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L’Ascension des dragonoïdes. [French/Français]
Chapitre 2 : L’ Ombre des Terres Maudites

Chapitre 2 : L’ Ombre des Terres Maudites

Le sentier continuait de serpenter à travers la Forêt de Zuuri, baigné par la lumière diffuse d’un après-midi avancé. Les rayons du soleil filtraient à travers la canopée dense, projetant des ombres mouvantes sur le sol. L’air était calme, presque immobile, chargé de l’odeur riche de la terre et des feuilles humides. Au loin, le chant mélodieux des oiseaux se mêlait au murmure apaisant d’un ruisseau.

Amara sautillait joyeusement, ramassant çà et là des fleurs aux pétales luminescents ou des morceaux de bois qu’elle considérait comme des trésors.

« Papa, regarde cette branche ! On dirait une épée magique ! »

lança-t-elle en riant, la brandissant comme si elle s’apprêtait à combattre un ennemi invisible.

Aelion lui répondit distraitement, ses yeux fixés sur la carte qu’il tenait entre ses mains. Son esprit était captif des contours mystérieux des Terres Maudites, dessinées avec une précision presque vivante. Ces terres semblaient émettre une aura particulière, même à travers une simple représentation.

Loriel, flottant gracieusement à ses côtés, remarqua son agitation silencieuse. Elle jeta un regard curieux sur la carte, mais garda le silence, préférant laisser Aelion partager ses pensées de lui-même.

Le trio avançait, et peu à peu, la lumière du jour commença à s’affaiblir. L’ombre des arbres s’étirait, les nuances dorées du soleil couchant se transformant lentement en une lueur plus douce, teintée d’un bleu profond. L’air, jusque-là tiède, devint légèrement plus frais, annonçant l’approche de la soirée.

C’est alors qu’une lumière soudaine et inhabituelle apparut devant eux, flottant à quelques mètres au-dessus du sol. Elle pulsait doucement, comme un cœur battant, projetant des reflets dorés sur les arbres alentours.

« Papa, regarde ! »

s’exclama Amara, ses yeux brillants d’excitation.

Aelion s’arrêta net, plissant les yeux pour mieux observer l’étrange phénomène. Une fenêtre flottante, semblable à une interface numérique, scintillait devant eux. Elle semblait vivante, presque consciente. Aelion sentit un frisson parcourir son échine.

« Comment est-ce possible ? »

murmura-t-il en s’approchant prudemment.

Loriel, intriguée, flotta légèrement plus près, ses yeux dorés étincelants de curiosité.

« C’est le système de Zuuri, »

dit-elle doucement.

« Un héritage conçu pour vous. Cette interface reflète votre progression et vous guide dans votre évolution. »

Aelion passa une main hésitante à travers la lueur. Les informations affichées lui étaient familières : des statistiques, des compétences, des capacités en sommeil. C’était comme revenir dans le monde qu’il avait laissé derrière lui.

Amara, impatiente, se rapprocha pour toucher elle aussi la fenêtre. Une nouvelle lueur apparut soudainement devant elle, affichant des données similaires mais adaptées à son jeune âge.

« Papa, regarde ! Moi aussi j’en ai une ! »

s’écria-t-elle, sautillant sur place.

Aelion éclata de rire, malgré la tension de l’instant.

« On dirait que tu es encore plus spéciale que je ne le pensais, ma petite étoile. »

Loriel, bien que fascinée, afficha une expression plus sérieuse.

« Cela confirme ce que je soupçonnais. Votre fille est liée à ce monde d’une manière encore plus profonde que vous. Mais un tel pouvoir nécessite discipline et maîtrise. »

Aelion posa une main protectrice sur la tête d’Amara.

« Elle apprendra. Nous apprendrons ensemble. »

Avant qu’ils ne puissent approfondir davantage cette découverte, un bruit sourd se fit entendre dans les buissons proches. Le chant des oiseaux avait cessé, remplacé par un silence oppressant. Une tension palpable s’installa dans l’air.

Loriel, flottant légèrement au-dessus du sol, plissa les yeux en scrutant les ombres.

« Des gobelins… »

murmura-t-elle, son ton teinté de dégoût.

Le calme relatif de la forêt fut brisé par des ricanements aigus et gutturaux. Les buissons s’agitèrent violemment, et une dizaine de gobelins surgit, armés de lances et de couteaux grossiers. Leurs yeux jaunes luisaient d’une malice primitive, et leurs corps trapus se mouvaient avec une agilité inquiétante.

Amara se recula instinctivement, se blottissant contre son père.

« Papa, c’est quoi ces trucs ? Ils font peur ! »

murmura-t-elle, sa voix tremblante.

Aelion, calmant sa propre nervosité, posa une main rassurante sur l’épaule de sa fille.

