Le soleil commençait à percer timidement à travers la canopée dense de la forêt du dragon. Des gouttelettes brillaient sur les feuilles, comme des éclats de cristal suspendus dans le temps. Sous leurs pas, le sentier était boueux, marqué des empreintes laissées par leur récent affrontement contre les gobelins et l’orc.
Aelion marchait en tête, son regard attentif scrutant l’horizon à travers les interstices des arbres colossaux. Malgré la fraîcheur apparente de la matinée, il pouvait encore sentir la chaleur résiduelle des combats passés, une tension latente dans l’air. Chaque trace laissée par sa lame, chaque corps éparpillé derrière eux était un rappel silencieux de sa montée en puissance, mais aussi des dangers toujours présents.
Amara trottinait joyeusement derrière lui, ses bottines s’enfonçant légèrement dans la boue à chaque pas. Elle tenait une petite branche qu’elle avait trouvée sur le chemin, l’agitant comme une épée imaginaire. Sa voix cristalline brisait le silence de la forêt avec une insouciance qui contrastait avec l’ambiance austère de leur marche.
« Papa, regarde ! Je suis une grande guerrière maintenant ! »
s’exclama-t-elle en mimant un duel contre un ennemi invisible.
Aelion tourna légèrement la tête, un sourire discret adoucissant momentanément son expression habituellement grave.
« Fais attention, petite étoile. On ne sait jamais ce qui se cache dans les ombres de cette forêt. »
Loriel, flottant à ses côtés dans son éclat spectral, laissa échapper un léger rire moqueur.
« Elle semble plus préparée que certains mercenaires, si tu veux mon avis. »
Ses yeux dorés étincelèrent d’amusement alors qu’elle observait Amara bondir joyeusement entre les flaques.
Le groupe avançait lentement, mais méthodiquement. La forêt, bien que magnifique, restait un labyrinthe de mystères. Ses arbres titanesques formaient une voûte naturelle, et les chants d’oiseaux avaient repris timidement après la tempête. Cependant, Aelion ne pouvait s’empêcher de ressentir une certaine mélancolie, comme si la forêt portait en elle le poids de siècles de souvenirs enfouis.
Alors qu’ils quittaient peu à peu l’épaisse couverture de la forêt, la lumière du soleil devenait plus directe, projetant des ombres longues et dansantes sur leur chemin. Le sentier, bien qu’encore boueux, devenait plus praticable, et les traces de civilisation commençaient à apparaître : des pierres déplacées, des morceaux de bois usés par le temps.
Au détour d’un croisement, une silhouette imposante se détacha dans la lumière du matin. Un groupe de mercenaires, escortant plusieurs voyageurs chargés de bagages, avançait dans leur direction. Leurs armures usées par le voyage brillaient faiblement sous la lumière diffuse, et leurs visages, marqués par la fatigue, trahissaient une méfiance constante.
Le chef, un homme massif dont l’énorme épée pendait dans son dos, leva une main en guise de salut. Son regard, méfiant mais curieux, se posa sur Aelion.
« Eh bien, je ne m’attendais pas à croiser des voyageurs ici. Surtout avec une petite fille. »
Sa voix était grave, empreinte d’une prudence mesurée.
Aelion ralentit son pas, étudiant rapidement les six hommes qui composaient leur groupe. Ils étaient bien armés, mais leurs postures laissaient transparaître une certaine lassitude. Il évalua mentalement leur potentiel de menace, une habitude devenue instinctive.
« Nous allons à Fairhaven, »
répondit Aelion calmement, masquant habilement la vérité. Sa voix était neutre, mais le sous-entendu était clair : il ne souhaitait ni poser de questions ni en répondre.
Le chef des mercenaires hocha lentement la tête.
« Vous pourriez voyager avec nous. La route est plus sûre en groupe, et ces bois ont été agités récemment. Des créatures rôdent… des rumeurs disent même que la forêt du dragon devient plus dangereuse chaque jour. »
Loriel, invisible aux yeux des étrangers, murmura dans l’esprit d’Aelion, son ton sarcastique habituel teinté d’une légère curiosité.
« Ces hommes se croient prudents, mais leur crainte est presque palpable. Faibles et si… humains. »
Amara, insouciante du danger ou des rumeurs, tira doucement sur le manteau de son père.
« Papa, Fairhaven, c’est loin ? »
demanda-t-elle innocemment, ses grands yeux brillants tournés vers lui.
Aelion posa une main protectrice sur sa tête.
« Pas très loin, ma petite étoile. Sois patiente. »
Un des mercenaires, adouci par la voix enfantine d’Amara, esquissa un sourire.
« Une journée de marche, petite. Peut-être un peu plus si la route est mauvaise. »
Après quelques échanges, Aelion et son groupe continuèrent leur chemin, déclinant poliment l’offre des mercenaires. Le sentier s’élargissait, bordé de hautes herbes encore perlées de rosée. Aelion, son esprit toujours en alerte, ouvrit discrètement sa fenêtre de statut pour analyser sa progression depuis leur combat dans la forêt.
[Nom : Aelion Di Raziel].
Ces mots brillaient sur sa fenêtre de statut, attirant son attention comme un aimant. Chaque fois qu’il y posait les yeux, un poids invisible semblait s’alourdir sur ses épaules.
Loriel, flottant à ses côtés dans un calme presque cérémonieux, rompit le silence. Sa voix douce, mais chargée de gravité, le fit légèrement sursauter.
« Ce nom te trouble, n’est-ce pas, Aelion ? »
Il releva les yeux de sa fenêtre, son regard rencontrant celui de Loriel.
« C’est plus qu’un nom. Je peux le sentir… C’est comme s’il portait un pouvoir que je ne comprends pas encore. »
Loriel esquissa un sourire, empreint d’une étrange compassion. Elle s’approcha, flottant avec une grâce presque irréelle, et fixa la fenêtre ouverte devant Aelion.
« Tu as raison. Ce n’est pas qu’un nom. Dans ce monde, Aelion, un nom est bien plus qu’une simple identité. Il est une bénédiction, une promesse… et parfois, une malédiction. »
Elle croisa les bras, son regard doré brillant légèrement dans l’obscurité tamisée de la forêt.
