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Chapitre 2

Chapitre 2 :

Adma :

Je tombais chaque fois qu'il me donnait un coup. Son genou arriva en plein dans mon ventre. Mon souffle fut coupé et la moitié de mon repas se retrouva par terre. L'homme m'attrapa par le cou et me plaqua contre le mur. Je ne touchais quasiment plus le sol tellement il était grand.

- Tu croyais quoi, toi, me demanda-t-il. Que tu pourrais te servir dans la cuisine, que personne ne le remarquerait ?

Je suffoquais, ça ne s'était pas vraiment passé ainsi, et il n'aurait pas dû me remarquer de cette façon !

- Alors, insiste-t-il.

- Je suis... Désolée... parvins-je à dire.

- Oh ! Mais si tu es désolée, ça change tout, dit-il en me reposant au sol et en libérant ma trachée.

- C'est vrai, demandais-je comme si je ne savais pas que c'était faux.

- Non, me répondit-il sèchement en me frappant très fort au visage.

Il m'assèna un énorme coup de poing en pleine face. À ce moment-là, je perdis connaissance. Le trou noir. Ça s'était passé tellement vite, je n'eus pas le temps de comprendre ce qu'il m'arrivait.... Je fus comme aspiré par le néant.

Lorsque je repris connaissance, j'étais enfermé dans une cage métallique d'environ un mètre sur un mètre. Quelqu'un braqua brusquement un faisceau lumineux sur moi et je me recroquevillai au fond de la geôle en plissant les yeux. Un lion dans un cirque. J'étais éblouie par la lumière vive du spot. Je vis une forme humanoïde s'avancer devant ma prison sans pouvoir voir qui c'était à cause du contre-jour.

- Qui es-tu, me demanda-t-elle d'un ton impérieux.

- Adma Williamson, répondis-je directement.

- Eh bien, Adma. Qu'étais tu venue faire dans une planque de vampires ?

- Je veux parler à Sebastian .

- Qu'est ce que tu lui veux ?

J'hésitai un peu avant de répondre, puis je me dis que le meilleur moyen de le voir était de dire une partie de la vérité. On m'a appris que les meilleurs mensonges devaient contenir un peu de vérité.

- On a retrouvé un mort hier, et c'est un vampire, je voulais savoir si vous saviez qui c'était, et s'il appartenait à votre clan.

- Non, me répondit-il rapidement.

- Sérieusement, il est mort, c'est un de vos congénères ! Tu pourrais au moins faire un minimum d'effort !

- Tu nous prends pour quoi ! Un de ces chiens ?! Il est mort, il est mort, voilà, il n'y a rien à ajouter ! On n'est pas une agence funéraire !

- Stop, arrêtez, nous interrompit une voix grave. Les querelles ne sont pas nécessaires !

- Sebastian... dit solennellement l'homme qui m'avait posé les questions en s'inclinant un genou à terre.

- Tu peux disposer, ordonna Sebastian .

Le vampire s'exécuta et sortit rapidement de la pièce sombre.

- J'aimerais te poser, moi aussi, quelques questions, mais d'abord je vais te préparer un petit quelque chose... Je reviens vite, me dit l'homme.

Il sortit lui aussi mais alluma la lumière juste avant. Je voyais enfin où j'étais enfermée. Ça devait être le sous-sol d'un bâtiment, il n'y avait aucune fenêtre. Seulement une petite ouverture avec des barreaux pour empêcher qui que ce soit de s'en aller. La pièce était petite et sombre. C'était un camaïeu de gris, du plus clair au plus sombre quasiment noir. Au milieu, se trouvait deux piliers de béton avec des chaînes, comme pour retenir quelqu'un... Sûrement pour retenir quelqu'un. Je pensais être dans une salle de torture. Au sol, je pouvais apercevoir quelques vielles traces de sang. Il flottait dans l'air une odeur étrange, mélange de sueurs et d'hémoglobine... Il avait dû se passer des choses affreuses dans ce sous-sol... Dans un coin, au fond, derrière ma geôle, il y avait un lit. Une armature en fer coiffée d'un matelas d'une dizaine de centimètres d'épaisseur. Sur le mur contre lequel il était, il y avait une attache pour y accrocher une chaîne, des menottes et au-dessus se trouvait une trappe qui menait sûrement à l'extérieur et laissait filtrer la lumière du jour. Cela devait être un coin dédié à la torture de clans ennemis...

