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L’Ascension des dragonoïdes. [French/Français]
Chapitre 4 : La Défaite Amère d’Aelion

Chapitre 4 : La Défaite Amère d’Aelion

Après une journée entière de marche sous un ciel gris, Aelion, Amara et Loriel atteignirent enfin la lisière des Terres Maudites. Une brume épaisse s'étendait devant eux, mouvante et oppressante, évoquant une mer agitée prête à avaler les imprudents. Des ombres furtives dansaient au gré de cette brume, comme les échos d’un passé ancien et oublié. L’atmosphère pesante, presque suffocante, semblait imprégnée de murmures lointains et d’une magie tapie dans l’air.

Aelion s’arrêta brusquement, scrutant le voile impénétrable avec une concentration palpable. Ses lunettes rondes reflétaient la lumière diffuse du jour finissant. Posant une main protectrice sur l’épaule d’Amara, il assura sa présence silencieuse à ses côtés, tandis que la fillette serrait fermement sa petite main dans la sienne.

« Nous campons ici. »

Sa voix résonna avec une assurance calme, mais son ton autoritaire ne laissait aucune place à la discussion.

Il désigna un repli protégé par quelques rochers noirs qui semblaient épargnés par le temps, leur offrant une cache sommaire mais fonctionnelle. Loriel, qui fermait la marche, laissa son regard errer sur la brume mouvante. Ses yeux, lumineux et réfléchis, s'attardèrent un instant sur ce rideau naturel.

« Ce n’est pas une simple frontière, »

murmura-t-elle avec gravité.

« Cette brume… elle nous observe. »

Aelion acquiesça d’un léger mouvement de tête, ses pensées restant fixées sur ce qu’il percevait. Tandis qu’Amara s’installait sous une couverture qu’il venait de déployer, il entreprit d’allumer un feu. Les premières flammes éclairèrent doucement son visage, renforçant son expression ferme et concentrée.

Fixant le brouillard, il déclara d’un ton bas, presque pour lui-même :

« Demain, nous entrerons. »

Assise près du feu, Loriel croisa les bras, son regard suivant celui d’Aelion. La lumière vacillante des flammes faisait briller ses cheveux argentés, leur donnant un éclat surnaturel. Elle soupira légèrement avant de répondre :

« Tu sais que cette décision va réveiller tout ce qui sommeille ici, n’est-ce pas ? »

Un sourire discret mais assuré naquit sur les lèvres d’Aelion. Ses yeux restaient rivés sur le brouillard, comme s’il défiait les ombres qui s’y cachaient.

« C’est exactement ce que je veux. »

Tandis que le brouillard continuait de dissimuler ses mystères, d’autres âmes convergeaient vers ces terres légendaires. Le destin, semblant tisser ses fils invisibles, rapprochait peu à peu des forces opposées, chacune guidée par ses propres ambitions.

Une colonne d’hommes lourdement armés progressait à travers les plaines froides et balayées par le vent se trouvant entre Fairhaven et les terres maudites. Les capes des mercenaires, délavées et effilochées, claquaient contre leurs armures ternies. Le groupe avançait en silence, une tension palpable s’accrochant à chaque pas.

À la tête de cette troupe, un homme monté sur un imposant destrier noir dominait les rangs de sa présence massive. Sa silhouette trapue et ses vêtements richement ornés contrastaient avec les visages fatigués de ses hommes. Il portait une expression de mépris, ses lèvres épaisses retroussées en un rictus moqueur, comme si même la terre sous ses pieds ne méritait pas sa considération.

« Combien de temps encore ? »

tonna-t-il d’une voix rauque, agacée.

Fanel, un jeune lieutenant, s’avança prudemment, évitant le regard brûlant de son supérieur.

« Une demi-journée, votre grâce, si le vent ne force pas. »

Le duc claqua la langue, irrité.

« Une demi-journée ? Une éternité, veux-tu dire ! Ces foutues terres sont censées être maudites, mais jusqu’à présent, je ne vois rien d’autre que des champs vides et des arbres morts. Si c’est encore une de ces légendes débiles, je jure que je… »

Il s’interrompit, son regard se posant sur l’horizon où les contours des Terres Maudites devenaient visibles. Un sourire carnassier étira ses lèvres.

