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L’Ascension des dragonoïdes. [French/Français]
Chapitre 7 : Le brouillard et la Couronne

Chapitre 7 : Le brouillard et la Couronne

Quelques minutes avant la réunion des six majordomes dans le château des Terres Maudites, Aelion se redressa péniblement de son lit improvisé, une pierre recouverte de mousse dont l’humidité s’accrochait à sa peau. Les premières lueurs de l’aube s’immisçaient faiblement dans la grotte, mêlées à la douce lueur dorée que diffusait Lilly, battant des ailes en silence dans l’air oppressant des Terres Maudites. Les ombres dansantes de la lumière sur les parois humides semblaient presque animées, accentuant l’atmosphère mystérieuse de cet endroit.

Ses muscles protestèrent à chaque mouvement, encore endoloris par les blessures et l'épuisement de ses derniers affrontements. Chaque geste rappelait les conséquences des batailles récentes, et une pensée fugace traversa son esprit :

« Vais-je un jour m’habituer à ce cycle de douleur ? »

La grotte était silencieuse, à l’exception du bruissement léger des ailes de Lilly. Aelion ouvrit son inventaire d’un geste. Un faible éclat de lumière dorée et noire se refléta sur les murs. Il farfouilla parmi ses possessions et en sortit une chemise blanche, une veste et un pantalon noir, ainsi que des chaussures. Pour parfaire sa tenue, il sortit un manteau élégant, d'un noir profond, qui semblait absorber la lumière autour de lui.

En silence, il commença à enfiler les vêtements tout en ajustant la ceinture autour de sa taille, ses gestes précis malgré la douleur qui irradiait encore de ses muscles fatigués. Une fois prêt, il inspira profondément, rassemblant ses forces, et s’adressa à Lilly.

— Lilly, as-tu trouvé un donjon ? demanda-t-il finalement, sa voix rauque rompant le calme.

Lilly s’arrêta un instant, concentrée. Ses petites ailes battirent plus rapidement alors qu’elle étendait sa perception autour d’eux, sondant les environs avec précision.

— Pas encore… Attends une seconde… Ah ! Trouvé ! répondit-elle avec excitation. Il y a un donjon juste au-delà du brouillard, près des plaines. La localisation est précise.

Aelion hocha lentement la tête, ajustant ses bottes tout en intégrant l’information. Cependant, Lilly poursuivit, sa voix teintée d’une légère appréhension.

— Mais… il y a quelque chose d’étrange. Le mana autour de ce donjon est… différent. C’est presque un avertissement. Je… je dirais que c’est un piège.

Les paroles de Lilly provoquèrent une réaction inattendue. Aelion, au lieu de montrer de l’inquiétude, laissa échapper un rire sincère, chaleureux, comme si un souvenir avait soudain émergé des ténèbres de son âme. Lilly s’arrêta dans son analyse, intriguée, et flotta un peu plus près de lui.

— Qu’est-ce que j’ai dit de drôle ? demanda-t-elle en penchant la tête, visiblement curieuse.

Aelion finit de serrer la lanière de sa botte et se redressa. Il adressa un regard malicieux à Lilly, un sourire énigmatique flottant sur ses lèvres.

— Si ces terres sont vraiment ma création, dit-il, alors ce donjon doit être le fameux « donjon dysfonctionnel ».

Lilly cligna des yeux, clairement perplexe.

— « Donjon dysfonctionnel » ? Qu’est-ce que c’est que ça ?

Aelion croisa les bras et s’adossa à la paroi de la grotte. Son regard s’égarait, traversant les murs pour replonger dans des souvenirs d’un autre temps.

— Laisse-moi te raconter une histoire, dit-il doucement. Une histoire sur Lina…

SOUVENIR : LINA, LA STRATÈGE VICIEUSE

Dans une salle baignant dans une lumière artificielle, Lina était assise devant son écran, un casque vissé sur la tête et ses doigts dansant sur un clavier holographique. Elle avait ce sourire distinctif, celui qui signifiait qu’elle était sur le point de mettre en place une de ses « stratégies de génie ».

— Tu sais quoi, Aelion ? lança-t-elle, sa voix mielleuse emplie d’une excitation palpable. On va installer ce donjon.

Aelion, confortablement installé dans un fauteuil avec une tasse de café fumant, leva un sourcil sceptique.

— Ce donjon ? Celui qui est complètement buggé et inutilisable ?

Lina éclata d’un rire cristallin.

— Exactement celui-là ! C’est parfait. Tu ne vois pas le potentiel ?