« Reste derrière moi, Amara. Je vais m’occuper d’eux. »

D’un geste fluide, il invoqua sa lame draconique. Un éclat sombre illumina l’arme, et Aelion sentit immédiatement le lien profond qui l’unissait à elle. C’était plus qu’une arme : c’était une extension de lui-même.

Les gobelins attaquèrent en hurlant, leurs armes sales brandies avec frénésie. Aelion esquiva le premier coup maladroit, ses réflexes s’affinant à mesure que le combat progressait. Il contre-attaqua rapidement, fendant l’air avec sa lame et tranchant le bras d’un gobelin. Le sang jaillit en éclaboussant le sol, et la créature poussa un cri perçant avant de s’effondrer.

« Pas mal pour un début, »

lança Loriel d’un ton sarcastique.

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« Mais essayez de ne pas trop vous amuser. »

Aelion grogna, ses mouvements devenant plus fluides et précis. Chaque coup porté, chaque esquive réussie renforçait sa confiance et sa maîtrise de son nouveau corps. Mais le nombre des gobelins semblait croître à mesure que le combat s’intensifiait.

C’est alors qu’un rugissement puissant retentit dans la forêt. Les arbres eux-mêmes semblèrent frissonner sous l’intensité du son. Une silhouette massive émergea de la brume : un orc gigantesque, tenant une hache démesurée, s’avança lourdement vers eux.

Aelion sentit son cœur s’accélérer, mais un sourire froid étira ses lèvres.

« Enfin un vrai défi. »

Loriel, bien qu’inquiète, ne put s’empêcher de remarquer la lueur d’excitation dans les yeux d’Aelion.

« Vous êtes vraiment irrécupérable, »

murmura-t-elle.

L’orc s’avança lentement, chaque pas résonnant comme un coup de tonnerre sur le sol humide. Sa hache massive, ornée de runes primitives, brillait faiblement sous les derniers rayons de lumière filtrant à travers la canopée. Sa peau, d’un vert sombre tacheté de cicatrices, semblait raconter des histoires de batailles sanglantes. Ses petits yeux rouges, perçants, se posèrent sur Aelion, le jaugeant avec une haine viscérale.

La pluie, fine jusque-là, s’intensifia soudainement, rendant le sol boueux et glissant. Le ciel, auparavant teinté des teintes chaudes du crépuscule, se chargea de nuages sombres. Un grondement sourd, presque un avertissement, roula dans les hauteurs, annonçant l’orage imminent.

Amara, tremblante, se recula un peu plus, son regard fixé sur l’imposante créature.

« Papa, fais attention... »

murmura-t-elle, sa voix brisée par la peur.

Aelion serra la garde de sa lame draconique, inspirant profondément. Il sentait son cœur battre furieusement dans sa poitrine, mais ce n’était pas de la peur. Non, c’était une adrénaline brute, une excitation qu’il n’avait pas ressentie depuis des années. Ce combat était différent : ici, il n’était pas limité, pas entravé par les lois d’un monde désespérément ordinaire.

L’orc poussa un cri de guerre, levant sa hache avant de charger avec une vitesse surprenante pour sa taille. Aelion esquiva de justesse, glissant légèrement sur le sol boueux mais gardant son équilibre. Il contre-attaqua aussitôt, sa lame décrivant un arc mortel. Le tranchant de l’arme heurta l’armure grossière de l’orc, émettant une étincelle vive.

« C’est plus résistant que je ne le pensais, »

murmura-t-il, reculant pour évaluer son adversaire.

Loriel, observant la scène avec une lueur d’appréhension, intervint calmement :

« Mon seigneur, cet orc n’est pas comme les gobelins. Il a vécu des batailles que vous ne pouvez imaginer. Il est aussi rusé que brutal. Ne le sous-estimez pas. »

Aelion hocha légèrement la tête, ses yeux ne quittant pas son ennemi. L’orc, furieux de l’échec de son premier assaut, grogna et balaya l’air avec sa hache dans un geste violent. Aelion sauta en arrière, évitant de justesse la lame imposante. La force du coup arracha une partie du sol, projetant de la boue et des éclats de bois tout autour.

Chaque mouvement de l’orc était précis, calculé. Aelion comprit rapidement qu’il ne pourrait pas se contenter d’une simple attaque frontale. Il fallait jouer sur la vitesse et la ruse.

Avec une agilité nouvelle, Aelion se déplaça latéralement, attirant l’orc vers un terrain plus instable. Le sol, gorgé d’eau, formait une sorte de mare glissante. L’orc, trop concentré sur sa cible, ne sembla pas remarquer le piège. Aelion profita d’un moment d’inattention pour bondir sur une pierre, prenant de la hauteur avant d’abattre sa lame sur l’épaule gauche de la créature.