« Enfin, »

murmura-t-il.

« Mon futur domaine. »

Le lieutenant hésita, jetant un regard inquiet vers ses camarades.

« Votre grâce… si je peux me permettre… Les récits des villageois parlent de… »

Le duc se retourna brusquement, ses yeux brillants d’une colère démesurée.

« Des récits ? Tu veux dire les jérémiades de crasseux qui n’ont jamais rien accompli de leur misérable vie ? Ce sont eux qui te font peur ? »

Il éclata d’un rire grave et bruyant, résonnant sur les plaines désertes.

« Écoutez-moi bien, bande de larves. Ces terres m’appartiennent déjà. Et si l’un de vous pense le contraire, il est libre de rebrousser chemin et de mourir comme un lâche. Je n’ai pas besoin de poltrons dans mon armée. »

Le silence retomba, lourd et oppressant. Les mercenaires reprirent leur marche, les épaules basses. Mais dans l’ombre de cette progression, certains murmuraient, partageant des regards entendus. Leur chef pouvait bien rire, mais les hommes savaient : ces terres n’étaient pas qu’un terrain de jeu pour conquérants avides.

Alors que les mercenaires poursuivaient leur avancée sous la voûte étoilée, guidés par la lueur froide de la lune, le temps continuait sa marche implacable.

À l’aube, lorsque les premières lueurs du soleil percèrent l’horizon, Aelion, Loriel et Amara se préparaient à pénétrer dans le brouillard, le seuil mystérieux des Terres Maudites.

Aelion se tenait prêt, sa lame draconique prête à apparaître en cas de besoin. Il ajusta ses lunettes, ses yeux fixant l’horizon avec détermination.

« Loriel, prends Amara. Restez près de moi. »

Sa voix, bien que calme, ne laissait pas place à la discussion. Loriel s’avança, posant doucement une main sur l’épaule d’Amara, qui observait le brouillard avec une fascination mêlée de crainte.

« Papa… pourquoi cette brume bouge-t-elle comme ça ? »

demanda la fillette, ses grands yeux fixant les formes ondoyantes.

Aelion s’accroupit devant elle, posant une main sur sa tête.

« Parce que ces terres ne dorment jamais. Mais ne t’inquiète pas, ma petite étoile. Je suis là. Et rien ne pourra t’atteindre. »

Ils pénétrèrent dans le brouillard, les contours de la forêt se révélant peu à peu. Les troncs d’arbres imposants, aux formes tordues et inquiétantes, semblaient s’étendre à l’infini. Loriel, marchant à côté d’Aelion, scrutait les ombres mouvantes.

« Cet endroit respire la magie ancienne, »

murmura-t-elle.

« Et pas la plus accueillante. »

Aelion acquiesça silencieusement, ses sens en alerte.

Alors qu’ils avançaient, une lumière rouge apparut au loin. Une silhouette émergea de l’ombre : un jeune homme aux cheveux rouge flamboyant et aux yeux verts brillants, son aura terrifiante pulsant autour de lui.

« Qui ose profaner ces terres sacrées ? »

exigea-t-il.

Aelion s’arrêta, plaçant instinctivement une main devant Amara. Il évalua rapidement son adversaire, chaque détail du jeune homme captant son attention.

« Des terres sacrées ? »

répondit-il enfin, un sourire sur les lèvres.

« Tout ce que je vois, c’est un lieu oublié, gardé par des âmes incapables de quitter leur prison. Mais peut-être n’as-tu pas eu le choix. »

Le Sanguin, les poings serrés, dégageait une énergie écrasante, rougeoyante, qui faisait vibrer l’air autour de lui. Sa posture athlétique et ses yeux verts flamboyants donnaient l’impression d’un prédateur prêt à bondir. Chaque mot qu’il prononçait semblait résonner avec une rage contenue.

« Ces terres ne tolèrent pas les faibles comme toi, »

affirma-t-il, ses poings crépitant d’énergie pure.

