Oak Quercus endormi [https://i.imgur.com/zq7J4IW.png]
Oak ouvrit grand les yeux quand il entendit une personne entrer dans sa chambre. Du liquide clapotait dans un seau. Les rayons du soleil l’éblouir, l’empêchant de bien distinguer qui lui parlait…
Est-ce un des homme-arbres du roi? Sont-t-ils venu nous punir? pensa Oak, en grinçant des dents, parcouru par une douleur à la poitrine, vestige d’un coup de bâton infligé par les récolteurs de la foi végétale.
La voix lui cria. « Réveille-toi, Oak, c’est la deuxième fois que je viens t’avertir aujourd’hui, tu dors déjà depuis trop longtemps! Réveille-toi,» La voix aigüe lui perça les oreilles, le faisant maugréer.
Ah, c’est maman.
Oak resta dans le lit en plumes d’oies et rabattit la couverture sur lui.
« Argh, ça ne me tente pas, on est tellement bien dans les couvertures, pourquoi se lever quand on peut rester couché. Laisse- moi dormir!»
Oak entendit à nouveau la voix lui percer les oreilles, mais cette fois à un rythme saccadé.« Tu vas te lever Oak, TU VAS TE LEVER! Qu’est-ce qu’on va faire si tu ne te lèves pas? QU’EST-ce qu’on va faire!»
Il releva la tête pour voir sa mère qui se tenait au-dessus de lui. Sa mère chantonnait un petit air en tirant sur la couverture, deux seau d'eau posés à ses pieds. « Arbre Beau, Arbre Beau»
Va-t-elle changer d’humeur pensa Oak.
Oak résistait de toutes ses forces. , s’empêchant de tomber du lit. Celui-ci maugréa. « Tu vas me respecter,»
Elle lâcha brusquement la couverture et lui jeta un regard affolé.
«Oak, Le roi Xidor a fait emprisonner la famille Jéfar ce matin… La famille Jéfar, tu comprends? Celle avec qui nous sommes allés nous plaindre la dernière fois! »
Oak marmona. « Humpf»
Sa mère trembla de rage. « Leur nouveau récolteur, Karel, Karol, je ne sais plus trop, n’était pas satisfait de leur récolte! Il paraît que c’est un grand pinçé, Probablement un prétexte pour les faire taire! Pour nous faire taire!»
Les récolteur de la foi végétale était nommé ainsi car en payant leurs taxes, les paysans démontrait leur foi envers la religion et le Divine Arbre, le roi étant choisi par le représentant de Dieu, l’Arbol Maestra.
La mère de Oak rongea ses ongles de bois. «Qu’est-ce qu’on va faire si tu ne viens pas nous aider? C’est pas la première fois que tu nous fait ça.»
« Prier pour que la poussée revienne» lui répondit Oak « Il n’y a rien d’autre à faire.»
L’année 1289, avait été une grande année de tragédie pour le peuple des Arbolarbres car cela avait été une année sans saison de Poussé, qui était la saison des récoltes abondantes. Au contraire, les journées de canicules de la saison de la Germé s’était installé prématurément tout comme la sécheresse.
Bien au chaud sous ses couvertures, du coin de l’œil, Oak vit sa
mère prendre un des seaux d’eau qui se trouvait sur le plancher de pierre de la maison.
Qu'est-ce que j'ai fait de mal ? Pour avoir un fils aussi bon à rien. pensa sa mère, se sentant honteuse.
Oak soupira et acquiesça. Il se sentait mal à l'aise, se demandant si ses parents l'aimaient vraiment. Il croyait que la paresse était le chemin vers le confort et la richesse.
Il tourna la tête pour riposter quand celle-ci s’exclama « C’est pour ton bien,» Elle lui versa le seau d’eau en plein visage. L’eau coula sur sa coupe de cheveux pêle-mêle remplie de feuilles vertes et dégoulina sur ses vêtements fripés.
Le jeune homme-arbre cligna des yeux sous le choc. «Vielle Mégère!»
Cela n’était pas tout à fait vrai, car ses parents demeuraient très jeunes, il n’avaient seulement que 50 ans, une jeunesse pour cette espèce qui pouvait vivre aussi longtemps que trois hommes…
Elle tira sur la couverture, le faisant tomber à ses pieds.
En agitant en l’air les branches qui lui servait de bras, Oak cria de douleur.« Aargh, Pourquoi tu fais ça?»
Elle lui répondit sèchement. « Pour ton bien. Tu me pardonneras,»
Oak soupira et hocha de la tête.
Puis il la vit quitter la pièce.
Le jeune arbolabre se changea de vêtements.
