Mécaniciens 1.0
PDV Ellie
Chapitre 1 - Le Manoir
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J'arrive enfin face au manoir et ma seule réaction est : « Waouh… » Il est vraiment immense ! Je remarque immédiatement que des morceaux du toit se sont écroulés et que du lierre a poussé un peu partout. C'est triste de voir un tel bâtiment tomber en ruines, mais même ainsi, j'ai l'impression de n'être qu'une fourmi face à lui. Il y a aussi un grand télescope qui sort du toit. Il est gris foncé et sa lunette est sombre. Je me demande ce que celui ou celle qui s'en servait a vu parmi les étoiles… Il ya peut-être même plusieurs personnes qui l'utilisaient, qui sait ?
J'en dessine une esquisse rapide dans mon calepin et en profite pour comparer le manoir actuel à celui de la photo. J'y vois une nette différence. Sur la photo, le manoir, dans un style plutôt victorien, semble si propre, et ses couleurs, si nettes ! Tout avait l'air si vivant et bien entretenu, mais aujourd'hui, il m'a l'air plutôt fatigué, mort. Abandonné même. Il n'y a plus personne qui y vit et l'imposante bâtisse ne semble être plus que l'ombre d'elle-même. De là où je suis, je ne distingue pas très bien ce qui paraît être le grenier ni ce qu'il ya à travers les carreaux. Certains sont d'ailleurs brisés par endroit, et d'autres sont si sales que le verre à jauni. Un frisson de dégoût me traverse, malgré tout, il faut que je m'approche.
Une allée se présente devant moi et je l'emprunte. Il devait y avoir une multitude de fleurs qui rendaient l'endroit plus chaleureux. Maintenant, les buissons ont poussé n'importe comment et débordent parfois beaucoup sur le chemin. Dans un moment d'inattention, je trébuche sur une racine mais arrive à me rattraper de justesse avec mes mains. Ouf ! Saleté de racine ! Je reprends alors ma marche et ne pense plus à cet incident. Une fois au bout de l'allée, je vois deux jardins. Un à droite et un à gauche. Ils sont dans un état similaire, mal entretenus. L'herbe est devenue haute et les plantes ont repris leurs droits sur ces pièces de verdure où la végétation semble être dense. De plus, il y a des pots cassés sous certaines fenêtres, leur contenu s'étant renversé, je peux voir des plantes pourries au milieu du terreau éparpillé et d'autres qui ont pris racine à même le sol. Celles-là sont chanceuses car elles ont réussi à survivre. Je me remets en route pour aller jusqu'à la porte.
Une fois arrivée devant celle-ci, je remarque que le porche menace de s'écrouler à chaque courant d'air et que les volets des fenêtres les plus proches claquent au vent. Une atmosphère sinistre se dégage de ce manoir qui semblait pourtant si joyeux sur l'image. Je ne peux m'empêcher de frissonner. De peur, d'excitation ou de froid, je ne saurais dire lequel. Surement un mélange des trois, mais dans le doute, je resserre mon écharpe autour de mon cou.
Je sors la clé en argent de ma poche et déverrouille le double battant qui sert de porte au manoir. Celui-ci s'ouvre dans un grincement infernal. Je ne peux m'empêcher de maudire ces gonds qui auraient bien besoin d'huile. Remplie d'appréhension, je me glisse lentement à l'intérieur. Mais contrairement à ce que j'avais imaginé, ce qui m'attend à l'intérieur me laisse bouche bée.
Il y a un grand hall qui m'accueille. La lumière qui entre de la porte éclaire les différents accès qui sont disposés en demi-cercle autour de l'entrée. Elles auraient dû être magnifiques à l'époque. Ici, elles ne ressemblent à rien. Certaines sont découvertes alors que d'autres le sont en grand. Il ya en même une qui a été violemment arrachée et qui traîne à mes pieds. Cette salle gigantesque est d'ailleurs très poussiéreux. Je fais quelques pas en avant, le plancher sourit beaucoup. C'est drôle, j'ai l'impression que quelqu'un me convient. Je me retourne dans ce réflexe qu'ont beaucoup de gens lorsqu'ils soupçonnent qu'on les piste mais ne vois que la forêt à
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travers l'entrée. Il n'y a plus personne qui vit ici, c'est un peu bête de ma part d'avoir eu peur de mes propres pas.
Moi qui pensais qu'il serait peut-être plus sanglant. Des cadavres partout, du sang partout, des mouches partout. C'est l'un des scénarios que j'avais imaginés lorsque ma mère m'avait dit que l'histoire de ma famille était sombre. Mais je me suis dit que des gens m'accueilleraient gentiment avant de révéler toute l'étendue de leur hypocrisie et de leurs mensonges. Quels mensonges et quelle hypocrisie exactement ? Je n'en ai aucune idée, mais c'est l'une des intrigues qui me semblaient le plus probable pour mon roman. En réalité, c'est si différent de ce que j'avais en tête, mais même si je me suis fait des films, je veux découvrir cette histoire pour mieux comprendre d'où je viens. Pour commencer, j'entreprends de lire les inscriptions sur les grands écrits accrochés au-dessus de toutes les portes.