Aelion, impassible, ne répondit pas immédiatement. Ses yeux, dissimulés derrière ses lunettes rondes, scrutaient calmement chaque détail du jeune Majordome. Il cherchait des failles, des indices sur sa prochaine attaque. Puis, avec un sourire en coin, il lança :

« Les faibles, hein ? Intéressant choix de mots… mais je n’ai encore vu aucune preuve que toi, tu sois différent. »

Cette phrase, teintée de mépris, provoqua l’effet escompté. Le Sanguin bondit en avant, frappant avec une force dévastatrice. Son poing, entouré d’une lueur rouge intense, fendit l’air comme un météore, visant directement la tête d’Aelion.

Mais Aelion pivota sur le côté avec une précision chirurgicale, esquivant l’attaque de justesse. Le poing du Sanguin s’écrasa contre le sol, créant un cratère béant et projetant des éclats de pierre dans toutes les directions.

Loriel, qui marchait près d’Amara, posa une main protectrice sur l’épaule de la fillette, l’éloignant légèrement.

« Ce gamin est fort, mais sa rage est sa faiblesse, » chuchota-t-elle, observant les mouvements du Sanguin avec un mélange de méfiance et de calcul.

Aelion, esquivant un autre coup, se redressa et susurra d’un ton moqueur :

« Est-ce vraiment tout ce que tu as ? Je m’attendais à mieux de la part d’un prétendu gardien. »

La rage du Sanguin monta en flèche. Il libéra un cri guttural, et son énergie devint encore plus intense. Des éclairs rouges se mirent à danser autour de lui, et le sol sous ses pieds se fissura davantage.

« Tu ne comprends pas à qui tu as affaire ! Je vais te réduire en cendres ! »

Avant que le Sanguin ne puisse attaquer à nouveau, une voix calme et autoritaire coupa à travers le tumulte :

« Ça suffit. »

L’Impénétrable apparut, émergeant des ombres avec une démarche assurée. Sa stature imposante et ses yeux métalliques glacés imposaient un silence immédiat. Le Sanguin, bien que bouillonnant de rage, se figea instantanément, reconnaissant l’autorité inébranlable de son chef.

« Vous ne ferez rien sans mon autorisation, »

déclara L’Impénétrable, son ton sec et tranchant comme une lame. Il tourna lentement la tête vers Aelion, le jaugeant avec des yeux perçants.

Le Séducteur, s’avançant à son tour, esquissa un sourire malicieux.

« Un intrus, et pas des moindres… »

Il fixa Aelion avec une curiosité teintée d’amusement.

« Peut-être devrions-nous l’interroger avant de le réduire en poussière. »

Le Sanguin, bien qu’immobilisé par la présence de L’Impénétrable, ne parvint pas à contenir complètement sa fureur. Ses poings tremblaient, des veines rouges éclatant sous sa peau comme des rivières de lave prêtes à déborder.

« Pourquoi m’arrêter maintenant ? Cet humain n’a rien à faire ici ! Je peux le détruire en une seule attaque ! »

hurla-t-il d’un ton chargé de frustration.

L’Impénétrable lui jeta un regard glacial, un simple froncement de sourcils suffisant à faire taire les protestations du jeune Majordome.

« Tes émotions incontrôlées mettent en péril notre mission, Le Sanguin. Ce n’est pas un combat de rue. Chaque décision que je prends a un but. Si tu ne peux pas comprendre cela, alors reste en arrière. »

Le ton était neutre, mais d’une sévérité absolue. Le Sanguin, bien que toujours furieux, baissa la tête, la mâchoire serrée. Même dans son tempérament impétueux, il respectait profondément l’autorité de L’Impénétrable.

Pendant ce temps, Aelion, immobile mais sur ses gardes, analysait soigneusement la dynamique entre les Majordomes. Ses lunettes dissimulaient un éclat de malice. Il comprit rapidement que ce groupe n’était pas qu’un amas d’individus puissants ; ils fonctionnaient comme une unité, avec une hiérarchie stricte.

« Oh, laisse-le s’amuser un peu, Impénétrable, »

murmura Le Séducteur, s’avançant lentement. Sa voix douce et mielleuse résonnait comme une chanson sinistre. Ses cheveux argentés scintillaient sous la lumière diffuse, et son sourire angélique cachait une malveillance latente.