Aelion prit une gorgée de café avant de répondre d’une voix lasse :

— Non, je ne vois pas.

Lina roula des yeux, visiblement exaspérée par le manque d’enthousiasme de son compagnon. Elle se leva et commença à faire les cent pas, expliquant son plan avec des gestes enthousiastes.

— C’est simple, dit-elle. Ce donjon est un piège parfait. 72 heures à l’intérieur, c’est seulement 72 secondes dehors. Pas de loot, pas d’expérience. Rien. Ceux qui y entrent sont coincés.

Elle fit une pause dramatique, un sourire malicieux sur les lèvres, avant de pointer un doigt accusateur vers Aelion, l'énergie de sa gestuelle reflétant toute sa confiance.

— Mais c’est ça le génie ! On les laisse entrer, et quand ils sortent, devine quoi ?

Elle leva les bras comme pour annoncer un triomphe :

— On les dépouille de tous leurs équipements !

Aelion secoua lentement la tête, posant sa tasse sur une table basse.

— Tu es incorrigible, murmura-t-il, consterné.

Lina lui fit un clin d’œil malicieux avant de retourner à son écran, fredonnant joyeusement.

RETOUR AU PRÉSENT : DANS LA GROTTE.

— Donc, ce donjon était un… piège ? demanda Lilly, ses yeux s’élargissant sous l’effet de la surprise.

— Exactement, confirma Aelion. Mais aujourd’hui, ce n’est plus un jeu. Ce donjon pourrait être un avantage stratégique. Il me permettra de m’entraîner tout en gagnant du temps sur l’extérieur.

Lilly, bien qu’hésitante, finit par hocher la tête.

— Très bien, mais sois prudent. Ce mana étrange pourrait signifier que quelque chose a changé depuis sa création.

Aelion ajusta son manteau, un éclat de détermination brillant dans ses yeux.

— Alors allons-y. Nous verrons bien ce que ce donjon a à offrir.

Ils sortirent de la grotte, laissant derrière eux les ombres protectrices pour embrasser l’étrangeté du brouillard, dont les volutes semblaient les attendre avec une patience sinistre. Une brise froide s’éleva, sifflant à leurs oreilles, comme un avertissement fantomatique.

Les silhouettes des arbres tordus s’estompaient dans la brume, et chaque pas résonnait étrangement, comme si la forêt elle-même retenait son souffle. Le chemin vers le donjon ne serait que le début d’une nouvelle épreuve… mais Aelion était prêt à relever chaque défi qui l’attendait.

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Alors que les premières lueurs du jour baignaient les plaines fertiles d’Hesperia, la grandeur d’Astralan apparaissait dans toute sa splendeur. Le vent du matin portait avec lui une promesse de sérénité, mais dans les couloirs du château, un sentiment d’urgence pesait lourdement. Une intrigue cruciale pour l’avenir du royaume était sur le point de se jouer.

Astralan, la capitale d’Hesperia, s’étendait majestueusement au sommet d’une colline entourée de forêts et de rivières cristallines. Ses rues pavées de pierres blanches, soigneusement polies par le travail des artisans humains, reflétaient la richesse et l’ambition du royaume. Les bâtiments, tout en marbre et en bois sculpté, racontaient dans leurs fresques et bas-reliefs l’histoire glorieuse d’Hesperia. Les jardins regorgeant de plantes rares, accompagnés de fontaines murmurantes, ajoutaient une sérénité apaisante à cette ville prospère.

Au centre d’Astralan, dominant la ville, se dressait le château royal d’Hesperia. Construit en marbre blanc et rehaussé de tours graciles, le château était une forteresse autant qu’un symbole de paix. Sa grande salle, lieu de réunions importantes, était réputée pour ses vitraux enchantés projetant des scènes de l’histoire du royaume sur les murs.

C’est dans cette salle que le Duc Lothar Hesperia Varnell, accompagné de ses deux lieutenants, Fanel et Orik, avait demandé audience avec le prince Caelan et la princesse Seraphina. Une réunion d’urgence avait été convoquée, rassemblant les principaux nobles et protecteurs du royaume.

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Les grandes portes de la salle du trône s’ouvrirent lentement, laissant apparaître le duc Lothar. Son pas était lourd, empreint de gravité, et il était suivi de près par Fanel et Orik. Leurs visages, assombris par une amertume palpable, portaient les stigmates de l’échec cuisant de leur expédition. Le prince Caelan, assis sur le trône en marbre au centre de la salle, observait calmement leur entrée, les mains croisées sur ses genoux. Sa sœur, la princesse Seraphina, se tenait à ses côtés, son regard perçant trahissant une inquiétude contenue. Dame Ilvara la maitresse épéiste et Elros le Sage l'Archimage étaient également présents, à une distance respectueuse mais prêts à intervenir.

