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Chapitre 5

Chapitre 5

Le lendemain, je me réveille tôt et je reprends une habitude que j’avais complètement perdue depuis mon arrivée ici, un bon footing. Je me suis laissé bercer par ce cadre sécurisé, mais je ne dois pas oublier que je ne suis qu’un petit noble ici et que le système privilégiera toujours les puissants. Il faut que je reste en forme pour répondre au duel à venir. Je fais ensuite quelques exercices d’assouplissement, avant de rentrer pour le petit déjeuner. Toute la journée, les autres élèves me regarde comme un futur perdant et j’ai l’impression d’être à leurs yeux, une vache qu’on va emmener à l’abattoir.

Le soir, après les cours, les devoirs et mon rapport quotidien auprès de la base de Lutèce, je vais sur le terrain d’entrainement. J’exécute différentes figures d’escrime, qui rendraient fiers mes anciens professeurs. Pendant les 5 années que j’ai passées dans la base du Larzac, l’escrime était un des cours les plus importants. J’utilise une épée en bois que j’ai emprunté à mon compatriote, Jean, le garde du premier jour. Je me suis renseigné sur lui et il se nomme Jean Latour mais sa vraie identité est Jean Rozenski. Il a trente-6 ans, célibataire et sans enfant, avec une cicatrice importante sur la joue gauche, il fait vraiment ancien garde expérimenté et c’est d’ailleurs sa couverture ici.

Le jour suivant, j’ai la surprise d’être rejoint par Nicolas qui me propose d’être mon partenaire d’entrainement. C’est gentil de sa part mais au bout d’une passe, je me rends compte qu’il n’a clairement pas le niveau, son escrime est médiocre et il tombe lourdement au sol, déséquilibré, après juste une passe. C’est à ce moment qu’un second invité surprise se manifeste, Emilia Lafroge, l’assistante de notre professeure principale. Elle m’indique d’un ton rempli d’amertume :

* J’ai entendu parler de ta situation via Dame Nobel et honnêtement, tu es complètement fou. Un de mes frères a affronté un membre de la famille Lonfole et il a perdu. Ce sont loin d’être des débutants et ils compensent leurs faibles aptitudes magiques par une bonne maitrise de l’épée.

Je hoche la tête, je comprends maintenant pourquoi Damien m’en veut, c’est à cause ma maitrise de la magie supérieure à la sienne. Son air sûr de lui doit provenir de la réputation de sa famille dans le domaine des duels à l’épée, mais tout cela ne me fait ni chaud, ni froid et je réponds à la jeune femme en souriant :

* Alors tu me devras une récompense pour avoir vengé ta famille quand je l’aurai vaincu.

Elle me regarde avec des yeux ronds et souris imperceptiblement, avant de me dire d’une voix plus douce :

* Nous verrons cela après, je t’ai apporté une vraie épée, identique à celle du duel, afin que tu puisses t’entrainer dans de bonnes conditions. Essaye juste de ne pas te faire tuer. Si tu vois que tu es en difficulté, n’hésite pas à déclarer forfait.

Je prends l’arme qui pèse lourde, même si je m’y attendais car les alliages d’acier sont très rudimentaires sur Elysium. Je regrette les armes que nous avons fournies au baron pour qu’ils les vendent à notre place, elles étaient de qualité bien supérieure. Mais je dois faire avec les armes que va me fournir les juges de l’académie de magie. En tout cas, je lui réponds :

* Merci pour ton aide, mais est-ce que toi, tu abandonnerais ?

Là, j’ai droit à un franc sourire de sa part et elle me répond d’un ton péremptoire :

*

Sur ce dernier mot, elle quitte le terrain d’entrainement et je passe le reste de la semaine à m’entrainer avec mon compagnon de chambrée, ne voulant rien laisser au hasard. Finalement, le grand jour arrive et à l’heure dite, je rejoins le futur champ de bataille. Sur le chemin, je suis arrêté par le prince, toujours déguisé en fils de duc. Il me tend une fiole contenant un liquide violet, peu agréable d’aspect. Je lui demande :

* Qu’est-ce que c’est ?

* C’est une fiole qui vient d’être réalisée à ma demande par un prêtre. Elle permet d’augmenter de façon provisoire ta vitesse et ce, pendant quelques minutes. Il faut la boire en secret avant le duel, mais sache que si tu ne décides de ne pas le faire, dans une heure, l’effet magique aura complètement disparu.

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* Pourquoi vous me donnez quelques choses d’aussi précieux ?

* Tu es un futur mage talentueux, je ne veux pas te perdre aussi bêtement.

* C’est très aimable de votre part, mais si vous voulez un jour que l’on travaille ensemble, vous devriez avoir plus confiance en moi.

