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Sur les cendres de l'Ancien Monde [French]
Chapitre 3 - La Grande Place

Chapitre 3 - La Grande Place

Avant qu’il ne soit trop tard, elle se décida d’agir. Il ne fallait pas ajouter un crime à leur liste, quoique la fugue n’en était pas vraiment un, ni la défense.

« NON! Ne le tue pas, s’il te plait. Ils auront raison de nous traiter comme des criminels! » supplia-t-elle.

Les autres comprirent alors les intentions de Killian. Charlie semblait figée par la peur, et les deux amis appuyèrent Aileen.

« Elle a raison, ils ne faisaient que leur travail », tenta Hugo.

« Oui, s’il te plait! Ce n’est pas la bonne chose à faire. ce sera inutile! », opina Frédérique.

Killian s’était stoppé dans son élan, mais tenait toujours la lame de glace entre ses doigts aux jointures blanchies par la pression. Elle fondait peu à peu dans ses mains, coulant sur le visage de leur adversaire effrayé.

« Ne fais pas ça, ce n’est pas comme toi… » implora Aileen.

« Et qu’est-ce que tu sais de moi? » demanda Killian sans même lever la voix, d’un ton aussi froid que la neige.

Un malaise s’installa, ces propos réduisant néant leurs aventures précédentes. Simplement… pourquoi? La jeune femme fut blessée par cette simple phrase. Elle le croyait son ami, son camarade. Selon lui, ils étaient tous des inconnus. Aileen tenta d’ouvrir la bouche, mais rien ne sortit. Elle était simplement sans mots. Auparavant, toute sa vie se résumait à une maison, et rien d'autre. Maintenant, ce périple était toute sa vie. Les quatorze années qu’elle avait passées cloîtrée n’étaient presque rien comparées à ces récits.

« Mais… Je pensais que… »

Aileen ne formulait rien d’autre que des balbutiements confus. Seulement Charlie brisa l’ambiance en s’affirmant.

« Je comprends, mais à ce point, ce n’est pas humain. Tu lui as déjà donné une correction, il ne va pas parler », dit-elle d’un ton assuré en s’approchant doucement.

Killian soupira, reconnaissant cela à ses camarades. Il évapora sa lame de glace avant de contourner son ennemi au sol, qui semblait soulagé, même si ce dernier ne faisait aucun mouvement par crainte d'attiser la colère du groupe. Leur compagnon se mit alors à s’éloigner devant son quintette, qui resta en place, sans bouger.

« Vous venez? » demanda-t-il en s’arrêtant au milieu du chemin.

Aileen, aidée de son amie, se releva. Elle n’arrivait pas à poser son pied au sol sans ressentir une douleur intense, donc se mit à boiter, aidée de ses camarades, un de chaque côté. Le groupe, toujours plongé dans la malaise, se mit en route vers l’endroit où leurs compagnons les attendaient, guidés par Killian.

Le trajet ne fut guère long en termes de distance, mais le parcourir sans pouvoir poser l’un de ses pieds au sol était un véritable défi. La neige tombait toujours, et s’accumulait peu à peu au sol, rendant la progression encore plus complexe qu’elle ne l’était déjà.

Lorsqu’ils virent finalement le restant du groupe, patientant un peu plus loin, ils furent soulagés. Ce dit restant accouru pour découvrir leurs camarades bien amochés, ce qui les inquiéta.

« Oh, qu'est-ce qu’il est arrivé? » s’exclama Dahlia en les voyant.

« Les gardes nous ont reconnus, avec vous qui y étiez plus tôt, c'était suspect », expliqua Charlie.

« Vous allez bien? » demanda Lilith en voyant leurs nombreuses blessures.

Tandis que ses compagnons l'aidaient à s'asseoir sur un banc, Charlie conta ce qu’il s’était arrivé, taisant au silence le moment où Killian avait voulu tuer leurs adversaires pour les réduire au silence. Hildegarde l’examina de plus proche avant d’appuyer sur sa cheville, ce qui fit presque crier la jeune femme.

