March jeta une dernière poignée de terre sur la tombe fraichement creusée puis il planta la pelle dans le sol.
— Repose en paix, dit-il calmement.
Saira le regardait, assise contre le tronc d’un pommier. Il avait insisté pour donner une sépulture à l’assassin. Il n’avait pas expliqué pourquoi cela était si important, mais Saira y vit une façon d’enterrer son propre passé.
Les femmes du refuge n’avaient pas besoin de tombe. Elles étaient déjà enterrées sous les décombres de la Tige d’or.
Saira savait que c’était sa faute. Elle n’aurait jamais dû revenir ici.
March s’approcha, il prit sa main dans la sienne et lui dit :
— Saira, ce qui est arrivé ici n’est pas ta faute.
C’était comme s’il savait, comme s’il pouvait voir les tourments qui l’habitaient. Elle serra sa main d’autant plus fort.
— L’homme qui nous a attaqués était contrôlé par le maitre, comme je l’ai été.
March lui avait parlé de ses rêves, des visions du passé qu’il avait eu en compagnie de la mère. Des sordides entrainements auquel il avait été sujet.
— Tu te souviens de qui il est?
— Pas avec certitude, mais l’assassin a confirmé un de mes soupçons. Il a dit que le maitre faisait partie du Mysterium et je ne vois qu’une personne qui a été avantagée par la mort du roi.
— Le Haut-Mysteriarch.
Saira soupira, elle savait ce que March s’apprêtait à dire. Et elle ne lui en voulait même pas. Il hésita, détournant le regard du sien, alors elle lui épargna le supplice.
— Tu dois le trouver, n’est-ce pas ?
— Oui, nous n’aurons pas de répit tant qu’il sera en vie… Je dois retourner à Caetobria.
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Elle lui caressa la joue et il plongea son regard dans le sien. Ses yeux gris avaient cette lueur qu’elle aurait aimé ne pas y trouver.
— Le sang a assez coulé March. Ton âme ne résistera pas à plus de violence.
Il ferma les yeux et une larme se forma dans le coin de son œil droit. Il le savait lui-même, il était au bord du gouffre, au bord de succomber de nouveau à la folie destructrice qui avait décimé le gang des Serpents Bruns.
— Promets-le-moi, March. Promets-moi que tu ne tueras plus. Tu trouveras un autre moyen.
— Mais…
— Promets-le.
Un instant de silence passa entre eux.
— Je te le promets, Saira. Je ne tuerais plus.
Elle lui sourit puis l’embrassa. C’était un long baiser, car elle savait que ce serait le dernier avant longtemps. Peut-être l’ultime toucher de leurs lèvres… Elle ne voulait pas penser au pire, sa vie avait trouvé un équilibre avec March et elle n’imaginait pas le perdre.
— Promets-moi aussi que peu importe ce qu’il se passe à Caetobria, tu me retrouveras.
Cette fois, il n’hésita pas.
— Je le promets aussi. Est-ce que tu as un endroit où tu seras en sécurité ?
— Oui. Lorsque tu auras quitté Caetobria, rejoint le cap du Soir, à Réginia. Là-bas, tu trouveras un pêcheur du nom d’Usbreck, il pourra te guider à une île se trouvant au sud-ouest du cap.
— Qu’est-ce qu’il y a sur cette île ?
— Les plus merveilleuses fleurs que je connaisse, dit-elle en souriant. J’ai l’habitude de m’y approvisionner régulièrement, je ne crains rien là-bas.
— Et ta jambe, comment va-t-elle ? demanda-t-il en inspectant sa peau brulée.
Après être sortie des flammes, elle avait demandé à March de lui cueillir des plantes médicinales qu’elle avait rapidement appliquées sur la plaie.
— C’est superficiel, l’onguent fait déjà effet. Ne t’inquiète pas pour moi, je sais me débrouiller, dit-elle avec un sourire en coin.
Il acquiesça et se leva.
— Bien, je t’accompagnerai jusqu’à la frontière de Reginia, ensuite je remonterai au nord vers Algrava.
— Comment comptes-tu t’y prendre ? Le Haut Mysteriarch est entouré de ses Exécuteurs à longueur de temps !
March sourit.
— Je connais quelqu’un qui peut m’aider.
Il l’aida à se relever puis ils reprirent la route, laissant les ruines de la Tige d’or derrière eux.