« Alors… C’était inutile, à ce que je vois », formula Aileen, brisant le silence abasourdi s’étant installé.
« Je ne sais pas ce qui est arrivé, ma tuque n’est pas mouillée, et je n'ai clairement rien fait tomber. De toute manière, quand on s’est éloignés, l’aura de puissance a disparu », affirma Lloyd.
« Tu es en train de dire que la statue est l’artéfact?! » s’étonna Frédérique.
« Sinon, tout le contenu de la fontaine serait l’artéfact, et ce serait pour cela que la partie aurait disparu », tenta Lilith.
« Ça doit simplement être le sortilège jeté sur la fontaine pour qu’elle continue de fonctionner beau temps mauvais temps, et au gré des années », suggéra Hildegarde, fournissant l'explication la plus plausible.
« Alors on fait quoi, maintenant? » demanda Dahlia.
Aileen réfléchit un instant, tout comme le firent ses camarades. La neige restait une bonne piste, malgré le fait qu’elle soit bien étrange.
« Et si quelqu’un aux alentours de la Grande Place avait l’artéfact sur lui? » proposa Kei.
« Bonne théorie, mais on devrait commencer par chercher des indices sur la nature de l’objet lui-même », fit Hildegarde.
« Où est-ce qu’on pourrait chercher? » questionna Hugo.
« Il y aurait encore dans les librairies, mais il faudrait sûrement payer », pointa Dahlia.
« Ici, les livres sont gratuits. Payés par le gouvernement », infirma Killian, présentant un fait inattendu au groupe.
« Vraiment? Et comment ça fonctionne? » questionna Aileen par curiosité, étonnée de ne pas en avoir entendu parler avant.
« Avec les taxes et les dons des mécènes. C’est un peu comme s’il n’y avait pas de librairies, en fait. Seulement des bibliothèques. Pareil pour l’éducation, tout payé, à l’exception des études spécialisées. Les taxes sont plus élevées en conséquence, bien sûr. C’est pour cela que les manteaux coûtaient tant, du moins en partie »,
« Intéressant, mais on devrait revenir aux recherches. Peut-être un musée, ou quelque chose. En fait, tu devrais être celui avec le plus d’idées pour cela »
« C’est vrai. Le musée de l’histoire glaciande pourrait être une bonne destination, tout comme l’une des bibliothèques. Après, il y a toujours les lieux de culte, mais je ne suis pas certain que ce soit la meilleure option. Il y aurait toujours l’option d’interroger les passants, mais je doute qu’ils en sachent plus que moi, quoique nous ne savons jamais », présenta-t-il.
« On devrait encore se séparer en quelques groupes, ce sera plus rapide », proposa Dahlia.
« Et il y a toujours les gardes. Nous avons toujours été supérieurs en nombre face à eux, donc ce serait préférable de ne pas trop se diviser », contredit Lilith.
« Bon point. Ils savent que nous sommes ici, et pourraient appeler des renforts. Pourtant, c’est plus compliqué de se déplacer à onze, alors deux groupes serait idéal. Tenez, au hasard, Frédérique, Kei, les jumeaux et moi ensemble », ordonna Hildegarde.
« D’accord! Est-ce qu’on pourrait aller au musée? » demanda Dahlia, supportée par ses deux amies.
Killian haussa des épaules, mais ce fut Hildegarde qui approuva, clamant qu’une bibliothèque ne devrait pas être bien difficile à trouver avant de configurer ce lieu comme leur point de rencontre, encore une fois.
Killian leur indiqua la direction à suivre, alors que leurs coéquipiers, qui rechercheraient dans les bibliothèques, prennaient une tout autre voie. La neige avait cessé de tomber en gracieux petits flocons depuis un moment, laissant la place à Vitreas, formant des jeux fascinants d’ombre et de lumière avec la forme des bâtiments. Les réflections sur les nombreuses fenêtres, sans oublier l’éclat direct de leur astre diurne ajoutaient tant de personnalité au quartier pouvant paraître monotone aux yeux des habituées, mais c’était tout le contraire pour la jeune femme, qui ne s’était toujours pas habituée à l’extérieur, si… impressionnant. Contrairement à avant, où elle régnait dans son monde, elle se sentait comme une poussière sur une surface à peine visible, n’impactant nullement la grandeur du paysage.