« Les noms ici ne se limitent pas à des mots. Ils sont un fragment de pouvoir. Lorsqu’un être reçoit un nom, il hérite d’une partie de l’âme de celui qui le nomme. Cette connexion forge un lien indélébile entre le donneur et le receveur. »
Aelion fronça les sourcils, absorbant ses paroles.
« Cela signifie que celui qui donne un nom partage sa puissance… mais à quel prix ? »
Loriel acquiesça lentement, ses traits se durcissant légèrement.
« Le prix est souvent élevé. Si le donneur est faible ou imprudent, il risque de s’épuiser au point de mourir. Donner un nom, c’est donner une part de soi, une énergie qui ne peut être récupérée. Mais si le receveur ne peut contenir ce pouvoir… il devient un "déchu". »
Aelion sentit un frisson parcourir son échine.
« Un déchu ? Qu’est-ce que c’est ? »
Loriel détourna légèrement le regard, sa voix se faisant plus basse, comme si le simple fait d’évoquer ce terme réveillait un souvenir désagréable.
« Un être condamné. Lorsqu’un receveur est incapable de supporter la bénédiction d’un nom, il se transforme en une abomination : difforme, dénuée de raison, consumée par une haine aveugle. Les déchus ne sont ni vivants ni morts. Ils errent sans but, des vestiges de ce qu’ils auraient dû devenir. »
Amara, qui trottinait non loin, s’approcha en entendant leur conversation. Ses yeux brillants d’innocence se posèrent sur son père.
« Papa, toi aussi, tu as donné un nom ? C’est pour ça que je m’appelle Amara Di Raziel ? »
Aelion se pencha pour être à sa hauteur, posant une main protectrice sur sa tête.
« Ce nom, Amara, ce n’est pas moi qui te l’ai donné. C’est Zuuri. Lorsqu’il nous a offert une seconde vie, il nous a transmis son nom, une partie de son pouvoir. »
Loriel intervint doucement, son regard posé sur la fillette.
« Et c’est une bénédiction rare, Amara. Zuuri ne donne son nom qu’à ceux qu’il considère comme dignes de porter son héritage. Cela signifie que vous êtes liés à lui à jamais. Mais cela signifie aussi que des attentes pèsent sur vous. »
Amara cligna des yeux, perplexe.
« Des attentes ? Comme quoi ? »
Loriel sourit légèrement, un mélange de douceur et de sérieux.
« Être fort, être sage, et protéger ce que vous chérissez. Mais aussi… ne jamais trahir cet héritage. Ceux qui souillent le nom qu’ils portent en subissent les conséquences. »
Aelion se redressa, son expression devenant plus grave.
« Des conséquences ? Quelles conséquences, Loriel ? »
Elle le fixa un instant, son regard perçant comme si elle sondait son âme.
« Perdre le nom, Aelion, c’est perdre tout ce qu’il représente. Ceux qui renient leur nom ou échouent à le porter sont déchus de leur puissance. Ils deviennent des parias, oubliés des dieux et rejetés par les hommes. »
Le silence retomba sur le groupe. Amara, malgré son jeune âge, semblait réfléchir profondément à ces paroles. Elle serra doucement la main d’Aelion, cherchant à comprendre.
« Mais toi, papa, tu ne perdras pas ton nom, pas vrai ? »
Aelion lui adressa un sourire rassurant.
« Ne t’inquiète pas, ma petite étoile. Tant que tu es avec moi, je ne faillirai jamais. »
Loriel, observant cette scène, ne put s’empêcher de murmurer pour elle-même, bien qu’Aelion l’entendit clairement.
« Porter un nom draconique n’est pas une simple responsabilité. C’est une promesse envers l’éternité. Espérons que tu es prêt à en supporter tout le poids, Aelion Di Raziel. »
Aelion resta silencieux, son regard fixé sur l’horizon. Il savait que ce nom portait bien plus qu’une simple signification. C’était un fardeau, mais aussi une clé, comme Loriel l’avait dit. Et il était prêt à l’utiliser pour façonner le monde, même si cela signifiait affronter des forces bien au-delà de ce qu’il pouvait comprendre.
Le soleil déclinait lentement lorsqu’ils atteignirent enfin les abords de Fairhaven. Le petit village se dessinait à l’horizon, ses toits de chaume et ses cheminées fumantes dégageant une atmosphère paisible. Pourtant, pour Aelion, la tranquillité apparente de ce lieu n’était qu’une façade. Il savait qu’un danger pouvait surgir à tout moment, même dans un endroit aussi modeste.
Les quelques villageois qu’ils croisèrent les observaient avec curiosité, mais aussi avec une pointe de méfiance. Les récents troubles dans la région semblaient avoir rendu les habitants plus prudents.
Aelion, Amara et Loriel se dirigèrent vers l’auberge du village, un bâtiment modeste mais accueillant, avec une enseigne de bois sculptée représentant un cheval ailé. À l’intérieur, l’ambiance était chaleureuse : une cheminée crépitait joyeusement, et les tables étaient occupées par des villageois discutant à voix basse.
L’aubergiste, un homme corpulent au visage jovial, les accueillit avec enthousiasme.
« Bienvenue à Fairhaven, chers voyageurs ! Vous cherchez un repas chaud et un lit confortable ? Vous êtes au bon endroit. »
Aelion hocha la tête.
« Une chambre pour la nuit, et de quoi manger. »
« À votre service ! Suivez-moi, je vais vous montrer votre chambre. »
La lune haute dans le ciel baignait le village de Fairhaven d’une lumière argentée. Les ruelles, silencieuses, s’étendaient comme un labyrinthe endormi. Aelion, debout près de la fenêtre de la chambre, observait l’extérieur avec attention. Amara dormait paisiblement sur le lit, ses petites mains serrées contre sa joue, tandis que Loriel flottait discrètement près de lui, son regard inquisiteur posé sur son maître.
« Tu ne comptes pas rester ici, n’est-ce pas ? »
demanda-t-elle, brisant le silence d’un ton léger mais chargé de certitude.
Aelion hocha la tête sans détourner les yeux.
« Non. Faire confiance aveuglément aux humains serait une erreur. Mon expérience m’a appris que leurs sourires cachent souvent des lames. »
Il se retourna pour jeter un regard protecteur à Amara, dont le souffle régulier apaisait une partie de ses inquiétudes.
« Passer la nuit ici serait un pari risqué. Une grotte, même infestée d’ours, me semble une option bien plus sûre. »
Loriel esquissa un sourire amusé, croisant les bras.