Je continue donc ma route sans toucher à sa mixture, le laissant sur place, complètement tétanisé. Il n’a jamais dû penser que quelqu’un refuserait un de ses cadeaux. Finalement, il me rejoint avec le sourire, il doit vraiment me prendre pour un original et nous arrivons ensemble au terrain d’entrainement. Il y a plus de monde que ce à quoi je m’attendais. De nombreux élèves sont assis sur des estrades. Nicolas est là, bien sûr, avec un grand nombre de bandage prêt à servir et plus loin, je peux même distinguer les professeurs. C’est d’ailleurs Monique Evegold, l’adjointe du directeur de l’académie qui sera notre juge, ses longs cheveux châtains descendant jusqu’au bas de son dos résistant miraculeusement à la poussière du terrain.

Cette dernière nous explique une nouvelle fois les règles et les épées sont tirées au sort. Il s’agit d’une arme à double tranchant, non aiguisée pour cette occasion, avec une lame droite, pas de gouttière et équipé d’une garde protégeant la main. Un pommeau rond pour un maniement à 2 mains est également présent. Elle est identique à celle que m’a prêtée Emilia et je prends mentalement note de la remercier quand l’occasion se présentera.

Mon adversaire est sûr de lui et me jette un regard haineux et j’imagine très bien qu’il a hâte de me voir à genoux. Pour ma part, je suis un peu stressé, je me suis régulièrement entrainé sur Terre, avec de nombreux professeurs, tous très talentueux, mais c’est mon premier combat réel. Si je me débrouille mal, je risque d’être blessé, ou pire tué. Pourtant, je ne recule pas et je me mets en garde, l’épée tournée vers mon adversaire.

La juge a à peine donné le signal, qu’il s’élance, donnant un coup du haut vers le bas, visant directement ma tête. De toute évidence, il ne cherche pas à faire couler le premier sang mais bien à m’occire. Je bloque facilement sa lame en mettant ma propre lame à angle droit au-dessus de ma tête. Il se recule, d’un bond, surpris que je sache utiliser une arme blanche, mais il se reprends vite. Il tente quelques feintes, puis, voyant que je les évite toutes, fonce la pointe de l’épée en avant, avant de lancer un coup à ma gauche. Je pense que c’est une des bottes que son professeur d’escrime lui a apprises mais j’ai sur lui plus de 2 000 ans d’expérience accumulées par les meilleurs instituteurs d’un pays contenant 65 millions d’habitants et je pare avec mon arme.

Damien a le souffle court, les yeux exorbités et nous savons tous les 2 qu’il va bientôt s’écrouler. C’est pourquoi il lance une ultime attaque, des mouvements courts puis, à la fin, une longue élongation visant le cœur. J’esquive cette attaque et j’enroule mon épée sur la sienne et à l’aide d’un coup sec, je le désarme, sa lame tombant au sol et soulevant un petit nuage de poussière. S’agissant d’un combat au premier sang, j’en profite pour lui égratigner la main, de la pointe de mon épée. La juge, Monique Evegold, signale la fin du combat.

Les élèves applaudissent timidement, car je ne suis qu’un noble de troisième zone, mais Nicolas, lui y va franchement et me donne de vigoureuses claques dans le dos. Je lui souris et c’est au tour d’Emilia l’assistante de la professeure principale de s’avancer presque timidement, pour me donner une serviette. Je me rends alors compte que je suis en sueur et je la prends en la remerciant pour son geste. Je peux ainsi quitter la zone, ne cherchant même pas à recevoir les excuses auxquels j’ai droit, car après tout, je m’en fiche bien.

Le prince m’accompagne jusqu’au dortoir et j’attends sa question fatidique qui ne manque pas d’arriver :

* Je n’ai jamais vu ce genre d’escrime, on aurait dit que tu connaissais tous les tours et savait parfaitement comment y répondre. Qui t’a appris à te battre ainsi ?

Evidemment, je ne peux pas lui répondre que les Français se sont battus pour leur pays depuis des centaines d’années sur tous les continents. Je lui indique en souriant :

* C’est mon grand-père.

Il laisse passer une nouvelle fois et je peux ainsi me reposer dans mon dortoir. Le lendemain, comme je me l’étais promis, je me rends à la capitale à la recherche d’un cadeau pour Emilia. Je trouve un très joli foulard pour sa queue de cheval, que je lui offre, précisant juste qu’elle serait encore plus belle les cheveux détachés. La demoiselle reste imperturbable et me remercie d’un bref signe de tête avant de disparaitre.

Je suis plutôt fier de ma prestation et je peux reprendre ma vie d’étudiant sans histoire.