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Chapitre 9 : Discussion

Chapitre 9 : Discussion

-Merci de ton aide.

Je bredouille un peu, hésitant, toujours aussi choqué de l’affrontement auquel je viens d’assister. Auquel j’ai participé !

-Euh, de rien. J’ai juste… Au final, tu as aidé autant que moi !

Elle ne me répond pas immédiatement, trop occupée à murmurer quelques mots dans l’oreille de la deuxième fille, qu’elle tient toujours dans ses bras.

Je profite de ces quelques secondes pour examiner un peu plus le duo. Elles ont toutes les deux l’air d’avoir mon âge, mais c’est leur seul point commun. La victime de l’agression est assez grande, et a des cheveux bruns assez long, cachant, avec l’aide de ses mains, son visage probablement en larme. L’autre fille a des cheveux courts et blonds, brillant d’une lueur un peu étrange dans ce coin d’allée obscur.

-Qui est ce gars ? Vous le connaissez ? Vous voulez qu’on aille ensemble au commissariat ?

Après quelque secondes, elle relève la tête et se retourne vers moi, réagissant enfin à la question que je lui pose. Elle hésite, se mord la lèvre, et se décide enfin à me répondre.

-Non, c’est la première fois que je le vois. On voulait prendre un raccourci vers le parc, et il a débarqué en face de nous. Il a sauté sur Alicia, et a essayé de l’emmener. Après t’es arrivé et tu connais la suite.

Elle reprend sa respiration, et commence à repartir lentement vers le centre-ville, remontant les petites rues en tirant presque son ami, qui semble complètement désemparée. Je la suit sans hésiter, en gardant un œil ouvert et attentif, tout en sentant l’adrénaline redescendre.

J’hésite a commencer à réciter le sort angélique que Karel m’a appris hier, mais je décide d’éviter. Je suis avec des humaines, et je ne veux pas passer pour un fou. Je me rappelle de ce que le vieil ange m’a dit sur le Voile, mais je préfère ne pas tenter. Réciter des paroles n’est pas à strictement parler un acte magique, donc qui sait quel déguisement celui-ci m’offrira réellement ?

La fille, dont je ne connais toujours pas le nom, d’ailleurs, reprend la parole pour répondre à ma deuxième question.

-Quand on sera revenu dans les grandes rues, ça devrait aller pour aller jusqu’au commissariat. Mais encore une fois, merci de ton aide. Je m’appelle Mia, et c’est mon amie, Alicia.

-Oh, ok, moi c’est Nils. Ça me dérange pas de vous accompagner, mais c’est comme vous voulez.

C’est au tour d’Alicia de murmurer quelques mots à l’oreille de Mia. Malgré les bruits ambiants de la ville tout autour de nous, j’ai surprenamment presque l’impression d’entendre ce qu’elle dit, alors qu’elle est quand même à quelques mètres de moi.

Encore une fois, avoir un corps d’ange à de nombreux avantages, on dirait.

Je n’essaye cependant pas d’écouter leur discussions, et Mia se retourne une nouvelle fois un peu vers moi.

-Désolé, Alicia… après cette attaque, Alicia préférerait ne pas trop rester avec un autre euh… enfin, tu comprends. Mais merci encore vraiment. On pourra reparler, si tu veux, tiens, mon numéro.

En quelques mouvements, elle m’envoie son numéro de téléphone, et, avant que je n’ai vraiment eu le temps de réagir, les deux filles disparaissent dans la foule recouvrant la petite avenue adjacente.

Je ne sais pas trop comment réagir. Mia avait raison, je n’aurais sans doute pas du insister autant, surtout après l’agression qu’Alicia vient de subir, mais je ne peux pas m’empêcher d’être un peu inquiet pour le duo.

