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Complot

« Tenter de violer la fille de Véter, mais tu es vraiment malade, Henry. Maman t’a bercé trop près du mur, ce n'est pas possible ! » cria Sophia.

Henry faisait les cent pas entre les quatre murs de sa chambre.

« C’est un coup monté, Sophia. Ils m’ont berné, ces enfoirés de Véter. À la première occasion, je les zigouille ! » répondit Henry, stressé.

Sophia lui asséna une gifle si violente qu’Henry eut l’impression de se faire décrocher la mâchoire.

« Mais tu es folle, ça fait un mal de chien ! » baragouina Henry.

« Ferme-la ! C’est vraiment si compliqué d’arrêter de penser avec ton entrejambe ? Le premier jour de ton règne, tu essaies de violer une noble ? Tu n’es qu’un porc lubrique ! Je t’en supplie, Henry, présente tes satanées excuses à cette fille ! » répondit Sophia, les larmes aux yeux.

« M’excuser pour un crime que je n’ai pas commis ? Cette enflure avait tout préparé depuis le début, crois-moi Sophia, je t’en supplie... » dit Henry.

« Tu n’as pas changé. Même après cinq ans, tu rejettes encore tes erreurs sur une force supérieure qui te manipulerait soi-disant, » déclara Sophia en le regardant avec dédain.

Henry tenta de répondre, mais aucun mot ne lui vint. Il resta passif, la bouche ouverte, tel un poisson mort.

« Tu n’aurais pas pu, juste une fois, arrêter de penser qu’à ta gueule ? En touchant cette fille, tu es tombé, mais tu m’as aussi entraînée dans ta chute, » affirma Sophia, la voix tremblante, le visage livide.

Elle claqua la porte et partit.

Henry s'allongea sur son lit, fixant le plafond. « Je ne savais pas qu’on pouvait tout gagner en une journée, puis tout perdre le lendemain. Je comprends maintenant ton choix, Isaac... »

Quelque part dans la principauté de Kholm.

Isaac dégustait un morceau de pain rassis, trempé nonchalamment dans sa soupe. Cela faisait plusieurs jours qu'il battait la campagne, traversant villes et villages avec sa troupe.

« On dirait qu’un gobelin a déféqué dans mon potage, » se plaignit un ex-soldat.

« Ferme-la et mange, » répondit un homme à la barbe grisonnante.

La troupe voyageait depuis un mois. La famine commençait à se faire sentir, et les hommes en étaient réduits à manger leurs chevaux. Aujourd’hui, ils entamaient leurs dernières rations.

Soudain, un homme sortit de la lisière des bois, courant à toute allure pour rejoindre l’endroit où soupaient le capitaine de la garde et le prince. Haletant, il eut du mal à articuler son message.

« Cap’taine… (inspire) un village… (expire) » dit-il, épuisé mais excité.

« Allons, calme-toi et respire. »

L’homme reprit son souffle après quelques minutes.

« Nous avons repéré plusieurs villages. Les villageois m’ont assuré qu’ils n’étaient pas Elliptiens, » répondit l'homme, joyeux.

« Cela signifie que nous avons passé la frontière de la principauté de Kholm ? »

« Vraiment ? Dites aux hommes de se préparer. »

Isaac jeta son bol de gruau avec dédain. « Fini les rations pourries, ici nous ne sommes plus à Ellipta. »

« Mon prince ? »

« Qu'y a-t-il, capitaine ? »

« Après autant de temps de privations et de marches forcées, j’ai peur de ne plus pouvoir les tenir en laisse, » répondit le vieil homme, inquiet.

« Ce n’est pas un problème. Personne ne se soucie de villages isolés. Et puis, le moral des hommes est au plus bas. Je ne vois pas comment je pourrais leur refuser un tel cadeau après avoir traversé tout le royaume. »

« Très bien, votre altesse. »

Isaac rentra dans sa tente pour se préparer au pillage.

« Je ne veux pas avoir l’air d’un gueux, même lors d’un pillage. Il est important de soigner les apparences. Ces troufions de la garde royale ont tendance à oublier qui les dirige. Il est bon de le leur rappeler, soit en leur offrant une petite récompense, soit en leur tapant sur les doigts. »

Isaac se regarda dans un miroir de poche. Malgré ses cheveux gras et son teint blafard, le jeune homme avait une certaine beauté. Elle n’était pas exceptionnelle, mais combinée à son sang royal, cela le rendait plutôt attractif.

Enfilant son armure de plates et sa gambison, Isaac ressentait que sa décision de quitter le Palais Royal était la bonne. Il préférait mourir libre plutôt que de devenir un roi marionnette. Il avait refilé la patate chaude à son frère.

Le capitaine de la garde entra dans la tente.

« Altesse, les hommes sont prêts. Ils n’attendent que vous. »

« Très bien, Albert, j’arrive tout de suite. »

Sortant de sa tente, Isaac aperçut ses hommes, rangés en ligne serrée et armés, les blasons royaux retirés de leurs boucliers.