Il s’arrêta à quelques mètres d’Aelion, plongeant ses yeux bleus hostile dans ceux de son adversaire.

« Toi… tu n’es pas comme les autres intrus, n’est-ce pas ? Tu n’es pas venu ici par hasard. »

The narrative has been taken without permission. Report any sightings.

Ses mots étaient soigneusement choisis, chaque syllabe imbibée d’une intention manipulatrice.

Aelion, toujours calme, esquissa un sourire en coin.

« Peut-être que je suis juste curieux. Après tout, ces terres sont abandonnées depuis si longtemps… il serait dommage de ne pas les explorer. »

Le Séducteur éclata d’un rire léger, mais son regard s’assombrit légèrement.

« Abandonnées ? Oh, mon cher, tu es bien loin de la vérité. Ces terres n’ont jamais été sans maîtres. Et crois-moi, leurs véritables détenteurs ne sont pas aussi… indulgents que nous. »

Loriel, debout près d’Amara, observa attentivement la scène. Elle comprenait que Le Séducteur cherchait à déstabiliser Aelion par ses paroles. Elle posa une main sur l’épaule d’Amara, murmurant doucement à son oreille :

« Ne t’inquiète pas, ton père sait ce qu’il fait. Reste près de moi. »

Alors que Le Séducteur continuait son manège, une ombre silencieuse se glissa derrière eux. Le Silencieux, vêtu de son costume noir impeccable, émergea discrètement, presque imperceptible. Ses yeux noirs absorbaient la lumière, et sa simple présence faisait frissonner l’air.

« Assez parlé, »

déclara-t-il d’une voix calme mais autoritaire.

« Cet homme est un danger potentiel. S’il reste ici, il mettra en péril l’équilibre que nous protégeons. »

Aelion jeta un rapide coup d’œil en direction du Silencieux, notant la précision de ses mouvements et l’aura de menace qu’il dégageait.

« Alors quoi ? Vous allez m’attaquer tous en même temps ? Je dois dire que je suis flatté de recevoir tant d’attention, »

dit-il avec un sourire moqueur, ses mots soigneusement choisis pour maintenir leur concentration sur lui et non sur Amara ou Loriel.

Le Silencieux resta impassible face à la provocation d’Aelion. Ses yeux sombres, insondables, semblaient sonder son âme, cherchant à déceler la moindre faiblesse. Un léger frisson parcourut l’air, presque imperceptible, tandis qu’il levait lentement une main gantée.

Une tension palpable s’installa, mais ce fut L’Impénétrable qui la brisa d’une voix polaire :

« Ce n’est pas de l’attention que tu reçois, intrus. C’est une opportunité de repartir vivant, que tu es sur le point de gaspiller. »

Le Séducteur, toujours souriant, leva une main pour calmer la situation, comme s’il savourait chaque instant.

« Doucement, mes amis. Ce serait dommage de gâcher un tel spectacle. Après tout, il est rare de voir quelqu’un oser tenir tête à notre cher Sanguin. »

Le Sanguin, bouillonnant d’impatience, fit un pas en avant, mais L’Impénétrable leva un doigt, l’arrêtant net.

« Pas un geste. »

Le jeune Majordome recula à contrecœur, ses poings toujours serrés, l’énergie rouge vibrant autour de lui. Mais son regard restait fixé sur Aelion, une promesse silencieuse de vengeance gravée dans ses yeux flamboyants.

Aelion, quant à lui, analysait chaque mouvement, chaque mot. Les Majordomes formaient un cercle subtil autour de lui. Il comprit rapidement qu’ils ne comptaient pas seulement le neutraliser, mais l’isoler de Loriel et Amara. Une stratégie classique, mais redoutablement efficace, surtout entre des mains aussi disciplinées.

« Alors quoi ? »

répliqua-t-il d’un ton désinvolte, croisant les bras.