« Aouch! Pourquoi… » fit Aileen.

« Ta cheville est foulée, ça devrait prendre quelques semaines à guérir complètement. Pendant les prochains jours, c’est préférable que tu te reposes, mais après, commence à te réhabituer à marcher, ça aidera », présenta l'intéressée.

« Mais ils vont chercher des renforts et venir nous trouver. On n’a pas quelques semaines! » souligna Lloyd.

« C’est vrai. Pendant qu'ils se reposent, on devrait travailler sur l’artéfact », appuya Lilith.

Les autres opinèrent. La cuisinière fut cependant la seule à soulever un point important.

« Comment est-ce qu’on va vous soigner? » continua Dahlia, paniquée à la vue de ses camarades entaillés de partout.

« Je peux faire les premiers soins. Vu qu’on ne vient pas d’ici, je ne sais pas comment faire pour obtenir des soins dans une clinique, par exemple », expliqua Hildegarde.

« J’ai une idée, fit parvenir Kei, qui observait la scène. Elizabeth ne peut pas simplement les guérir? »

Tous se retournèrent vers l'intéressée, qui revêtait de son propre manteau, entaillé par bouts, qu’elle reconstituait avec une toile de temps.

« Je ne savais même pas que c'était possible! » s’exclama Hugo, étonné.

« Tu pensais que l’élément Temporis consistait à quoi? » pouffa Lloyd sous le regard embarrassé d’Hugo.

« Est-ce qu’elle peut retourner dans le passé pour effacer le combat? » demanda Dahlia, ne souhaitant que le bien de ses amis.

« Non, c’est interdit par la loi, et en plus, ça demanderait trop d’énergie », contredit Hildegarde.

« Mais Elizabeth, est-ce que tu peux essayer? »

L'intéressée soupira avant de se diriger vers les blessés. Elle tissa de manière bien dramatique, avec des mouvements exagérés. Après un instant, elle lança la toile sur l’énorme plaie béante au bras de Killian, qui se referma sur elle-même d’une manière un peu dégoûtante. Le guérit s’étira l'épaule en faisant des tourniquets, avant d’ajouter un petit remerciement.

« La cheville d’Aileen!» indiqua Dahlia en pointant la jeune femme immobilisée par son entorse.

Elizabeth se dirigea vers cette dernière pour recommencer sa manœuvre impressionnante. Aileen détourna le regard après avoir reconnu l’enchaînement de mouvements identiques à ceux de la dernière fois, signifiant qu’elle concluait sa toile.

La jeune femme sut le sortilège lancé lorsque sa cheville reprit vie, la douleur disparaissant, et, en ouvrant les yeux, sceptiques, elle remarqua que l’oedème avait disparu. Au toucher, tout semblait normal, ce qui rassura la jeune femme.

Aileen remercia sa salvatrice inattendue, et souligna sa fatigue apparente. Les blessures mineures pouvaient bien attendre.

« Ça doit être énergivore! » fit Dahlia en remarquant le même symptôme que son amie.

« Oui, ce l’est. Comme elle le disait, revenir en arrière est demandant au point que, comme énergie, ça prend nos années de vie », répondit Elizabeth avant de retourner dans le silence.

Aileen fut surprise par cette nouvelle. Jamais elle n’avait lu cela dans aucun de ses bouquins. C’était un fait bien effrayant, et un peu triste.

« Mais bon, on devrait travailler sur la recherche de l'artéfact, c’est bien pour cela qu’on est ici », dit Kei, rapportant le sujet sur leur objectif.

« Ah, oui. Voici le poème, fit Hildegarde en sortant le livre d’une de ses poches de manteau.

L’histoire est précieuse,

La clef du savoir,

La froideur si mystérieuse,

Pourtant jubilatoire », scanda-t-elle, laissant tout le groupe plongé dans une réflexion sur le sujet.