La neige., ornant des toits comme des pâtisseries de glaçage, et le sol d’une couche tapée reflétait la lumière de ses milliers de petits cristaux de glace, si attrayants aux yeux de la tricoteuse. Cette substance douce à l'œil dt si aggressante au toucher, lui rappelait certains de ses tissus qu’elle tissait de temps en temps. Si seulement elle pouvait faire de même avec un fil magique…
« On y est », fit Killian, présentant un édifice quelque peu hétéroclite dans ce paysage droit, répétitif, charmant.
Il détonnait quelque peu, sans pour autant ruiner l’ambiance organisée et calme. Même si ce ne fut que maintenant, Aileen remarqua à quel point la cité était calme comparée aux deux précédentes.
Le groupe se dirgea vers l’entrée, donc la jeune femme s’empressa de les reattraper, cessant de s’émerveiller devant ce paysage leur semblant si peu grandiose. C’était l’un des points sur lesquels elle ne les comprenait pas. Comment ne pouvaient-ils pas voir la beauté dans de telles choses? Ces piques de glace, pendant sur les rebords des toits, un petit chat, se frayant un chemin entre les buttes de neige, cette substance lui collant au poil.
L’homme à l’entrée réquisitionna une signature de la part d’un des membres du groupe, ce que le jeune homme fit. Il les laissa passer d’un sourire chaleureux, que la tricoteuse renvoya.
L’entrée menait à un long couloir au sol damé, avec des statues ornant l’un des côtés. De l’autre figuraient des fenêtres, donnant sur une cour intérieure à l’apparence apaisante. La plafond en arches de roches s’agençait particulièrement avec les statues de la même matière, chacune représentant un mécène au cours de l’histoire de l’endroit. Les sommes affichées sous les noms étaient astronomiques, alors la jeune femme ne douta plus de la raison pour laquelle ils avaient tous des statues à leur effigie.
« Je n’étais pas venu ici avant, mais je doute que l’on trouve l’artéfact ici », souligna Killian, voyant ses camarades ralentir à la vue de ces magnifiques lieux.
Ils se résolurent à le suivre, laissant derrière eux l’ambiance royale pour passer à une pièce exposant une ère d’art, malheureusement révolue. Ils n’avaient guère le temps de s’y attarder, surtout que l’artéfact ne semblait pas être dans la pièce, mais ces œuvres étaient remarquables. La plupart représentaient des scènes religieuses, qu’Aileen se faisait un plaisir de reconnaître. Elle fut tirée de sa torpeur par Charlie, la ramenant à l’ordre, tout en la rassurant.
« Ne t’inquiètes pas, il y en a plus à Nebris », murmura-t-elle, ce qui convainquit Aileen de quitter son poste devant une peinture représentant fidèlement l’image qu’elle se faisait de sa scène favorite du livre sacrée, celle où les humains se faisaient sauver des décombres pas Isaroth.
« Il y a plus intéressant pas là-bas », indiqua Hugo, pointant une ouverture dans le mur.
Celle-ci menait à une pièce remplie de montres et d’horloges en tout genre. Entre les bagues aux énormes mécanismes complexes, en passant par une étrange machine constituée d’une bille roulant sur un trajet, qu’elle terminait à chaque minute, tout était détaillé par une pancarte aux descriptions étonnamment précises. Aileen voyait bien que cette nation tenait à l'éducation par le fait que les autres visiteurs prenaient tout leur temps pour les lire. Étant donné la taille du musée, et celle des pancartes, il était peu probable que ces personnes terminent leur visite en un jour.
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« Wow, c’est quelque chose… » laissa échapper Charlie en regardant dans une lunette agrandissante une montre centenaire si minuscule, pourtant si détaillée. Des fleurs riches en couleurs ornaient ses rebords, et, sur le cadran en étaient gravées d’autres.
« Oui, je me demande comment l’artisan a fait ça », commenta la tricoteuse.
« Je pense qu’on peut passer à la prochaine section », proposa Dahlia, pas autant intéressée aux montres et à l’histoire que ses camarades, les ramenant en même temps sur le chemin vers leur objectif.