Je devrais sans doute passer à autre chose. Me voilà enfin dans le centre-ville de Valiute. Je l’ai déjà visité, et il n’est pas si grand, donc je ne mets pas longtemps à retrouver Sekir, qui est assis silencieusement à l’étage d’un petit café, devant une tasse qui a bien eu le temps de refroidir et un muffin à peine entamé.

Je m’assois en face de lui avec un chocolat chaud acheté en bas. Il m’a vu arriver, mais ne stoppe son travail, que je peux sentir se dérouler, que quand je le rejoins.

-Déjà là ? Qu’est ce qui s’est passé ?

Un peu embarrassé par ma mésaventure, que j’ai presque oublié après l’attaque, je lui réponds d’un ton hésitant.

-J’ai épuisé le Flux autour de moi, et je savais pas quoi faire en attendant le repas, donc je me suis dit que je pouvais te rejoindre.

-Tu as épuisé le Flux ? Déjà ? Eh bah, tu perds pas de temps ! Mais tu as raison, c’est un bon moment pour se retrouver, je commençais à être un peu fatigué aussi. Laisse moi cinq minutes, et on va se trouver un endroit ou manger.

-Et Élise ? Je ne lui ait pas envoyé de message, tu sais si elle nous rejoint bientôt ?

Il sort son téléphone de sa poche, pianote pendant quelques secondes sur l’écran, et la jeune fille semble répondre assez rapidement car il relève la tête et répond à ma question immédiatement.

-Elle est déjà en route. Elle était aussi fatigué, on dirait. Bon, faut que je finisse de mon côté, attends deux minutes.

Je bois tranquillement mon chocolat chaud en regardant Sekir travailler. Enfin, pour être plus précis, en regardant son Flux travailler.

Ce n’est pas par hasard qu’il s’est assis dans ce café. En plus d’être relativement tranquille, surtout à cette heure de la journée, il est situé directement sur le cercle du sort.

Je ne me connecte pas directement à celui-ci, me contentant d’observer de loin, de peur de déranger Sekir dans son travail. Mais cette simple analyse me permet de saisir déjà de nombreuses différences dans sa structure avec celui sur lequel j’ai passé la matinée.

N’entendant pas la formule que Sekir est en train de réciter, si bas que mes oreilles d’anges n’en perçoivent que des bribes, je sors mon téléphone à nouveau et jette un coup d’œil au sort utilisé.

« Lekarun Ershavid Virnis Lumom Stroves » . La formule est en même temps très similaire à celle que j’ai utilisé et un peu différente. J’essaye pendant les quelques minutes qui suivent de comprendre la signification de ces termes, mais l’exercice se révèle particulièrement infructueux.

Même pour un ange, l’apprentissage de langue morte n’est pas immédiat, et deux phrases sans signification ne suffiront pas. Quand à comparer les structures des deux sorts… À part dire que les deux sont clairement différentes, je n’ai juste pas un niveau de compréhension suffisant de ce monde pour remarquer le moindre détail important.

Abandonnant mes vaines tentatives, je termine ma boisson et attends dans le silence, regardant avec désintérêt les passants dans la rue.

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Je continue d’observer l’extérieur pendant un moment, sans me concentrer sur quelque chose en particulier, surfant sur des vagues de pensées se répétant à l’infini, sans jamais m’arrêter sur une d’entre elle, quand finalement quelque chose en bas réussit à attirer mon attention.

Dans la foule qui marche lentement dans ces petites rues piétonnes du centre-ville, entre touristes et familles prenant leurs temps dans leur marche et les nombreux habitants se pressant vers leur destination, j’aperçois un éclair de blond dans la foule que je crois reconnaître.

Moins d’une poignée de secondes plus tard, mon premier instinct est confirmé par la vision de deux visages familier depuis si peu de temps. Mia et Alicia marchent toutes les deux dans la rue, accompagné cette fois de trois hommes en uniformes de polices, ainsi que de quatre drones terrestres dernier cri, tous peint en bleu et blanc.