« Vous allez vous contenter de parler ou vous comptez passer à l’action ? »

Un silence lourd s’installa. Le Silencieux fit alors un pas en avant, ses mouvements aussi discrets que le souffle d’un vent nocturne. Il leva de nouveau sa main gantée, et dans un éclat de lumière spectrale, un symbole complexe et éthéré apparut dans l’air, vibrant d’une énergie sombre et glaçante.

Aelion fronça les sourcils, sentant une chaleur inhabituelle sur son torse. Il baissa les yeux et vit, sous sa peau, la marque noire s’inscrire lentement, pulsant comme une flamme silencieuse.

« Qu’est-ce que c’est que ça ? »

interrogea-t-il, une pointe de colère perçant dans sa voix.

Le Silencieux ne répondit pas immédiatement. Il inclina légèrement la tête, ses yeux noirs rivés sur Aelion avec une froideur calculatrice. Lorsqu’il parla, sa voix était basse, presque un chuchotement :

« Une mesure de précaution. Si tu fuis, nous saurons. Si tu reviens… nous serons prêts. »

Aelion serra les poings, une rage bouillonnante montant en lui, mais il garda son calme, son esprit cherchant déjà un moyen de contrer cette manœuvre.

L’Impénétrable intervint, son regard acéré fixant Aelion.

« Maintenant que nous pouvons suivre chacun de tes mouvements, intrus, sache que toute tentative de fuite ne fera qu’accélérer ton échec. »

Le Silencieux, ayant accompli son rôle, recula lentement, disparaissant presque aussitôt dans l’ombre comme s’il n’avait jamais été là.

Aelion porta son attention sur L’Impénétrable, son regard brûlant de défi malgré la marque qui pulsait doucement sur son torse.

« Vous pouvez essayer de me contrôler… mais cette marque ne changera rien. Vous avez fait une erreur. Vous m’avez laissé en vie. »

Le Séducteur éclata d’un rire léger, un éclat amusé dans les yeux.

« Nous verrons bien, intrus. Peut-être que ta survie n’est qu’un prétexte pour notre amusement. Après tout, il serait dommage que tout ceci se termine si vite. »

D’un mouvement de la main, L’Impénétrable forma une barrière invisible derrière Aelion, coupant définitivement Loriel et Amara de son champ de protection.

La barrière, bien qu’invisible, émettait une vibration sourde, presque oppressante. Loriel s’avança précipitamment, posant une main sur la barrière.

« Non…! »

murmura-t-elle, ses yeux dorés flamboyant de frustration. Elle tenta de canaliser son énergie pour la briser, mais sans succès. La magie de L’Impénétrable était bien trop puissante.

Amara, terrifiée, agrippa la manche de Loriel, les larmes aux yeux.

« Loriel… pourquoi il fait ça ? » interrogea-t-elle d’une voix tremblante.

Loriel se tourna vers elle, tentant de garder un air rassurant malgré la situation. Elle posa une main sur sa tête, sa voix douce.

« Ne t’inquiète pas. Ton père sait ce qu’il fait. Il reviendra pour nous. »

Aelion, voyant la scène, sentit une colère froide monter en lui. Il serra les poings, son esprit bouillonnant pour trouver une solution. Mais L’Impénétrable profita de son moment de distraction pour ordonner l’assaut.

« Frappez-le maintenant, »

ordonna-t-il avec une sérénité froide comme la pierre.

Le Sanguin bondit avec une rage décuplée, ses poings entourés d’une énergie rouge flamboyante. Ses frappes étaient brutales, dévastatrices, mais Aelion esquivait avec une précision presque surnaturelle. Chaque mouvement calculé le rapprochait de son objectif.

Dans un éclat de lumière bleutée, Aelion invoqua une lame draconique. L’arme pulsait d’une énergie ancestrale, vibrant avec l’air environnant. Il la fit tournoyer dans ses mains, fixant ses adversaires avec un sourire givré.

« Vous êtes vraiment prêts à me sous-estimer ? Très bien, dans ce cas, regardez bien. »

Il leva sa lame, une incantation silencieuse passant sur ses lèvres. Une lumière intense commença à se former autour de lui, son énergie débordant dans l’atmosphère. Loriel, toujours derrière la barrière, reconnut immédiatement ce qu’il tentait de faire. Ses yeux s’écarquillèrent.