« Un choix pragmatique. Mais ne sous-estime pas les dangers de la nature non plus, Aelion. Même les grottes peuvent cacher des menaces plus grandes que des ours. »
Avec un dernier regard vers la rue déserte, Aelion s’éloigna de la fenêtre et s’accroupit près du lit pour réveiller doucement Amara. Sa main se posa sur son épaule avec tendresse.
« Amara… réveille-toi, petite étoile. Nous devons partir. »
La fillette ouvrit lentement les yeux, son visage endormi se transformant en un sourire lorsqu’elle vit son père. Elle se redressa, frottant ses paupières.
« Papa… déjà ? Je dormais si bien… »
Aelion lui sourit avec douceur.
« Je sais, mais ce n’est pas un endroit sûr. Viens, on va trouver un meilleur abri. »
Amara hocha la tête sans protester, se levant avec une énergie étonnante pour une enfant de son âge. Elle attrapa sa petite sacoche et la passa en bandoulière, prête à suivre son père où qu’il aille.
Loriel observait la scène, un léger sourire flottant sur ses lèvres.
« Je suppose que nous devrions nous hâter avant que l’aubergiste ne se rende compte de votre départ précipité ? »
Aelion ignora la remarque, ouvrant la porte de la chambre avec précaution. Ensemble, ils quittèrent discrètement l’auberge, leurs pas étouffés par la terre battue de la rue. Une fois hors de la vue des rares habitants nocturnes, ils prirent la route menant aux Terres Maudites, leur véritable objectif.
Le chemin qui serpentait à travers la vallée était baigné par la lumière froide de la lune, rendant chaque pierre et chaque ombre plus distinctes. La forêt environnante semblait paisible, mais Aelion restait sur ses gardes. Il n’avait jamais considéré la tranquillité comme une garantie de sécurité.
« Nous devrions trouver une grotte pour la nuit. »
dit-il, son regard scrutant les environs.
Amara, toujours pleine de curiosité, marchait à ses côtés en observant les arbres gigantesques qui bordaient le sentier.
« Papa, tu crois qu’il y aura des ours ? »
Aelion haussa légèrement un sourcil, amusé par l’enthousiasme de sa fille.
« Peut-être. Mais je suis sûr qu’ils préféreront nous céder leur place. »
Loriel intervint, flottant légèrement au-dessus d’eux.
« Céder leur place, oui, ou tenter leur chance face à un homme qui défie même les gobelins et les orcs. »
Aelion réprima un sourire.
« Ils n’auront pas le choix. »
Après une heure de marche, une ouverture sombre dans une falaise attira leur attention. Aelion ralentit, ses sens en alerte. La grotte semblait idéale, mais quelque chose dans l’air le mit immédiatement mal à l’aise. Une tension subtile, presque imperceptible, résonnait dans l’espace autour d’elle.
« Il y a quelque chose ici, »
murmura-t-il, posant une main protectrice sur l’épaule d’Amara pour l’arrêter.
Loriel s’avança, ses yeux dorés brillants dans la pénombre. Elle scruta l’entrée de la grotte avec une intensité calculée.
« Ce n’est pas une simple grotte. L’énergie qui s’en dégage… c’est un donjon. »
Aelion plissa les yeux, intrigué.
« Un donjon ? »
Loriel hocha lentement la tête.
« Oui. Les donjons ne sont pas de simples formations naturelles. Ce sont des lieux où la magie ancienne s’est concentrée au fil des siècles, créant des écosystèmes uniques remplis de trésors, de pièges… et de créatures. »
Amara regarda la grotte avec fascination.
« C’est comme dans les histoires, papa ? Avec des trésors cachés et des monstres à combattre ? »
Aelion sourit doucement, bien qu’il restât sur ses gardes.
« Oui, mais ce n’est pas un terrain de jeu, Amara. Reste près de moi. »
Loriel croisa les bras, un air pensif sur le visage.
« Si tu comptes explorer ce lieu, Aelion, il te faudra être préparé. Zuuri t’a laissé plus que son nom. Il t’a aussi donné accès à un inventaire magique. Il est temps de l’utiliser. »
Aelion arqua un sourcil.
« Un inventaire magique ? Tu aurais pu me le dire plus tôt. »
Loriel esquissa un sourire en coin.
« J’attendais le bon moment. Ouvre ta fenêtre de statut et cherche l’onglet correspondant. »
Suivant ses instructions, Aelion ouvrit sa fenêtre et trouva effectivement une section dédiée à l’inventaire. Lorsqu’il l’activa, une interface apparut devant lui, révélant une collection d’objets : des rations, des tentes, des outils, et même quelques potions de soin.
Il attrapa une tente compacte et des couvertures, ainsi qu’un petit foyer magique.
« Pratique, »
murmura-t-il, impressionné par la variété des ressources.
Aelion installa rapidement le campement à une distance prudente de l’entrée du donjon. Le foyer magique créa une flamme douce et stable, apportant chaleur et lumière sans émettre de fumée. Amara, fatiguée par la marche, s’assit près du feu, ses yeux se fermant déjà.
« Repose-toi, ma petite étoile, »
murmura Aelion en la bordant avec une couverture.
« Je vais veiller sur toi. »
Loriel, observant la scène, s’approcha d’Aelion une fois Amara endormie.
« Tu comptes vraiment entrer dans ce donjon maintenant ? Laisser ta fille ici seule pourrait être risqué, même avec ce campement. »
Aelion se tourna vers elle, son regard déterminé.
« C’est pour elle que je dois y aller. Je dois devenir plus fort, et ce donjon est une opportunité que je ne peux pas ignorer. Mais je ne la laisserai pas sans protection. Tu es là, n’est-ce pas ? »
Loriel esquissa un sourire mystérieux.
« Toujours. Et heureusement pour toi, je peux être à deux endroits à la fois. »
Sans attendre d’explication, elle tendit les bras et une lumière dorée enveloppa son corps. En un instant, Loriel se divisa en deux entités distinctes, chacune identique mais émanant une énergie légèrement différente.
Aelion, ébahi, observa la scène avec fascination.
« C’est… incroyable. »
La première Loriel, celle restée proche de lui, sourit légèrement.