Je suis un peu surpris pas la quantité impressionnante de moyens que la police semble débloquer pour aider les deux jeunes filles. C’est vrai que l’agresseur n’était sans doute pas humain, mais trois vrais agents de police ? Et quatre drones ? C’est juste beaucoup trop, d’autant plus que ni les deux filles ni la police ne sont sensés être au courant de notre existence.

J’hésite pendant quelques instants à descendre dans la rue et leur demander si tout va bien, voir les aider si je peux, mais je finis par me raviser. Faire face à autant de membre des forces de l’ordre alors que j’ai disparu d’un hôpital à la suite de sans doute le pire accident de la dernière décade est une terrible idée.

Je doute que le Voile, et toute les machinations des Sonens pour me faire disparaître ne puisse suffire à me protéger de ça.

Je reste donc assis confortablement sur mon siège, en les regardant se diriger vers la petite allée dans laquelle l’évènement s’est déroulé, avant de réaliser que j’ai en fait un moyen de les contacter. Je sors mon téléphone, et j’envoie un sms au numéro que m’a filé Mia pour lui demander des nouvelles.

« Hey, c’est Nils, le mec de tout à l’heure. Je vous ai vu passer dans la rue avec pleins de flics, du coup je me demandais si tout allait bien ? »

Alors que je lève les yeux de mon écran, et que je me retourne vers la rue, j’aperçois, en face de Mia et d’Alicia, une autre personne que je reconnais.

Élise est sur le trottoir d’en face, et elle à l’air de se diriger directement vers le café, donc je suppose que Sekir a du lui donner l’adresse exact.

Je la regarde de loin, mais elle ne semble pas me voir à travers la vitre. Étrangement, elle semble regarder dans la direction de Mia, mais cette dernière se dirige complètement ailleurs, et est occupée à parler avec Alicia.

Un autre coup d’œil, et Élise arrête subitement ses regards dans cette direction, et repart vers nous. Je suis prêt à considérer tout cet étrange échange comme un simple hasard quand plusieurs bruits de métal résonnent dans toute la rue, stupéfiant tout les passants, qui se retournent tous dans la même direction, et je fais de même.

Aux pieds des trois policiers gisent les cadavres métalliques des quatre drones, qui viennent de s’effondrer avec grand fracas sur les pavés du centre-ville. Plus aucune LED, plus aucun voyant lumineux ne clignote, signifiant de manière évidente à tous les témoins leur arrêt.

Les trois policiers échangent quelques regards surpris, et l’un d’entre eux dégaine rapidement un walkie, et commence à parler rapidement dedans, pendant que ses deux camarades tentent, un peu vainement, de disperser la foute tout autour d’eux.

Mia et Alicia restent immobile, visiblement incertaine de la marche à suivre. Je vois la première jeter des regards curieux un peu partout, jusqu’à ce qu’elle finisse par poser son regard sur quelqu’un, en l’occurrence Élise, qui se dépêche le long du trottoir, presque la seule à bouger dans la foule.

Mais Élise ne se retourne pas, et s’engouffre dans le café où nous l’attendons toujours. Je détourne mon regard de la fenêtre, et lui fait un petit signe quand elle monte les escaliers, esquivant les vendeurs.

Elle me renvoie mon signe et vient s’asseoir à mes côtés.

-Alors ? Le premier sort ? Ça s’est bien passé ?

Je lui réponds rapidement, alors que Sekir semble enfin arrêter de se concentrer, et que je le vois briser sa connexion avec le cercle pour saluer la jeune ange.

-Ouais, j’ai eu un petit problème, j’ai épuisé la magie, mais sinon tout s’est bien passé.

J’hésite quelques secondes à apporter ce sujet de discussion, mais j’ai besoin, envie, d’en savoir plus, et ses activités dans la rue étaient vraiment bien trop étrange.

-Et tu as fait quoi, dans la rue ? C’était toi, hein ?