Aileen chercha dans son esprit ce que pourrait être la nature de l'artefact qu’ils recherchaient. Encore une fois, c’était un exercice difficile, durant lequel il fallait faire recours à son imagination, la sienne semblant sans limites. Louanger ainsi l’histoire était un indice potentiel. Serait-ce un livre? Un objet significatif lui-même? La clef du savoir… cela devait être un livre historique! Cependant, les deux autres versets laissaient la jeune femme dubitative : la froideur de quoi? Ce n’était sûrement qu’un indice pour guider les aventuriers vers la nation Glacies. Finalement, jubilatoire était la partie la plus floue, étrange. Peu importe, mieux valait commencer par partager ces idées.

« Ça doit être un livre historique », formula Aileen, cherchant un peu de rétroaction.

« Hum, peut-être », fit Hildegarde, sceptique.

« Et si c'était de la neige? » proposa Hugo.

« Quoi? Mais ça n’aurait aucun sens! » s’exclama son ami avant de faire les liens.

« C’est impossible. Rappelez-vous la dernière fois, l'artéfact émanait du pouvoir élémentaire, et la neige n’est que de la neige », infirma Kei, prouvant un point.

« J’avoue… Killian, est-ce qu’il y aurait un endroit où la neige serait… différente? » questionna Hugo, souhaitant avoir trouvé la réponse.

Ce dernier réfléchit un instant, en y allant par élimination dans ses pensées, puis sembla avoir mis le doigt sur quelque chose, car il ouvrit la bouche.

« Il y aurait la statue du Fondateur de la ville, Laurent Hawthorne le Stoïque », proposa le jeune homme.

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Tous se jetèrent un regard pour confirmer, car mieux valait essayer. Killian, voyant que tous attendaient d’y être guidé, leur montra la voie, progressant toujours de son pas rapide. Aileen n’avait plus de peine à le suivre maintenant que sa cheville était guérie, grâce à Elizabeth.

Le périple vers la fameuse statue fut long, le groupe tournant coin de rue après coin de rue, allée après allée, jusqu'à tomber sur ce qui semblait être la Grande Place. L’endroit était plus ou moins bondé : en tout cas, il y avait du monde. Toute la ville était organisée méthodiquement, les rues formant des blocs en quadrilatère, aucun espace à l’exception de rares parcs ici et là, ce qui donnait au large espace vide, quoique imposant, un peu de mérite. Les bâtiments chic étaient éloignés, séparés par des rues de la place, à l’exception d’un seul édifice, principalement à l’origine de l’ambiance imposante. Les bâtisses avaient environ la même taille chacune, et un modèle bien similaire, ce qui expliquait pourquoi s’était simple de ce perdre dans la cité. Ce fait donnait plus de spectacle en regardant l’endroit digne d’un palais. L’architecture glaciesse à son pic : entre les piliers ornés de scènes historiques, l’énorme horloge, la taille, étant le double ou le triple de celle des maisons aux alentours, sans oublier les fenêtres ornées de vitraux, c’était magnifique, une véritable œuvre d’art.

La place souffrait de sa popularité, quoique ses dalles épaisses et tarabiscotées, et l’animation générale lui donnait son propre charme. Une fontaine ornait son milieu, entourée de bancs et de formes gravées sur ses rebords, prônant une statue d’un homme dans la quarantaine, tenant à la main le livre sacré, et à l’autre, une toile magnifiquement réalisée par l’artiste sculpteur. Laurent Hawthorne était vêtu simplement, d’une élégante toge aux complexes coutures, agrémentée d’un jabot aux couches riches, orné d’accessoires certainement métalliques, d’une paire de pantalons en tailleurs, et de chaussures à l’allure chic, quoiqu’elles étaient plongées dans l’eau de la fontaine et lavées par le temps. En réalité, ce n’était pas de l’eau, dans cette fontaine. En y regardant plus attentivement, c’était de la neige : cette fameuse substance pour laquelle ils avaient fait le voyage. Aileen n’était pas la seule à avoir remarqué ce détail, car quelqu’un d’autre prit la parole pour mentionner ce fait.