— Prince Caelan, commença Lothar d’une voix solennelle, merci de nous accorder audience en ces heures sombres.

— Parlez, Duc Lothar, répondit Caelan avec un calme autoritaire. Quelles nouvelles apportez-vous de votre expédition ?

Lothar inspira profondément, se tournant vers ses lieutenants avant de déclarer :

— Une catastrophe. Mon armée a été anéantie aux portes des Terres Maudites. Nous avons affronté une force inconnue, un homme ou une entité aux pouvoirs si surnaturels qu’il semblait commander aux éléments eux-mêmes. Chaque mouvement de notre part était anticipé, ses attaques étaient d’une précision terrifiante. Cet individu se fait appeler le "Roi Démon", et avec un artefact démoniaque en sa possession, il sème une désolation que nous ne pouvions contenir.

Fanel, serrant les poings, intervint :

— Ce brigand est un monstre, Votre Altesse. Nous avons vu ses horreurs : des soldats réduits en cendres par un feu surnaturel qui semblait jaillir du sol lui-même, des villages plongés dans un silence oppressant, où les ombres dansantes des flammes éclairaient des ruines fumantes et des cadavres mutilés, figés dans des postures d’agonie. Il capture des enfants, selon les rumeurs, pour alimenter des rituels obscurs. Ses actes défient l’imagination.

Seraphina fronça les sourcils, son regard passant de Fanel à Lothar.

— Ce que vous avancez est grave, dit-elle avec une voix mesurée. Disposez-vous de preuves tangibles pour étayer de telles accusations ?

Orik, le visage éclairé d’une rage contenue, éleva la voix :

— Des preuves ? Nous avons vu ses soldats, des créatures cauchemardesques qui dévorent la lumière elle-même. Ce soi-disant « Roi Démon » n’est pas humain. Si nous ne faisons rien, il marchera sur Astralan avec une armée de l’ombre.

Dame Ilvara, restée jusque-là en retrait, avança légèrement, sa voix posée mais empreinte d’autorité :

— Ces allégations sont sérieuses, mais agir sans preuves tangibles serait une erreur stratégique. Les Terres Maudites ont toujours été le théâtre de dangers imprévisibles, qu’ils soient naturels ou magiques. Peut-être votre expédition a-t-elle été prise au dépourvu face à des périls mal évalués.

Lothar lui jeta un regard noir.

— Dame Ilvara, vous n’étiez pas là. Vous n’avez pas vu ce que nous avons vu. Cette créature doit être arrêtée avant qu’il ne soit trop tard.

Elros le Sage, appuyé sur son bâton incrusté de cristaux scintillants, parla à son tour, sa voix emplie de sagesse :

— La prudence est de mise, Duc Lothar. Si cet individu possède vraiment un artefact puissant, nous devons comprendre son origine et ses intentions avant d’agir. Prendre des décisions hâtives pourrait nous coûter cher.

Fanel, frustré, fit un pas en avant.

— Ses intentions ?! Il n’en a qu’une : détruire tout ce que nous avons bâti !

Seraphina leva une main pour calmer les esprits, son regard passant lentement sur chaque visage présent dans la salle. Derrière son geste mesuré se cachaient des pensées stratégiques : chaque mot prononcé ici pourrait semer une discorde plus grande que la menace elle-même. Elle choisit ses paroles avec soin, pesant leur impact potentiel.

— Nous ne remettons pas en question la gravité de vos pertes, mais nous devons agir avec intelligence. Duc Lothar, décrivez-nous cet homme. Quelles sont ses forces ? Sa façon de combattre ?

Lothar, toujours amer, prit une grande inspiration avant de répondre :

— Il est stratège et cruel. Il semble anticiper chaque mouvement. Ses pouvoirs sont immenses… il a détruit mon armée avec une facilité terrifiante. Nous avons été totalement impuissants.

Dame Ilvara croisa les bras, son regard méfiant.

— Alors vous admettez que votre expédition manquait de préparation et d’une analyse approfondie des risques, notamment face à un ennemi inconnu.

Lothar serra les dents, mais ne répondit pas.

Caelan, jusqu’ici silencieux, se leva de son trône. Sa voix, calme mais autoritaire, fit taire les murmures dans la salle.