Oak mesurait 5 pieds et 9 pouces tandis que la plupart des hommes- arbres étaient de taille plus petites, en moyenne entre 4 et 5 pieds.
Oak se dirigea vers la salle à manger, pièce contigüe à la cuisine. Il aperçut toute sa famille qui l’attendait assis à la table. Tous avaient une écorce rougeâtre et des cheveux composés entièrement de feuilles vertes, héritage de leurs ancêtres.. Il y avait son père et sa mère, John et Cinthia Quercus ainsi que son frère Regis et sa soeur Kelly. Son frère et sa soeur avaient 12 et 13 ans respectivement. Contrairement à leur parents, ils n’étaient pas poilus. La mousse blanchâtre typique des Arbolarbres ne poussait qu’à partir de 22 ans.
Les Arbolarbres étaient des êtres humanoïdes, mi-hommes, mi- arbres.. Des branches muni de mains épineuses leur faisaient office de bras et leur permettaient de saisir les objets. Une sève végétale et verte, fortement odorante coulait dans leur veines
Cette sève possédait des propriétés magiques pour certains d’entre- eux, les descendants du roi Herbacum. Oak en faisait partie et arborait des pouvoirs magiques dont il ignorait lui-même l’existence.
Oak voudrait devenir sorcier mais un simple paysan ne pourrais jamais faire de magie. Il vivait toujours comme paysan, sous l’emprise du roi. Oak s’assis à la table.
Sa mère le regarda avec ses grands yeux bleus remplis de larmes de déception. « Hier, tu n’as pas nourri les chevaux trois fois comme il le fallait et maintenant, ils ne veulent plus travailler, ils refusent même d’avancer et de manger.»
Oak prit une inspiration. « Hum?»
Elle grimaça. «Nous avons payé très cher pour cette nouvelle charrue et on ne peut même pas s’en servir. Ce Karel, Karol et les collecteurs vont bientôt passer réclamer leur dû, qu’est-ce qu’on va faire ! On n’a même pas eu De Poussé cette année, qu’est-ce qu’on va faire??»
La Poussé était une des quatre saisons du monde de Florestia qui se déclinaient dans cette ordre (Arbé, Poussé, Germé et Floré) et qui suivait le cycle de vie des plantes. En période de Poussé, les récoltes poussaient abondamment sous les effets d’une pluie magique, composée de boue et de limon, d’eau et de feuilles réjuvénatrices.
Le père de Oak, John Quercus mit son poing sur la table, répandant une odeur de sciure de bois dans l’air.
«On trouvera bien une solution aux problèmes des récolteurs, n’est- ce pas, mon fils? Tu ne vas pas rester assis sur ton écorce pour le restant de tes jours, à te prélasser comme une vigne la moitié de la journée… Il faut trimer dur avec ses branches et sa tête
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pour joindre les deux bouts dans ce bas monde. Il y a pas de trucs miracles, juste de la bonne vielle sève de branche.»
« Humpf» grommela Oak.
Son père le foudroya du regard. « Venez me rejoindre, toi et Régis, je vais vous montrer comment on faisait dans mon temps, quand il n’y avait pas de charrue… »
John Quercus aimait se commémorer le bon vieux temps car le père de Xidor, le roi Araison venait lui-même chercher les récoltes, offrant des réductions de taxes au paysans qui s’enrôlaient volontairement dans l’armée, tout en faisant preuve d’empathie envers eux.
Le jour du décès du roi Araison. Son fils, le roi Xidor fut élu par le chef du Clergé, Jimmy Acajou. Sans sa bénédiction, il aurait été obligé de participer au défi de conversion contre son Frère, le prince Atord, défi que Xidor aurait perdu dû à ses croyances hérétiques.
Après son ascension, il délégua la tâche de récupérer les taxes au récolteur de la foi végétale. Ceux-ci étaient payé à même le sixième des taxes récoltés, ce qui les incitaient à démontrer une certaine rigidité
Voilà ce qui mettaient la famille Quercus et les paysans en rogne, ceux-ci s’étant déjà plaint maintes fois à l’administration royale, ce qui avait attiré encore plus l’attention des collecteurs de taxe sur la famille Quercus.
«Ah, le bon vieux temps» se moqua Oak. Il appuya sa tête sur la table avec l’intention de dormir.
Son père l’ignora. «On va tellement bosser dur que les récolteurs n’auront rien à dire sur la récolte de cette année,»
Il regarda Oak sans sourire, espérant sa réponse. Tu vas vite t’apercevoir pourquoi il faut bien prendre soin des chevaux,»
«J’veux pas, j’ai des choses à faire comme…. huh» dit Oak en glissant ses bras sur la table, pour les insérer dessous en guise d’oreiller.
Sa mère se leva de sa chaise, s’approcha et lui mit la main sur la tête.
