Fidèle à ses habitudes, Esh était en retard. Il avait beau avoir mûri, certains défauts étaient aussi difficiles à faire disparaître que les boutons poussant épisodiquement sur son front.

Aurait-ce était une journée ordinaire, cela n’aurait pas été bien grave, mais c’était le jour des évaluations semestrielles du collège. Journée extrêmement importante, ayant un rôle majeur dans la quantité de ressources distribuées à chaque élève.

Ces ressources avaient commencé à leur être distribuées lors du second semestre de première année, juste après son premier tournoi de l’Équilibre, alors que le collège venait à peine de découvrir qu’il cultivait les deux facettes de la cultivation.

Le rectorat avait d’abord rechigné à continuer d’investir des ressources dans un élève considéré comme une cause perdue d’avance, car bien que le collège d’Eden ait fusionné avec celui d’Anohi, augmentant ainsi la quantité de manuels de cultivation à la disposition des élèves, il ne possédait toujours pas de manuel de double cultivation et Esh ne pouvait révéler en posséder un de son conté, sous peine d’attirer l’ire de la Guilde des Marchands, d’où Nééman lui avait révélé l’avoir volé.

Il avait dû passer devant un comité décisionnel, acceptant au final de ne pas le renvoyer, principalement grâce à l’intervention de son père et à sa contribution pendant le tournoi, après lequel il avait également offert au collège la technique de la marche céleste, se faisant ainsi allouer une pilule spirituelle par semaine, et trois heures par jour dans les chambres d’entraînement du collège. Ces chambres contenaient des formations permettant de cultiver plus facilement, ainsi que des projections de lois élémentaires, permettant de mieux les comprendre.

Il existait également des chambres aux fonctions plus complexes, mais elles étaient réservées aux années supérieures, poussant Esh à nourrir beaucoup d’attente envers la distribution semestrielle de cette année, car même si la consommation de pilules spirituelles était bien plus efficace que l’absorption d’énergie spirituelle ambiante pour cultiver, il possédait toujours le noyau de Pisga à l’intérieur de lui, encore loin de lui avoir délivré toute l’énergie qu’il contenait.

Quant à la cultivation physique, bien qu’absorber de l’énergie spirituelle soit légèrement utile, consommer de la viande spirituelle l’était bien plus. Il existait également des pilules spécialisées pour les Physiciens, mais elles coûtaient très cher à produire, et n’étaient distribuées qu’aux troisièmes années.

Sa priorité était donc d’obtenir le plus de temps possible dans les chambres d’entraînement, afin d’améliorer sa compréhension des lois. Il avait même entendu dire que, cette année, une chambre de gravité augmentée, permettant d’améliorer le physique serait mise à leur disposition.

Ces gains possibles en tête et avec toute la vitesse dont il était capable, il parvint à rentrer au collège juste avant que la grille gigantesque et parsemée de piques ne se ferme, atteignant la salle d’examen en une poignée de seconde.

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La plupart des élèves étaient déjà assis. Heureusement, Tivite, responsable des examens de cette année, n’avait pas encore pris la parole et se contenta de lui lancer un regard de réprimande en lui faisant signe de s’asseoir avec les autres. Les règles de l’examen furent données : chaque élève passera individuellement devant cinq spécialistes jugeant leurs capacités.

Sa première épreuve fut devant Tivite. Elle testa d’abord son niveau de cultivation spirituelle à l’aide d’une pierre dans laquelle il fallait insuffler le plus d’énergie possible.

̶ Tu as parcouru 21 pourcent du premier Pas. C’est bien au-dessus de la moyenne. Mais sache que le record des secondes années au cours des dix dernières années est de 25 pourcent. Il te reste donc une marge de progrès, dit Tivite d’une voix monotone.

Esh acquiesça de la tête, sans oser répliquer qu’il voyait difficilement comment il pourrait avancer plus vite, alors qu’il devait également cultiver son physique en même temps, tout en faisant attention à ne pas exploser de l’intérieur à cause d’un déséquilibre entre les deux facettes.

Depuis la bataille contre les bandits, la personnalité enjouée et positive de Tivite avait radicalement changée. Son fils unique avait péri durant les combats contre les bandits. Dès lors, la professeure était devenue froide et distante, n’hésitant plus une seconde à réprimander les élèves, ayant appris à la craindre encore davantage que les sautes d’humeur de Kitour.

S’en suivit l’évaluation de compréhension des lois. Parmi les concepts de la loi du feu, il maîtrisait désormais le concept de dévorement du feu, en plus des concepts de chaleur et de mouvement. Cela lui permettait de se servir de l’air environnant pour maintenir ses flammes sans se servir uniquement d’énergie spirituelle. Son père lui avait même laissé entendre qu’à un certain niveau de maîtrise, le concept de dévorement permettait de nourrir les flammes avec d’autres matières, par exemple le corps de ses ennemis.

Sa compréhension des deux autres concepts avait également progressé, lui permettant de projeter des flammes à quinze mètres de distance sans qu’elles perdent de leur chaleur ou de leur taille. La température de ses flammes avait même grimpé à 450 degrés dans leur forme la plus concentrée, lui permettant d’allumer instantanément certains objets au simple touché du doigt.

Ses avancées avec les lois d’eau étaient encore plus impressionnantes : les rêves sur la vie de Pisga ne s’étaient pas arrêtés, lui donnant accès au concept de densité. Ses murs de glace étaient devenus assez résistants pour bloquer les coups de la majorité des autres élèves de seconde année, apportant une plus-value conséquente pour les combats physiques dans lesquels il s’était spécialisé.

La loi de la terre était celle où il avait fait le moins d’avancées, sûrement parce que les lions royaux y étaient naturellement doués. Pisga les avait davantage acquis instinctivement qu’en s’entraînant.

Il ne maîtrisait toujours que le concept de pousse et ne parvenait à l’utiliser que pour ralentir ses ennemis, essayant depuis plusieurs mois d’apprendre le concept de robustesse mais sans succès.

Encore une raison pour laquelle il me faut plus d’heures dans les chambres d'entraînement, se résolu Esh.

En le voyant démontrer ses lois, Tivite fit quelque chose qu’elle n’avait pas fait depuis plus d’un an : un compliment.

̶ Impressionnant !

Un élève de seconde année qui maîtrise trois lois à un tel niveau, c’est une première au sein du collège ! Je me demande comment tu as fait, ajoute-t-elle d’un regard scrutateur.

Il se contenta de hocher des épaules, pouvant difficilement lui révéler qu’il possédait une partie des souvenirs d’un lion royal ayant achevé le second Pas.

Il laissa place au candidat suivant avant de vérifier son prochain examinateur dont le nom le fit grimacer.

Que va-t-il bien pouvoir inventer comme bêtise cette fois ?

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