant d’efforts », infirma Lloyd, soutenant pourtant un point important.
« On pourrait le faire de l’autre côté, proposa Frédérique en tournant la page. Oui, l’encre à traversé le papier! »
D’un air victorieux, le joueur de Grakkam sortit un crayon mine pour tenter de délimiter les quartiers, pourtant, il n’avait aucune idée d’où ils se trouvaient.
« Euh… »
« Laisse-moi faire. Il y en a cinq en tout : Marguerite, Tournesol, Muguet, Ancolie, Rose », dit-il en prenant le crayon des mains de Frédérique.
Grâce au stylo, il put tracer des lignes nettes et pâles, avant de marquer ces régions par leur noms.
« D’où tu sais ça? » fit Hugo, confus.
L'intéressé répondit d'un haussement d’épaules avant de reprendre sa place, un peu plus loin. Hugo reporta son attention sur la carte pour tenter d’y déchiffrer un message.
« Ça ne ressemble pas un peu à un papillon? » demanda-t-il.
Aileen tenta de voir ce qu’il voulait dire avant de réaliser à quel point c’était évident.
« Mais pourquoi un papillon? En quoi ça va nous aider? » renchérit Dahlia.
« La fondatrice d’Auram était appelée Papillon, Insouciant, non? C’est potentiellement une manière de confirmer l'artéfact », expliqua Kei.
« Je vois, mais… C’est tout? » fit Aileen, déçue.
Le groupe réfléchit un instant, tentant de trouver un lien quelconque entre Natalico et une carte. Des idées fusaient de parts et d’autres, mais personne ne pensait qu’elles étaient assez bonnes pour être proposées. Sauf pour Aileen, apparemment, car elle fut la première à tenter quelque chose.
« Elle se sentait perdue », essaya-t-elle.
« Ou c’est la carte vers son cœur », renchérit Dahlia en référençant le poème de la cité.
« C’est une proposition intéressante, j’aime bien, mais est-ce que ça peut nous aider pour une épreuve? » continua la tricoteuse.
« Au pire, on verra cela lors de l’épreuve. Ce sera sûrement plus évident », conclut Hildegarde en se levant.
Le groupe semblait d’accord, ne pouvant mener la discussion plus loin. Aileen se rapprocha de son lit, puis se dirigea vers la salle de bain pour vérifier qu’elle n’oubliait rien. Les autres faisaient de même, vérifiant chaque recoin pour un objet oublié. Ils possédaient pourtant de maigres biens, mais cela ne les rendait que plus chers.
Après quelques minutes, ils se regroupèrent aux alentours de la porte, un à un.
« On y va? » demanda une dernière fois Hildegarde avant de traverser la porte, suivie de tous.
« Je vais barrer la porte », dit Kei en sortant la clef donnée par le réceptionniste.
Il fut immédiatement arrêté par Dahlia, qui semblait avoir oublié un objet quelconque dans leurs dortoirs. C’était surprenant après avoir tout fouillé, donc Aileen la suivit, pour s'assurer que tout allait bien, et contribuer à la recherche.
« Qu’est-ce que tu cherches? » questionna la jeune fille.
« Oh, euh… C’est mon épingle de fleur », fit l’intéressée sans se retourner.
« D’accord, je vais t’aider », répliqua Aileen d’un ton déterminé, et reçu un petit signe de tête en remerciement.
La jeune fille songea un peu à où pouvait bien être cet accessoire. Dahlia retournait déjà les tiroirs, donc elle se dirigea vers la salle de bain.
Après avoir cherché un peu, la tricoteuse n’arrivait toujours pas à mettre la main dessus. Elle se dirigea donc vers le lit de son amie, fait de manière un peu hasardeuse. Aileen retourna les couvertures, sans ne rien trouver, et vérifia sous l’oreiller pour le même résultat. Abandonnant, elle s’étendit sur la surface confortable. Ce fut à ce moment que la jeune fille vit la fleur, accrochée entre les barreaux du lit supérieur. C’était donc pour cela que son amie avait oublié ce petit accessoire. Aileen le dénicha afin de le rendre à son amie, qui la remercia encore par un câlin après l'avoir fourré dans sa proche improvisée.
Le duo sortit de l’endroit pour rejoindre leurs camarades impatients, malgré le fait que l'escapade ait été de courte durée.
« Allons-y », déclara Hildegarde alors que certains usaient déjà du champ de vent.
Charlie avait été emmenée au sol lors de la fouille, ce qui soulagea Aileen, ne voulant guère la voir souffrir plus. Elle emprunta le champ de vent, sans réaliser que c’était probablement sa dernière fois.
Rapidement, tout le groupe était au sol, en entamant son chemin vers l’accueil, où ils posèrent les clefs. Kei, ayant déjà tout payé, ne fit que poser ces dernières sur le comptoir, avant de saluer l’homme, les ayant si bien introduits à la merveilleuse cité du vent avec de cruciales informations pour leur périple.
En se baladant dans la cité, empruntant le chemin menant à la suivante, Aileen réfléchit à leur aventure. Tout le monde avait travaillé si fort, et le fruit de tout cela, quoique pour le moment n’était pas impressionnant, en vaudrait bien la peine. Elle avait la forte impression que Charlie, même si ce n’était pas complètement disparu, avait vaincu son acrophobie. En tout cas, elle s’était démenée, et avait prouvé la valeur de sa motivation, de son courage.
Et elle-même… Aileen avait réussi à s’affirmer, et à dévoiler sa vraie nature. Ce fut difficile, mais maintenant, elle se sentait plus proche de ses camarades.
En continuant cette promenade, la jeune fille admirait l’architecture à ses alentours, les fleurs produisant toutes sortes d’odeurs agréables, les habitants vivant leur quotidien, l'ambiance si chaleureuse… La nostalgie l'envahissait déjà. Aileen avait l’impression de ne pas avoir assez profité de l’endroit, même si ce n’était pas pour faire du tourisme qu’ils se trouvaient là.
Le portail imposant s’approchait à vue d'œil, ce que la jeune fille regrettait. Le groupe le franchit, tandis que la jeune fille lança un dernier regard dans son dos, pour voir la ville, l’ambiance qu’elle laissait, ainsi que la pancarte annonçant un bon voyage, et la bienvenue à Auram.
Tous ces souvenirs, des épreuves les plus difficiles au moment les plus léger lui manqueraient, mais ce n’était que le début. Elle continua sa route, avec ses camarades, riant ensemble, alors qu’un petit sourire se formait sur ses lèvres. En relevant la tête, elle songea au futur, et non au passé. Prochain arrêt : Glacies.