À côté de la cage, une table se tenait fièrement, là. pour servir d'étal des objets confisqués aux prisonniers. Je le savais car, sur cette table, il y avait mes armes : ma dague, mon calibre et mon couteau. Je commençais à me dire que ça n'avait pas été la meilleure idée d'avoir voulu aller seule chez les vampires et, je commençais sérieusement à penser que je ne rentrerai pas indemne...

Sebastian , qui se prononce "Sebastiane" et non "Sébastien" (parce que la première fois que j'ai dit son prénom j'ai failli me faire égorger pour l'avoir mal prononcé), revint quelques minutes plus tard avec des tubes, des herbes et des bouteilles qu'il posa sur la table. Je m'attardai un peu plus sur son physique. Il était très grand, je dirais un mètre quatre-vingt-dix et plutôt bien bâti, normal pour un vampire me diriez-vous. Sachez que les vampires ne sont pas exactement comme vous l'imaginez : certes ils ne peuvent sortir en plein jour, au risque de brûler vif mais ils ne sont pas tous magnifiques, musclés et sexy et ils peuvent sentir ou bien manger de l'ail aussi. Les vampires peuvent dire ou bien voir des choses en rapport avec la religion un certain temps après leur transformation, ils peuvent manger d'autres aliments que du sang, mais ils doivent le vomir car cela risque de pourrir à l'intérieur et de les tuer. En aucun cas ils peuvent se changer en chauve-souris, sauf certains... Je vous expliquerai plus en détail en temps voulu.

Sebastian préparait une sorte de mixture étrange sur la table.

Je crois que de tous les vampires que j'avais vu, Sebastian était le plus gracieux. Son physique n'avait rien à envier à Apollon, il était grand et juste assez musclé. Il avait de longs cheveux d'un blanc éclatant qui tombait en cascade d'une haute queue de cheval tenue par une tresse. Deux mèches asymétriques lui barraient le visage et le cachaient, ce qui lui donnait un air mystérieux, surtout quand il se préparait un mélange inconnu. Il était toujours concentré, jamais il ne laissait paraître ses émotions. Sa carrure et son visage anguleux renforçaient l'impression de jeunesse qui émanait de lui malgré son âge avancé (250 ou 260 ans...).

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Personne ne savait comment il avait été transformé, ni son âge exact, on savait seulement qu'il avait la trentaine, peut-être 25 ou 26 ans. La plupart des vampires portaient des tenues extravagantes, et peu couvrantes pour : « montrer l'étendue de leur beauté », mais pas Sebastian . Il portait un pantalon de costard avec une veste assortie, fermée mais sans chemise, ce qui laissait apparaître son torse musclé et pâle. Je crois que ce qui me fascinait le plus chez lui étaient ses mains, des mains robustes mais qui avaient l'air douces, des doigts longs et fins sur lesquels prenaient place de longs ongles noirs dégradés jusqu'au gris clair . Le vampire portait beaucoup de bagues, et sur le majeur de sa main gauche se trouvait une chevalière en argent assorti d'une énorme pierre noire qui semblait être de l'Onyx.

Son visage toujours fermé à toute émotion était tout aussi énigmatique et mystérieux que lui-même, voire plus... Je pense que c'était cela qui attirait toutes les femmes et tous les hommes qui lui faisaient des avances ; ce mystère permanent. Malgré ça, je crois que Sebastian n'avait jamais eu d'aventure avec qui que ce soit.

Toujours obnibulé par la potion qu'il préparait, ses yeux tournés vers les tubes.

Il est vrai que son visage me fascinait : la façon dont tout semblait en accord et en désaccord, tout semblait trop parfait et imparfait... il avait une fine bouche rosée, un visage anguleux parfaitement proportionné, des yeux rubis avec quelques traînées violettes et quelques détails jaunes vif, de longs cils noirs encadraient ses yeux rouges, de longs cils qu'on avait posé délicatement là , sur ses paupières, comme des ailes de papillon. Il affichait aussi d'épais sourcils foncés bien dessinés et symétriques. Si on le regarde assez attentivement, on pouvait voir quelques rares tâches de rousseur sur l'arête de son nez fin et sur ses joues.

Toute cette perfection imparfaitement parfaite attirait une masse inimaginable de gens, humains ou non, vers Sebastian et son irréfutable beauté divine. Mais pas moi. Moi, je ne ressentais pas tous ces sentiments, enfin si, mais je ne savais pas lequel était quoi, donc je ne savais pas que je le ressentais. Je ne m'étais entraînée uniquement dans le but de servir, et de me battre et d'obéir aux ordres que l'on m'avait donnés. La colère, la tristesse et l'anxiété étaient les seules émotions que j'avais réussi à redéfinir, les autres je ne connaissais que leur nom, je pouvais aisément imaginer ce que c'était mais je n'arrivais pas à me les approprier.