« Il… il va invoquer ses chevaliers ! »

Mais avant qu’Aelion ne puisse terminer, L’Impénétrable fit un geste rapide de la main. Une onde de choc invisible jaillit de sa position, frappant Aelion de plein fouet. La puissance du choc le propulsa en arrière, brisant son incantation et dissipant l’énergie qui l’entourait.

Aelion fut projeté violemment à travers les arbres, son corps heurtant le sol avec une force écrasante. Il roula sur plusieurs mètres avant de s’arrêter, le souffle coupé. Du sang coulait sur le côté de sa tête, brouillant sa vision. Mais il serra les dents, tentant de se relever.

L’Impénétrable observa calmement, s’adressant à ses subordonnés.

« Nous ne devons pas le sous-estimer davantage. Le Séducteur, prends en charge la sécurité des prisonnières. Le Sanguin, prépare-toi pour une éventuelle contre-attaque. »

Le Sanguin grogna, frustré de ne pas avoir pu achever son adversaire, mais il obéit. Le Séducteur, quant à lui, esquissa un sourire narquois avant de disparaître dans les ombres en direction de Loriel et Amara.

Aelion, à genoux, leva les yeux vers eux. Il sentit une colère sourde monter en lui, mais il savait qu’il était dépassé. Il marmonna faiblement, le goût amer de la défaite sur la langue :

« Ce n’est pas terminé… Je vous briserai tous. »

L’Impénétrable, d’un simple mouvement de la main, plia l’espace autour d’Aelion, créant une puissante déflagration invisible. Le souffle l’entoura, amplifiant la pression jusqu’à le propulser à une vitesse fulgurante hors du territoire des Terres Maudites. Le ciel s’emplit d’un grondement sourd tandis que son corps traversait les airs, comme une comète sombre.

Loriel, observant la scène, se précipita contre la barrière avec un cri étouffé :

« Aelion ! »

Amara, toujours en pleurs, agrippa la robe de Loriel.

« Il va revenir, n’est-ce pas, Loriel ? Papa va revenir, hein ? »

Loriel inspira profondément pour masquer sa propre panique. Elle posa une main tremblante sur la tête d’Amara, puis bredouilla d’une voix douce mais ferme :

« Oui, Amara. Il reviendra. Mais en attendant, nous devons être fortes. »

Elle se tourna vers l’endroit où Aelion avait disparu, une résolution froide illuminant son regard.

« Et je vais m’assurer qu’il sache où nous sommes. »

Loriel ferma les yeux, laissant sa magie s’écouler lentement. Un léger éclat doré commença à émaner de son corps, illuminant l’espace confiné de leur cellule. Amara, fascinée, cessa un instant de pleurer et observa en silence.

Une petite forme se détacha de Loriel, semblant naître de sa propre essence magique. Le scintillement doré se condensa progressivement, prenant une silhouette tangible : une minuscule figure féminine avec des ailes lumineuses et translucides, rappelant celles d’une fée. Ses cheveux argentés flottaient doucement autour de son visage délicat, et ses yeux étincelaient d’une lumière vive et malicieuse.

Loriel ouvrit les yeux, un léger sourire aux lèvres.

« Lilly... c’est ainsi que je vais t’appeler. »

La petite fée releva la tête vers sa créatrice, une expression déterminée sur son visage minuscule. Elle posa une main sur sa hanche, tandis que l’autre se levait pour saluer Loriel. Une voix cristalline, aussi légère qu’un souffle, s’éleva :

« Je suis prête. Dis-moi où je dois aller. »

Amara, les yeux ronds, murmura avec émerveillement :

« Elle est belle... Est-ce qu’elle va trouver papa ? »

Loriel hocha la tête.

« Oui. Lilly va chercher Aelion et lui transmettre un message. Elle lui montrera aussi ce qu’il affronte ici. »

La mini-Loriel, battant doucement des ailes, s’éleva dans les airs. Loriel plaça ses mains autour de la fée, créant une barrière protectrice autour d’elle.

