Deux jours plus tard,
Je me réveillai après une nuit de sommeil bien trop longue dans la nouvelle chambre que l'on m'avait attribuée après mon couronnement. Aujourd'hui, je devais pour la première fois assumer mes responsabilités d'Animus, à mon plus grand malheur. Et en parlant de cela, quelqu'un toqua à ma porte :
* ENTREZ ! criai-je.
Je vis Caroline, un sourire aux lèvres, entrer dans ma chambre avec un énorme bloc-notes.
* On part dans une trentaine de minutes pour le congrès !
* Je ne vois vraiment pas l'intérêt d'aller à New York pour écouter des politiciens débattre. Ils pourraient venir ici !
* Le congrès ne va pas se déplacer pour tes beaux yeux. Ils siègent là-bas toute l'année et ne sont toujours pas au courant de la mort de l'Animus.
* Euh, tu peux répéter après "ne va pas se déplacer pour…" ?
* Tes beaux yeux, ils siègent...
* Ah voilà, "beaux yeux", merci pour le compliment, c'est rare ! répondis-je avec un sourire aux lèvres.
* In-corr-ig-ible, tu es incorrigible.
* Je le sais.
* Bon, prépare-toi, on part dans 10 minutes.
* 15 minutes ? proposai-je.
* 5 minutes.
Apparemment, la négociation n'était pas envisageable. Je m'habillai donc à toute vitesse afin d'être prêt à l'heure. Je descendis ensuite en trombe pour rejoindre l'héliport de la cour le plus rapidement possible, où m'attendait déjà Caroline, qui semblait très surprise quand elle me vit.
* Tu... tu... tu es à l'heure ?!?! me dit-elle en bégayant de surprise.
* Étonné ? Je suis toujours à l'heure ! affirmai-je ironiquement.
* Ça doit être ça, dit-elle sarcastique. Allez, monte, on y va.
L'hélicoptère était un énorme engin lourdement blindé, équipé de nombreux missiles et de quelques postes de tir à la mitrailleuse, accrochés sur les bords de celui-ci. Notre hélico fut rapidement rejoint par d'autres véhicules d'escorte, ce qui porta le nombre d'hélicos à 12 ou 13 au total, pour les heures de trajet qui séparaient la forêt de la banlieue de Boston du centre-ville de New York.
Le trajet se passa sans encombre, et notre hélicoptère finit par se poser sur le toit du bâtiment. On me fit passer par de nombreux couloirs, accompagné d'une escorte lourdement armée et oppressante, jusqu'à une énorme porte en bois derrière laquelle j'entendais une discussion peut-être un peu trop animée pour certains. Si je me souvenais bien de mes cours (datant d'il y a trois jours), il me semblait que seul l'Animus pouvait entrer dans la salle du congrès par cette porte. J'avais donc naturellement hâte de l'ouvrir afin que les discussions cessent par respect, avant de voir leur mine décomposée en découvrant un "gamin" se présenter comme l'Animus...
* Ce n'est pas drôle, me dit Caroline comme si elle avait lu dans mon esprit, avant de rajouter, tu penses à haute voix et ça n'est peut-être pas le plus discret...
Horriblement gêné, je me jurai que ce serait la dernière fois que cela arriverait en public. Je pris une grande inspiration avant de décider enfin d'ouvrir la porte pour ne pas rester trop longtemps dans l'instant de gêne que je venais de créer.
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Toutes les voix se turent dès que j'eus commencé à pousser la porte, dans un bruit assourdissant qui me fit me demander si ces dernières s'étaient vraiment tues ou si je ne les entendais juste plus... La porte menait sur un balcon de pierre qui se trouvait au quart de la hauteur totale de l'amphithéâtre qui servait de salle de débats aux députés, une salle si grande qu'elle me mit mal à l'aise. J'estimais à au moins plus d'un millier le nombre de députés se trouvant dans cette salle...
J'ai vraiment eu du mal à ravaler mon envie de rire causée par les visages interloqués des politiques à ma vue :
* Monsieur, qu'est-ce que cela veut donc dire ? s'exclama un politicien perdu dans la foule.
* Est-ce un coup d'État ? me demanda un autre.
* Je suis juste le nouvel Animus après la mort naturelle de mon père.
* Calomnie ! L'Animus était bien trop jeune ! C'est très rare de mourir à cet âge, et cela serait arrivé à l'Animus ? Je ne peux pas y croire !
* Comme vous venez de le dire cher collègue, cela est très rare mais pas impossible, et de toute manière, comment aurait-il pu tuer l'Animus, même une arme nucléaire en serait incapable, dit un autre député afin de me défendre, ce qui améliora considérablement mes premières impressions sur ces derniers.
* Effectivement, il faut se rendre à l'évidence ! clama encore un autre.
Et le brouhaha reprit de plus belle jusqu'à ce que le président de l'assemblée tape de toutes ses forces sur la caisse de résonance située dans son bureau avec un énorme marteau pour que le silence revienne, à mon plus grand bonheur.
* En tant que président de cette assemblée réunissant chaque région du monde, je m'exprime au nom de chacun et prête allégeance au 51ème Animus de l'histoire ! Cria-t-il bien clairement afin que tous puissent l'entendre.
À la fin de son discours, chaque député présent se leva, bien obligé de le faire à la suite des déclarations du président, et récita tous en chœur, enfin cela aurait été dans le plus beau des mondes, car en réalité, ils récitèrent tous à leur rythme la phrase suivante, ce qui me donna instantanément un mal de tête :
* Je prête allégeance à l'Animus au nom de la région et de chaque habitant que je représente au sein de cette assemblée, Longue vie à l'Animus !
Atteint par une sérieuse migraine, je venais de remarquer les caméras de télévision placées au fond de la pièce, qui retransmettaient tout en direct à l'ensemble de la population mondiale. Je le signala alors immédiatement à mon amie, ce qui la surprit aussi car elle avait apparemment aussi oublié. Nous partîmes donc le plus vite possible vers l'hélicoptère afin d'échapper à la foule de médias. Mais malgré notre vitesse, les médias nous suivaient eux aussi en hélicoptère, et ce jusqu'à ce que l'escorte menace de prendre leur présence pour une action terroriste et que par conséquent, ces derniers les abattent en vol.
Note à moi-même : ne pas embêter ces types.
De retour au manoir, j'eus une petite discussion avec Caroline pour lui expliquer ce que je pensais des députés. En résumé, pour moi, il y a certaines personnes bien, et certaines autres qui pourraient potentiellement perdre leur poste incessamment sous peu pour avoir osé s'opposer à moi. Nous ne sommes tout de même pas dans une monarchie constitutionnelle, mince ! Ils ne sont là que pour soulager le travail et l'attention médiatique de l'Animus, et potentiellement rejeter la faute sur eux...
Ils sont donc parfaitement remplaçables. Caroline me fit aussi remarquer que j'avais peut-être un léger problème avec l'autorité et que j'avais tendance à dénigrer ceux qui l'incarnent, étant donné que je disais exactement la même chose de mon précepteur...