À contrecoeur, ils passèrent à la prochaine salle, ou quelque chose d’aussi impressionnant se trouvait, quoiqu'il le fut d’une autre manière. Devant eux se dressaient des mannequins, mettant de l’avant diverses tenues militaires, et de multiples maquettes présentant de vieilles tactiques de guerre, utilisée lors du dernier conflit où ils s’en étaient rendus aux mains. Aileen resta impressionnée devant l’ingéniosité démontrée par les maquettes, d’autant plus qu’elle savait maintenant qu’elles avaient évoluées en quelque chose de pire. Elle prit son temps pour essayer de comprendre chacunes d’entres elles, mais lorsque la tricoteuse fut rendue à la sixième, quelqu’un l’interrompit.
« Ce ne sera pas ici », déclara Killian après avoir fait un rapide tour de la salle.
« Oh, on part déjà! » fit Dahlia, déçue.
« Je rappelle qu’on est pas ici pour faire la visite », clarifia Killian.
Le groupe fut obligé de lui donner raison, et ils passèrent à la prochaine salle, encore une fois. Contrairement aux autres, celle-ci était bien plus vaste. Elle présentait la faune et la flore glaciande, ce qui fascina la jeune femme, ainsi que ses camarades, à l’exception de Killian, qui resta de marbre devant toutes ces maquettes taille nature.
« Oh, c’est trop bien fait! » s’écria Dahlia en collant son nez à une vitrine montrant une petite zone d’un parc enneigé avec plusieurs représentation des espèces d’oiseaux hivernaux, qui ne migraient guère lors de la venue des nuages pleurant des cristaux.
« Allons à la prochaine salle », répliqua Killian, nullement intéressé par cette exposition.
« Rabat-joie!» s’exclama la cuisinière en affichant un air exagérément offensé, tout en lui assénant un coup amical, mais plein de reproches au bras.
« Bon, si vous y tenez tant » se résolut-il d’un soupir.
Le groupe sauta presque de joie avant de continuer leurs observations. Ils passaient d’une vitrine montrant la différence dans les pelages des écureuils glaciands selon les saisons à un autre démontrant des chevreuils, décrivant leurs mode de vie dans les régions plus éloignées de la ville principale de Glacies.
« J’avais oublié qu’il n’y avait pas seulement les onze nations comme villes », se plaignit Aileen, honteuse.
« Oui, il y a d’autres petites villes autour. Généralement, c’est plus des environnements de campagne, qui exploitent parfois des champs, ou des fermes. C’est plus petit, aussi, mais les artéfacts ne risquent pas de s’y trouver », expliqua Charlie, rafraîchissant la mémoire de son amie.
Aileen hocha de la tête avant de reporter son attention sur l’exposition. Ils auraient bientôt fait le tour de la salle, car il ne restait que deux mises en scènes à voir et comprendre.
Ce ne fut donc pas bien long avant qu’ils ne se rendent dans la salle suivante. Cette fois-ci, elle n’était pas superflue. En effet, elle abordait le sujet de la religion, qui était directement en lien avec ce que le petit groupe recherchait. Aileen s’élança vers un petit présentoir pour tenter d’en tirer le plus d’informations possible. Celui-ci affichait d’importants objets, illustres d’une abbaye centenaire. Sur une affiche était conté son parcours ainsi que ses mœurs, bien particuliers. Rien, cependant, ne lui sauta aux yeux par rapport à son objectif.
Elle passa donc à la prochaine vitrine, mais elle semblait déjà occupée par Dahlia. Ses camarades cherchaient tout autant qu’elle l’artéfact dans la pièce, alors la jeune femme choisit de passer vers la plus imposante des vitrines, étonnament non traitée par ses collègues. Visiblement, elle chantait des louanges à leur fondateur, Laurent Hawthorne. Ce dernier était peint sur plusieurs surfaces, contant son honorable parcours en tant que l’un des grands Fondateurs.
Bien évidemment, c’était ce qui, pour ce qu’elle avait vu, avait le plus de lien avec l’artéfact sacré qu'ils recherchaient, alors Aileen se lança dans la lecture. La première petite affiche parlait de sa responsabilité et de son calme lors de l’apocalypse, bien que ce fut flou. La seconde sembla aborder des sujets plus pertinents, tels que l’attribution des responsabilités et la nomination au pouvoir, avec, bien évidemment, la conception de Glacies selon ses idéaux. Aileen fut heureuse de déceler une phrase abordant l’artéfact dans la troisième pancarte, bien qu’elle ne fut bien utile. C’était tout de même un bon début.