" Les Artistes, les Mécaniciens, les Mystiques, les Scientifiques, les Naturalistes et les Entreteneurs. Ça fait beaucoup dis donc, je murmure pour moi-même. "
Celle des Mécaniciens me tente le plus parce que c'est celle qui est dans le meilleur état. Elle est ornée de plusieurs engrenages, dont certains sont tombés au sol, assemblés autour d'une tête dont les contours sont dessinés par des clés à molettes. De plus, la lumière qui se reflète dessus m'indique que cette porte est en métal. Un métal rouillé, en grande majorité, d'après les teintes rouge-marron présente un peu partout.
Pour arriver en face de cette entrée, il me faut éviter de marcher sur les engrenages au sol qui à coup sûr vont me faire glisser. Et il ya en plus la végétation qui envahit ce lieu qui me gêne. Le trajet est donc laborieux et je dois faire attention à l'endroit où je pose mes pieds, mais une fois l'accès atteint, je constate que la porte doit faire trois fois ma taille au moins. Elle est vraiment très grande et majestueuse. Craintivement, je pose ma main sur celle-ci. Elle semble ancienne et ancestrale, une aura mystique se dégage d'elle. C'est comme si j'essayais de toucher à quelque chose de trop précieux pour moi et j'arrive même à imaginer quelqu'un arrivant instantanément pour me dire de ne pas poser mes ventes doigts sur cette relique géante. Je parcours délicatement les engrenages qui forment l'espèce d'emblème des Mécaniciens et les reliefs que je sens sous mes doigts sont captivants. Leur travail était d'une telle finesse et l'architecture de cette porte est particulière, elle se détache beaucoup de celle du reste du manoir. Ça se voit qu'elle a été construite pour représenter toute l'étendue du talent de cette branche de la famille. Je baisse alors ma main, un peu à contrecœur et me mets en tête d'aller trouver les mystères qui m'attendent derrière.
Je dois me faufiler à travers l'ouverture pour pouvoir passer mais ça ne me pose que peu de problèmes. Je me retrouve alors face à un escalier qui descend. Il fait sombre là-dedans et heureusement que j'ai pensé à apporter une lampe torche. Je la sors donc et en l'allumant, je remarque que beaucoup de mécanismes, en partie détruits, montent du bas pour aller se fixer à la porte. Celle-ci, épaisse et surement aussi très lourde, devait donc surement avoir besoin de tout cet agencement de matériaux pour l'ouverture et le système cassé doit surement être à l'origine du fait qu'elle soit mal fermée.
Je m'engage alors sur les marches et descends petit à petit. Les rouages ont beau être détruits ou rouillés, ils n'en restent pas moins complexes et témoignent encore une fois de l'immense talent de ceux qui réussissent ici. Est-ce que chaque porte avait besoin d'autant d'engrenages pour s'ouvrir ? Et qu'est-ce qui a bien pu arracher celle qui gisait par terre, dans le hall ? Ces questions auront sûrement des réponses plus tard, mais ce qui est, c'est que ce qui s'est passé ici n'est pas à prendre à la légère.
Lorsque j'arrive enfin en bas, il y a une sorte d'accueil, derrière lequel se trouve ce qui ressemble à un robot, maintenant décapité et en pièces. La décoration est sobre et modeste, il n'y a pas grand chose qui pourrait m'aider à comprendre ce qu'il s'est passé ici, mais il faut déjà que je fouille un peu pour trouver. Derrière le comptoir de l'être mécanique, il y a une statue qui doit être un peu plus grande que moi. Elle représente une femme habillée d'une salopette tenant une boite à outils dans sa main tout en levant son autre main, comme armé d’une clé à molette. Elle est coiffée d'une sorte de képi qui donne à son regard un air déterminé. La statue est en métal et fabriquée à partir de pièces détachées. Elle est aussi striée de ce qui ressemble à des traces laissées par des griffes gigantesques. C'est effrayant, et je déglutis, mais je n'ai pas le temps de m'attarder sur ce détail, parce qu'en contournant la statue, je remarque les battants en bois derrière celle-ci. Génial, il faut encore choisir où aller. Cet endroit ressemble à un vrai labyrinthe mais je suis tout de même émerveillée face à toutes ces constructions.
Je compte six battants mais deux d'entre eux sont complètement carbonisés, les taches noires, des brûlures, se sont même répandues sur les murs qui ont commencé à s'effriter. Je me dirige donc vers le premier et lis ce qui est gravé sur la plaque métallique posée à la gauche de l'entrée. Les Réparateurs. Pourquoi est-ce que chaque porte est nommée de cette façon ? Qu'est-ce que tout ça peut bien vouloir dire ? Que ceux qui habitaient dans cette section du manoir étaient des réparateurs ? Je note ces questions sur mon calepin puis pousse le battant de bois.