C'est comme si je ne ressentais rien, et je ne devais pas ressentir. Pour le bien de la mission et donc le bien de celui ou celle qui m'a confié cette tâche.

On m'avait confié une tâche : parler à Sebastian , et le convaincre d'aller à un repas avec mon employeur sûrement pour qu'ils parlent affaires. Et je devais le convaincre par tous les moyens. Sebastian se retourna vers moi avec une substance verdâtre dans une seringue. Il s'approcha vite de moi, et avant que j'eusse le temps de reculer, il me planta l'aiguille dans le bras. Je m'écroulai par terre. Une poupée de chiffon, voilà ce que j'étais.

- Qu'est-ce que c'est, demandais-je en luttant pour ne pas sombrer.

- De la drogue, répondit Sebastian , fidèle à lui-même.

- Pour... pour... quoi ?

- J'ai besoin que tu me rendes un service, seulement, tu ne me l'aurais jamais rendu de ton plein gré...

Il commença à ouvrir la cage, je ne pus répondre, tout devenait flou autour de moi. La dernière chose que je vis fut sa main s'approchant de mon visage.

Ensuite ?

Ensuite : le trou noir. Je ne sais pas combien de temps ça avait duré. Je me réveillais, seule, sur le lit du fond de la pièce. Maintenue par les menottes. Tout était flou. Il faisait sombre, la seule source de lumière était le petit trou dans le mur en haut, le seul lien avec le monde extérieur. Là, personne ne pouvait m'aider, si je criais, personne ne m'entendrait.

Je recouvrais peu à peu mes esprits. Je tirais le plus fort possible sur les menottes. Par à-coups, de plus en plus brusquement. Je me meutrissais les poignets, ma chair se déchirait sous l'acier orangeâtre.

Au moment où je commençais sérieusement à m'énerver et à tirer très fort, Sebastian débarqua en trombe. C'était la première fois que je décelais une once d'inquiétude dans les yeux du vampire.

- Attends ! Je vais t'aider ! cria-t-il en me voyant forcer sur mes liens.

Il courut jusqu'à moi et attrapa mes bras pour que je cesse de tirer. Il prit une clé dans sa poche tout en me tenant et déverrouilla mes liens. Il me fit m'asseoir en tailleur pour me calmer et il s'assit sur le bord du lit. J'étais totalement paniquée. Il était assis là, à me regarder.

- Pourquoi, hurlais-je tout à coup, faisant sursauter le vampire.

- Adma... commença-t-il.

- Qu'est ce que tu m'as fait ?

- Calme toi, Adma...

- Tu veux que je me calme !

- Adma !

Je commençais à m'agiter et à vouloir fuir. Ce que Sebastian essayait de me dire était incompréhensible. Il me retenait, toujours assis, avec ce regard indéchiffrable, ses mains sur mes épaules.

- Adma, cria-t-il en me mettant la baffe de ma vie.

La douleur se diffusa alors dans ma joue jusque dans mon crâne en passant par ma mâchoire. Je plantais mon regard abasourdi dans ses yeux rubis. Après quelques longues minutes à rester là, en essayant de déchiffrer son regard sang, il me demanda :

- Ça y est ? Tu es calmée ?

J'acquiesçais toujours les yeux enracinés dans les siens. Je m'enfonçais dans son regard . Avec cette sensation étrange de ne pas pouvoir y pénétrer, d'être invitée chaleureusement mais, de ne pas réussir à ouvrir la porte pour apercevoir la forme et la couleur qui formaient les émotions de la créature nocturne.

Sebastian brisa ce lien en détournant la tête vers la porte.

- Viens, suis moi, me dit-il tout à coup.

Il tira sur mon bras pour m'emporter vers la porte. Nous marchions d'un pas vif vers je ne sais quelle destination. Une question me brûlait les lèvres depuis un moment :

Que m'avait-il fait ? Je me décidait enfin à poser la question quand il dit :

- Je te promets que je n'ai rien fait... Mais il y avait un autre homme...

- Qui c'était ?

- Je ne sais pas...

- Attends, attends... dis-je en lui attrapant le bras pour le retenir. Tu veux dire que tu m'as drogué en me laissant à la merci d'un mec inconnu, et en plus on ne sait même pas ce qu'il a pu me faire ?!

Il fuit mon regard, comme un enfant pris la main dans le sac, puis se résigna à affronter mon regard.