« L’artéfact sacré glaciand fut alors choisi par Laurent Hawthorne, le Stoïque, en collaboration avec le vénérable et tout puissant Isaroth, et fut infusé par le pouvoir brut et pur de nos deux grands modèles et guides », scanda Aileen à l’intention de ses amis, non bien loin d’elle.
Ces derniers se retournèrent, quittant leurs propres recherches, pour voir ce sur quoi la tricoteuse avait mis le doigt. Ils furent légèrement déçus en lisant la même phrase, accompagnée de rien d’autre en lien avec leur but.
« Oh… » fit Charlie d’un ton désolé.
« On devrait continuer nos recherches, alors », suggéra Dahlia d’un air déterminé.
« Non, ce serait plus simple de demander à un employé », répliqua Killian en pointant une femme, avec une rosette, indiquant un chemin à un visiteur perdu.
« Mais pourquoi tu ne nous l’as pas dit plus tôt! » s’exclama Hugo, découragé.
Killian se détourna de ses collègues pour cacher un sourire se formant sur ses lèvres. Il sembla hésiter un instant avant de répondre d’un murmure inaudible.
« Quoi? » fit Dahlia, n’ayant rien entendu à ces chuchotements.
« Rien », répondit l’intéressé, s’éloignant déjà.
Ses camarades, déçus, s’échangèrent des regards de confusion avant de rattraper leur compagnon les ayant devancés.
« Bonjour Madame, nous cherchons des… détails sur les artéfacts. Nous n’avons rien trouvé d’assez profond pour notre rechercher dans cette exposition, mais peut-être qu’il y en aurait une autre, ou peut-être auriez-vous des renseignements », demanda Killian.
« Pourquoi voudriez-vous en savoir plus sur les artéfacts? Il y a le texte dans le livre sacré, mais… » interrogea la dame, suspicieuse.
« Eh bien, nous voulons confirmer ou infirmer la théorie selon laquelle les artéfacts confèrent des pouvoirs pour un projet scolaire », s’empressa d’expliquer Charlie.
« Je vois… Laissez-moi un instant, je vous prie », répondit-elle avant de s’éclipser.
Aileen ainsi que ses camarades patientèrent un instant, silencieux. La jeune femme lisait ce qu’il y avait autour, malgré le fait que rien ne l’intéressait vraiment. Quelques minutes s’écoulèrent sans que personne ne bouge. Dahlia brisa pourtant le silence par un question lui ayant trotté dans la tête pour toute la durée de leur conversation avec l’employée.
« Killian, pourquoi tu ne nous avait pas proposé de demander à un employé avant? Tu n’y avais pas pensé avant, ou quoi? »
« Non, ce n’est rien d’important. De toute manière, elle revient », détourna-t-il en pointant l’arche franchie par l’employée.
La femme, qui avait prit quelques minutes avant de les rejoindre, ne tenait rien dans ses mains, ce qui signifiait que ses recherches, si elles avaient été faites dans les archives du musée, n’avaient pas porté fruit.
« Bonjour, veuillez me suivre », leur dit-elle en montrant la voie par son bras gauche.
Le groupe suivit la femme dans le direction indiquée. Le trajet ne fut pas bien long avant qu’elle résume quelques informations qu’elle possédait sur le sujet.
« Pour tout vous dire, nous n’avons pas grandes information là-dessus, mais je peux vous assurer que l’artéfact est très puissant, il produit une sorte d’aura. C’est un objet auquel tenait sûrement d’une quelconque manière notre Fondateur. Si vous voulez mon opinion, ce doit être personnel. Je ne sais pas grand chose sur ceux des autres nations, mais ça doit être similaire », présenta la femme tout en les guidant au travers le musée.
Lorsqu’ils firent face à une lourde porte, la dame l’ouvrit, les priant de s’avancer avant elle. Aileen franchit l’embrasure pour se retrouver dehors, ce qui l’étonna. Ses camarades eurent une réaction similaire avant de chercher le regard de l’employée pour plus d’explications. Cette dernière leur répondit par quelques mots.
« Je suis désolée, j'étais obligée. Ils avaient une description à laquelle vous correspondiez, et… » expliqua-t-elle d’un air désolé avant de leur fermer la porte au nez.
À cet instant sortirent les gardes qu’ils avaient combattus avant. Ils étaient plus nombreux que la dernière fois, cinq. Eux, de leur bord, étaient moins nombreux. Lorsque leurs opposants dégainèrent leurs lames, Aileen sut que la situation s’annonçait mal. Très mal.