« Je surveillerai Amara ici, tandis que l’autre t’accompagnera dans le donjon. Mais souviens-toi : ma présence est limitée. Ne prends pas de risques inutiles. »
Aelion hocha la tête, un sourire en coin.
« Je ne prends jamais de risques inutiles. »
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Loriel leva les yeux au ciel, amusée par sa réponse.
« Bien sûr, si tu le dis. »
Il se tourna une dernière fois vers Amara, endormie paisiblement près du feu. Puis, serrant sa lame draconique, il s’avança vers l’entrée du donjon, accompagné par l'une des deux Loriel.
L’entrée du donjon s’ouvrait comme une gueule béante, entourée de racines noueuses qui s’accrochaient aux parois rocheuses. L’obscurité semblait presque vivante, un voile tangible que même la lumière de la lune ne pouvait percer. Une fois à l’intérieur, Aelion s’arrêta un instant, scrutant l’environnement avec attention. L’air était dense, chargé d’une magie ancienne qui faisait vibrer ses sens. Les murs, rugueux et suintants, étaient gravés de symboles énigmatiques, illuminés par une lueur verdâtre émanant de cristaux enchâssés dans la pierre.
Loriel flottait à ses côtés, son regard perçant scrutant les alentours.
« Un donjon classique, mais néanmoins intrigant, »
murmura-t-elle, sa voix résonnant faiblement dans l’espace confiné.
« Les créatures qui y résident seront peut-être faibles individuellement, mais elles compensent par leur nombre et leur ruse. Reste vigilant. »
Aelion hocha la tête, sa main serrant fermement la poignée de sa lame draconique.
« J’imagine que c’est un bon endroit pour tester mes limites. »
« Oh, certainement, »
répondit Loriel avec un sourire en coin.
« Mais ne me fais pas honte. Tu es censé être l’héritier de Zuuri, après tout. »
Avançant prudemment, Aelion sentit une tension croissante. Chaque pas semblait déclencher un écho sourd, amplifié par les murs étroits. Il s’arrêta soudainement, ses instincts en alerte. Un mouvement rapide dans l’ombre attira son attention.
« Kobolds. »
La voix de Loriel était calme, presque amusée.
« Ils sont petits, rapides, et vicieux. Pas très intelligents, mais dangereux en groupe. »
Aelion ne répondit pas, observant les créatures émerger des ténèbres. Les kobolds étaient de petite taille, leurs yeux rouges brillant d’une malice primitive. Armés de lances rouillées et de dagues ébréchées, ils se déplaçaient avec une agilité surprenante, leurs grognements emplissant l’air.
Le premier attaqua sans avertissement, sa lance pointée directement vers Aelion. Ce dernier esquiva habilement, pivotant sur le côté et frappant avec sa lame. Le kobold poussa un cri aigu alors que l’épée s’enfonçait dans son flanc, le projetant au sol.
Mais les autres ne tardèrent pas à réagir. Deux kobolds bondirent sur Aelion simultanément, leurs lames scintillant à la lumière des cristaux. Il bloqua le premier avec sa lame, mais le second parvint à érafler son bras. Une douleur vive traversa son épaule, le forçant à reculer.
« Ils sont plus rapides que je ne le pensais, »
grogna-t-il, serrant les dents.
Loriel, flottant nonchalamment, croisa les bras.
« Peut-être que tu devrais cesser de te reposer sur tes instincts humains. Observe leurs mouvements, anticipe leurs attaques. Ce ne sont pas des adversaires particulièrement complexes. »
Aelion inspira profondément, recentrant son attention. Les kobolds semblaient danser autour de lui, cherchant la moindre ouverture. Il plissa les yeux, suivant leurs déplacements. Lorsque l’un d’eux tenta de l’attaquer par la gauche, il pivota brusquement, frappant avec une précision glaciale. La lame draconique trancha net, envoyant la créature rouler sur le sol.
Un autre kobold tenta de bondir sur lui par-derrière, mais Aelion, cette fois préparé, se baissa rapidement, laissant la créature passer au-dessus de lui. Il profita de l’occasion pour planter son épée dans son abdomen, le clouant au sol. Les cris des kobolds résonnèrent dans le couloir, mais ils ne semblaient pas prêts à abandonner.
Au fur et à mesure que le combat avançait, Aelion sentait son corps s’adapter. Ses mouvements devenaient plus fluides, plus précis. Chaque coup était porté avec une force contrôlée, chaque esquive, calculée avec soin.
« Intéressant, »
murmura Loriel, observant son progrès.
« Tu apprends vite. Mais ne te laisse pas submerger par leur nombre. Ils attendent que tu t’épuises. »
Aelion grogna en réponse, balayant un groupe de kobolds avec un mouvement large de sa lame. Mais elle avait raison : il sentait la fatigue commencer à peser sur ses membres.
“ Je ne vais pas pouvoir continuer comme ça indéfiniment, ”
pensa-t-il, ses yeux parcourant rapidement l’espace autour de lui. Il repéra un recoin légèrement surélevé, une position avantageuse qui pourrait limiter les attaques simultanées.
Bondissant en arrière, il se positionna sur la petite plateforme, forçant les kobolds à venir à lui. Loriel leva un sourcil, amusée.
« Enfin une bonne idée. Peut-être que tu n’es pas aussi entêté que je le pensais. »
Les kobolds, furieux, commencèrent à grimper pour l’atteindre. Mais leur désavantage était évident : ils ne pouvaient attaquer qu’un par un dans cet espace restreint. Aelion profita de l’occasion pour abattre méthodiquement chaque créature qui s’approchait.
Après avoir abattu la majorité des kobolds, Aelion s’arrêta un instant pour reprendre son souffle. Son corps était couvert de sueur, et son bras gauche portait encore les marques des éraflures infligées par les lames ennemies. Mais il savait que ce n’était pas fini.
Un bruit sourd résonna dans le couloir. Les kobolds survivants s’éloignèrent précipitamment, laissant place à une silhouette plus imposante. Un squelette massif, vêtu d’une armure rouillée, avançait lentement, brandissant une hache à deux mains. Ses orbites vides semblaient fixées sur Aelion, une lueur sinistre émanant de son crâne.
« Un chef de kobolds, probablement leur maître d’armes, »
expliqua Loriel, son ton devenant plus sérieux.