« Fais attention, Lilly. Ces Majordomes sont bien plus dangereux qu’ils n’en ont l’air. Ne te fais pas repérer. »

Lilly hocha la tête, battant ses ailes lumineuses.

« Ne t’inquiète pas, Loriel. Je retrouverai Aelion. »

Elle s’élança avec grâce, traversant une faille subtile dans la barrière magique. Loriel suivit son éclat doré disparaître dans le brouillard, un léger frisson traversant son corps. Ses lèvres murmurèrent presque inaudiblement :

« Reviens vite... et ramène-le à nous. »

Un grondement sourd se fit alors entendre quelques instants après. Une sphère énergétique entoura Loriel et Amara, vibrant légèrement avant de s’élever, comme animée par une volonté propre. Une douce lueur dorée enveloppa Loriel et Amara, atténuant la froideur oppressante qui les avait accompagnées jusque-là.

« Qu’est-ce qui se passe ? »

demanda Amara, serrant nerveusement la main de Loriel.

« Ils nous emmènent au cœur de leur domaine, » rétorqua Loriel, son ton grave masquant à peine l’appréhension qui la gagnait.

À travers les fines parois de la sphère, le paysage s’éclaircit lentement. Les ombres du brouillard laissèrent place à une vision à couper le souffle. Le Château Majestueux, trônant fièrement au centre des Terres Maudites, se dévoila dans toute sa splendeur.

Le bâtiment, d’inspiration elfique et naine, était une œuvre d’art vivante. Ses tours élancées semblaient vouloir toucher le ciel, ornées de gravures draconiques qui luisaient faiblement sous le soleil. Les pierres magiques qui composaient la structure semblaient respirer, changeant subtilement de teinte au gré de la lumière. Des sculptures en or et argent, représentant des dragons et des héros oubliés, décoraient les façades, renforçant l’impression d’un paradis enchâssé dans un écrin de mystère.

Amara, captivée, murmura :

« C’est magnifique... comme un rêve. »

Loriel, toujours sur ses gardes, observa attentivement les détails. « Les plus beaux endroits cachent souvent les pires dangers, »

sussura-t-elle à voix basse.

La sphère pénétra doucement dans les grandes arches ornées de runes, s’enfonçant dans les profondeurs du château. À l’intérieur, l’élégance et la grandeur continuaient de défier toute logique. Des vitraux, baignés d’une lumière chaude et apaisante, racontaient des histoires anciennes, tandis que les plafonds voûtés donnaient une impression d’infinité.

La pièce où elles furent déposées ressemblait à une cage dorée, aussi somptueuse qu’oppressante. Les murs étaient tapissés de soieries précieuses, et le mobilier, fait de bois sculpté et de métal finement travaillé, évoquait un confort royal. Au centre, un lit à baldaquin drapé de tissus de soie blanche et brodés d’or trônait comme un monument. Une table garnie de fruits frais et des sièges recouverts de velours ajoutaient une touche inattendue de chaleur.

Amara s’approcha du lit, hésitante.

« C’est comme une maison de conte de fées... mais ça ne semble pas vrai, »

marmonna-t-elle, le regard inquiet.

Loriel hocha la tête, ses yeux fouillant chaque recoin de la pièce.

« Tout ici est un piège, Amara. Peu importe la beauté apparente, ce château est un champ de bataille déguisé. »

Avant qu’elles ne puissent réfléchir davantage, la porte s’ouvrit en silence. L’Impénétrable entra, suivi du Séducteur et du Sanguin. Leur simple présence suffit à alourdir l’atmosphère.

L’Impénétrable jeta un regard froid autour de lui avant de s’adresser à Loriel d’un ton glacial.

« Soyez honorées. Peu d’intrus ont le privilège de voir ce lieu. Mais souvenez-vous, ce confort n’est qu’une illusion. Vous n’êtes pas nos invitées... vous êtes nos otages. »

Le Séducteur, toujours souriant, effleura une des tentures d’un doigt élégant, son regard perçant fixé sur Loriel.

« Une prison, certes, mais une prison digne d’une reine... ou d’une déesse oubliée. Qu’en pensez-vous ? »

Loriel, droite et impassible, soutint son regard sans ciller.