« Ce sont encore des soldats après tout, » murmura-t-il en observant leur discipline.

Palais Royal, chambre des Véter

« Ça a été plus facile que prévu, » s'enorgueillait Roland.

« Le plan n’a absolument pas été respecté. Ça a été un fiasco du début à la fin. On a pu improviser seulement parce que c’est un imbécile fini. Si le marquis n’avait pas joué son cirque, on aurait pu l’humilier devant tout le monde. Là, seulement quelques gardes l’ont surpris, et des nobles sont encore sceptiques. Et puis, tu ne peux pas t’empêcher de boire, même lors d’une opération aussi importante ! » répondit un autre homme.

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« Ne dramatise pas, père a dit que cela n’aurait pas de conséquences majeures. Et puis, si je me souviens bien, c’est grâce à ma soirée improvisée que ça a fonctionné. »

« J’ai failli vomir en me levant pour préparer la mise en scène. »

« Mais cela a marché malgré tout. Ce petit roitelet danse dans la paume de notre main. Honnêtement, j’ai rarement eu autant de mépris pour quelqu’un. »

« Tu dis ça parce qu’il me convoitait. Allons, tu sais bien que ce n’était que de la comédie, » répondit Anna d’une voix suave.

« Mouais, arrête ça, Anna, je ne suis pas un nobliaud en manque d’attention, » dit Roland, agacé, tout en sortant du lit.

« Je n’ai jamais entendu quelque chose d’aussi faux. Dois-je te rappeler qui réchauffait ma couche hier soir ? »

« Ferme-la, » répliqua-t-il en se rhabillant nonchalamment.

« Ho, tu vas où comme ça ? »

« Me promener en ville. Je commence à devenir fou dans ce château. »

« Quand tu auras fini d’acheter ton alcool, pourrais-tu m’acheter des bonbons au miel ? Il y a une confiserie près du port, il paraît qu’ils sont délicieux. »

« Des bonbons au miel ? Très bien. »

« Chouette, merci grand frère. » La femme s’extirpa de sa couverture, révélant son corps frêle et blanc comme neige, contrastant avec ses longs cheveux noirs.

Roland quitta la chambre avant que son instinct ne prenne le dessus, traversant le château en saluant les gardes pour se rendre en ville. Celle-ci était animée, et la rumeur sur la tentative de viol par le roi se propageait à chaque coin de rue.

« Tu as entendu parler de la fille Véter ? »

« Oui, ça ne m’étonne pas de lui. Il avait déjà cette réputation dans l’empire. »

« Que va-t-il lui arriver ? Il s’agit du roi, après tout. »

« Ce n’est qu’une pièce de rechange. Le prince Isaac n’aurait jamais fait ça. »

Les conversations fusaient dans les tavernes et les boutiques. Cela était devenu le potin de la capitale. On en riait plus qu’on ne s’indignait, mais cela fragilisait tout de même la famille royale. Entre un fuyard et un pervers, la réputation de la royauté n’était pas très reluisante. Seul le troisième prince échappait encore aux rumeurs.

Roland s’arrêta devant le port, l’odeur de la mer chatouillant ses narines froides. Les pêcheurs déchargeaient leur cargaison, essayant de constituer un stock avant que la mer ne gèle.

Roland s’approcha d’un marin, un homme bouffi à la carrure ronde, dont le visage était marqué par des années de vie en mer.

« Avez-vous vu Le Borgne ? »

« Le Borgne ? Son navire est parti, mais il vous a laissé un cadeau, » répondit l’homme avec un fort accent, tout en pointant une petite boîte sur le côté.

C’était le code utilisé par les contrebandiers. Roland ouvrit la boîte. Un flacon rouge s’y trouvait.

Une main lourde et calleuse se posa sur son épaule.

« Excusez-moi, m’sieur. Le Borgne m’a demandé de vous laisser ça aussi. Il a dit que c’était un cadeau de la maison. »

« Tiens donc, un cadeau ? Ce n’est pas dans les habitudes du Borgne, » dit Roland, interrogatif.

« J’suis pas dans la tête du patron, m’sieur, » répondit l’homme tout en remettant une petite bourse en toile de jute à Roland.

« Bonne journée, m’sieur. »

« C’est ça, bonne journée à vous, » dit-il en s’éloignant d’un air hautain.

« Le flacon m’aura coûté une petite fortune, mais connaissant Le Borgne, il ne m’a pas donné de la camelote… enfin, du moins, j’espère. Reste à voir ce qu'il y a dans ce sac en toile de jute. Ne me dites pas qu’il a capturé un membre de ma famille pour demander rançon à mon père et que c’est un doigt ou un œil... Non, je divague. »

Roland ouvrit le sac, ses yeux s’écarquillèrent de surprise.

« Des bonbons au miel… »

Chambre royale.