— Nous examinerons cette menace avec la rigueur qu’elle exige. Elros, rassemblez vos mages et envoyez des éclaireurs pour investiguer ces terres, mais assurez-vous qu’ils soient bien protégés et équipés. Les Terres Maudites sont traîtres, et nous ne pouvons risquer davantage de vies imprudemment. Dame Ilvara, préparez nos chevaliers à une éventuelle confrontation. Quant à vous, Duc Lothar, je vous exhorte à éviter de semer la panique. Nous agirons avec prudence, mais avec la détermination propre à Hesperia.

Lothar inclina la tête avec raideur, dissimulant à peine la frustration qui brillait dans ses yeux. Tandis qu’il se retirait aux côtés de ses lieutenants, une chose était évidente : le nom du "Roi Démon" avait planté une graine de doute et d’inquiétude dans le cœur même de la cour d’Hesperia. Un murmure collectif traversa les rangs des nobles, leurs visages trahissant autant la peur que la fascination. Chacun comprenait que cette menace dépassait tout ce qu’ils avaient connu jusqu’ici.

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Le soleil était haut dans le ciel lorsque Aelion, accompagné de Lilly, parvint finalement à une section dense du brouillard qui entourait les Terres Maudites. Le chemin avait été long, ponctué par des arrêts précis pour vérifier les coordonnées sur une carte qu’il avait soigneusement dressée. Il marchait avec une détermination silencieuse, mais Lilly, perchée sur son épaule, ne pouvait cacher son état d’émotion.

— Aelion…, murmura-t-elle. Tout cela… est-ce vraiment ton œuvre ? Je n’arrive pas à croire que ces terres puisse provenir d’un jeu.

Aelion, les yeux fixés sur le brouillard mouvant, lui répondit avec une voix chargée d’émotion retenue.

— Moi non plus, Lilly. Pas encore. Mais… si cette entrée existe, alors ça sera la preuve que ces terres sont bien ma création. Que ce monde et mon ancien univers s’entrelacent.

Lilly battit des ailes nerveusement, regardant autour d’elle comme si elle s’attendait à ce que quelque chose surgisse du brouillard.

— Mais pourquoi ? Pourquoi maintenant ?

— Peut-être que je devais revenir. Peut-être que ces terres m’ont appelé pour une raison…, dit Aelion en esquissant un sourire teinté de mystère. Mais peu importe la raison, il est temps de vérifier. Reste proche, Lilly.

Devant eux, le brouillard s’épaississait, formant des ondulations presque hypnotiques. Aelion inspira profondément, une goutte de sueur roulant sur son front. Il déglutit, ses mains tremblant légèrement avant de se serrer en poings.

— Elandris, entends ma voix et réveille-toi, Oh toi ma création, prononça-t-il d’une voix forte, emplie d’une autorité qui résonna dans l’air stagnant.

Le brouillard réagit immédiatement à ses paroles, ondulant de plus en plus vite avant de s’écarter lentement, révélant un passage étroit. Au bout de ce chemin se tenait une petite console, éclairée par une faible lueur, comme un vestige technologique dans ce monde magique. Lilly resta bouche bée, abasourdie par la scène qui se déroulait sous ses yeux.

— Qu… qu’est-ce que c’est ? balbutia-t-elle, incrédule.

Aelion s’avança lentement, son regard fixé sur la console. Une vague d’émotion monta en lui alors qu’il reconnaissait cet appareil.

— C’est… c’est une sécurité. Une idée de Lina, dit-il avec un sourire empreint de nostalgie. Voir quelque chose de familier ici… c’est… c’est indescriptible.

Il posa ses doigts tremblants sur le clavier et tapa un code à six chiffres : la date de naissance d’Amara. Le brouillard sembla frissonner, puis il s’ondula comme pour exprimer une joie silencieuse. Une voix douce et lointaine chuchota soudain à l’oreille d’Aelion :

— Quand je vous créerai un passage, ils sauront… Prenez garde… Oh créateur.

Lilly se frotta les yeux frénétiquement, incrédule devant le spectacle surréel.

— Est-ce que… est-ce que je rêve ? s’exclama-t-elle.

Aelion tourna la tête vers elle, un sourire tranquille sur le visage.

— Non, Lilly. Ce n’est pas un rêve. C’est réel.

Se tournant vers le brouillard, il ajouta d’une voix ferme :

— Merci, ma vieille amie. Ouvre-moi le passage en grand. Je veux qu’ils sachent que je suis de retour.

Le brouillard sembla vibrer d’approbation, et un large passage se forma lentement, baignant les environs d’une lumière surnaturelle. Aelion franchit le seuil, précédé par une onde de puissance qui semblait annoncer sa présence au monde entier.

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