« C’est de la neige…» souligna Hildegarde, fascinée.

« Oui, c’est de cela que je parlais. Seulement : ce monument est très vénéré par le peuple, donc le simple fait d’y toucher serait mal vu, alors prendre de cette neige éternelle serait un blasphème », expliqua Killian, démontrant son affirmation par les habitants faisant des prières.

Aileen avait entendu parler de personnes croyant que jeter des pièces dans une fontaine porterait chance, mais ici, ce n’était point des pièces qu’ils jetaient, plutôt des toiles de l’élément Lanula. C’était intéressant, car la jeune femme s’était toujours questionnée sur les autre mœurs et coutumes que les siennes, déjà réduites par son passé cloîtré.

Le groupe choisit cependant de s’y rendre pour vérifier la précédente théorie du noble, celle consistant à vérifier l’aura de l’objet afin de connaître sa vraie nature. Ils se faufilèrent entre quelques personnes, et se frayèrent un chemin jusqu’au monument populaire. En s’y approchant, la jeune femme comprit la cause de l’agitation générale : la fontaine avait cette aura de puissance.

« Ça doit être ça, c’est obligé », déclara Frédérique lorsqu’ils furent suffisamment près pour la ressentir.

Aileen ressentait le même effet qu’avec la petite valise contenant les cendres. Il y avait une force l’obligeant presque à se prosterner, ou la repoussant des lieux. L’énergie Lanula pure émanait de cette fontaine, il était clair que l'artéfact s'y trouvait.

Lorsqu’ils furent face au monument, il était indéniable qu’ils avaient eu raison. Cependant, comme l’avait dit Killian, ce serait complexe de voler un peu de son contenu,surtout avec tous ses regards rivés sur la fontaine. Encore une fois, ils ne pouvaient pas improviser.

« Euh… Qu'est-ce qu’on fait? » demanda Dahlia.

« Je pense qu’on devrait s’éloigner un peu pour voir, car, vous voyez », répliqua Aileen en se fondant déjà dans la foule plus ou moins dense.

Le groupe se dirigea dans la même direction que la jeune femme pour discuter à l’abri de regards indiscrets. La Grande Place était bondée vers le centre, mais plus diluée sur les rebords, c’est donc sur un banc et aux alentours qu’ils se posèrent pour converser de leur plan d’action.

« En général, ce n’est pas aussi plein, ça doit être à cause du Bal de Neige qui s’en vient », indiqua Killian en s’asseyant sur le banc.

« Alors on ne risque pas de voir l’endroit vide », remarqua Hildegarde.

Aileen acquiesça, à la fois reconnaissante de pouvoir potentiellement participer aux festivités, mais déçue pour leur mission cruciale.

« Alors on fait quoi, on attend la nuit? » demanda Frederique

« Il y a souvent du monde qui viennent allumer leur chandelles ici, car il y en a une nouvelle par jour, qui brûlent jusqu’à la fête », présenta le glaciand.

« Ah, bon », soupira Aileen.

« On pourrait faire une distraction, sinon », suggéra Dahlia.

« Bonne idée! Mais quoi, précisément? Et qui prendrait l’artéfact? » soupesa Charlie.

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« Je peux le faire. J’imagine aussi que c’est mieux d'être seul pour moins se faire remarquer », affirma Lloyd.

« C’est quand même un travail risqué, tu sais? On n’a aucune idée de ce qui pourrait arriver à la personne qui touche la neige », fit Charlie, voulant s’assurer qu’il soit au courant de ce dans quoi il s'engageait.

« Oui, mais bon, il manque un peu d’action », répliqua le jumeau.