«Fais un homme-arbre de toi et donne l’exemple… Si le roi est insatisfait, nous perdrons la ferme ou serons emprisonnés comme les Jéfar!»
Elle se mordit les lèvres. « Qu’est-ce qu’on va faire?»
Son frère et sa sœur, Kelly et Regis se regardèrent mutuellement et poussèrent un soupir de découragement.
Le père de Oak leur jeta un regard sévère. « Il est temps de partir vérifier les récoltes… On dit que le roi n’est plus dans son état normal depuis quelque temps, qu’il malmène son sorcier! S’il nous aperçois à rien faire, qui sait ce qu’il nous fera.»
John fit signe à ses deux fils de le suivre vers l'étable en pierre qui se trouvait tout juste à côté de la maison.
Devant eux, dans une stalle de bois scellée par une chaîne se trouvaient deux chevaux et un poney. Tous étaient de robe Overo, noir- blanche, marquées de blessures fraichement cicatrisées.
Lors de leur dernière visite au palais de Xidorville, les familles Quercus et Jéfar insultèrent les récolteurs de la foi végétale.
Ceux-ci, choqués par les plaintes des deux familles, avaient pris plaisir à se venger sur les bêtes
Ils vont nous le payer pensa John Quercus en regardant tendrement les deux chevaux et le poney blessés.
John monta sur son grand cheval et régis sur son pony Poppy.
Oak monta sur l’autre cheval mais fut désarçonné par une ruade de celui-ci, qui ne voulait pas servir le maître qui l’avait mal nourri. Il décida de rester à pied.
Oak et sa famille s’engagèrent sur une route de terre, devant eux des champs s’étendait à perte de vues
Une rivière à fort débit s’y écoulait, entourée par deux chaînes montagneuses.
Ces terres avaient été fournis par la couronne aux ancêtres de Oak lors de la signature d’un contrat de servitude à durée indéterminée.
Selon cet arrangement, ils devaient fournir une bonne partie de leur récolte au roi en échange de ce domaine agricole.
Autrefois, le roi Agi Cèdre, père de Araison, venait lui-même converser avec les paysans et leur demander comment se passaient la saison des moissons et s’ils avaient trop de bouches à nourrir. Si c’était le cas, ils recrutaient les enfants d’âge majeur dans son armée et les logeaient et les nourrissaient.
Oak, John et Régis arrivèrent devant les champs de concombres. Ils aperçurent du premier coup d’œil le flétrissement des feuilles, celles-ci prenant un aspect craquelé et une texture de papier maché, répandant une odeur de feuilles mortes.
Les feuilles se déchiraient à la moindre pression. Régis ainsi que Oak restèrent immobiles, pétrifiés, par la désolation qui s’étalait sous leurs yeux.
John leur expliqua que les agents du roi étaient peut-être déjà en route.
Soudainement, une pluie torrentielle se déferla sur la vallée et causa un imposant nuage de brume dense et lourde qui inonda les champs.
« Enfin sauvé, il pleut !» dit John avec un sourire aux lèvres.
Ils se réfugièrent sous un grand chêne aux feuilles rouges et pourpres et s’y assoupirent.
Le pataugement de sabot de chevaux les réveillèrent.
Oak leva les yeux et grinça des dent à la vue de plusieurs homme-arbres dont un homme-arbre aux cheveux en forme de cactus rempli de feuilles pourpres. Pas eux, pas les salauds qui nous ont tabassé l’autre jour.
Ces homme-arbres, montés à chevaux s’arrêtèrent devant eux. Ils étaient tous vêtus d’une armure d’acier et portaient un lasso à la ceinture
« Bonjour, Famille Quercus. Qu’est-ce que vous nous avez préparé?» dit Karel, le chef des collecteur de taxes, en passant la main dans ses cheveux en forme de cactus.
John les défia. « Libérez la famille Jéfar et peut-être que vous pourriez y goûter! Le tier d’une récolte, c’est trop! Les Jéfar n’ont essayé que de survivre»
Karel ricana. « Des menaces?»
John bomba le torse.« Seulement des revendications, justes et équitables!»
Karel sourit en coin. « Les seules revendications juste et équitables sont celle du roi! Il a besoin de ses vivres pour organiser un banquet à sa nouvelle capitale Xidorville; il désire immortaliser l’évènement. Sans cela, il ne pourra devenir immortel! Tous les acteurs important du royaume y seront.»
«Humm. Immortel? » grogna John dans sa barbe.
Karel continua son discours, un sourire narquois au lèvre. « Oui immortel.» Il se mit à rire de façon théâtrale « Huhuhuhuhu, Pas au sens propre mais figuré, bien sûr! !Il a donc besoin d’une quantité et variété importante de légumes et fruit frais pour combler les palais de tous les invités et il en a besoin maintenant. Les Jéfar n’avait qu’à accepter.»