Je vois dans son regard qu’elle comprend immédiatement de quoi je parle. Elle hésite pendant quelques instants, jette un coup d’œil furtif vers Sekir, qui s’empresse de me demander de quoi je parle, puis finit par prendre la parole.

-Je… J’ai quelques problèmes avec la police locale, pour des trucs dans mon passé, et j’ai pas pu résister quand je les ai vu, en bas. J’ai juste euh, utiliser un petit sort ? Rien de grave, juste épuisé les batteries des drones.

Sekir l’interrompt dans ses explications, et je vois dans ses yeux, pour la première fois depuis mon arrivé, une trace de colère. Une ombre, passant sur sa figure alors qu’il interroge Élise d’un ton énervé.

-Tu as fait quoi ? Pourquoi tu… On a déjà eu cette conversation, Élise, tu peux pas faire ça !

La fille évite son regard, maintenant, mais elle lui répond quand même, d’une voix tremblotante.

-Je sais Sekir… Mais c’est plus fort que moi, et il y avait cette sale !

-Élise !

Coupée court dans sa phrase par Sekir, elle se tait et baisse les yeux. Le premier pousse un soupir fatigué, la lueur sombre disparaît de son visage, et il reprend la discussion d’un ton apaisé.

-Désolé, Nils, il s’est passé des trucs dans cette ville. On t’expliquera un jour, mais c’est pas vraiment le moment là. Essayons d’oublier toute ces conneries. Tu veux manger où ?

Je suis un peu choqué de son comportement avec Élise. Je pensais que Sekir était un gars bien, mais j’ai vraiment l’impression qu’il est en train de la blesser. Quelle est leur relation de toute façon ? Ils sont proches, très proches, mais rien ne me laisse penser qu’ils forment bien un couple.

J’hésite pendant quelques secondes à l’interroger à ce sujet, mais ce n’est clairement pas le moment. Je me refuse aussi à intervenir en faveur d’Élise. Je ne les connais que depuis si peu de temps, pas assez longtemps pour me mêler de leur relation, d’autant plus qu’ils sont les seuls du groupe à être vraiment sympathiques avec moi, malgré leurs silences et leur insistance répétée à ne rien me dire, qui commence aussi un peu à me fatiguer.

Je ne reviens donc pas sur le sujet, et nous allons tous les trois manger dans une pizzeria deux croisements plus loin. Après moins d’une vingtaine de minutes, la relation entre les deux semble retrouver son état habituel, et ils interagissent comme s’il ne s’était rien passé.

Nous évoquons pas mal de sujet durant le repas, dont les travaux de recherches de Sekir sur la langue magique. Il ne détaille pas vraiment son avancé, mais me promet de me passer un brouillon de son travail.

D’après lui, il commence à bien saisir la structure du langage, et il estime que d’ici quelques années, il pourra traduire la majorité des formules.

Quand je lui demande si les autres anges ne risquent pas de voir ceci d’un mauvais œil, considérant que la langue magique est, fondamentalement, un secret, il me répond qu’il en a déjà parlé avec Kiritael, un de nos professeurs, et que celui-ci lui a garanti qu’on ne l’embêtera pas plus que ça.

Après notre repas, nous retournons à nos lieux de travail respectifs. Je repasse dans la même allée, mais pas un signe des deux filles, de la police ou de l’homme au fedora, donc je ne passe pas spécialement longtemps à chercher.

De retour dans le parc, je n’ai presque aucune difficulté à me connecter et à manipuler le Flux. Fort de mon expérience antérieure, j’ai désormais un contrôle bien meilleur de celui-ci, et j’arrive à ne pas me perdre une nouvelle fois dans l’extase magique.

Nous rentrons tard et épuisé au QG, après cette longue journée de travail, mais ma prière, celle de pouvoir passer une nuit longue et reposante, n’est, semble-t-il, pas entendu, car ce sont les cris de Valarion, et le visage inquiet de Karel qui nous accueillent.

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