« Et comment tu vas prendre l'artéfact? Dans tes mains, comme ça? » pointa Hugo, incertain.

« C’est vrai que ça pourrait être un problème, surtout si elle fond », confirma Kei.

« Elle ne peut pas fondre, elle est ainsi à l'année longue. De plus, si c'est un artéfact, ça ne risque pas d’arriver.

« Je peux juste en prendre avec ma tuque », proposa alors Lloyd en enlevant son chapeau pour découvrir ses cheveux châtains en broussaille.

« Ah, pourquoi pas », fit Hildegards.

« Sinon, pour la distraction… On pourrait faire un genre de spectacle de magie », suggéra Aileen, redirigeant la conversation.

« Ce serait mieux une bataille, car les gens auraient peut et parteraient », proposa Frédérique, surprenant tout le monde mais soulevant un point important.

« S’ils ne sont pas intéressés, ils ne vont pas regarder, c’est vrai. Par contre, ça ne devrait pas prendre dix minutes pour prendre un peu de neige de la fontaine », expliqua Hildegarde.

« On pourrait mélanger les deux. Un combat de magie », tenta Dahlia.

Le groupe réfléchit un instant aux suggestions avant de mettre le doigt sur la dernière. Il restait une dernière action à planifier : leur fuite.

« Alors, qu'est-ce qu’on fait quand Lloyd aura pris la neige? Je veux dire, ce serait étrange que deux adversaires repartent ensemble, non? » souligna Frédérique.

« On peut juste se faire un point de rencontre et on prend des chemins différents pour s’y retrouver », tenta Hugo.

« Oui, mais seul Killian sait bien se repérer ici », contredit Dahlia.

« J’ai un peu mémorisé le chemin jusqu’ici, je serais capable de revenir à notre dernier point de rencontre », affirma Aileen.

« C’est bien, mais tu n’as pas de pouvoirs, donc pour combattre avec de la magie… » fit Charlie, désolée.

« Elle peut juste se mettre en groupe avec l’un des combattants sans s’impliquer dans le combat. Killian peut être dans l’autre, et je vais accompagner Lloyd, car j’ai fait comme Aileen », s’imposa Hildegarde.

« Alors je pense que c’est bon », fit Hugo.

« Et les équipes? »

« Je peux nous rendre invisibles », proposa Charlie, se joignant à l’équipe s'occupant de l'artéfact.

« Pourquoi on ne fait pas juste ça? » questionna Frédérique, se rappelant des pouvoirs de l’artiste.

« C’est difficile de traverser la foule en étant invisible. De plus, certains remarqueraient l’aura de magie si on volait », expliqua Hildegarde, ne souhaitant prendre aucun risque.

« J’aimerais bien me battre », déclara Hugo, suivi de son ami.

« Vous pourrez vous battre en équipe. Je serais du côté adverse, j’imagine », affirma Dahlia, souhaitant également démontrer ses capacités de combat.

« Je peux y aller aussi pour égaliser », suggéra Killian.

« Il n’y a pas des gens qui vont te reconnaître? » pointa Hildegarde.

« C’est un pays, pas un village.»

« Ok, alors. Pour ne pas s’éterniser, je vais choisir le reste : Aileen, Hugo, Frédérique et… Lilith. Dahlia, Killian, Kei et Elizabeth en deuxième. Pour terminer, nous trois », ordonna la guerrière en indiquant comme troisième groupe elle ainsi que la femme Tenebris et le jumeau.

Tous opinèrent, trop impatients pour discuter plus en profondeur du plan. Le groupe d’Aileen et celui de Dahlia s’indiquèrent un endroit pour commencer la bataille : pas au milieu de la foule sans en être trop éloigné. Certains resteraient sur le côté, ce serait le cas d’Aileen, et observeraient la scène. Une explosion inoffensive suffirait pour attirer les regards au début.

Aileen ainsi que son équipe prirent place, tâchant d’avoir l’air naturel. Dahlia et son groupe firent de même, quoique, légère différence, ils provoqueraient l'altercation.

