"Père, peux-tu arrêter de me parler de ça ? Je l'ai déjà dit, je ne souhaite pas me marier aussi jeune."
Le jeune homme soupire et repousse la grande loupe accrochée au bureau de bois brut par un pied joliment ouvragé. Il n'a plus l'envie de travailler sur son nouveau collier pour l'instant. Il sait déjà ce qui va arriver, et l'anticipation lui fait serrer les points sur les fins outils d'orfèvrerie.
"Misaan, ce n'est pas une question de vouloir ou pas et tu le sais très bien. Ce mariage est là pour t'assurer un futur et une descendance." répond le grand homme aux cheveux poivre et sel.
"Une descendance ? C'est toi et Mère qui voulez forcément que j'ai des enfants. Pourquoi n'ai-je pas mon mot à dire sur ma propre vie ?!" s'agace son fils. "Et puis vous, votre mariage était d'amour. Pourquoi n'aurais-je pas droit à la même chose ?"
"Ta mère est moi nous sommes aimés très tôt. Tu approches de ton vingt-septième anniversaire et tu n'as jamais envisagé de te marier avec l'une de tes amies. Qu'en penserait le Bankinahn ?"
Le jeune homme grimace et se lève de sa chaise pour marcher et se détendre. Son père n'est pas en colère mais inquiet. Il ne doit pas jeter lui-même de l'huile sur le feu. Il fait les cent pas, puis finit par approcher de la grande fenêtre circulaire de sa chambre pour observer le ciel bleu au loin, au dessus de la mer de nuage.
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"Je ne sais pas ce qu'en pense le Bankinahn. Mais j'ai du mal à croire qu'il puisse faire passer le devoir avant la liberté de chacun."
Une main chaude se pose sur son épaule, bienveillante. Misaan tourne la tête vers son père, et lui offre un petit sourire aussi désolé que triste de la situation.
"Tu as encore un peu de temps pour y songer, le mariage n'aura pas lieu avant quelques mois encore. Si tu souhaites vraiment échapper à celui que nous avons organisé, songe à aller participer à quelques évènements pour rencontrer d'autres femmes et peut-être en trouver enfin une avec qui tu seras heureux de te lier."
"Oui, Père." Misaan soupire et referme les yeux. "J'aimerais être un peu seul. J'ai besoin de décompresser.
Le plus vieux hoche la tête et relâche son épaule, tournant les talons pour quitter la grande pièce qui fait office de chambre et de bureau à son fils. Sitôt la porte refermée, Misaan jette un œil vers celle-ci puis approche pour la verrouiller. Inutile puisque ses parents toquent toujours, mais se savoir dans sa bulle lui fait du bien. Enfin seul, il retourne à son bureau et y attrape l'insigne dorée qui y brille.
Et s'il se lançait pour de vrai ?..