La vieille servante avançait à travers les couloirs silencieux du pavillon, son cœur battant à tout rompre. Son esprit était en proie à un tourbillon d’émotions contradictoires : soulagement, inquiétude, mais aussi une certaine appréhension. Après quinze longues années, Feng Lin s’était réveillé. C’était une bénédiction, mais aussi une source d’inquiétude.
Elle savait que son devoir était d’avertir immédiatement le patriarche. Le clan Feng avait connu des jours meilleurs, mais à présent, il n’était plus qu’une ombre de sa gloire passée. Elle longea les murs fissurés, passa devant des salles vides où jadis résonnaient les éclats de voix des disciples en pleine formation. Désormais, tout n’était que silence et abandon.
Arrivée devant l’aile réservée au patriarche, elle inspira profondément avant de frapper à la porte. Une voix grave et fatiguée lui permit d’entrer. À l’intérieur, un homme d’âge mûr, le regard sévère, se tenait assis sur un fauteuil usé. Son visage portait les marques des années de déclin qu’avait subi le clan.
— Que veux-tu ? demanda-t-il d’un ton las.
— Maître… c’est Feng Lin. Il s’est réveillé.
Le silence qui suivit fut glacial. Le patriarche releva lentement la tête, ses yeux s’illuminant d’une lueur complexe, entre espoir et doute.
— Tu es certaine ?
— Oui, Patriarche. Je l’ai vu de mes propres yeux.
L’homme resta silencieux un instant avant de se lever lentement. Il posa son regard sur la servante, cherchant à y déceler la moindre trace d’incertitude. Mais elle restait droite, convaincue de ce qu’elle avait vu.
— Bien… alors il est temps d’aller voir par nous-mêmes.
Sans plus attendre, il se dirigea vers la sortie, suivi de la servante. Le clan Feng allait peut-être connaître un tournant décisif.
Le patriarche fixa la vieille servante d’un regard perçant avant de prendre la parole d’un ton grave :
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— Va prévenir ma femme. Dis-lui que Feng Lin s’est réveillé. Elle saura quoi faire.
La servante hésita un instant, comme si elle voulait dire quelque chose, mais face à l’expression austère du patriarche, elle s’inclina rapidement.
— Oui, maître.
Sans perdre de temps, elle se retourna et quitta la pièce d’un pas pressé, se dirigeant vers les quartiers de la matriarche.
Le patriarche, quant à lui, resta immobile quelques secondes, plongé dans ses pensées. Son fils unique, plongé dans le coma depuis quinze longues années, venait enfin d’ouvrir les yeux. Mais quel genre d’homme serait-il devenu ?
Fronçant légèrement les sourcils, il tourna les talons et prit la direction de la chambre de Feng Lin.
La vieille servante traversa les longs couloirs délabrés du pavillon principal avec hâte. Ses pas résonnaient faiblement sur le sol de pierre, et son cœur battait la chamade. Après tant d’années, Feng Lin était enfin réveillé… mais était-ce vraiment une bonne nouvelle ?
Elle arriva devant une grande porte de bois sculpté, autrefois majestueuse, mais désormais marquée par le temps. Prenant une profonde inspiration, elle la poussa délicatement et entra.
À l’intérieur, la matriarche Feng était assise près d’une fenêtre, scrutant l’extérieur d’un air pensif. Son visage, autrefois éclatant de beauté, portait les marques du temps et des épreuves. Ses vêtements, bien que propres et soignés, n’avaient plus la splendeur d’antan. Lorsqu’elle entendit la porte s’ouvrir, elle tourna la tête lentement, son regard sévère se posant sur la servante agenouillée.
— Pourquoi viens-tu ainsi, en panique ? demanda-t-elle d’une voix calme, mais empreinte d’autorité.
La servante baissa la tête et répondit d’une voix tremblante :
— Madame… le jeune maître… Feng Lin… il… il s’est réveillé.
Le silence tomba lourdement dans la pièce. La matriarche resta figée un instant, son éventail de soie suspendu dans les airs. Son regard se durcit.
— Est-ce que tu es certaine ?
— Oui, madame ! Il était conscient, il m’a parlé, il… il m’a demandé de lui apporter de l’eau…
La matriarche referma son éventail d’un geste sec. Elle semblait perdue dans ses pensées, comme si elle cherchait à comprendre ce que cela signifiait.
— Quinze ans… murmura-t-elle. Quinze ans qu’il était plongé dans ce sommeil. Je croyais…
Elle s’interrompit. Son regard perçant se posa de nouveau sur la servante.
— Comment était-il ?
— Différent, madame, avoua la servante avec hésitation. Son regard… il était… froid. Pas comme avant. Et quand il m’a parlé… c’était étrange. Comme s’il…
— Comme s’il n’était plus le même, acheva la matriarche à voix basse.
La servante hocha timidement la tête.
— Madame… pensez-vous que… quelque chose lui soit arrivé ?
La matriarche ne répondit pas immédiatement. Elle se leva lentement et fit quelques pas dans la pièce, son regard perdu dans le vide.
— Tant d’années ont passé… s’il est réellement réveillé, alors nous devons voir de nos propres yeux ce qu’il est devenu.
Elle marqua une pause, puis ajouta d’un ton plus ferme :
— Prépare-moi une tenue convenable. Si mon fils est réellement revenu parmi nous, alors il est temps que je le rencontre.
La servante s’inclina profondément avant de quitter la pièce à toute vitesse, laissant la matriarche seule avec ses pensées. Une lueur indéchiffrable passa dans son regard.
- Feng Lin… après tout ce temps, quel genre d’homme es-tu devenu ?
Oui, pour elle, il était naturel qu’après tant d’années, Feng Lin ait changé. Il n’était plus l’enfant de cinq ans qu’elle avait connu. Même inconscient, son esprit avait dû évoluer, s’adapter à cette longue période de stase.
Mais au fond, elle ne pouvait s’empêcher de ressentir une certaine étrangeté. Il venait à peine de se réveiller, et pourtant, il ne semblait pas perdu ou déboussolé comme on pourrait s’y attendre. Son regard… Il était bien trop calme.