« Il est plus lent, mais bien plus puissant. Et son armure ne sera pas facile à percer. »
Aelion serra les dents, se préparant au combat. Mais avant de s’élancer, une idée lui vint à l’esprit. Il se souvenait des enseignements de Zuuri, des compétences qu’il avait héritées. Peut-être que c’était le moment de tester l’une d’elles.
« Loriel, comment invoque-t-on un chevalier draconique ? »
Loriel sourit, visiblement satisfaite de la question.
« Enfin une bonne décision. Concentre ton énergie, visualise l’entité que tu veux appeler, et prononce l’incantation. Le lien que tu partages avec eux fera le reste. »
Aelion ferma les yeux, respirant profondément. Il tendit une main vers l’avant, sentant une chaleur intense monter en lui. Une aura sombre et puissante enveloppa sa silhouette, et il murmura les mots d’invocation.
« Par le sang de Zuuri, je t’ordonne : chevalier draconique, viens à moi ! »
Le sol trembla légèrement, et une silhouette imposante émergea d’un vortex d’ombres. Le chevalier draconique était immense, son armure noire ornée de runes lumineuses. Il brandissait une lame massive, et son aura dégageait une puissance écrasante.
Le chevalier draconique se dressait devant Aelion, une véritable incarnation de puissance brute et de discipline. Son armure sombre semblait absorber la lumière ambiante, et sa lame, massive et scintillante d’une énergie rougeoyante, irradiait une présence intimidante. Les kobolds survivants reculèrent instinctivement, leurs grognements se transformant en couinements apeurés.
Aelion observa son invocation avec une satisfaction mêlée de curiosité. La présence du chevalier éveillait quelque chose en lui, comme un écho lointain d’un pouvoir qu’il n’avait pas encore pleinement exploré.
« Impressionnant, »
murmura-t-il, un sourire discret se dessinant sur ses lèvres.
« Voyons ce que tu peux faire. »
Le chef kobold, bien que plus imposant que ses subordonnés, semblait hésiter devant cette nouvelle menace. Pourtant, il poussa un cri guttural, brandissant sa hache à deux mains avant de charger. Sa vitesse, malgré sa taille, était surprenante. La hache fendit l’air dans un sifflement menaçant.
Le chevalier draconique se déplaça avec une précision calculée, levant sa propre lame pour bloquer l’attaque. Le choc résonna dans toute la salle, une onde de force projetant des fragments de pierre autour d’eux. Aelion profita de cette ouverture pour se glisser sur le flanc du chef kobold, sa lame draconique prête à frapper.
Mais le kobold réagit plus vite que prévu, pivotant pour balayer le sol avec sa queue épaisse. Aelion fut pris au dépourvu, projeté au sol avec un grognement. La douleur irradia dans son dos, mais il activa instinctivement sa régénération draconique. Une chaleur familière envahit son corps, dissipant la douleur et fermant les éraflures.
« Pas mal, »
murmura-t-il en se redressant, son regard fixé sur le chef kobold.
« Mais pas assez pour m’arrêter. »
Loriel, flottant à ses côtés, observa la scène avec un mélange d’amusement et d’exaspération.
« Tu devrais peut-être laisser le chevalier faire le gros du travail. Après tout, il est là pour ça. »
Aelion esquissa un sourire en coin.
« Où serait le plaisir dans ça ? »
Le combat devint un ballet mortel. Aelion et son chevalier draconique semblaient presque synchronisés, leurs attaques se complétant avec une fluidité instinctive. Lorsque le chevalier bloquait une attaque, Aelion exploitait l’ouverture pour frapper. Lorsque le kobold tentait de se concentrer sur Aelion, le chevalier le forçait à se défendre avec une série de coups puissants.
“ Nous sommes coordonnés, ”
pensa Aelion, ressentant une connexion étrange avec son invocation.
“ C’est presque comme s’il anticipait mes mouvements. ”
Le chef kobold, cependant, ne se laissa pas abattre si facilement. Il libéra un cri perçant, appelant une nouvelle vague de renforts. Une dizaine de kobolds surgit des ombres, accompagnés de squelettes armés de glaives rouillés.
« Ah, voilà qui devient intéressant, »
murmura Loriel, un sourire malicieux aux lèvres.
« Voyons si tu peux gérer ça. »
Les kobolds et squelettes convergèrent vers Aelion et son chevalier, leurs grognements et le cliquetis de leurs armes emplissant l’air. Le chevalier draconique se dressa comme une forteresse, balayant les ennemis avec sa lame massive. Chaque coup détruisait plusieurs adversaires à la fois, projetant des os brisés et des corps inertes dans les airs.
Aelion, de son côté, se déplaçait avec agilité, esquivant les attaques tout en ciblant les points faibles de ses adversaires. Sa lame draconique fendait l’air, tranchant les tendons et les articulations des squelettes, réduisant leur mobilité avant de les achever.
Mais le nombre d’ennemis était écrasant. Un kobold parvint à le frapper au flanc avec une dague rouillée, ouvrant une entaille profonde. La douleur fut fulgurante, mais Aelion activa immédiatement sa régénération draconique. La blessure se referma sous ses yeux, laissant place à une peau intacte.
“ Cette régénération est incroyable, ”
pensa-t-il, esquivant une autre attaque.
“ Mais elle consomme beaucoup d’énergie. Je dois l’utiliser avec prudence. ”
Loriel intervint, sa voix teintée de sarcasme.
« Peut-être que si tu arrêtais de te faire frapper, tu n’aurais pas besoin de l’activer aussi souvent. »
« Merci du conseil, »
rétorqua Aelion, esquivant un squelette qui s’écroula sous le poids d’un coup de lame du chevalier draconique.
Après une lutte acharnée, le dernier ennemi tomba. Le chef kobold, gravement blessé, tenta de s’enfuir, mais Aelion le rattrapa rapidement, le fauchant avec un coup précis. Le silence retomba dans la salle, seulement interrompu par le bruit de la respiration d’Aelion et le cliquetis de l’armure du chevalier.
« Bien joué, »
murmura Loriel, flottant doucement à ses côtés.
« Tu commences à ressembler à un véritable héritier. »
Aelion hocha la tête, essuyant le sang de sa lame.
« Et ce n’est que le début. »
Ils avancèrent plus profondément dans le donjon, traversant des couloirs étroits où des symboles étranges semblaient pulser faiblement de lumière. L’atmosphère devenait de plus en plus oppressante, et Aelion sentait une énergie puissante émaner de la salle suivante.