Cela faisait deux jours que les nobles l’assignaient à résidence, comme s’ils en avaient le pouvoir. Une fois sorti de cette situation, Henry se promit d'accrocher la tête de Véter à la porte de ses latrines, et de traîner sa fille dans les pires bordels des bas-fonds de son royaume. Puis il laisserait toute son armée la déshonorer. Il l’imaginait déjà suppliant sa pitié, tandis qu'elle serait contrainte d’avaler l’énième membre d’un bouseux, couinant telle une truie.

« Votre altesse ? » frappa un homme à la porte.

Henry, surpris dans sa séance de vengeance intérieure, pensa : Qui ose m’interrompre en ce moment ?

« Je me permets, » dit l’homme en ouvrant la porte.

Un homme grand, au visage marqué de multiples cicatrices, entra. Habillé d’une tunique sobre mais de qualité remarquable, il s'agissait du marquis Eldorien. Il prit la parole d’une voix grave :

« Bonjour, mon roi. Rassurez-vous, je ne viens pas en ennemi. »

« J’aurais préféré un ami, mais soit. Que voulez-vous, marquis ? »

« Je serai plus qu’un ami, altesse. »

Le marquis ferma la porte, s’assurant que personne ne puisse espionner la conversation, puis arbora un sourire, comme un vendeur ravi de conclure une vente.

« Altesse, vous n’êtes pas dans la meilleure situation pour un début de règne, je me trompe ? De plus, vous n’avez probablement pas une très bonne opinion du duc Véter. »

« Vous croyez ? » ricana Henry de manière sarcastique.

« Si vous continuez à m’interrompre, je peux très bien tourner les talons et vous laisser vous débrouiller seul, altesse, » rétorqua le marquis, sans se démonter.

Henry s’apprêtait à lui répondre d’un ton cinglant, mais il se ravisa. Cet homme se prend pour qui ? Peut-être pour un haut noble, après tout…

« Non, allez-y, marquis. Je suis tout ouïe. »

Le marquis fit un léger signe de tête, puis reprit :

« Je ne vais pas passer par quatre chemins. Je suis ici pour vous aider. D’ici quelques jours, Véter viendra à vous avec plusieurs offres, cherchant à éviter un procès nobiliaire. Il préférera régler cela à l’amiable, car un tel procès serait long et incertain. En réalité, ses exigences seront probablement revues à la baisse. Les juges saints ne sont pas vraiment en bons termes avec lui. »

Intrigué, Henry leva un sourcil. « Pourquoi donc ? » demanda-t-il.

« Une vieille histoire, » répondit Eldorien en prenant un air pensif. « L’Église avait exigé que son fils aîné soit ordonné moine, afin de laver les péchés du duc. Je ne vais pas prétendre que je n’y suis pour rien dans cette histoire, disons que l’évêque d’Ellipta de l’époque me devait une faveur. Finalement, Véter a fait attacher chaque moine par les testicules à un cheval, disant qu’il était inutile pour un ecclésiastique d’en posséder. »

Henry grimaça légèrement. « Ouille, les pauvres… »

« Qui plus est, Véter cherchera à vous manipuler. Il tentera de mettre la monarchie sous son contrôle en mariant sa fille à vous, pour laver son honneur et placer ses proches à des postes clés. »

« Donc, je n’ai qu’à attendre et refuser toutes ses propositions ? » demanda Henry, pensant avoir trouvé la solution.

« Pas vraiment. Les Véter sont réputés pour neutraliser leurs adversaires politiques par des moyens extrêmes, notamment grâce à leurs espions spécialisés. Cela sera flagrant que c’est eux, et bon nombre de noble seront mécontent est il auront une guerre civile entre les bras mais il s’agit toujours d’une option viable pour eux , Le résultat est le même : une mise sous tutelle de la couronne. Personnellement, j’ai pu éviter ce sort grâce à une garde bien entraînée et loyale, mais malheureusement, le prince Isaac vous a privé d’un tel atout. »

« Qu’est-ce que vous voulez dire par "neutraliser" ? » demanda Henry, son regard se durcissant.

« Ils vous lobotomisent, » répondit calmement Eldorien.

Henry écarquilla les yeux, surpris par l’horreur du mot. « Lobotomisent ? »

« Oui, ils vous enfoncent une baguette de bois dans le cerveau en passant par le globe oculaire. Après ça, vous finissez votre vie comme un légume. »

Henry déglutit avec difficulté. « Charmant… Et que puis-je faire pour éviter un tel sort ? »

Eldorien sourit de manière presque amusée. « Acceptez toutes leurs exigences. »

« Quoi ? » Henry semblait confus, incrédule.

« Mieux encore : couchez-vous par terre, acceptez votre sort. Soyez misérable, dites que vous préférez profiter de votre statut sans vous soucier de gouverner. Invente quelque chose du genre, mais en échange, réclamez une seule chose pour laver votre honneur. Demandez un duel. »