Un hurlement rauque résonna dans la forêt alors que la lame tranchait à travers la chair et l’armure. Du sang noir jaillit de la plaie, mais l’orc, loin d’être vaincu, contre-attaqua avec une brutalité féroce. Sa hache décrivit un large arc, forçant Aelion à plonger au sol pour éviter le coup.

Loriel, toujours à une distance prudente, observa avec un mélange d’admiration et de nervosité.

« Vous jouez avec le feu, mon seigneur. Mais je dois admettre que c’est impressionnant. »

Aelion se releva rapidement, essuyant la boue qui maculait son visage.

« Ne t’inquiète pas, Loriel. Je maîtrise la situation. »

Mais alors qu’il s’apprêtait à lancer une nouvelle offensive, un cri inattendu retentit derrière lui.

« Papa, regarde ce que je peux faire ! »

Aelion se retourna juste à temps pour voir Amara tendre ses petites mains en avant, une expression de concentration intense sur son visage. Des éclairs bleutés jaillirent soudainement de ses paumes, crépitant avec une énergie brute et incontrôlée. Le rayon frappa l’orc de plein fouet, le projetant en arrière avec une force incroyable.

La créature s’effondra lourdement, sa hache glissant hors de sa portée. Son corps fumait, des arcs électriques dansant encore sur sa peau brûlée. Aelion resta figé, bouche bée, incapable de comprendre ce qu’il venait de voir.

« Amara... »

murmura-t-il, abasourdi.

Amara se tourna vers lui, un sourire radieux éclairant son visage.

« C’est rigolo, papa ! J’ai tout fait exploser ! »

Elle courut vers lui, fière de sa démonstration, comme si elle venait de réussir un simple tour de magie.

Loriel, quant à elle, était tout aussi surprise. Elle s’approcha lentement d’Amara, son regard doré examinant attentivement la fillette.

« Cette enfant... »

murmura-t-elle pour elle-même.

« Elle possède un potentiel inimaginable. Mais un tel pouvoir, sans contrôle, peut être un danger pour elle-même et pour ceux qui l’entourent. »

Aelion, toujours sous le choc, posa ses mains sur les épaules d’Amara, l’obligeant à le regarder dans les yeux.

« Ma petite étoile, écoute-moi. Ce que tu viens de faire est incroyable, mais c’est aussi dangereux. Tu dois être prudente, d’accord ? »

Amara hocha la tête, légèrement intimidée par le ton sérieux de son père.

« D’accord, papa. Je ferai attention. »

Aelion soupira, passant une main tremblante dans ses cheveux.

« Loriel a raison. Nous devons lui apprendre à maîtriser ce pouvoir. »

Loriel acquiesça, sa voix redevenue calme mais ferme.

« Cela ne pourra pas attendre. Ce monde est bien plus impitoyable que vous ne l’imaginez. Si elle ne contrôle pas ses capacités, elle pourrait attirer des ennemis bien plus dangereux que cet orc. »

Aelion se redressa, son expression empreinte de détermination.

« Alors nous devons trouver un terrain d’entraînement le plus vite possible. »

Le silence retomba sur la forêt, brisé seulement par le bruit léger de la pluie. L’orc, vaincu mais encore en vie, gémit faiblement avant de disparaître dans les ombres, rampant vers un destin inconnu.

Avec le combat terminé, le trio reprit sa marche. Aelion, tenant toujours la main d’Amara, sentait le poids de cette nouvelle responsabilité. Sa fille, si jeune, possédait une puissance qui dépassait l’entendement. Et lui, en tant que père, devait veiller à ce qu’elle ne devienne jamais une menace, ni pour elle-même, ni pour ce monde.

Loriel, flottant silencieusement à leurs côtés, jetait des regards pensifs à Aelion.

« Mon seigneur, »

commença-t-elle doucement,

« vous portez déjà beaucoup sur vos épaules. Mais sachez que je suis là pour vous aider. »

Aelion hocha la tête, reconnaissant.

« Merci, Loriel. Ensemble, nous surmonterons tout cela. »

Ils atteignirent une petite clairière où le sentier se divisait en plusieurs directions. Aelion consulta une nouvelle fois la carte, ses yeux revenant instinctivement sur les contours des Terres Maudites.

« Ces terres... »

murmura-t-il.

« Elles m’appellent. »

Loriel, observant son expression, posa une main légère sur son épaule.

« Elles contiennent des secrets que peu sont destinés à découvrir. Mais si vous choisissez ce chemin, sachez que je vous suivrai, quoi qu’il advienne. »

Aelion inspira profondément, jetant un dernier regard à la forêt dense qui les entourait. Il savait que leur voyage ne faisait que commencer, et que les épreuves à venir seraient bien plus redoutables que tout ce qu’ils avaient affronté jusqu’à présent.

En silence, ils s’enfoncèrent plus profondément dans les ombres de la forêt, chaque pas les rapprochant de leur destinée.