Hugo, accompagné de Frédérique étaient légèrement plus proches du côté opposé, ils reçurent de plein fouet une attaque, un voile confectionné par Dahlia et Killian. Bien évidemment, ce dernier était plus visuel que physique, avec son tourbillon coloré et gigantesque touchant à peine les joueurs de Grakkam. Les intéressés firent justement mine d’être furieux avant de répliquer eux-mêmes avec leur fameuse combinaison de lianes brûlantes. Elles furent gelées avant même d'atteindre Killian et Dahlia, mais furent suffisantes pour capter le regard du public, affichant une panoplie de réactions, allant d’outré à effrayé, en passant par excité.

« Qu'est-ce que vous nous voulez, hein? » cria Hugo d’un ton furibond.

« Qui est-ce que vous pensez être en agissant ainsi? » répliqua Dahlia d’un air provocateur.

Il répondit pas une bourrasque de flammes, déviées par un vent de la jeune femme. Aileen observait la scène d’un regard furieux, comme le faisait Lilith, qui agissait également comme si elle avait été provoquée, sans pour autant se battre aussi.

Killian envoya une pluie de petites fléchettes destinées à fondre au contact de leur adversaire, et furent bloquées par un mur de flammes. Aileen lança un regard vers la fontaine pour voir Hildegarde, confirmant que leur travail avait été fait. Il était maintenant temps de cesser la bagarre.

« Ne perdons pas notre temps avec eux, pesta-t-elle en mettant l'accent sur le dernier mot. Allez, venez, faisons quelque chose qui mérite plus notre attention que ces enflures.»

Hugo et Frédérique lancèrent des regards meurtriers à leurs adversaires avant de quitter vers l’endroit où ils étaient arrivés. L’autre groupe prit une direction opposée, mais se retrouverait au même endroit.

Lorsque la jeune femme eut tourné le premier coin de rue, elle s’assit sur un banc, où elle se laissa aller. Elle retenait ses rires depuis le début. Rapidement, Hugo et Frédérique la rejoignirent, et étonnamment, Lilith pouffa.

« C’était tellement gênant! » s’exclama Aileen, souhaitant de tout son être oublier sa réplique de la fin.

« Oh, oui, qu'est que c’était que ça? » grimaça Hugo, peinant à respirer.

Ils furent surpris en flagrant délit par le groupe de l'artéfact, qui empruntaient le même chemin.

« La foule semblait confuse, mais est passée à autre chose. Ils ne nous ont pas remarqué », expliqua Charlie.

« Bien… » déclara Aileen en reprenant son souffle.

« Je pense qu’on peut continuer, les autres doivent déjà y être. C’était long de traverser la foule », affirma Hildegarde, devant les autres qui se relevèrent.

La tricoteuse et la guerrière guidèrent les autres entre les rues magnifiques dans un trajet peu exigeant. Après quelque temps de marche, ils furent arrivés au point de rencontre où patientaient déjà les autres.

« Ah, bonjour!» s’exclama Dahlia en les voyant arriver.

Le groupe se salua, ce qui ne fut bien long, avant d’aborder le sujet de leur quête, leur mission.

« Alors vous avez réussi à prendre l'artéfact? » demanda Killian, cherchant des yeux quelqu’un pour lui répondre.

« Oui, fit Hildegarde. Ce n’était pas très compliqué.»

« C’est bien. Est-ce que vous vous êtes blessés? » interrogea Dahlia, pour vérifier.

Ses collègues firent non de la tête, et elle en fut soulagée.

« L’opération était un succès! » s’exclama Hugo, heureux.

« C’était quelque chose… » fit Dahlia en conclusion.

« Au moins on a l’artéfact », répondit Kei.

Lloyd prit son bonnet, censé contenir un peu de neige.

« Euhm, parlant de ça… »

Il brandit son chapeau, qui était vide.