- Je suis vraiment désolé, vraiment, c'était soit ça, soit... commença-t-il puis il s'arrêta brusquement comme s'il s'était rendu compte de quelque chose de grave.

- Soit quoi, demandai-je.

- Peu importe, ça n'excuse pas ce que j'ai fait... Désolé...

- Mais, attends ! Tu te...

Je fus interrompue par d'énormes coups sur le mur. Le vampire et moi nous retournâmes pour voir d'où provenait le bruit. Nous arrivâmes devant la porte entrouverte d'une chambre. De là, je pouvais apercevoir deux vampires se faire plaisir sans pudeur. Il lui léchait le cou pendant qu'elle lui griffait le torse avec ses ongles excessivement longs. Cette vision me donnait la nausée, je me retournais en essayant de contenir la boule que je sentais monter dans ma gorge et vit le visage furieux de Sebastian -je devrait peut-être lui proposer les services du spa à côté de chez moi ça lui évitera d'avoir une crevasse entre les deux sourcils.

Il donna un énorme coup sur le mur ce qui fit sursauter les deux amants. Ils nous dévisagèrent et continuèrent à faire leur affaire. Ne voulant pas les déranger plus je commençais à partir mais j'entendis Sebastian engager la conversation.

- Ça va, demanda furieux Sebastian .

- Ouais... Plutôt bien ouais, répondit le vampire provocateur. Tu voudrais te joindre à nous ?

- Alors toi...

Le vampire aux cheveux immaculé entra dans la pièce et claqua la porte derrière lui. Je n'entendais que des sons de cris, mais n'arrivait pas à former les mots qui allaient avec. Je me trouvais seule devant la porte, à poireauter comme une conne . Je revoyais la scène de quelques instants auparavant : la façon dont le vampire avait léché le cou de la femme, leur corps qui s'emboutaient parfaitement, les gouttes de sueur qui perlaient un peu partout sur leur corps les rendant luisants, le tout dans un désir ardent et une sensualité répugnante.

J'avais envie de vomir, je plaçais ma main sur mon ventre après avoir desserré le col de mon polo noir en espérant m'apaiser, mais rien n'y faisait, la nausée et le dégoût me rattrapèrent bien vite.

Après un moment, je vis Sebastian sortir de la chambre et me faire signe de le suivre. Je fis de mon mieux pour paraître « normale ».

Ensuite, nous avons tourné deux fois à droite et une fois à gauche et nous sommes arrivés dans un autre couloir sombre, à ce moment Sebastian s'arrêta net.

- Tout va bien, me demanda-t-il.

- Oui, t'inquiètes pas, répondis-je.

- Tu as l'air très pâle...

- Bah, tu peux parler, toi, m'exclamais-je sarcastiquement.

- Sérieusement. Qu'est-ce qu'il y a ?

- Rien, c'est juste... Toute cette tension... Comment dire ? Sexuelle... C'est dégueu... Plus la fatigue et la drogue je suis K. O.

L'image des deux vampires me revint en tête, il n'en fallut pas plus pour que je vomisse sur la belle moquette noire. Je me penchais en avant et sentit les mains de Sebastian attraper les quelques mèches de mes cheveux qui menaçaient d'être souillées par le contenu de mon estomac. Le vampire me laissa finir sans rien dire. Je me redressais difficilement, honteuse.

- Désolée...murmurai-je.

- Ne t'en fais pas... je m'en occuperai plus tard. Il me semble que tu es venue pour me poser une question ?

- Effectivement.

Il m'emmena jusqu'à un bureau grandiose. Il y avait de grandes chaises avec des dorures autour d'une grande table ovale en marbre noir. Le vampire me fit m'asseoir sur l'une des dix chaises. Il me demanda si je voulais de l'eau, je lui dis que ce serait vraiment gentil. Le vampire partit en me laissant dans la grande pièce. À part la table, les chaises et le gigantesque lustre en cristal, il n'y avait pas grand-chose dans cette pièce. Elle était très lumineuse grâce aux immenses fenêtres en face de la table. Un peu plus tard, Sébastien revint avec une carafe d'eau et un verre dans les mains, il posa le tout sur la grande table et s'assit à côté de moi. Il me servit un verre d'eau et me le tendit, je le pris et le bus d'une traite.

- Je dois te demander... dis-je lentement. Est-ce que tu voudrais bien avoir un entretien avec mon employeur ?

- Qui est...

- Luc.

- Ah. Bon, je te dois une faveur... alors, c'est d'accord.

J'écarquillai les yeux, je n'aurais pas imaginé que ce soit si facile.

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