La lourde porte en pierre qui menait à la salle principale du donjon était ornée de gravures complexes, représentant des dragons, des runes, et des scènes de bataille. Une énergie palpable émanait de cette barrière, comme un avertissement silencieux. Aelion posa une main sur la porte, sentant les vibrations qui résonnaient à travers elle.
Loriel, flottant juste derrière lui, observa d’un œil attentif.
« Tu es sûr de vouloir continuer ? »
demanda-t-elle, sa voix douce, mais teintée de gravité.
« Ce n’est pas une simple épreuve. Le maître de ce donjon sera bien au-delà de ce que tu as affronté jusqu’à présent. »
Aelion inspira profondément, ses doigts se crispant légèrement contre la surface froide de la pierre.
« Je ne suis pas encore assez fort pour protéger Amara comme il se doit. Si je veux y parvenir un jour, je dois devenir plus fort. »
Avec une poussée déterminée, il ouvrit la porte. Un grondement sourd retentit, et l’air s’alourdit immédiatement.
La pièce était massive, ses murs décorés de runes luminescentes qui semblaient flotter dans l’air. Au centre, un golem de pierre imposant se tenait, immobile. Sa silhouette massive dominait la salle, et ses yeux rouges brillaient d’une lumière menaçante. Des gravures complexes parcouraient son corps, comme des cicatrices anciennes imprégnées de magie.
Loriel murmura, sa voix grave :
« C’est un Gardien Primordial. Ces créatures ne sont pas seulement des monstres. Elles sont les vestiges d’une époque où ce monde était gouverné par les titans. Leur magie dépasse tout ce que tu as vu jusqu’à présent. »
Aelion observa le golem avec une fascination mêlée de prudence. Sa main serra le manche de sa lame draconique, et il activa son lien mental avec le chevalier draconique. Ce dernier se plaça à ses côtés, son armure brillant d’une lueur sombre.
« Titan ou pas, »
murmura Aelion, un sourire froid sur les lèvres,
« il tombera comme les autres. »
Le golem sembla répondre à cette provocation. Ses yeux s’illuminèrent d’une lumière intense, et son corps massif commença à bouger. Chaque pas faisait trembler le sol, et les runes sur ses bras s’enflammaient d’énergie.
Le golem leva un bras gigantesque et abattit son poing sur Aelion avec une force titanesque. Aelion bondit sur le côté, esquivant de justesse l’attaque. Le sol se brisa sous l’impact, projetant des éclats de pierre dans toutes les directions.
“ Ce monstre ne plaisante pas… ”
pensa Aelion, ses yeux analysant rapidement les mouvements du golem.
Le chevalier draconique s’élança en avant, frappant avec sa lame massive. Le métal rencontra la pierre dans un fracas assourdissant, mais la peau du golem était incroyablement résistante. La lame laissa une entaille superficielle, à peine suffisante pour ralentir la créature.
Loriel intervint immédiatement, sa voix résonnant dans l’esprit d’Aelion.
« Les runes ! Elles sont la source de sa magie. Si tu veux le vaincre, cible ces points faibles. »
Aelion hocha la tête, esquivant un nouveau coup du golem. Il se glissa habilement sur le côté et observa les runes qui pulsaient sur le torse de la créature. Elles semblaient s'intensifier à chaque mouvement.
Aelion ordonna mentalement à son chevalier de concentrer ses attaques sur les jambes du golem. Pendant ce temps, il bondit sur un rocher pour prendre de la hauteur. Il leva sa lame draconique, sentant l’énergie qui émanait d’elle, et frappa avec toute sa force sur une rune située sur l’épaule du golem.
La rune explosa dans un éclat de lumière, et le golem poussa un cri guttural, vacillant légèrement.
« Bien joué, »
murmura Loriel avec une pointe de sarcasme.
« Mais il t’en reste encore beaucoup d’autres. Et ne te fais pas écraser entre-temps. »
Le golem, furieux, balaya la salle de son bras colossal. Aelion bondit en arrière, mais un éclat de pierre le frappa à la jambe, le faisant vaciller. La douleur irradia immédiatement, mais il activa sa régénération draconique, sentant la blessure se refermer rapidement.
“ Je vais avoir besoin de plus que ma régénération pour tenir ce rythme… ”
pensa-t-il, le souffle court.
Alors que le combat contre le golem s’intensifiait, Aelion sentit le poids du défi croître. Chaque coup échangé repoussait ses limites, mais la résistance impitoyable du Gardien Primordial exigeait plus. Bien plus. Loriel, flottant à proximité, nota son hésitation.
« Tu ne peux pas continuer comme ça, Aelion, »
déclara-t-elle sèchement.
« Utilise ce que Zuuri t’a offert. Montre-moi que tu peux être digne des dons qu’il t’a confiés. »
Aelion hocha la tête, son regard s’assombrissant alors qu’il rassemblait sa concentration. Il relâcha une profonde inspiration, levant légèrement ses bras. Une énergie brûlante jaillit de lui, formant un tourbillon d’aura draconique. Sa tunique blanche, ornée de bordures dorées, scintilla sous l’influence de cette puissance nouvelle, se transformant en Armure Draconique. La lumière se propagea autour de lui, créant une aura oppressante.
Le sol sous ses pieds vibra alors que cette aura, semblable à celle d’un véritable dragon, s'étendit dans toute la salle. Elle exerçait une pression écrasante sur le golem, ralentissant ses mouvements massifs et forçant ses articulations à grincer.
Loriel, visiblement impressionnée, observa l’armure d’Aelion avec un sourire en coin.
« Enfin, tu te décides à arrêter de jouer. »
Aelion serra sa lame draconique, sentant l’énergie accrue circuler dans son corps. Sa force et sa rapidité étaient décuplées, chaque fibre de son être vibrant de puissance.
Le golem, bien que ralenti, n’était pas intimidé. Il leva un bras gigantesque, ses runes restantes s’illuminant avec une intensité accrue. Le poing massif fondit sur Aelion avec une vitesse surprenante, mais ce dernier, galvanisé par son aura, esquiva avec une fluidité qu’il n’aurait jamais cru possible quelques heures auparavant.