« Vos pièges, qu’ils soient dorés ou non, ne changeront rien. Vous avez commis une erreur en sous-estimant Aelion. Il reviendra, et vous regretterez ce jour. »

Le Sanguin, grognant de frustration, croisa les bras.

« Il peut bien essayer. La prochaine fois, il ne partira pas vivant. »

L’Impénétrable fit un signe de tête pour calmer son subordonné avant de se tourner vers Le Silencieux, qui était resté dans l’ombre.

« Prépare la salle principale. Le moment venu, nous serons prêts à écraser son arrogance. »

Sans un mot de plus, ils quittèrent la pièce, laissant Loriel et Amara dans un silence pesant. Loriel inspira profondément, posant une main rassurante sur la tête d’Amara.

« Reste forte. Ton père ne les laissera pas nous garder ici. Nous sortirons... et ce château sera témoin de leur chute. »

À des kilomètres de là, le corps d’Aelion s’écrasa violemment contre le sol rocailleux, creusant un cratère profond dans la terre. L’impact fit trembler le sol, projetant des éclats de pierre et soulevant un nuage de poussière épais.

« Loriel… Amara… »

chuchota-t-il, les dents serrées.

Activant son pouvoir de régénération, Aelion concentra son énergie sur ses blessures. La douleur persistante alimentait une rage qui grondait en lui, prête à exploser.

Il gisait au fond du cratère, son corps brisé par l’impact. Les fissures dans le sol autour de lui témoignaient de la violence de son expulsion. Le brouillard, dense et oppressant, bloquait toute vue sur les Terres Maudites, mais il n’avait pas besoin de les voir. Il les sentait.

Un goût de fer emplissait sa bouche, ses muscles hurlaient de douleur, et chaque respiration semblait arracher un peu plus de son énergie. La régénération draconique avait commencé, mais elle était lente, si lente…

« Ils m’ont humilié… »

grogna-t-il, sa voix rauque vibrante de rage.

Des souvenirs affluèrent, clairs et insupportables : Amara criant son nom, Loriel emprisonnée, et ces Majordomes osant se dresser entre lui et ce qu’il avait de plus cher. Sa haine bouillonnait, brute et tranchante, l’envahissant comme une tempête prête à tout ravager.

Sans qu’il ne s’en rende compte, son aura commença à se manifester. Les filaments de mana environnants, si purs et chargés, se laissèrent aspirer par la force invisible de sa rage. Une lumière presque imperceptible dansait autour de lui, signe d’un processus qui échappait encore à son contrôle.

Ses poings se serrèrent. Ses pensées s’entrechoquaient entre vengeance et priorité.

« Ils vont payer… »

souffla-t-il, sa voix plus grave, plus inhumaine.

« Mais d’abord, je les ramènerai. »

Il ne pouvait pas rester là, vulnérable, impuissant. Mais chaque tentative de mouvement réveillait une douleur insoutenable. Instinctivement, son corps continuait à attirer l’énergie autour de lui, cherchant une source pour compenser ses limites.

Une chaleur étrange se forma au creux de sa poitrine, mêlée à la fureur. Elle n’apaisait rien, au contraire : elle nourrissait ses pulsions, attisant encore cette vague de haine qui ne cessait de grandir.

Il planta son regard dans le brouillard, incapable de voir quoi que ce soit, mais certain d’une chose : les Majordomes allaient regretter leur audace.

« Attendez-moi... »

marmonna-t-il, une lueur féroce dans ses yeux.

Sa main, tremblante, frappa de nouveau le sol, fissurant encore davantage la terre déjà marquée par sa chute. Sa colère, déchirante et aiguisée, n’était pas prête de se calmer.

« Vous avez osé me prendre ma famille... Je vais tout vous arracher... Vos terres et vos familles ! »

Le mana continuait à affluer autour de lui, alimentant une tension invisible qui grandissait à chaque seconde.

Aelion inspira profondément, ignorant la douleur, ses pensées concentrées sur une seule promesse : il reviendrait, et ces terres maudites, arrogantes, deviendraient leur enfer.