John, fronça les sourcils, se méfiant de Karel «Voyez-vous, les récoltes ne sont pas à maturité, alors vous devrez repasser l’an prochain!» Il lança un concombre asséché vers Karel pour le narguer.
Karel fulmina. «Que voulez-vous dire? Le roi exige des fruits et légumes frais, il ne veut aucun légume ou fruit prématuré ou encore, comme je vois, de concombres asséchés, cela ne convient guère à sa majesté, ils ont un goût amer et désagréable qui ne fera que déplaire à ses invités.»
Régis se mit à rire de l’accent cul-de-poule du collecteur de taxes. « Hihihi»
Karel le foudroya du regard et continua de parler « En plus, ils font roter et le rot n’est guère digne des invités d’un roi.» dit-il en écrasant le concombre avec sa main avant de le montrer à ses homme-arbres.
Karel et ses troupes inspectèrent les champs à la recherche de concombres frais et matures tout en ne perdant pas de vue la famille Quercus, les obligeant à avancer en même temps qu’eux afin qu’ils ne s’échappent pas pour éviter de payer leurs taxes.
Tout en se déplaçant à dos de cheval, Karel et ses troupes se penchèrent pour saisir les légumes et en vérifier l'état. Seul le tiers d’entre eux convenaient aux goûts de Xidor, le reste n’était pas assez mûr, ayant une teinte verdâtre très pâle ou encore était complètement noyé et avait une consistance très molle, les concombres s’écrasant en purée au moindre touchée.
«C’est inadmissible!» cria Karel en appuyant son épée sur l’écorce de Oak qui se tenait devant les récolteurs de la foi végétale.
Régis cessa de rire quand il vit son frère en danger…
Frérot… non… Pas toi.. gros dormeur…
« Lâchez mon fils! » s’écria John.
Karel le dévisagea. « Sinon quoi!»
Le père de la famille Quercus ne répondit pas et se jeta aussitôt sur Karel, tentant de faire tomber son épée.
Karel résista à l’assaut et appuya son épée sur la gorge de John. «
Calmez-vous!»
Oak et Régis s’exclamèrent. « Maudite vermine!»
Karel tailla une balafre sur la joue de John, une sève verte à forte odeur en émana. « Vraiment? Vous m’insultez?»
Oak vit son père maugréer de douleur. « Uurgh, les enfants!, Résistez!!»
Oak et son frère se jetèrent sur Karel mais furent aussitôt
encerclés par les homme-arbres de celui-ci.
« Tsk, Tsk. Pas un pas de plus» clama Karel. Oak et Régis grimaçèrent de déplaisir.
Et merde…. C’est bâtards pensa Oak.
Karel siffla à ses soldats homme-arbres en indiquant les chevaux de la famille Quercus « Pff, Pff»
Quelques homme-arbres, tous habillés en armure s’approchèrent du poney et du cheval qui s’esclaffaient. Ils lancèrent violemment leur corde autour des chevaux qui se débattirent de toutes leurs forces.
John baissa les bras et courba son dos. « Pas mes chevaux!»
« Pas Poppy» dit Régis d’une voix faible, craignant que le roi Xidor l’abattre pour le manger.
Régis s’imagina ensuite Xidor le cuire et le manger, sa dentition
typique des Arbolarbres, plates et sans canines dévorant la bête.
Revenant, à ses sens, Régis vit les homme-arbres de Karel tenir les chevaux par la bride, les forçant à avancer.
Karel saisit John par le collet. «J’en ai assez de vos revendications et votre incompétence. Je vous retire donc vos chevaux, le roi Xidor se fera un plaisir de les accueillir dans son palais.»
Karel le secoua. « Si vous vous plaignez encore ou négliger encore vos champs, vous serez emprisonné pour outrage à la couronne. Et si vous ne payez pas une amende de milles floraux d’ici l’an prochain, je me ferai un plaisir de vous réserver un sort bien pire qu’à celle de la famille Jéfar.»
Le père de Oak grinça des dents, maudissant Karel..
«Avez-vous quelque chose à rajouter?»
«Non.» Dit John, le visage rongé par la haine et le désespoir.
Karel lui sourit en coin et partit avec ses homme-arbres vers l’est, trainant derrière-eux les chevaux de la famille Quercus.
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[1] Le défi de conversion consiste à convertir le maximum de personnes à la religion Arbolarbre. En cas de conflit de succession entre les prétendants Arbolarbres, il y avait défi de conversion, le prétendant convertissant le maximum de gens obtenait le trône.