Avec un cri féroce, il bondit en avant, frappant la rune sur le torse du golem. La lame draconique, renforcée par son aura, s’enfonça profondément, fissurant la pierre sous l’impact. Une lumière rouge jaillit de la blessure, et le golem tituba, une partie de son torse s'effondrant dans un éclat de gravats.
Profitant de l'ouverture créée, Aelion intensifia ses attaques. Il bondit sur l’épaule du golem, ciblant une autre rune. Cette fois, il activa toute la puissance de son aura draconique, concentrant son énergie dans un seul coup dévastateur. La lame s'abattit avec une précision chirurgicale, détruisant la rune dans une explosion de lumière.
Le golem poussa un rugissement guttural, ses mouvements devenant de plus en plus erratiques. Les runes restantes sur ses jambes et son bras gauche s'éteignirent les unes après les autres, et son corps entier commença à se désintégrer.
Loriel, suivant chaque mouvement avec une attention méticuleuse, lança un conseil dans l’esprit d’Aelion.
« Frappe au cœur. C’est là que se trouve le dernier vestige de sa magie. »
Aelion sauta au sol, esquivant une attaque désespérée du golem, puis se rua vers son torse. Avec une dernière attaque, il plongea sa lame dans la cavité où brillait une lumière rouge pâle. La pierre autour du cœur magique éclata, et le golem s'effondra dans un fracas assourdissant, ses gravures s’éteignant lentement.
La salle fut plongée dans un silence pesant, seulement interrompu par les échos de la chute du Gardien.
Aelion se redressa, le souffle court mais victorieux. Sa lame draconique disparaissait doucement dans un éclat de lumière tout comme le chevalier invoqué et son armure se désactiva.
Au centre des restes du golem, une sphère lumineuse émergea lentement, lévitant dans l’air. C’était une Perle de Vœux, rayonnant d’une énergie ancienne et mystérieuse. Aelion s’approcha prudemment, tendant une main tremblante vers la relique. Dès qu’il la toucha, une vague de chaleur douce parcourut son corps.
Loriel s’approcha, ses yeux dorés fixés sur la perle.
« C’est une relique rare et puissante. Une perle de Vœux. »
Aelion, intrigué, tourna son regard vers elle.
« Une Perle de Vœux ? Qu’est-ce que ça signifie ? »
Loriel croisa les bras, son ton devenant plus sérieux.
« Elle peut exaucer un seul vœu. Mais attention, Aelion, elle ne peut agir qu’en fonction de tes propres compétences et de ta puissance actuelle. Tout vœu mal formulé ou irréfléchi pourrait entraîner des conséquences… dévastatrices. »
Aelion serra la perle dans sa main, une lueur de détermination dans les yeux.
« Alors je devrai choisir avec soin. Cette relique pourrait changer le cours de ce voyage. »
Loriel observa son porteur en silence, puis ajouta :
« Zuuri savait que ce moment viendrait. Il t’a préparé à cette rencontre. Mais souviens-toi : la puissance brute n’est rien sans sagesse. »
Aelion hocha la tête, sentant le poids de la responsabilité sur ses épaules. Il rangea la Perle de Vœux dans son inventaire, se promettant de ne l’utiliser qu’au moment opportun.
Il tourna les talons, prêt à retourner auprès d’Amara. Loriel, toujours à ses côtés, lança un dernier regard à la salle du donjon.
« Tu as franchi une étape importante aujourd’hui, Aelion. Mais ce n’est qu’un début. Les Terres Maudites t’attendent, et elles seront bien plus implacables que ce Gardien. »
Aelion esquissa un sourire en coin.
« C’est exactement ce que je veux entendre. »
Ils quittèrent le donjon, laissant derrière eux les ruines et les vestiges d’un pouvoir ancien, prêts à affronter les défis encore plus grands qui les attendaient.
Le silence régnait à la sortie du donjon. La lumière de l’aube effleurait doucement l’horizon, peignant le ciel de nuances rosées et orangées. Aelion et Loriel émergeaient enfin des profondeurs oppressantes. Chaque pas sur le sol ferme était un soulagement bienvenu après les combats acharnés contre le Gardien Primordial.
Loriel, flottant toujours à ses côtés, observait les alentours avec calme, mais un éclat de fierté brillait dans ses yeux dorés.
« Une victoire impressionnante, même pour toi, Aelion. Je dois admettre que ton entêtement finit parfois par porter ses fruits, »
déclara-t-elle, son ton mêlant sarcasme et sincérité.
Aelion essuya la sueur qui perlait sur son front et inspira profondément. Malgré sa fatigue, un sentiment de satisfaction inondait son esprit. Il ouvrit sa fenêtre de statut d’un geste simple et observa les résultats. Une liste d’améliorations défilait devant ses yeux : ses capacités s’étaient renforcées, et il avait gagné un nouveau titre grâce à son triomphe. Il serra légèrement le poing, satisfait.
« Ce donjon valait le détour, »
murmura-t-il pour lui-même.
Ils arrivèrent bientôt à l’entrée du campement où Amara dormait paisiblement, blottie sous une couverture. L’autre moitié de Loriel, restée pour veiller sur la fillette, disparut dans une lumière dorée, fusionnant avec l’entité principale.
« Elle a été sage, comme toujours, »
dit Loriel d’une voix douce, ses traits plus détendus.
« Mais je sens que tu as autre chose en tête. »
Aelion s’accroupit près d’Amara et posa délicatement une main sur son épaule. La petite fille ouvrit lentement les yeux, ses paupières battant alors qu’un sourire lumineux éclairait son visage en voyant son père.
« Papa ! Tu es revenu ! »
s’exclama-t-elle en se redressant pour se jeter dans ses bras.
Aelion l’accueillit avec tendresse, caressant ses cheveux bouclés.
« Oui, ma petite étoile. Et j’ai une surprise pour toi… et pour Loriel aussi. »
Amara cligna des yeux, intriguée, tandis que Loriel, flottant à quelques pas, haussait un sourcil, visiblement sceptique.
« Une surprise ? Dois-je être inquiète ou flattée ? »
demanda-t-elle avec une pointe de sarcasme.
Aelion sortit la Perle des Vœux de son inventaire. L’objet émettait une douce lueur, attirant immédiatement l’attention d’Amara, dont les yeux s’illuminèrent de curiosité.
« C’est quoi, papa ? »
demanda-t-elle, fascinée.
« Une relique spéciale, »
répondit-il en tenant la perle devant lui.
« Elle peut exaucer un vœu, mais il faut être prudent. »
Il fixa la perle, prenant un moment pour formuler son souhait avec soin. Il savait que la moindre erreur pouvait avoir des conséquences irréparables.
"Zuuri nous à lié pour l’éternité, et je sais que cette relique est un fragment de son plan. Loriel est toujours là, une voix sage et parfois cinglante, mais indispensable. Lui offrir un corps tangible n’est pas juste un cadeau. C’est ma façon de reconnaître ce qu’elle représente pour nous, pour Amara et pour moi."
pensa t-il.
Puis, il déclara d’une voix claire, imprégnée de conviction :
« Je souhaite que Loriel obtienne un corps tangible, capable d’interagir pleinement avec ce monde, sans contrainte d’énergie ni de temps. »
La Perle des Vœux réagit immédiatement. Une lumière éclatante jaillit, enveloppant Loriel dans une aura dorée. Amara regardait la scène avec émerveillement, ses petites mains plaquées contre sa bouche.
Loriel, quant à elle, resta figée, surprise par le cadeau inattendu. La lumière s’intensifia, rendant son éthérisme immatériel de plus en plus solide. Son corps prit forme devant leurs yeux, ses cheveux argentés tombant en cascade, ses yeux dorés brillant avec une intensité nouvelle.
Lorsqu’elle posa ses pieds sur le sol pour la première fois, Loriel sembla vaciller un instant, s’habituant à cette nouvelle sensation.
“ Elle n’est plus seulement une compétence offerte par Zuuri, mais une alliée, une amie… une famille. Je sais que ce choix n’est pas sans risque. Mais c’est le bon."
pensa Aelion, satisfait de son vœu.
Elle observa ses mains avec une expression mêlée de fascination et d’émotion.
« Je… Je peux toucher… sentir… »
murmura-t-elle, visiblement bouleversée.
Amara bondit vers elle, attrapant sa main tangible avec enthousiasme.
« Loriel, tu es encore plus belle maintenant ! Et tu as des pieds ! »
Loriel laissa échapper un petit rire, touchée par l’enthousiasme d’Amara. Mais derrière son sourire, une ombre d’inquiétude subsistait. Elle tourna son regard vers Aelion.
« Mon lien avec toi et Amara… est-il intact ? »
demanda-t-elle doucement, une pointe de crainte dans la voix.
Aelion hocha la tête, son regard empreint de sincérité.
« Rien n’a changé, Loriel. Tu es toujours liée à nous, mais maintenant, tu peux partager plus que des mots ou des pensées. Tu fais partie de cette famille. »
Loriel détourna légèrement le regard, ses yeux brillants d’une émotion qu’elle avait du mal à contenir.
« Merci, Aelion… C’est un cadeau bien au-delà de ce que j’aurais osé espérer. »
Ils prirent un petit-déjeuner simple mais joyeux autour du feu. Loriel, découvrant les plaisirs de manger pour la première fois, observa chaque bouchée avec émerveillement, provoquant des rires discrets chez Amara et Aelion. L’atmosphère était légère, comme un répit bien mérité avant les épreuves à venir.
Lorsque le soleil fut pleinement levé, ils levèrent le camp et reprirent leur marche vers les Terres Maudites. Loriel, désormais dans son corps tangible, marchait aux côtés d’Aelion, tandis qu’Amara trottinait devant eux, ramassant des pierres et des fleurs sur son chemin.
Le paysage, baigné par la lumière matinale, semblait plus vivant, mais l’horizon portait toujours une teinte inquiétante. Les Terres Maudites se rapprochaient, leur mystère et leur dangerosité pesant comme une ombre sur leur progression.
Aelion restait silencieux, son esprit déjà concentré sur les préparatifs pour ce qui les attendait. Loriel, marchant légèrement en retrait, l’observait avec une certaine curiosité, notant la détermination qui animait chacun de ses pas.
Pendant ce temps, à Fairhaven, l’aubergiste se réveilla avec son habituelle bonne humeur, prêt à servir un copieux petit-déjeuner à ses hôtes. Il monta l’escalier en fredonnant, tenant un plateau garni d’œufs, de pain chaud et de fruits frais.
Arrivé devant la chambre de ses prestigieux clients, il frappa légèrement.
« Réveil en douceur, messieurs-dames ! Petit-déjeuner servi ! »
Aucune réponse. Fronçant légèrement les sourcils, il frappa à nouveau, cette fois plus fort.
« Allons, debout ! Vous avez une longue route à faire ! »
Toujours rien. Intrigué, il tourna la poignée et ouvrit la porte… pour découvrir une chambre vide. Les lits étaient parfaitement faits, aucun bagage n’était laissé derrière. L’aubergiste resta figé un instant, puis comprit la vérité.
« Ces vauriens ! Ils se sont enfuis sans payer ! Ils pensent qu’on peut escroquer un honnête aubergiste impunément ? »
hurla-t-il, sa voix résonnant dans tout l’étage.
Furieux, il descendit précipitamment les escaliers, sa colère éclatant comme un volcan. Les clients de l’auberge, attirés par les cris, se regroupèrent dans la salle principale, certains étouffant des rires en entendant ses accusations.
« Ils ont filé à la faveur de la nuit, ces scélérats ! Je leur avais fait confiance, moi ! Des pièces d’or envolées ! »
beuglait-il, agitant son plateau dans un geste dramatique.
Un vieil homme, assis près de l’âtre, éclata de rire.
« Ah, quelle histoire ! Peut-être que les dragons les ont emportés, qui sait ? »
Les éclats de rire se propagèrent, et bientôt la salle entière vibrait d’amusement. L’aubergiste, rouge de rage, serra les poings.
« Maudits soyez-vous ! Que les démons les poursuivent jusqu’aux confins du monde ! »
Les clients rirent encore plus fort, tournant l’incident en une farce que l’on raconterait longtemps dans le village. Le pauvre aubergiste, dépassé par l’humiliation, retourna en bougonnant vers son comptoir, pestant contre sa malchance.
Un vent léger balayait les feuilles mortes sur la route que suivaient Aelion, Amara et Loriel. Loin des rires de Fairhaven, ils avançaient vers un destin incertain, les Terres Maudites se profilant à l’horizon comme une ombre insaisissable.